Une première histoire nous emmène en Inde où Smita occupe un poste bien peu reluisant puisqu’elle est une Intouchable et plus précisément une scavenger, c’est-à-dire qu’elle ramasse les excréments et les déchets humains, tous les jours, dans une région où les toilettes n’existent pas. Ce métier qu’elle a appris de sa mère, elle ne veut pas le transmettre à sa fille Lalita qu’elle souhaiterait voir aller à l’école, apprendre à lire et écrire. Le brahmane du village accepte les économies de Smita avant de traiter Lalita comme une inférieure. Mère et fille vont fuir, contre l’avis paternel.
Dans un second temps, nous partons en Sicile, chez Giulia qui travaille dans l’atelier de son père à récupérer des cheveux pour en faire des postiches et des perruques. Tout déraille lorsque le père et patron de l’entreprise se retrouve dans le coma suite à un accident de la route. Alors que Giulia s’éprend d’un mystérieux inconnu d’origine hindoue, elle comprend aussi que l’atelier est menacé de faillite…
Quelques milliers de kilomètres plus loin, c’est Sarah que nous rencontrons, au Canada. Working girl à qui tout réussit, Sarah a gravi les échelons dans son cabinet d’avocats pour se retrouver bras droit du patron. Requin prêt à tout, elle a sacrifié ses vacances mais aussi ses deux mariages et bien souvent du temps passé avec ses trois enfants. Elle veut réussir coûte que coûte. Un cancer du sein va changer la donne. La tresse, le cheveu est le fil directeur qui relie ces trois femmes.
Lecture fluide, addictive, intéressante, facile… je sais déjà que c’est un roman que je vais offrir autour de moi parce qu’il plaira au plus grand nombre. Charmée au début par l’idée de ces trois femmes éparpillées sur le globe terrestre, engluées dans un univers cruel pour elles, c’est cette même idée que j’ai trouvée, au final, artificielle, surfaite et un peu caricaturale. Les intentions de l’auteur sont excellentes, je n’en doute pas, mais la manière dont elle nous y amène manque peut-être de subtilité, de nuances. En fait, le livre est parfait : trois histoires (pour les trois mèches de la tresse, vous l’aurez compris), une succession régulière des chapitres, une montée du suspense synchrone, une comparaison possible entre trois femmes évidemment complètement différentes et pourtant teeellement semblables. Trop parfait. Je joue le rôle de la méchante mais tout ce qui lutte contre les discriminations, tout ce qui permet de faire progresser la condition de la femme sur notre petite planète, tout ce qui éclaire notre lanterne sur les injustices sexistes est bon à prendre et, je le répète, j’ai pris du plaisir à lire ce livre (sauf la fin qui m’a vraiment agacée par son caractère archi prévisible !.... ok, j’arrête là !)
Tolérance et égalité sont en Inde des mots apparemment complètement inconnus : deux millions de femmes sont assassinées chaque année : infanticide féminin, filles qu’on tue parce qu’elles sont tombées amoureuses d’un homme qui n’appartient pas à sa caste, épouses que font disparaître maris trop cupides ou belles-familles envieuses… Laetitia Colombani évoque aussi le statut des veuves : « Maudites, elles sont considérées comme coupables de n’avoir su retenir l’âme de leur défunt mari. Elles sont parfois même accusées d’avoir provoqué, par sorcellerie, la maladie ou la mort de leur époux. (…) Leur simple vue porte malheur, croiser ne serait-ce que leur ombre est un mauvais présage. » !!!