Jeanne a un cancer du sein, et elle a déjà été marquée dans sa vie puisque son petit garçon est mort à sept ans. Son mari, Matt, ne peut supporter un énième malheur et la quitte lâchement. Lors d’une séance de chimio, Jeanne va rencontrer Brigitte, une cancéreuse au grand cœur qui va lui présenter deux autres copines, Assia et Mélody. A elles quatre, soudées par une amitié complice dans les effets secondaires des traitements, elles vont réussir à braver les regards de pitié, les crânes chauves, les remarques déplacées, les vomissements et les nausées. A quatre, elles se sentent tellement fortes qu’elles décident de braquer une bijouterie. Rien que ça.
J’adore Sorj Chalandon. Avec Molière et Zola, c’est lui qui est le plus présent dans ma bibliothèque. J’ai toujours aimé sa justesse de ton, sa sobriété, sa retenue, sa subtilité à évoquer les petits et les grands malheurs. Pourtant, je dois reconnaître que je n’ai pas du tout aimé ce roman. Est-ce dû au thème du cancer (quand on a un papa hospitalisé depuis des longues semaines pour un 3ème cancer, ce n’est pas le sujet qu’on a envie de découvrir dans ce qui devrait s’appeler un moment de détente), est-ce dû à ces personnages féminins que j’ai trouvés parfois caricaturaux ? A ce sentimentalisme un peu pathétique associé au genre policier ? Avouerais-je que j’ai même songé à la littérature feel good ? Aïe, ça fait mal. Une petite once de positif : j’ai aimé la fin, le petit retournement final.
Monsieur Chalandon, reparlez-nous plutôt un peu d’Irlande, d’amitié trahie ou de ce magnifique Petit Bonzi…
« Pendant des semaines, je m’étais demandé que faire de tout cet inconnu. Cette colère, cette volonté, cette énergie. Comment s’emparer de cette force nouvelle ? Rudoyer une mégère dans une quincaillerie, faire taire une commère, cracher sur un banquier, insulter un porc dans le métro, noyer les clefs de Matt, ce n’étaient que des gestes. Pas même à la hauteur du répit que la vie m’offrait. Moi, c’était d’une geste que je rêvais. »
« J’ai tourné les pages. Relu mes phrases inquiètes. Le premier jour du mal, mon entrée en hiver, ma sidération, le bouton de camélia, ma peur de mourir, ma solitude extrême, la frayeur des jours à venir, la compassion dégueulasse, les apitoiements de circonstance, la pitié hautaine, la saloperie des uns, la lâcheté des autres. Autour de moi, il n’y avait plus personne. Seulement des ombres et des fuyants, des amis qui croyaient bien faire et qui le faisaient mal. »