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12 juillet 2019 5 12 /07 /juillet /2019 11:13

Résultat de recherche d'images pour "Salina de Laurent Gaudé actes sud"

Dans le village des Djimba, un cavalier inconnu arrive en déposant un bébé sur la place. Le bébé hurle, personne n’ose le toucher, le soleil ne le tue pas, les hyènes ne le dévorent pas, le soleil se couche, une femme se décide à adopter cette petite fille venue de nulle part : Salina.

Salina est maintenant une vieille femme qui a marché toute sa vie dans le désert et qui demande à son fils, Malaka, de l’accompagner vers le mont Tadma, la « limite des mondes ». Lorsque ses forces la quittent, Malaka prend sa mère sur son dos et ils avancent, péniblement. Accrochée à son dos, Salina mourra silencieusement. Après avoir accompli minutieusement sa toilette, Malaka emmène sa mère vers un cimetière particulier, accomplissant un rite funéraire aussi étrange que magnifique : un passeur l’emmène en barque avec le cadavre vers une île où un cimetière décidera s’il accueillera ou non le mort. Et sur la mer, d’autres barques rejoignent celle de Malaka et, pour rendre hommage à sa mère, il raconte toute son histoire, toute cette vie faite de malheurs, d’amours perdues, de trahisons et surtout d’exils.

Je boudais cet auteur pour des raisons mal fondées et je suis de plus en plus admiratrice de son écriture. Ici, en quelques pages, il nous plonge dans un univers dépaysant, nous touche directement au cœur en quelques mots. Chapeau ! Cette relation mère-fils m’a complètement subjuguée parce qu’elle résonne avec mon histoire avec mon père sans doute aussi. Entre fable, tragédie et épopée, le texte sonne, ébranle, crie et apaise parfois aussi. A la fois très violent et sublime, le roman est imprégné de ce désert hostile, de cette aridité et cette chaleur sèche, tout en répandant une poésie puissante, tout en transmettant une belle force viscérale et universelle. Un très très beau roman – coup de cœur pour moi !

Malaka qui porte sa mère : « Il se concentre pour continuer à avancer sans accroc ni chute. Le vent souffle plus fort, soulevant la neige qui borde le chemin, les entourant d’un tourbillon qui leur fouette le visage. Jamais deux corps n’ont été plus serrés l’un contre l’autre. Jamais deux corps n’ont été plus proches. Ses pas sont lents. Tout craque et hurle. Ils sont emmitouflés dans des peaux de bête qui se sont raidies sous la morsure du givre. »

Je ne veux pas tout dévoiler mais une femme tend à Salina son bébé pour que de très vieilles tensions entre deux clans s’apaisent enfin ; Salina accepte : « Pardonne-moi. Je prends la vie que tu m’offres. Je veillerai sur ton fils – car toujours, il sera ton fils, Alika. Lorsqu’il grandira, ce sont tes traits que je verrai apparaître sur son visage et ce sera bien. J’aurai alors sous les yeux le visage de ta sagesse. Va, Alika, ce que tu fais, aucune mère, jamais, ne l’a fait. Je vais vivre, je te le jure. »

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8 juillet 2019 1 08 /07 /juillet /2019 15:13

Résultat de recherche d'images pour "sœurs bernard minier livre audio"

            J’ai volontairement choisi cet auteur que je n’avais jamais lu pour cette découverte en livre audio.

            Deux sœurs, Ambre et Alice, la vingtaine, sont retrouvées mortes, en robes de communiantes, dans une forêt. Leur point commun ? Vouer une passion sans nom à leur auteur de polars préféré : Erik Lang. Le plus troublant, c’est que cette scène des deux communiantes assassinées est issue d’un de ses romans. Les soupçons qui pèsent sur cet écrivain pédant, prétentieux et peu sensible ne suffisent pas à l’accuser. Martin Servaz, un jeune flic qui ne l’aime guère se retrouvera face à lui vingt-cinq ans plus tard dans une nouvelle enquête dans laquelle l’écrivain et sa femme seront intimement liés.

          Dans ce polar plutôt original, j’ai aimé la mise en abyme de l’auteur de romans policiers qui fascine tant certains fans… ce serait intéressant de savoir si Bernard Minier lui-même a rencontré ce problème d’avoir des lecteurs complètement subjugués par l’ensemble de son œuvre. L’enquête qui reprend une génération plus tard avec un flic abîmé par la vie, des protagonistes qui ont évolué, nourrit également la densité de ce roman. On pense avoir tout compris quand on découvre qu’on s’est fait manipuler. Minier a réussi à me captiver avec ce bon policier et à me donner envie de lire un autre de ses romans.

L’histoire est impeccablement lue par Hugues Martel. (13h d'écoute)

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5 juillet 2019 5 05 /07 /juillet /2019 14:33

Résultat de recherche d'images pour "Coquelicots d’Irak de Brigitte Findakly et Lewis Trondheim"

          Dans cette jolie BD, Brigitte Findakly raconte son enfance en Irak suivie de sa venue en France et les quelques allers-retours France-Irak jusqu’aux années 80. Née d’une mère française qui a été ravie de partir vivre en Irak et d’un père dentiste irakien chrétien, la petite Brigitte a grandi à Mossoul. Après quelques vacances parisiennes, il a fallu vivre en France, ce qui a été très difficile mais les quelques voyages à Mossoul ont prouvé que la vie irakienne s’était vraiment dégradée. Ce qui me frappe toujours, c’est la vie d’avant : je ne suis sans doute pas la seule à avoir une image figée d’une vie stricte, sclérosée et extrémiste en Irak, or, ce qui émane de ces planches, c’est une douceur de vivre, une existence assez paisible, une certaine insouciance mêlée aux absurdités des conflits en cours. Pour preuve, la narratrice s’est sentie en danger une seule fois, quand il fallait se réfugier dans les bouches du métro alors que sévissaient des manifestations trop virulentes… à Paris, en juin 68 !

          J’ignorais que Brigitte Findakly était la femme de Lewis Trondheim et je trouve ce projet commun de mettre des mots et des images sur cette enfance irakienne et cet exil français, très touchant. Si morale il devait y avoir, ce serait qu’il y a du bon et du moins bon dans chaque pays. J’ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture agrémentée de photos de famille en noir et blanc et, entre sourires et offuscations, voilà un échantillon de ce que j’ai pu retenir :

  • La mère est abonnée à une revue française féminine. Systématiquement, la tête d’Enrico Macias y été découpée, … parce qu’il est juif.
  • Les enfants s’amusent comme des fous quand le véhicule municipal vient démoustiquer le quartier au D.D.T. : ils batifolent dans le gros nuage !
  • En 1963, la couleur rouge fut totalement proscrite dans les rues et les lieux publics.
  • En Irak, ce sont les hommes qui font les courses.
  • Les médecins soignaient surtout en faisant des piqûres, celui qui se contentait de ne prescrire que des médicaments, était considéré comme un incapable. Et le docteur alignait les malades par 10 et faisait des piqûres à la chaîne… avec la même seringue !
  • La mère n’a jamais pu se faire à certaines coutumes comme la sieste de l’après-midi, se maquiller tous les jours et porter des fourrures en hiver.
  • Résultat de recherche d'images pour "Coquelicots d’Irak de Brigitte Findakly et Lewis Trondheim"
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1 juillet 2019 1 01 /07 /juillet /2019 18:18

Résultat de recherche d'images pour "de si bons amis de joyce maynard rey"

            Helen est une mère divorcée, mal aimée de ses parents, qui a sombré dans l’alcool. Devant son fils Ollie, cinq ans, elle sait se tenir mais le drame surgit un soir où elle est obligée de prendre le volant, ivre, et que la police l’arrête. Elle perd la garde de son fils qu’elle n’a plus le droit de voir que très ponctuellement. Elle arrête complètement l’alcool et vit de petits boulots de photographe mal payés. Un soir de vernissage, elle rencontre Ava, une paraplégique richissime qui la prend sous son aile. Mariée à Swift, un extraverti blagueur et imposant, elle s’occupe d’une fondation de protection des chiens. Le couple adopte en quelque sorte Helen, lui offrant repas somptueux, habits de qualité, mais aussi oreille attentive. Helen finit par venir quotidiennement dans leur grande villa luxueuse, elle leur raconte ses rencontres internet qui tournent court pour la plupart. Pourtant Eliott, un type simple et sincère finit par la conquérir mais, avec son petit boulot de comptable, sa rusticité, il n’appartient pas au même monde que les nouveaux amis de Helen. Lorsqu’elle présente Ollie à Swift, le garçon est tellement comblé d’avoir trouvé un modèle grande gueule et aventurier, qu’elle tourne le dos à Elliott, pensant avoir trouvé une nouvelle famille. On le devine depuis le début, un événement va rompre et cette amitié douteuse, et l’image parfaite de ce couple si uni.

            Première découverte pour moi de cette autrice à succès et quelle belle surprise ! J’ai adoré du début à la fin ce roman palpitant et captivant, d’un suspense implacable, d’une tension psychologique qui nous permet de couper complètement de notre vie. Sans tomber dans la tentation du cliché, l’autrice a imaginé une rencontre entre un être vulnérable qui n’a jamais vraiment été aimé et un couple idéal vivant dans un Eldorado. Qui n’aurait pas succombé ? De réflexions sur l’amitié au vrai sens de la vie (baby), le roman est surtout exceptionnellement distrayant. J’ai hâte de lire d’autres romans de Joyce Maynard qui a connu une relation aussi brève que cataclysmique avec J.D. Salinger (elle 18 ans, lui 53), le saviez-vous ?

Je n’ai même pas de citation à vous proposer tellement j’ai dévoré ce roman à toute allure !

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27 juin 2019 4 27 /06 /juin /2019 13:55

Résultat de recherche d'images pour "sauveur saison 3"

-Saison 3-

Lecture à deux, comme pour les précédents tomes. Je laisse le clavier à ma fille :

           Dans cette nouvelle saison, Sauveur Saint-Yves reçoit des cas étranges comme Gervaise Germain, qui a passé le cap de son toc de propreté, mais qui s’interdit de prononcer un mot qui contient le radical MAL sans dessiner une petite croix dans sa main de peur qu’il ne lui arrive « MALheur ». Ou encore M. Kermartin qui pense que ses voisins ont installé des caméras de vidéosurveillance dans son plafond. Mais il reçoit aussi des enfants et des adolescents : Ella, 13 ans qui est cyberharcelée parce qu’elle est une fille qui aimerait être un garçon, ou encore Maïlys qui n’arrête pas de se cogner la tête contre le mur pour attirer l’attention de ses parents. Mais parlons maintenant de Sauveur : Louise, sa fiancée depuis quelque mois, Gabin, l'ado "adopté" qui a son concert à Paris « Eagles of Death Metal » et qui va bientôt retrouver sa mère internée depuis quelques semaines. Et Sauveur doit aussi s’occuper de Jovo, un militaire ronchon mais attachant. En plus, les copines de Louise lui disent qu’il la balade ! En gros, Sauveur aura encore une année pas évidente à passer !

Mon avis : j’ai bien aimé ce tome (comme tous les autres d’ailleurs !) avec beaucoup de suspens et d’actions.

                                                                                                                                                         Danaé                    

             Pas grand-chose à rajouter si ce n’est que je redoutais ce 13 novembre qui approchait à grand pas et Gabin qui devait se rendre à ce fameux concert. Finalement, l’autrice nous épargne des tragédies (enfin, à moitié, je ne vous en dis pas plus) et on a à nouveau passé d’excellents moments de rigolade (la paranoïa de Kermartin a été très appréciée mais la belle-mère de Louise et son franc-parler n’est pas en reste).

            Enfin, cette saga est un formidable déclencheur de discussions et un porte-parole parfait pour la Tolérance.

On va évidemment poursuivre les aventures de ce charmant psychologue et de toute sa tribu !

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24 juin 2019 1 24 /06 /juin /2019 15:41

Résultat de recherche d'images pour "La croisade des innocents de Chloé Cruchaudet"

                Début XIIIème siècle. Tout commence par un drame familial : Colas, fils de fermier, jette sa petite sœur Margotte dans l’auge aux cochons où les bêtes lui dévorent la moitié du visage. Pris de panique, craignant la colère de son ogre de père, Colas fuit. Il se retrouve vite petit esclave dans une brasserie, en compagnie d’autres enfants exploités. Un jour, il voit, au travers d’un lac gelé, un cadavre qui le regarde les bras écartés. Pour Colas, c’est Jésus, pour son copain Camille, c’est un signe : Colas est un élu et il annonce la bonne nouvelle à leurs camarades. Plus de doute : grâce à la noix sacrée, un blason fabriqué à la va-vite, ils doivent se rendre à Jérusalem. Les enfants fuient une nuit, profitent de leur liberté, se débrouillent pour se nourrir et sont bientôt rejoints par d’autres enfants. Ils survivent en proposant un spectacle de marionnettes dans les villages traversés. Entre anarchie, liberté, abus de pouvoir, jalousies, désertion, trahisons et abandons, les enfants traverseront bien des mésaventures … et des paysages, avant d’arriver à la mer.

             L’idée de départ est excellente, basée sur l’histoire vraie de la croisade des enfants de 1212, certaines planches qui voient défiler ces « âmes pures » sont absolument magnifiques, les réflexions induites par ce microcosme géré par des enfants (la notion de liberté, les limites de la religion, la définition de l’innocence) sont évidemment intéressantes. Malgré tous ces points positifs, je suis déçue. Les longueurs sont trop nombreuses, les enfants (presque) tous identiques et même si j’ai apprécié ces nuances de violet/noir/bleu/gris présentes dans presque tout l’album, j’aurais aimé plus de contrastes qui auraient rendu l’histoire plus captivante. Au final, et je ne sais pas si c’est voulu par l’autrice, il subsiste une impression de malaise parce qu’entre âmes pures et monstres, entre innocence et fourberie, on ne sait pas tout à fait où situer ces enfants. J'ai largement préféré Mauvais genre

« Le voyage sera sûrement difficile, il va falloir se serrer la ceinture… mais à partir de maintenant, nous marcherons, mangerons, respirerons tous ensemble. Nous ne ferons plus qu’un. La noix sacrée, nous allons la porter chacun à notre tour. Elle sera notre guide. »

 

Résultat de recherche d'images pour "La croisade des innocents de Chloé Cruchaudet"

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21 juin 2019 5 21 /06 /juin /2019 14:35

Résultat de recherche d'images pour "Un été sans dormir de Bram Dehouck"

 

           Dans une petite ville belge, Windhoek, la quiétude bon enfant est perturbée le jour où d’immenses éoliennes surplombent les habitations. Le facteur plutôt baba cool écolo se réjouit, le boucher n’arrive plus à dormir, le vétérinaire n’aime pas ces grandes ombres dansantes sur sa belle pelouse. Tout dérape quand le boucher devient vraiment insomniaque, quand la femme du facteur devient méchante par excès de jalousie envers la belle situation de la famille du boucher et que la femme du vétérinaire couche avec un grand Noir, demandeur d’asile… Entre commérages et vengeances, le sang gicle parfois dans la joie et la bonne humeur…

          Ça se lit très bien, vite, c’est divertissant, drôle sans en avoir l’air, un brin sarcastique, idéal si on n’a pas trop envie de se prendre la tête ! L’auteur alterne humour potache et humour noir sans y aller trop fort (il aurait pu !) et glisse dans cette histoire une petite satire de la bourgeoisie provinciale belge. On a presque envie de goûter au succulent pâté Bracke, spécialité du boucher, qui, après un succès très rentable lui causera bien des tracas.

Merci à Alex à qui j’avais chipé cette idée de lecture !

 

Bel été à vous !!!

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17 juin 2019 1 17 /06 /juin /2019 20:16

Résultat de recherche d'images pour "Une journée d’automne de Wallace Stegner"

 

             Margaret, jeune femme aristocrate élégante et posée, accueille, aux côtés de son mari Alec, sa jeune sœur, Elspeth. La cadette vient d’Ecosse, leur pays natal, et s’installe dans la grande ferme de sa sœur, dans l’Iowa. Guillerette et enjouée, Elspeth s’émerveille devant les animaux, la flore et les changements de saison de sa terre d’adoption. Alec, moins austère que son épouse, trouve un bon public pour les blagues qu’il a l’habitude de faire. L’impensable se produit lorsqu’Alec et Elspeth se rapprochent… Le drame irréparable s’étend sur les années qui passent, brisant les relations entre sœurs, entre mari et femme. Nous retrouvons les personnages des années plus tard.

           On note un nom d’auteur, on emprunte un de ses romans à la bibliothèque, on démarre la lecture un pluvieux après-midi de mai et on lit, on lit, on lit. La justesse, la concision et le romanesque de cette longue nouvelle (le livre fait un peu moins de 150 pages) m’ont complètement conquise. Une écriture efficace permet d’emblée de se plonger dans un univers campagnard, désuet, à cheval sur les convenances.  Et la nature est toujours présente, changeante d’un mois à l’autre, témoin des mésaventures humaines. J’ai dévoré et adoré, sans bémol ni restriction. A noter, la quatrième de couverture qui évoque un « triangle amoureux » que je conteste formellement (ou alors, on n’a pas la même définition de l’expression). Il me faudra en lire davantage de ce Monsieur Stegner, écrivain américain écolo.

« Il s’employa donc à instruire Elspeth pendant tout le reste du trajet. Il commença par lui raconter que, dans la vallée du Mississippi, les vers de terre étaient si longs que les poules mettaient une journée entière à en avaler un. La poule, expliqua-t-il, devait commencer par tirer le ver de son trou ; ensuite, elle en attrapait une extrémité avec le bec, puis reculait, reculait. Un ver adulte pouvait lui prendre de 8 heures de matin à 3 heures de l’après-midi, avec une petite pause d’une heure à midi. Quand enfin la queue du ver sortait du trou, elle se détendait comme un élastique avec une force capable d’abattre les arbres à des kilomètres à la ronde. »-  Trier par: pertinence | pagespertinence | pages-  ‹ Précédent  Suivant ›  -  Tout afficher

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14 juin 2019 5 14 /06 /juin /2019 21:01

Résultat de recherche d'images pour "Jamais de Duhamel bedetheque"

             A Troumesnil, en Normandie, une très vieille dame, Madeleine, vit seule dans sa maison perchée en haut d’une falaise abrupte. Aveugle, veuve, elle simule la présence de son mari disparu en mer et son gros chat de Balthazar profite de la méprise pour manger sa part. Mais la falaise recule chaque mois un peu plus, une partie du jardin a déjà dégringolé et le maire de la ville veut absolument reloger Madeleine. Elle refuse catégoriquement, créant des divergences dans la petite ville jusqu’à une nuit de tempête où évacuer la petite dame devient une urgence. Têtue, elle s’acharne : « Jamais ! ».

           C’est un bel album tendre et touchant qui met en scène une personne hors du commun, une région magnifique et mine de rien un sujet bien actuel puisque c’est ce satané réchauffement climatique qui est la cause de l’effondrement inéluctable de la falaise. Le tout est servi par de belles planches utilisant un panel de couleurs allant des plus sombres aux plus vives. On croit d’abord à un album drôle et léger mais le ton se durcit faisant place à de jolies réflexions sur la vieillesse, la différence, l’écologie, la vie tout simplement.

« Ici, j‘entends chaque souvenir…. Je me souviens de chaque son… de chaque silence… de chaque parfum…. Un aveugle, ça n’emmène pas ses albums photos… alors quand la seule alternative, c’est de finir entourée de murs sans souvenirs, de parfums sans histoire, et de sons inconnus… on finit par envier l’imprévu. » (mon nouveau Word n’aime pas l’utilisation de « Un aveugle » dans cette citation et me propose « Une personne ayant une déficience visuelle » !!! Il est beau l’ère de l’euphémisme !)

            J’avais déjà apprécié Le retour de Bruno du même auteur qui se voulait déjà un brin écolo, toujours tout en discrétion et subtilité.

Résultat de recherche d'images pour "Jamais de Duhamel"

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11 juin 2019 2 11 /06 /juin /2019 16:51

Résultat de recherche d'images pour "dernier jour sur terre vann"

             Steve Kazmierczak, 27 ans, tire sur des étudiants le 14 février 2008 dans un amphithéâtre à DeKalb, dans l’Illinois, il tue cinq personnes, en blesse dix-huit avant de se suicider. L’auteur, David Vann, a grandi parmi les armes lui aussi. Il a appris à tirer sur les petites bêtes avant de s’en prendre à des cerfs. Lorsque son père se suicide, il hérite de toutes ses armes et poursuit ses petits massacres en visant de temps et temps ses voisins au Magmum. Il revient sur la vie de Steve, peut-être aurait-il pu lui aussi en arriver là ? A commettre un meurtre programmé ? Il revient sur l’itinéraire de cet enfant que sa mère gardait jalousement à la maison, regardant avec son fils des films d’horreur tout en lui parlant de la Bible… Son internement, ses conflits avec sa sœur, son refus de la drogue, sa renaissance au contact des études, son extrême politesse, ses sites rencontres érotiques, ses TOC de vérification, ses brillantes réussites scolaires …

            Ce texte naviguant entre roman, biographie et documentaire, nous plonge sans concession dans cette Amérique où on achète aussi facilement une arme à feu qu’un tube de colle, où l’on transmet de père en fils cette fierté de savoir dégommer un cerf. Ça fait froid dans le dos. David Vann a voulu retracer le parcours de Steve d’une part pour le comparer au sien ; à lui aussi on a enseigné les tirs, les armes, la mort - mais aussi pour s’en détacher et expliquer que l’enfance de Steve, ses parents, son univers et ses troubles psychologiques ont créé ce criminel. C’était intéressant de lire que Steve n’était pas un monstre de A à Z, qu’il était apprécié de la plupart de ses amis et collègues, que son acte est dû à un dysfonctionnement personnel et à une éducation complètement aberrante. C’est finalement son univers empli de films d’horreur et déviances sexuelles que je me suis pris à détester plus que le gars lui-même. Les descriptions des films et des loisirs de Steve et de ses amis m’ont barbée si elles ne m’ont dégoûtée. Enfin, on comprend bien que l’auteur s’insurge ouvertement et clairement contre cet usage légal des armes à feu qui permet ces tueries de masse. Il a su rendre cette biographie prenante, faisant monter la tension jusqu’au jour fatidique et prouvant la part de responsabilité de la société américaine dans un style, comme à son habitude, concis, efficace, cinglant. Pas le meilleur de l’auteur à mon goût mais un livre édifiant et glaçant.

Merci à l’ami prêteur !

De nombreuses références à Cho sont faites, l’auteur de la fusillade d’avril 2007 qui a fait plus de trente morts : « Cho a tué trente-deux personnes, il en a blessé vingt-trois puis s’est suicidé avant l’arrivée de la police. Dans toute l’histoire des Etats-Unis, c’est le déchaînement le plus meurtrier perpétré par un tueur isolé, et tout ceci était idiot. Il n’y a rien de cool ni d’intéressant dans la méthodologie de Cho. Acheter un Glock 19, quelques chargeurs supplémentaires, entrer dans une salle de classe et tirer sur les gens. Nous n’avons encore rien mis en place pour empêcher quelqu’un de commettre un tel acte. C’est un droit américain.

« Après la fusillade de NIU, le pouvoir législatif de l’Illinois a tenté de voter une loi qui aurait pu limiter l’achat d’armes de poing à un pistolet par mois et par personne, ce qui impliquait tout de même qu’une personne pouvait se procurer douze armes par an, et même cela n’a pas été voté. Les propres élus de DeKalb ont voté contre. »

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