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29 février 2020 6 29 /02 /février /2020 10:08

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-Saison 5-

       Je passe encore une fois la main à Danaé, 11 ans, qui vous présente un résumé de ce cinquième tome :

       Sauveur va passer une année difficile, plus que les autres mêmes ! Eh oui vous ne croyez peut-être pas cela possible, mais Sauveur (& fils) va/vont rencontrer plein de nouvelles péripéties (et patients). Grâce (ou à cause ?) de Louane qui cherche un nouvel animal de soutien émotionnel, Sauveur va devenir psychologue pour animaux … pour de vrai ou non ? Mais il y a aussi Frédérique qui revient pour raconter ses séances d’hypnose chez un monsieur qui lui a fait découvrir que son père n’est autre que Donald Trump, Ella , maintenant appelée Elliot qui souhaite une complète métamorphose et aussi qui hésite de plus en plus à aller chez Sauveur. Samuel qui, lui, va découvrir que les femmes ne sont que des sales hypocrites et que les hommes ne sont dans aucun cas des machos grâce (ou plutôt à cause) d’un garçon avec qui il partage sa chambre. Mais il ne faut SURTOUT pas oublier Maelys qui vient surtout pour régler les problèmes de son papa avec sa nouvelle compagne, et bien sûr Blandine qui mange beaucoup TROP de bonbons et qui va être suivie par un docteur pour qu’elle ne fasse plus des bonbons son repas quotidien. Cependant pour la vie quotidienne de Sauveur, c’est compliqué ! Maintenant qu’il est en couple avec Louise et qu’il héberge Paul et Alice, ils veulent un bébé et c’est là que la situation va tourner au désastre ! Mais je n’en dis pas plus ! Ce sera une surprise, une très grosse même ! Mais bien sûr il héberge aussi Jovo Jovanovic, Gabin et Miaou, un chat donné par une de ses patientes !

       Elle s’exclame beaucoup ma fille…

       La nouveauté, c’est que Sauveur a besoin de parler à quelqu’un lui aussi. Il remet ses compétences de psychologue de plus en plus en question et il n’est pas toujours au mieux de sa forme lui-même. Le couple qu’il forme avec Louise vacille sans couler pour autant même si des moments bien tristes sont à traverser. On retrouve Sauveur & fils, rien qu’eux deux, à la fin du livre, sur la plage des Salines (à laquelle on a pu goûter il y a deux ans aussi !) à manger du matoutou et à se mêler aux Antillais avec plus ou moins de succès. On s’attache à ces personnages au fil des tomes, bouh, c’est de plus en plus difficile de les quitter. J’espère lire encore avec ma fille qui, doucement s’éloigne, c’est souvent moi qui devais rameuter les troupes pour ce joli moment de complicité. Une chose est sûre, on veut retourner au 12, rue des Murlins, on veut continuer à vivre avec cette petite tribu.

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25 février 2020 2 25 /02 /février /2020 16:22

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Ne vous fiez pas au titre, vous ne mangerez pas de pâtisserie…

       Gregor Tesla est, dès son plus jeune âge, un garçon antipathique, fragile et nerveux. Surdoué, passionné par la physique et les mathématiques, il quitte son pays d’Europe de l’Est pour l’Amérique. A New-York, il se fait embaucher par Thomas Edison qui exploite ouvertement ses talents avant d’être récupéré par Westinghouse qui lui donnera les moyens de développer ses idées sur le courant alternatif. Pendant un temps, Gregor connaîtra la vie mondaine, la célébrité, l’aisance financière mais il se débrouille mal, ne fait pas breveter ses inventions qu’il se fait piquer par d’autres peu scrupuleux. Echalas maladroit, il se voit finalement rejeter projets, sa vie se dégrade, il trouve refuge dans la fréquentation des pigeons newyorkais, il est de plus en plus seul…

       Dans cette biographie largement romancée, Echenoz nous propose de suivre les traces d’un savant fou, Nikola Tesla, parce qu’il faut bien admettre que ce Gregor, malgré son génie, est un être peu sociable, amateur de pigeons à un point assez inquiétant, solitaire, prétentieux et irresponsable, souffrant de tocs de propreté et obsédé par le chiffre 3. Il bondit d’un projet sensationnel à une idée lumineuse et novatrice sans jamais aller au bout de ses concepts ; il est souvent à l’origine d’une grande invention qu’il ne parvient jamais à mener à son terme. L’inégalable plume d’Echenoz nous rend le personnage à la fois attachant et agaçant et la familiarité qu’il se permet d’adopter avec son protagoniste est délicieuse. Avec humour et quelques pointes de raillerie, il interpelle son personnage mais parfois aussi le lecteur, rendant cette biographie -très certainement remaniée à sa sauce- bien agréable à lire. On nage dans l’univers de Tesla sans posséder de détails biographiques mais le tout glisse avec facilité, on en redemande. Après Ravel et Courir, Echenoz signe ici sa 3ème fiction biographique.

       J’avais adoré Envoyée spéciale du même auteur.

Gregor a recueilli un pigeon, ou plutôt une pigeonne qu'il a soignée : "Mais en attendant, il le considère. Le considère longuement. Le considère tant, toutes les heures suivantes et presque malgré lui, qu'une émotion de modèle et de format inconnus semble à sa vue s'emparer de lui. C'est un ravissement attentif, émerveillé, prévenant, rajeunissant, tension sans dévoltage qu'à ce jour il n'a éprouvée avec personne et dont il vient à se demander en fin de journée s'il ne s'agirait pas d'un affect dont il n'a qu'entendu parler sans y prêter attention jusque-là, un sentiment difficile à définir, comment trouver l'expression juste. Un état, risquons le mot, va pour amoureux."

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22 février 2020 6 22 /02 /février /2020 17:23

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        Xipil est une belle jeune femme, fille de roi, prête à être sacrifiée au dieu Caïman, attachée sur un totem. C’est alors que le roi des ours, un énorme colosse blanc, vient la libérer. Xipil, réticente d’abord, comprend que renoncer au sacrifice, c’est désobéir au chaman et courir des risques encore plus grands. Et effectivement, à peine s’est-elle éloignée qu’un homme de sa tribu à qui elle était promise, cherche à la tuer. C’est encore une fois le roi des ours qui vient la sauver, en contrepartie, il veut prendre la jeune femme pour épouse. Guidée et soutenue par une guenon, Xipil finit par accepter et se met les autres animaux à dos. Arrive la nuit de noces, mais Roi Ours sait se métamorphoser… pour en faire une nuit inoubliable. Ours et humain s’échangent leurs savoir et s’entendent de mieux en mieux. Mais l’avenir, pour les deux amants qui commencent à s’apprivoiser, est compromis, le danger venant aussi bien des animaux que des humains.

        Choisie au hasard dans ma bibliothèque préférée, cette BD fut une réelle belle surprise ! D’emblée, on est plongé dans un univers imaginaire peuplé de légendes indiennes où le lien fort que nouent un ours et une femme sera le noyau du récit. Les dessins rendent parfaitement hommage au texte onirique, parfois féériques, parfois sanguinaires. Ce conte fut une parenthèse enchantée et une jolie découverte. Mobidic (c’est une femme) signe ici sa première BD, elle tient un blog où, quand on le parcourt un peu, on comprend qu’elle apprécie les formes hybrides, les créatures étranges et fantasmagoriques.

«    -     Je n’allais tout de même pas t’obliger à passer la nuit avec un corps d’ours.

      -      Je ne sais pas. Moi je t’impose bien un corps de femme ! »

 

« Tu dois cesser de regarder tes pieds, et voir lion devant toi… apprendre à voir ce qui est vraiment important. »

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18 février 2020 2 18 /02 /février /2020 10:47

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        J’ai choisi ce livre audio un peu par dépit, parce qu’il n’y avait rien d’autre à se mettre sous la dent à ma bibliothèque. Quelle belle surprise !

        D’un côté Victoria. Elle peine à élever seule son fils Evan… pourquoi ? Parce que le gamin de huit ans est franchement dérangé, capable de violences inouïes. Ne voulant pas le laisser dans un centre spécialisé, Victoria, quittée par son mari, tente d’en assumer les douloureuses conséquences. D’un autre côté, il y a Danielle, infirmière travaillant dans un service psychiatrique pour enfants et toujours en proie aux affres de son passé : en effet, son père, 25 ans plus tôt, a massacré sa famille avant de se tuer, la laissant seule survivante. Au milieu d’eux : l’inspectrice D.D. Warren de la brigade criminelle de Boston et ses deux affaires sur le dos : deux familles géographiquement éloignées ont été assassinées sauvagement. Des points communs émergent, d’étranges ressemblances qui seront la clé de voûte de l’enquête.

        Ce roman est absolument passionnant, il fait partie de ces livres audio qu’on ne veut plus arrêter (ou comment rendre un trajet en voiture plus du tout contraignant !) Mise à part l’intrigue vraiment captivante, les thèmes prédominants de l’éducation, de l’amour filial, de la résilience ou encore de la psychologie de l’enfant sont bien traités à travers le point de vue des trois narratrices : D.D., Victoria et Danielle. J’ai l’impression que le scénario est plus poussé et mieux ficelé que pour La maison d’à côté (qui évoque aussi une sordide histoire d’enfants) qui ne m’a pas laissé un impérissable souvenir… Petit bémol pour la fin, après quelques longueurs, le dénouement m’a paru vite expédié. M’enfin, en livre audio, ça passe très bien, il n’est pas trop nécessaire de se concentrer.

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14 février 2020 5 14 /02 /février /2020 17:08

Résultat de recherche d'images pour "Un certain Paul Darrigrand de Philippe Besson julliard"

         A Bordeaux, à 21 ans, le narrateur (et auteur… oui !?) fait des études pour faire quelque chose. Brillant sans vraiment le vouloir, il n’est pas tellement sociable. LA rencontre a lieu à l’école, un garçon de son âge le bouscule, leurs regards se croisent et se font un peu plus insistants que la normale. Plus tard, Paul viendra s’asseoir à sa table à la cantine. Le narrateur est immédiatement attiré par le jeune homme mince et insolent. Sa déception est grande quand Paul lui dit qu’il doit rejoindre sa femme. Une amitié grandit cependant entre les deux jeunes hommes qui ne se quittent plus guère. Mystérieux, Paul reste ambigu quant à ses orientations sexuelles mais une nuit de vacances, sur l’île de Ré, l’amour explose entre les deux amis qui deviennent des amis clandestins. Paul reste avec sa femme mais continue à aimer le narrateur pendant des mois, en cachette. Jusqu’à une histoire de plaquettes : le narrateur n’en a plus assez, on craint le sida mais c’est autre chose. Le moment de l’hospitalisation coïncide avec le départ de Paul pour Paris. Que vont-ils faire de leur amour ?

         J’ai toujours du mal à lire ce genre littéraire qui consiste à s’étaler, à se mettre complètement nu à la manière d’Annie Ernaux (qui est citée en exergue). C’est une belle histoire d’amour qui est racontée mais l’écriture, même si elle se lit fort bien, m’a dérangée par son extrême simplicité, son oralité et la fausse modestie de l’auteur qui aime à répéter qu’il se sent incompétent à décrire certains moments intenses : « Il y a une limite à ce que je peux écrire. » Et puis, il y a eu les passages à l’hôpital que – pour des raisons personnelles – j’ai détestés. J’ai aussi trouvé qu’on partait dans une autre direction. Une impression générale de lourd, de pâteux et de collant malgré certains jolis passages. Je garde un excellent et donc bien meilleur souvenir d’Un garçon d’Italie.

        Je remercie un certain Michaël pour le prêt de ce livre.

« Une vraie saleté, l’infériorité en amour.

Je veux dire d’abord : être dans la dépendance. Quêter un regard, une attention, un geste, même anodin. Espérer des rendez-vous, des retrouvailles. Se réjouir d’une pauvre manifestation de tendresse comme un clochard sourit au passant qui jette une pièce dans sa soucoupe. Obéir à ses foucades, à ses empêchements. Admettre que ses contingences l’emportent forcément. Croire à ses mensonges, au moins à ses arrangements avec la vérité. Se soumette à son bon plaisir. Consentir à ses silences. Se remémorer ses rares paroles, en traquer le sens caché, en être rétrospectivement ravi ou mortifié. Le savoir ailleurs, loin, avec une autre, en crever. »

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10 février 2020 1 10 /02 /février /2020 16:47

Résultat de recherche d'images pour "Ar-Men – L’Enfer des Enfers d’Emmanuel Lepage"

          Je continue ma très jolie découverte d’un de mes dessinateurs préférés.

          Emmanuel Lepage entreprend de raconter ici la longue et éprouvante construction du phare d’Ar-Men. Au large de l’île de Sein, une zone de récifs extrêmement dangereux. Pour parer aux nombreux naufrages de bateaux, il a été décidé, en 1867, de construire un phare. Oui mais il s’agit, dans un premier temps, d’accéder au rocher choisi et d’y percer des trous. Avec les moyens du XIXème siècle et les conditions météorologiques très défavorables, l’entreprise s’avéra déjà compliquée. En cas de fortes houles -ce qui arrivait souvent- les canots devaient rentrer le plus rapidement au port. Au bout de deux ans, la base est montée mais le ciment choisi se décompose à l’eau de mer. Les chefs des travaux se succèdent, tous plus découragés les uns que les autres mais après une quinzaine d’années, la construction du phare est terminée. On doute cependant de sa stabilité et des travaux de renforcement sont entrepris, ils vont durer une dizaine d’années. Les gardiens, au nombre de trois, se relaient et restent chacun dix jours, contraints à lutter contre la solitude, les aléas climatologiques, l’humidité, chargés de veiller à ce que le feu reste allumé.

          Emmanuel Lepage privilégie l’histoire personnelle d’un gardien, Germain, pour nous raconter la grande Histoire. Entre une légende bretonne et le fantôme d’une petite fille noyée, l’endroit devient encore plus hostile et menaçant. C’est aussi un bel hommage rendu aux gardiens de phare, ces héros anonymes. Depuis 1990, le phare est automatisé et les deux derniers gardiens ont été hélitreuillés ; les visites d’entretien se font toujours par hélicoptère et sans doute qu’il n’y a plus personne pour dire « Le feu est clair, tout va bien. » Pour finir, le meilleur : les aquarelles de Lepage qui m’ont encore une fois émerveillée. Il a utilisé toutes les palettes de couleurs (merci !) pour exprimer la sauvagerie et la brutalité de la mer, la petitesse de la construction humaine, laissant une grande place à la houle, aux vagues, au ressac, aux embruns qu’on croit sentir, mais aussi aux oiseaux marins, bécasses, grives, vanneaux qui prennent comme point de départ le phare pour des « contrées pleines de promesses ». Ah, c’est beau ! Allez : coup de cœur !

C’est magnifique, passionnant et effrayant à la fois.

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7 février 2020 5 07 /02 /février /2020 16:25

Résultat de recherche d'images pour "Des jours et des nuits à Chartres d’Henning Mankell"

         Je n’ai plus rien lu de Mankell depuis 2015, l’année de sa mort. Quand je suis tombée sur cette courte de pièce de théâtre, je me suis dit que c’était le moment de découvrir le Mankell dramaturge. Il a été directeur artistique d’une troupe de théâtre au Mozambique et a écrit de nombreux textes de théâtre.

         Simone, en août 1944, est tondue et promenée dans les rues de Chartres pour avoir couché avec un Allemand pendant la guerre et avoir eu un enfant de lui. Robert Capa a immortalisé la scène et c’est cette photo qui a inspiré Mankell pour écrire sa pièce. En bouleversant la chronologie, l’auteur donne à voir la rencontre de Simone accompagnée de sa copine Marie et Helmut, cet Allemand entreprenant dont Simone va tomber amoureuse. Helmut est un nazi, il a une foi incroyable en Hitler mais aime aussi Simone et la fait rêver d’un avenir commun et radieux. On retrouve Simone – quelques années plus tard - emprisonnée, prête à être jugée, face aux résistants qui ne cessent de répéter qu’ils ne commettront pas les mêmes crimes absurdes que les Allemands. Et qui pourtant ordonneront la tonte de la jeune femme et son humiliation publique. Et il y a David, le père de Simone, qui ne comprend pas sa fille mais continue à l’aimer. Et Simone, contrainte à marcher dans les rues de Chartres, son bébé dans les bras. Si la vraie histoire finit mal, Simone Touseau devient alcoolique et meurt prématurément en 1966, Mankell met sur la table les questions de la culpabilité, de la vengeance, de l’amour et du pardon. Les tondues ont été une cible facile pour des Français victimes d’injustices trop nombreuses subies pendant la guerre.


            Ce court texte est prenant et bouleversant. Même si cette jeune fille de dix-huit ans a côtoyé l’ennemi de près, on lui pardonne immédiatement son insouciance et sa frivolité. Marquée au fer rouge par cet abaissement public et apparemment unanime, elle est seule, incroyablement seule avec son bébé. Les dialogues simples et courts alternent avec des monologues de Robert Capa, personnage de la pièce lui aussi, témoin de la scène mais aussi « victime » du succès qu’a connu sa photo qu’il qualifie lui-même de « plutôt ratée ».

         Ou quand l’horreur change de camp si rapidement…

Robert Capa :

« J’ai parfois le sentiment d’être
Un habile pickpocket
Qui subtilise aux hommes 
Leurs secrets.


Ce ne sont pas des visages que je photographie.
J’ai plutôt le sentiment de vouloir capter
Un souffle. »

 

Simone quand on lui dit qu’elle aurait pu avorter : « J’aurais dû, je sais. Alors je ne serais peut-être pas ici. Mais je ne pouvais pas, je l’aimais, c’était comme ça. Et je sais qu’il m’aimait aussi. Jamais un homme ne m’a traitée comme lui. Alors, qu’il soit venu de la Lune ou de l’Allemagne, ça m’était égal. J’espère que j’aurai la force de dire la vérité devant le tribunal. On ne peut pas condamner une femme à mort parce qu’elle est amoureuse. »

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3 février 2020 1 03 /02 /février /2020 21:59

Résultat de recherche d'images pour "Loin d’Alexis Michalik albin michel"

         Je vais peut-être commencer par dire que je suis absolument fan de l’auteur, de ce qu’il fait, de son énergie débordante et de son imagination admirable… - pas loin d’être amoureuse ! Assez d’arguments pour ouvrir un roman d’aventures de 644 pages !

         Antoine et Anna sont frère et sœur mais tout les oppose : Antoine à 26 ans pourrait être le genre idéal, propre sur lui, raisonnable, doué, il s’apprête à être embauché dans une entreprise réputée après d’excellentes études de droit. Anna, à 19 ans, a déjà connu beaucoup plus d’aventures et de mésaventures que son aîné. Fumeuse, volage, fêtarde, elle n’arrive jamais à se stabiliser et multiplie les aventures d’un soir. Un jour, Antoine récupère une carte postale oubliée depuis 17 ans à la Poste. Elle provient de leur père, Charles. A noter que ce même père a disparu subitement 20 ans auparavant et sans explication. Si Antoine en veut beaucoup à son père d’avoir abandonné sa famille, cette carte provenant d’Autriche l’intrigue et, profitant de ses derniers jours de vacances, emmenant son meilleur ami Laurent, il rejoint ce petit village au nom imprononçable et mène l’enquête sans retrouver son père pour autant. Ses recherches le mèneront à Vienne puis à Berlin mais aussi en Turquie, en Arménie et même beaucoup plus loin dans le monde encore. Avec Anna et Laurent, souvent au volant d’une petite Lada, ils partiront beaucoup plus longtemps que prévu.

         Pour un roman d’aventures, c’est vraiment un roman d’aventures : que de rebondissements, de situations insolites, de voyages, de changements de décision, de risques, de périls, de dangers ! Les personnages principaux sont baladés sur le globe terrestre au gré de leurs enquêtes. Le mystère plane longtemps sur Charles et ses différentes identités mais aussi sur ses ancêtres. Je serais bien incapable d’énumérer avec précision toutes les péripéties rencontrées, tous les pays traversés. J’ai lu le roman avec plaisir, j’ai tourné les pages sans m’en rendre compte mais j’avoue que de rebondissements, il n’y en avait peut-être un peu trop. Là où le romancier se montre brillant (mais c’était évident…) c’est que l’histoire – malgré quelques détails très rocambolesques et quelques éléments super-romanesques – l’histoire tient la route et la découverte de chaque pays mais aussi de chaque période historique, est passionnante. Même si ça fait parfois penser à un cours d’histoire, même si on frôle dangereusement le cliché, c’est toujours dans la joie et la bonne humeur et par là, le roman pourrait aussi être qualifié de joyeux road trip ou de feel good voyageur. Les chapitres sont si rondement fichus qu’ils pourraient être les épisodes d’une série, projet à demi avoué par l’auteur lui-même. Je n’ai pas tout aimé mais je n’ai absolument rien détesté. Ce qui est certain, c’est qu’on ressort de ce pavé avec une furieuse envie de voyager.

 

J’ai oublié de le dire, le narrateur, c’est le copain Laurent – il parle d’Antoine : « D’aucuns pourraient se demander à présent quelles qualités amicales je trouvais en lui. Et pourquoi l’être que je suis, si perverti aux plaisirs du péché […] s’attachait tant à un retraité de vingt-six ans. Je répondrais d’abord que dans la vie, l’essentiel n’est ni le mouvement ni l’immobilité, l’essentiel est l’équilibre. Deux diables ensemble font un trop grand tapage, deux anges s’ennuient, mais un ange et un diable ont une source inépuisable de dialogue. »

« Tu ne penses pas que la même personne puisse, au cours d’une vie, être traversé par ces courants opposés ? Tu ne penses pas que la vie balance ces pantins dans des tourbillons de tourments, puis dans des moments d’accalmie ? Un homme qui n’aura jamais quitté son village ni médit de personne, qui n’aura aimé qu’une seule épouse, et se sera contenté de labourer ses champs aura-t-il vécu ? Aura-t-il connu le monde autrement que par son petit prisme médiocre et limité ? Se sera-t-il confronté aux crimes, à l’héroïsme, à la guerre, à l’homme dans ce qu’il a de plus abject et de plus sublime ? Comment peut-il, lui, se permettre de juger quiconque ? Qu’a-t-il connu, vraiment, sinon le périmètre de ses pâturages ? »

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31 janvier 2020 5 31 /01 /janvier /2020 18:48

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         J’ai repéré le style Reuzé il y a déjà un petit bout de temps dans Fluide Glacial. Comble de bonheur, la BD complète existe depuis quelques mois !

         Des enfants qui collectionnent les images des paquets de cigarettes. Un centre d’art contemporain complètement vide pour questionner « l’instance-visiteur sur le non-espace des possibles » mais où le kamikaze devient un « non-kamikaze » créant un « non-attentat ». Une maison parlante toujours présente pour ses habitants finalement beaucoup trop cons pour cette maison intelligente. Des voisins qui se refilent leurs SDF. Un patient qui, sur sa table d’opération, veut montrer le tuto sur l’emplacement du foie à son chirurgien. Une ville qu’on pose « sur un socle de 700 mètres afin de le rendre inaccessible aux migrants » mais qui va la construire ? Une main d’œuvre étrangère évidemment ! Mais on n’a jamais vu de migrants dans le village… ah oui « Comment va-t-on faire pour construire notre socle anti-migrants sans migrants ? »

         Les dessins, sobres et réalistes, souvent identiques d’une case à l’autre, renforcent le cynisme, l’absurde et l’humour noir des dialogues ; ils font penser à des romans-photos aussi mais pour la mièvrerie, vous allez être déçu. On y dénonce – en vrac – la société de consommation, la gestion des SDF, le tout payant, le terrorisme et les idées préconçues sur le sujet, la crise des hôpitaux, … Certaines planches sont tellement criantes de justesse et de vérité : l’employé de banque qui braque un flingue sur les clients en hurlant « C’est un hold-up ! ». En attendant le prochain Fabcaro, on peut lire Reuzé, c’est du même acabit (mon mari préfère Reuzé !). On hésite encore éclat de rire et vomito devant ce scalp d’une société tout de même bien malade…

Une petite citation : « Pour faciliter le suicide de ses employés, l’entreprise vous offre des lettres d’adieu préremplies. »

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27 janvier 2020 1 27 /01 /janvier /2020 22:34

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        Chris McCandless, un Californien de 24 ans, a délaissé sa vie confortable, ses parents bourgeois, ses études où il réussissait brillamment pour se confronter à la solitude et au froid. En effet, il prend l’habitude de s’isoler à plusieurs reprises dans la nature, se déplaçant en auto-stop et se contentant du minimum. Son projet ultime est de vivre seul quelques mois en Alaska. C’est ce qu’il réussit presque à accomplir de mai à août 1992, parti sans boussole, sans carte, sans grandes connaissances du lieu, vivant de chasse. Se réfugiant dans un bus rouillé abandonné. Mais il est retrouvé mort le 6 septembre, sans doute décédé depuis deux semaines déjà – mort de faim. Ce fut rapidement l’effervescence dans les médias mais aussi dans le grand public, certains considérant l’homme comme un héros, d’autres comme un fou. On sait immédiatement où se positionne Jon Krakauer, journaliste mais aventurier lui aussi, menant l’enquête, présentant divers témoignages de proches et des dernières personnes ayant contacté Chris.

        Que dire, que dire… ? J’ai globalement aimé le livre, surtout la première partie, cette soif d’évasion et de solitude qui est totalement partagée par l’auteur, on le sent bien. Et je crois que, justement, il n’a pas été très objectif dans ses propos. Se sentant certainement proche de Chris par le contexte familial, par son besoin de se dépasser, par une certaine inconscience commune, il a voulu dégager tout le positif de cette situation. Ce qui m’a le plus dérangée, c’est cette redondance à vouloir excuser la mort de Chris, cette volonté de le défendre alors qu’on le prenait pour un insensé total, méprisé par certains. Krakauer ne veut pas qu’on prenne Chris pour un arrogant mais le jeune homme ne cesse de parler de lui à la 3ème personne dans son journal intime… ?! Le positif du récit, c’est la diversité des témoignages, un petit aperçu des aventuriers aussi téméraires que Chris, les magnifiques citations (surtout celles de Thoreau, mais pourquoi ne l’ai-je jamais lu ?), les références à London, Dr Jivago ou encore Tolstoï. Une lecture éminemment intéressante.
        Reste à regarder le film.

« tuer l’être faux à l’intérieur de soi »

Dans une lettre de Chris à un ami : « La joie de vivre vient de nos expériences nouvelles et donc il n’y a pas de plus grande joie qu’un horizon éternellement changeant, qu’on soleil nouveau et différent. Si tu veux obtenir plus de la vie, Ron, il faut perdre ton inclination à la sécurité monotone et adopter un mode de vie désordonné qui dans un premier temps te paraîtra insensé. Mais une fois que tu seras habitué à une telle vie, tu verras sa véritable signification et son incroyable beauté. »

« Tu es la seule personne que tu dives combattre, avec ta réticence butée à t’engager dans une vie nouvelle. »

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