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1 septembre 2019 7 01 /09 /septembre /2019 20:13

Résultat de recherche d'images pour "sorj chalandon une joie féroce"

                Jeanne a un cancer du sein, et elle a déjà été marquée dans sa vie puisque son petit garçon est mort à sept ans. Son mari, Matt, ne peut supporter un énième malheur et la quitte lâchement. Lors d’une séance de chimio, Jeanne va rencontrer Brigitte, une cancéreuse au grand cœur qui va lui présenter deux autres copines, Assia et Mélody. A elles quatre, soudées par une amitié complice dans les effets secondaires des traitements, elles vont réussir à braver les regards de pitié, les crânes chauves, les remarques déplacées, les vomissements et les nausées. A quatre, elles se sentent tellement fortes qu’elles décident de braquer une bijouterie. Rien que ça.

               J’adore Sorj Chalandon. Avec Molière et Zola, c’est lui qui est le plus présent dans ma bibliothèque. J’ai toujours aimé sa justesse de ton, sa sobriété, sa retenue, sa subtilité à évoquer les petits et les grands malheurs. Pourtant, je dois reconnaître que je n’ai pas du tout aimé ce roman. Est-ce dû au thème du cancer (quand on a un papa hospitalisé depuis des longues semaines pour un 3ème cancer, ce n’est pas le sujet qu’on a envie de découvrir dans ce qui devrait s’appeler un moment de détente), est-ce dû à ces personnages féminins que j’ai trouvés parfois caricaturaux ? A ce sentimentalisme un peu pathétique associé au genre policier ? Avouerais-je que j’ai même songé à la littérature feel good ? Aïe, ça fait mal. Une petite once de positif : j’ai aimé la fin, le petit retournement final.

              Monsieur Chalandon, reparlez-nous plutôt un peu d’Irlande, d’amitié trahie ou de ce magnifique Petit Bonzi

« Pendant des semaines, je m’étais demandé que faire de tout cet inconnu. Cette colère, cette volonté, cette énergie. Comment s’emparer de cette force nouvelle ? Rudoyer une mégère dans une quincaillerie, faire taire une commère, cracher sur un banquier, insulter un porc dans le métro, noyer les clefs de Matt, ce n’étaient que des gestes. Pas même à la hauteur du répit que la vie m’offrait. Moi, c’était d’une geste que je rêvais. »

« J’ai tourné les pages. Relu mes phrases inquiètes. Le premier jour du mal, mon entrée en hiver, ma sidération, le bouton de camélia, ma peur de mourir, ma solitude extrême, la frayeur des jours à venir, la compassion dégueulasse, les apitoiements de circonstance, la pitié hautaine, la saloperie des uns, la lâcheté des autres. Autour de moi, il n’y avait plus personne. Seulement des ombres et des fuyants, des amis qui croyaient bien faire et qui le faisaient mal. »

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30 août 2019 5 30 /08 /août /2019 05:38

Résultat de recherche d'images pour "Emma G. Wildford de Zidrou et Edith"

 

               Été 1920. Emma est une jeune femme de vingt ans, rêveuse et poétesse, qui se morfond dans la canicule de la campagne anglaise. Et pour cause : coincée entre sa sœur enceinte et son beau-frère hypocrite et pingre, elle attend des nouvelles de son explorateur de fiancé, disparu de la circulation depuis plus d’un an. En effet, Roald est parti en expédition en Laponie, à la recherche du trésor d’une déesse au bord d’un lac norvégien. Un matin, Emma se décide : elle partira à la recherche de l’homme qu’elle aime ! Longue traversée en ferry, marches interminables, rudesse du climat, blessures, Emma affronte tous les dangers, accompagnée de son guide, Hansen. Mais si sa quête est honorable, le point final risque de la surprendre…

            J’ai adoré à la fois ce récit féministe d’une jeune femme pêchue, déterminée et libérée, qui, à travers un road trip enneigé, poursuit son idéal tout en écrivant quotidiennement, mais j’ai aussi adoré les dessins délicats et colorés d’Edith, en parfaite adéquation avec l'histoire racontée. L’objet-livre, magnifique, s’ouvre comme une boîte à trésors et recèle de petites surprises pour le lecteur. Une enquête poétique et lyrique, un voyage dans le temps et dans l’Europe du Nord, bref, un roman graphique à lire sans hésitation !

             J’avais déjà beaucoup aimé Le Jardin de Minuit d’Edith et évidemment tant d’autres œuvres de Zidrou.

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27 août 2019 2 27 /08 /août /2019 09:08

Résultat de recherche d'images pour "Un soir de décembre de Delphine de Vigan"

           Avant de découvrir le dernier livre de cette autrice que j’admire beaucoup, j’ai acheté ce petit roman dont j’ignorais l’existence.

            Matthieu Brin, 45 ans, s’est découvert tardivement un talent d’écrivain. Il délaisse plus ou moins son métier, s’éloigne de sa femme Élise et de ses deux enfants pour consacrer son temps libre à l’écriture. Un jour, parmi ses lettres d’admirateurs, une en particulier retient son attention. C’est la lettre de Sara que Matthieu a aimée et quittée dix ans auparavant qui revient sur la médiatisation de l’écrivain, sur ses errances à elle dans le même quartier que lui, sur leur passé commun. Cette lettre bouleverse Matthieu, il se sent redevable envers son ancienne amante, il va s’en servir pour écrire toujours davantage mais elle va aussi le détruire lentement et insidieusement, mettant en péril sa famille, son travail, sa vie sociale. Des lettres de Sara, il y en aura d’autres, toutes plus troublantes les unes que les autres. Élise va s’éloigner. Lui-même ne va plus se reconnaître.

           Ce roman, écrit en 2005, fait partie des premières œuvres de Delphine de Vigan. Si j’ai absolument adoré Rien ne s’oppose à la nuit et D’après une histoire vraie, j’ai été relativement déçue par ce roman aux allures très contemporaines dans le sens où il ne se passe pas grand-chose si ce n’est qu’un homme se triture l’esprit, se gâche la vie et qu’on aimerait bien le secouer. Par là, le style ressemble un peu à celui d’Olivier Adam sauf que je suis restée en dehors de cette histoire d’ancienne maîtresse qu’on aimerait revoir mais pas revoir. Pour terminer par une note positive, le livre est agréable à lire malgré sa grisaille et surtout, il propose une réflexion intéressante sur le travail de l’écrivain (l’autrice transparaît au travers du personnage principal), sur l’impact de cette vocation sur l’entourage proche et sur la force de l’effet papillon : quelques mots qui changent une vie.

La première lettre de Sara : « Ce soir, j’ai commandé une bière et j’ai décidé de t’écrire une lettre. Je suppose que tu en as reçu des dizaines comme celle-ci. Peut-être sauras-tu lire entre les lignes, dans cet espace intact qu’aucun mot ne caresse ni ne frappe, ce que je ne sais pas dire. »

De Sara, toujours : « Il voudrait comprendre. Ce qu’elle veut. Ce qu’elle cherche. Pourquoi maintenant. Dix ans après. Elle se débarrasse d’une histoire qu’il ne connaît qu’en partie, et c’est bien assez, une histoire qu’il avait reléguée avec les autres, comme autant de morceaux de verre brisé, enfermés dans un bocal, où jamais la main ne plonge, ne s’aventure. Elle jette à ses pieds des grenades dégoupillées, elle se moque des dégâts, elle imagine sans doute l’intensité de l’explosion, espère la puissance du souffle, elle guette dans le ciel un nuage chargé d’encre. »

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24 août 2019 6 24 /08 /août /2019 04:29

Résultat de recherche d'images pour "fille derrière la porte hespel"

          Quand ma maman me prête un polar, c’est souvent du très léger… j’en ai profité pour le lire sur la plage. Et finalement, bonne surprise, c’est un bon thriller psychologique !

          Emmy traverse une période à vide dans sa vie : son mari l’a quittée, ses enfants l’ont suivi, elle reçoit des lettres anonymes humiliantes, elle a perdu son boulot… bref, elle est au fond du gouffre. Quand une jeune femme d’à peu près son âge, Léna, voisine d’immeuble, lui propose son aide, arguant qu’elle-même a rencontré de grosses difficultés par le passé, Emmy accepte volontiers. Cette coach directive, dynamique et autoritaire devient une amie, une confidente à qui elle doit beaucoup. Le compagnon de Léna, Magnus, entre lui aussi sur scène, mettant Emmy en garde. Entre Léna et lui, une relation très étrange s’est tissée depuis des années. Si l’élève Emmy apprend vite des conseils de son mentor Léna, elle pourra aussi s’en servir contre elle en cas de besoin…

          Crise identitaire, sadomasochisme, schizophrénie, manipulation… le lecteur n’est pas au bout de ses surprises et le roman se lit vraiment très bien. Ce n’est pas de la grande littérature mais cette autrice belge en a sous le coude en matière d’inventivité.

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20 août 2019 2 20 /08 /août /2019 18:29

Tout S'effondre   de Achebe Chinua  Format Beau livre

               Au Nigeria, dans le village ibo d’Umuofia, la vie suit son cours habituel entre les fêtes, les deuils, les naissances, les mariages, les rituels et les croyances ancestrales. Okonkwo est le fils d’un homme paresseux et insouciant et depuis son plus jeune âge, il s’est juré d’être son exact opposé. Une fois adulte, il devient effectivement un homme puissant et craint, un guerrier redoutable et un père d’une famille nombreuse, entouré de ses trois épouses. La cruauté n’est pas exempte du quotidien, on tue facilement ; les jumeaux sont, par exemple, exclus de cette société et abandonnés, dès leur naissance dans la forêt. Mais lorsque Okonkwo tue accidentellement un jeune homme, il est banni du village et contraint à s’exiler sept ans durant. A la fin de ce terme, un autre danger guette le peuple tout entier, des missionnaires sont venus construire des églises, enseigner lecture et écriture et prêcher la bonne parole. Coutumes et croyances sont mis à mal, certains villageois rejoignant les Blancs. Les résistants sont vite matés et on assiste à la destruction et l’anéantissement de toute une civilisation.

          La langue est belle, les faits sont racontés simplement et sans jugement ; le lecteur se fera sa propre opinion de l’arrivée de cette horde de Blancs qui, telle un immense essaim destructeur, avale goulûment tout sur son passage. Chinua Achebe fait partie des écrivains africains les plus lus et, selon Nelson Mandela, un « auteur en compagnie duquel les murs de prison s’écroulaient ».  Une lecture marquante indispensable, à transmettre.

L’arrivée du premier Blanc : « Il montait un cheval de fer. Les premiers qui l’ont vu se sont sauvés, mais il a continué à leur faire des signes. Les anciens sont allés consulter leur oracle, qui leur a dit que cet homme étrange allait briser leu clan et semer la destruction chez eux. »

Le début de la fin : « Les épouses d’Iguedo ne se réunirent pas dans leur enclos secret pour apprendre une nouvelle danse qu’elles présenteraient ensuite au village. Les jeunes hommes, qui étaient toujours dehors les nuits de pleine lune, restèrent dans leurs cases. On n’entendit pas leurs voix viriles sur les chemins tandis qu’ils allaient voir leurs amis et leurs amoureuses. Umuofia était comme une bête surprise qui sent la menace et, les oreilles dressées, cherche de quel côté s’enfuir. »

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17 août 2019 6 17 /08 /août /2019 08:27

Résultat de recherche d'images pour "Gustave Caillebotte de Laurent Colonnier glénat"

             C’est parce que Caillebotte est mon peintre impressionniste préféré que j’ai acheté cette BD.

             Gustave Caillebotte a la chance d’être très riche. Mécène, collectionneur, ami de Monet, Renoir, Pissarro, Degas, Manet, il va contribuer à valoriser leurs œuvres, à protéger et à aider les artistes, à leur procurer un appartement gigantesque pour les expositions, à acheter les peintures de ses collègues. Alors que son tableau des Raboteurs de Parquet est refusé par le jury de l’Académie des Beaux-Arts, il se bat à côté des impressionnistes pour prouver que la modernité, l’industrie, la vapeur, les trains mais aussi les blanchisseuses, les danseuses, les raboteurs sont des sujets intéressants, qui ont leur place dans l’art.

             Je sais désormais pourquoi j’aime tant Caillebotte : parce qu’il est autant réaliste qu’impressionniste, parce qu’il aime les paysages urbains autant que la nature, parce qu’il peint tout le monde, parce qu’on pourra le rapprocher d’un Hopper qui s’en inspirera. Modeste, altruiste et généreux, cet homme était convaincu qu’il mourrait jeune, comme le reste de sa famille, et il n’avait pas tort. Avant sa mort, à 45 ans, il lègue sa grande et prestigieuse collection au Musée du Luxembourg puis à celui du Louvre.

             J’ai adoré cette BD, suivre la genèse des Raboteurs que j’aime tant, accompagner Le Bal du moulin de la Galette de Renoir sur les chaussées noires de Paris, porté par les peintres qui ne deviendront célèbres qu’une fois enterrés. Un très bel hommage qui nous permet d’en découvrir un peu plus sur cette époque fascinante de la fin du XIXème siècle. Saviez-vous, par exemple, que Louis Leroy a qualifié les peintres d’ « impressionnistes » pour se moquer d’eux et que c’est pour le prendre à son propre jeu qu’ils ont adopté ce nom ? « Messieurs nous voilà devenus impressionniste, soyons impressionnants ! »

Résultat de recherche d'images pour "Gustave Caillebotte de Laurent Colonnier glénat"

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14 août 2019 3 14 /08 /août /2019 09:12

Résultat de recherche d'images pour "La fille dans le brouillard de Donato Carrisi"

          Après avoir dit « Jamais, plus jamais » avec cet auteur, écœurée par la morbidité du Chuchoteur et de L’Écorchée, j’ai remis le couvert en découvrant un thriller psychologique cette fois-ci.

           Anna Lou, seize ans, disparaît la veille de Noël. Issue d’une famille très pieuse, elle n’avait absolument aucun secret, aucun ennemi. Pourtant, le commandant Vogel, très médiatisé, penche immédiatement pour la thèse du kidnapping et mène son enquête de manière insolente et solitaire, n’hésitant pas à exprimer des jugements sans indices, à convoquer la presse pour en faire une alliée, voire à … fabriquer lui-même des preuves. Un professeur de littérature, Martini, est immédiatement soupçonné et rapidement arrêté. Mais si Vogel se trompait sur toute la ligne, il risquerait d’en payer les conséquences…

           J’ai absolument adoré ce roman ! Le flic atypique qu’est le commandant Vogel, son extrême élégance, son outrecuidance, m’a beaucoup plu. Le contexte géographique, ce village d’Avechot perdu dans les Alpes mais aussi les personnages tous plus surprenants les uns que les autres font de ce polar un roman à suspense efficace et bien écrit. Pour couronner le tout, l’auteur offre une critique des médias et du traitement des faits divers assez savoureuse.

La première version de l’histoire a été écrite sous la forme d’un scénario et le film, réalisé par Carrisi lui-même, est sorti en 2017 (je ne l’ai pas vu).

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9 août 2019 5 09 /08 /août /2019 14:41

 

Résultat de recherche d'images pour "La douleur du dollar de Zoé Valdés babel"

          Je rentre d’un voyage à Cuba, île aux mille contrastes, surprenante, dépaysante, sauvage, verte, chaude et humide, en pleine évolution et pourtant encore tournée vers son passé tumultueux. J’en ai profité pour découvrir cette célèbre autrice, Zoé Valdés, exilée à Paris depuis 1995.

         Cuca n’a pas connu une enfance facile et quand elle quitte sa ville natale de Santa Clara pour aller vivre chez sa tante à La Havane, sa vie ne s’améliore guère entre petits boulots et minuscule logement étouffant et insalubre. Elle se lie d’amitié avec deux filles bisexuelles qui la sortent quelques soirs de son cloaque. Une rencontre va tout changer : elle s’éprend, un soir, de Ouane, et, après une danse langoureuse et un long baiser, le perdra de vue sans jamais l’oublier. Huit ans après, elle le retrouve pour une période brève mais intense émotionnellement et sexuellement parlant. Mais la Révolution passe par là et le Ouane disparaît avant de lui laisser un billet d’un dollar… et un enfant que Cuca nommera Maria Regla. La vie deviendra encore plus misérable pour la femme mais aussi pour son entourage et pour l’ensemble de la ville. Des années plus tard, le Ouane reviendra réclamer son dollar, et c’est une question de vie ou de mort…

          Photographie des années qui précèdent et suivent la Révolution cubaine de 1959, le roman détonne par son style cru, luxuriant, musclé, effervescent. Ce n’est pas un livre qu’on lit à la légère mais qui veut qu’on l’apprivoise, le savoure doucement. Très riche, polysémique, il dénonce le régime de Fidel Castro et la « lente destruction implacable » du pays et ses tentatives d’enrichissement si maladroites où on mise tantôt sur les fraises, tantôt sur la viande des vaches, tantôt sur le café ou les bananes. En écho à ce que j’ai entendu sur l’île : des pénuries, une abondance de médecins et d’hôpitaux mais une absence de médicaments, de matériel, de moyens. Fidel Castro est surnommé Taille Extra ou XXL par Valdés, elle dénonce sa tyrannie, l’école aux champs obligatoire (45 jours) qu’elle a elle-même connue, l’absence de liberté de la presse (toujours d’actualité).

           Que dire encore ? A part l’omniprésence de la musique, l’autrice semble vouer une passion pour les recettes de cuisine… en tout genre puisque la misère conduit Cuca à goûter de la soupe faite avec de vieilles semelles ! Edith Piaf et son succès fou occupe une belle place ; l’esprit festif et presque aveugle des Cubains est souligné aussi : entre l’enterrement d’un proche et une fiesta, « nous choisirons la fête. » Enfin, malgré les critiques et les reproches, l’amour du pays et la nostalgie de l’autrice pour son pays natal parcourent le livre.

          Si certains passages m’ont secouée par leur obscénité, d’autres m’ont extrêmement plu ; Valdés manie avec talent l’humour, le sarcasme et l’ironie - mais aussi la poésie - dans une atmosphère qui correspond bien à La Havane que j’ai rencontrée : colorée, musicale (chaque chapitre porte en exergue un extrait de chanson), sans pudeur, d’« une moiteur saline, maritime », mais qui révèle aussi cette époque de faux-semblants et de non-dits car pour Fidel, tout roulait parfaitement… En tous cas, cette lecture m’a fait la même impression que la visite de Cuba : pleine de contrastes, entre amour et répulsion, elle fascine et il y en aurait tant à dire encore...

 

« Le pire c’est quand il se met à pleuvoir après un soleil d’enfer ; imaginez un peu, le crâne brûlant comme une poêle. Au soleil cubain de midi, on pose un œuf sur sa tête et il frit tout seul ; bientôt c’est le déluge, alors ça se gâte et vos neurones défaillent. Qui peut réfléchir dans ces conditions, qui peut prendre la moindre décision, avec des neurones défaillants ? moyennant quoi, les critiques littéraires s’offrent la liberté, et le luxe, d’écrire que les personnages d’un roman cubain sont caricaturaux. Et bien, je suis au regret de dire qu’ils ont parfaitement raison car dans cette petite île caricaturale, nous sommes une caricature de nous-mêmes, tous autant que nous sommes. »

A propos des hommes… : « Quand finirons-nous par comprendre que pour la plupart d’entre eux, hélas, le bonheur dépend du pouvoir, très rarement de l’amour ? Même s’ils prétendent qu’une paire de nichons tire plus fort qu’une carriole. »

« Havane-moi, toi, ma ville prison. Havane-moi, toi, ma liberté, avec tes vertus et tes vices : décolorée et triste, mais jouisseuse, tonitruante, mortifiante. »

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6 août 2019 2 06 /08 /août /2019 18:15

La Vie devant soi par Gary

                      Madame Rosa est une vieille dame laide et obèse qui recueille chez elle les enfants des prostituées. Parmi eux, Momo, 10 ans officiellement, qui voue un amour et un respect sans faille à Madame Rosa. Parvenue à la fin de sa vie, impotente, elle n’a qu’un souhait : ne pas mourir à l’hôpital -Momo va tout faire pour accomplir son vœu. Il va aussi découvrir quelques pans de son passé qu’il ignorait, il a en réalité quatorze ans et, s’il est né d’une femme « qui se défend », il a un père bien vivant… Au gré des rencontres plus excentriques les unes que les autres, en montant les six étages pour voir Madame Rosa plusieurs fois par jour, Momo va grandir et mûrir.

                   Je pensais avoir lu ce roman il y a longtemps mais dès les premières pages, j’ai compris que si je l’avais lu, je ne l’aurais pas oublié. Le style de Gary n’a ici rien à voir avec celui de La Promesse de l’aube. En toute simplicité, il se fait l’interprète de ce garçon, il exprime sa candeur mêlée à une lucidité très adulte, son espoir et son amour pour Madame Rosa, son incroyable force qui lui permet d’affronter la mort mieux que le ferait aucun adulte. Alors que les premières pages ne m’ont pas forcément passionnée, j’ai trouvé cette fin de livre absolument admirable. Il y a un petit quelque chose de Baudelaire (voire d’Irving) à vouloir marier le sordide au sublime, le noble au trivial. L’humour omniprésent agrémente ces pages caractérisées par une très grande douceur, une tendresse pour les personnages malgré le sort qui les accable. Le roman aurait pu être écrit en 2019 par un écrivain humain et indulgent tellement l’œuvre puise sa force dans une humanité et un appel à la tolérance extraordinaires.

-Prix Goncourt 1975-

Epoustouflant donc citations nombreuses !

« Je m’appelle Mohammed mais tout le monde m’appelle Momo pour faire plus petit. »

« Pendant longtemps, je n’ai pas su que j’étais arabe parce que personne ne m’insultait. On me l’a seulement appris à l’école. Mais je ne me battais jamais, ça fait toujours mal quand on frappe quelqu’un. »

« Au début, je ne savais pas que je n’avais pas de mère et je ne savais même pas qu’il en fallait une. »

Madame Rosa : « Lorsqu’on s’occupe des enfants, il faut beaucoup d’anxiété, docteur, sans ça ils deviennent des voyous. »

« Mais je tiens pas tellement à être heureux, je préfère encore la vie.  Le bonheur, c’est une belle ordure et une peau de vache et il faudrait lui apprendre à vivre. »

Définition d’un demeuré : « ça veut dire un môme qui a décidé de s’arrêter en route parce que ça ne lui dit rien qui chante. Il a alors des parents handicapés qui ne savent pas quoi en faire. »

Madame Lola, une travestie, amie très proche : « Madame Lola est très belle pour un homme sauf sa voix qui date du temps où elle était champion de boxe poids lourds, et elle n’y pouvait rien car les voix sont en rapport avec les couilles et c’était la grande tristesse de sa vie. »

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3 août 2019 6 03 /08 /août /2019 21:02

Résultat de recherche d'images pour "Cassandra Darke de Posy Simmonds bedetheque"

           Cassandra Drake a 71 ans, elle est marchande d’art à Londres. En 2017, ses escroqueries sont révélées au grand jour : elle vendait des copies de sculptures. De remords, de scrupules, elle n’en a pas parce qu’elle a tendance à se montrer coriace, mauvaise, aigrie et malpolie. Elle héberge un moment Nicki, la fille de son ex-mari, dans la cave, en échange de milliers de services. Mais de cette relation de maîtresse à esclave naîtront les problèmes à venir pour Cassandra. Un revolver et un gant retrouvés, ne enquête policière, la confrontation des classes sociales, une peinture de l'Angleterre actuelle, … le rythme va s’accélérer pour parvenir à un retournement de situation final.

          Avec Posy Simmonds, on en a toujours pour son argent, c’est encore une fois un roman graphique dense, riche et captivant. Que ce soit pour ce personnage féminin obèse et sans gêne ou pour ce contexte posé avec justesse et lucidité, on ne peut qu’applaudir les prouesses de l’autrice dont le texte comme le dessin sont réussis. J’ai un peu été déçue par la fin mais ça n’enlève de pas grand-chose au charme général - so british.

Gemma Bovery.

Elle assiste à l’enterrement de son ex-mari, Freddie, que lui avait piqué sa sœur et « sainte » Margot : « L’église est surchauffée. Il y a une odeur de renfermé, poussière et manteaux étuvés. Et les voilà, les reliques du passé de Freddie. Plus un recteur, un chanoine, un chœur et un organiste. Merci Margot. Freddie aurait été horrifié. C’était un païen, un blasphémateur talentueux, un puits de blagues salaces. »

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