Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 octobre 2020 5 02 /10 /octobre /2020 17:22

Afficher l’image source

           Ce roman participe à l’opération « Vidons ma PAL pour mieux la remplir à nouveau », il y est depuis des années et des années.

Mark Sway est un garçon de 11 ans débrouillard et espiègle. Ce jour-là, il va montrer à son jeune frère plus timoré, Ricky, comment on fume, dans un petit bois, non loin du mobile-home familial. Les garçons tombent sur un type dans une voiture qui essaye de se suicider. Mark se glisse discrètement pour retirer le tuyau qui mène du pot d’échappement à la fenêtre du conducteur. Mais il se fait repérer. Le désespéré s’appelle Jerome Clifford et est/était l’avocat d’un truand de la Mafia, Barry Muldanno. Avant de mettre fin à ses jours en se tirant une balle dans la tête, l’avocat va révéler un terrible secret à Mark. Entre un petit frère traumatisé, une mère affolée, des policiers qui tentent de savoir si l’avocat a fait des révélations avant de se donner la mort, Mark comprend vite que son secret est brûlant et met sa propre vie en danger. Il se dégote une super avocate, Reggie Love, qui va tout faire pour éviter le pire. Fugues, mensonges, tribunal, prison, cinquième amendement, … Mark ne va plus connaître un seul instant de repos.

          J’ai beau cherché dans mes souvenirs, je n’ai jamais lu cet auteur archi connu. Même si c’est très américain avec FBI, police menaçante, Mafia et tout le tintouin, ça se lit vraiment bien et l’intrigue est captivante. Dans ce roman à suspense, John Grisham a réussi à placer un enfant au centre de l’histoire et à l’ériger en véritable héros. Impertinent, courageux, rusé, cultivé (regarder des films de gangsters et des polars à la télé a du bon, semble-t-il), droit dans ses baskets usées, le jeune Mark mène son petit monde en bateau et a rarement la réaction qu’on attendrait d’un petit gars de 11 ans. Une belle découverte qui s’accompagne d’une envie de revenir vers cet écrivain.

Mark, en plus de ses nombreuses qualités, sait faire preuve d’humour : « Euh… maintenant que je suis une célébrité, j’imagine que Hollywood va frapper à ma porte. Je sais bien, en ce moment, nous n’avons pas de porte, mais ça va s’arranger, hein, Reggie ? Je suis sûr qu’ils vont vouloir faire un grand film sur l’enfant qui en savait trop long. Ça m’ennuie de dire ça, pour des raisons que vous devez comprendre, mais, si ces gangsters se débarrassent de moi, le film aura un succès fou, et maman et Ricky pourront se la couler douce. Vous me suivez ? »

Partager cet article
Repost0
29 septembre 2020 2 29 /09 /septembre /2020 10:22

Afficher l’image source

       Le titre nous induit en erreur, la couverture un peu moins : il s’agit d’une biographie de Boris Vian.

       Contre l’avis du médecin et peut-être paradoxalement parce que les efforts sont déconseillés, un homme brun, grand et maigre se rend à la piscine Molitor, à Paris, en 1959. Il s’agit de Boris Vian dont on retrace la vie. Les problèmes cardiaques ne l’ont pas empêché de bien grandir dans une famille riche, de s’épanouir à Landemer, dans le Cotentin. Celui qu’on surnomme le Bison s’adonne adolescent au théâtre en jouant Ubu roi. Avec quelques amis, il fonde le Cercle Legateux où l’absurde se mêle sans cesse aux airs de jazz. Ses études à l’école Centrale l’ennuient profondément et il voit avec plaisir son roman L’Ecume des jours publié chez Gallimard par Raymond Queneau. J’irai cracher sur vos tombes lui vaut un procès et, ironie du sort, c’est lors d’une adaptation filmique (qu’il n’apprécie pas du tout) de ce roman qu’il meurt, dans son fauteuil.

       Après un début un peu confus, j’ai pris plaisir à lire cette petite biographie qui nous plonge dans une époque où on croise Juliette Gréco, Gainsbourg, Henri Salvador ou encore Brassens. Je ne connais pas suffisamment Boris Vian pour me faire une idée de la véracité des faits racontés mais le bonhomme paraît assez égoïste et hautain. Il ignore son fils et révèle parfois les mauvais côtés de l’anarchisme. Si elle est agréable à lire, la BD m’a paru un peu fade et lisse par rapport à l’univers évoqué mais, pour une première approche de cette univers insolite, c’est parfait.

Afficher l’image source

Partager cet article
Repost0
25 septembre 2020 5 25 /09 /septembre /2020 18:34

Afficher l’image source

       Janina Doucheyko vit seule sur un plateau aux hivers hostiles, en Pologne, tout près de la frontière tchèque. D’un certain âge, férue d’astrologie, appréciant et respectant beaucoup les animaux, cette ancienne ingénieure des ponts et chaussées regarde souvent d’un œil critique l’espèce humaine qui l’entoure. Et il faut dire qu’entre policiers malhonnêtes et paysans rustres et sauvages, elle est servie. Seul Dyzio trouve grâce à ses yeux, il vient la rejoindre de temps en temps pour qu’ils traduisent ensemble des poèmes de Blake. Un homme est retrouvé mort, puis un autre, puis un troisième. Leur point commun – chasser la bête sauvage avec une cruauté sans nom – n’échappe pas à notre héroïne qui multiplie les lettres adressées à la police et ne manque pas de distribuer les éléments de sa théorie qui consiste à penser que l’animal se venge sur l’homme…

       Malgré la chape de plomb de l’étiquette « Prix Nobel », malgré le titre plus que sinistre, j’ai d’emblée trouvé le style de l’autrice gracieux, léger, un brin espiègle, très authentique. On y est, dans cette contrée polonaise où les hommes sont plus sauvages que les animaux, on s’attache à Janina qui déteste son nom, qui veille sur les maisons du voisinage désertées l’hiver et qui passe parfois pour une folle. On se prend même à son jeu, cette passion pour les animaux (les antispécistes y trouveront le bonheur d’ailleurs !) Pourquoi n’en fais-je pas un coup de cœur ? Certains passages notamment ceux dédiés à l’astrologie ne m’ont pas intéressée suffisamment et mon enthousiasme de début de roman s’est un peu essoufflé vers la fin de ma lecture.

       Je remercie à la fois Luocine et Keisha pour m’avoir incitée à lire cette autrice qui serait sûrement encore longtemps restée inconnue chez nous sans ce prix Nobel de Littérature.

 

L’autrice distille de petites touches d’humour par-ci par-là :

Les hommes sont souvent peu loquaces : « J’ai ma théorie sur le sujet. L’âge venant, beaucoup d’hommes souffrent d’une sorte de déficit, que j’appelle « autisme testostéronien ». Il se manifeste par une atrophie progressive de l’intelligence dite sociale et de la capacité à communiquer, et cela handicape également l’expression de la pensée. Atteint de ce mal, l’homme devient taciturne et semble plongé dans sa rêverie. Il éprouve un attrait particulier pour toutes sortes d’appareils et de mécanismes. »

J’adore cette citation : « D’une certaine façon, les gens comme elle, ceux qui manient la plume, j’entends, peuvent être dangereux. On les suspecte tout de suite de mentir, de ne pas être eux-mêmes, de n’être qu’un œil qui ne cesse d’observer, transformant en phrases tout ce qu’il voit ; tant et si bien qu’un écrivain dépouille la réalité de ce qu’elle contient de plus important : l’indicible. »

« Il y a un vieux remède contre les cauchemars qui hantent les nuits, c’est de les raconter à haute voix au-dessus de la cuvette des W.-C., puis de tirer la chasse. »

Partager cet article
Repost0
22 septembre 2020 2 22 /09 /septembre /2020 15:35

Afficher l’image source

       Pour rappel (pas forcément indispensable à la survie de l’espèce humaine), j’ai longtemps eu un a priori négatif au sujet de cet auteur, peu enthousiasmée par Ouragan. J’ai (heureusement) changé d’avis et me trouvai comblée par les lectures de Salina ou d’Eldorado.

       Le Roi Tsongor a mis des décennies à vaincre, gagner des terres et obtenir le statut de très haut dignitaire respecté de tous. Aujourd’hui, il marie sa fille Samilia à Kouame. Mais un homme venu d’ailleurs, Sangor Kerim débarque à quelques heures de la cérémonie en arguant que Samilia avait jadis fait le serment de devenir sa femme. Tsongor ne sait pas choisir entre les deux hommes et c’est, accompagné de son ancien ennemi devenu ami et confident – Katabolonga – qu’il se donne la mort. Il pense ainsi éviter un conflit entre Kouame et Sangor Kerim. Mais l’inverse se produit et une guerre violente va opposer les deux clans. L’âme de Tsongor va accueillir les nouveaux morts et errer jusqu’à ce que son cadet, Souba, ait honoré sa promesse, faire bâtir à son père sept tombeaux à travers le pays.

       N’étant ni fan des épopées ni férue de violences, c’était un peu mal barré pour moi. Pourtant, la force du récit doublée de l’écriture magistrale de l’auteur ne peuvent que séduire le lecteur, voire l’envoûter complètement. De nombreuses images - très fortes – martèlent l’histoire contée et la rendent inoubliable : le cimetière de tortues, le mort qui se couvre les oreilles pour ne pas entendre le rire de son père, les Amazones à dos de zébu, les sept tombeaux érigés par le fils pour le père, le fidèle porteur de tabouret, la sublime tirade de Samilia … Le récit prenant et bouleversant dénonce superbement les méfaits de la guerre et de l’esprit de vengeance.

« Le visage d’éternité de Tsongor, peu à peu, se construisait, dans la sueur et l’effacement de Souba, tout entier à sa tâche. Les tombeaux naissaient et il lui semblait, à chaque fois qu’il en achevait un, à chaque fois qu’il scellait la porte de ces demeures silencieuses et quittait les lieux, il lui semblait entendre comme un soupir lointain sur son épaule. Il savait ce que cela signifiait. Tsongor était là. A ses côtés. Dans ses nuits de rêves et ses journées de labeur. Tsongor était là. Et ce soupir que Souba entendait à chaque tombeau achevé lui disait toujours la même chose. Qu’il s’était acquitté de sa tâche et que Tsongor le remerciait. »

     Résultat d’images pour La Mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé    Résultat d’images pour La Mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé    Résultat d’images pour La Mort du roi Tsongor de Laurent Gaudé

Partager cet article
Repost0
19 septembre 2020 6 19 /09 /septembre /2020 15:24

        Afficher l’image source

       Plus que séduite par Le chanteur perdu, il me fallait découvrir un autre titre de Tronchet.

       L’autrice et narratrice nous parle de ses parents et en particulier de son père, contraint à l’exil. Alain Mercadal vit à Alger mais sa femme (enceinte alors de la narratrice), sa mère et sa sœur ont déjà fui à Paris. Lorsqu’il assiste à un attentat et tient dans ses bras un enfant mort, Alain n’a plus le choix : il s’en va, lui aussi. Pensant recevoir bon accueil en France, il va de désillusions en déceptions : la boîte d’assurances qui l’embauchait ne lui réserve qu’un petit poste, la maison de rêve qu’il pensait construire n’est qu’une petite bicoque de banlieue et, partout, on l’insulte, on le maltraite, on le rejette. Les vacances à Banuyls qui ressemble tant à l’Algérie, les soirées à écouter Gershwin et la cuisine maghrébine ne sont qu’une courte parenthèse. La routine reprend le dessus, le père n’est qu’un souffre-douleur éloigné du pays de son cœur, il n’y a ni palmiers, ni plage, ni kemia, … ni quiétude.

       Alors que le traumatisme vécu en Algérie le secoue tous les jours, un homme doit se heurter à un nouveau mode de vie, se confronter à la froideur des gens et au gris de Paris. L’album raconte à merveille les déchirements de l’exil, toute cette souffrance contenue, le père voulait faire bonne figure devant sa fille qu’il aimait tant, donner le change et prouver qu’il savait se faire adopter par la France. Cette BD est aussi une formidable déclaration d’amour d’une fille à son père, un hommage rendu avec une pudeur touchante. J’ai beaucoup aimé cette histoire, les dessins et les couleurs de Tronchet s’adaptent au récit émouvant d’Anne Sibran. S’il fallait prouver, encore une fois, qu’un exil forcé n’est jamais un bonheur…

       La BD est une adaptation du roman Bleu Figuier d’Anne Sibran.

« Toutes ces années à te regarder, à te suivre, je n’ai écouté que pour trouver les mots. Des mots pour dire l’homme que personne n’a vu, en mêlant le visible et l’invisible, ce qu’il aurait pu être et ce qu’il a été. »

Afficher l’image source

 

Partager cet article
Repost0
15 septembre 2020 2 15 /09 /septembre /2020 14:53

Afficher l’image source

       La narratrice et unique personnage a accepté l’invitation d’un couple d’amis : passer quelques jours dans un chalet autrichien. Alors que Louise et Hugo tardent à rentrer de la ville voisine, la quarantenaire rejoint la gorge, un peu plus bas, et se cogne à un mur. Une immense paroi invisible va la séparer du reste du monde. Lynx, le chien des propriétaires la tient compagnie dans ce chalet qui jouxte une forêt, et deux jours plus tard, elle trouve une vache qu’elle appelle Bella. Avec un chat surgi de nulle part, ce sera là ses seules compagnies. Il s’agit de survivre, de se trouver à manger, de couper du bois pour avoir chaud et de traire la vache. La monotonie des journées est entrecoupée d’événements qui ponctuent cet apprentissage de la solitude : la cueillette des framboises, un terrible orage, la mise bas d’un veau, la mort d’un animal, l’arrivée d’un autre.

       Dès les premières pages, les similitudes avec le sublime Dans la forêt de Jean Hegland sautent aux yeux et il m’a fallu un certain temps pour éloigner la comparaison. Par ailleurs, deux sentiments contradictoires ont vu le jour : une certaine monotonie due à la banalité des faits évoqués (qu’est-ce qu’on mange, quel temps fait-il, quel animal a bobo…) contraste avec une vraie fascination puisqu’on a envie de savoir si l’héroïne va un jour revoir un humain, si elle va tenir le coup et ne pas tomber dans une dépression qu’on comprendrait aisément. Le style est simple et il m’a manqué un petit quelque chose pour être séduite. Que cette mère de famille pense si peu à ses enfants et à sa vie passée m’a aussi dérangée. C’est peut-être voulu mais plus on avance dans l’histoire, moins les sentiments sont fouillés – demeure une grande frustration surtout pour les dernières pages où il se passe enfin quelque chose…mais… ! A noter que le roman, écrit en 1963, a traduit la peur ambiante de voir arriver la fin du monde dans le contexte de la guerre froide. Malgré tout, c’était une robinsonnade intéressante à lire, qui marque à coup sûr et je remercie la jolie Claudia pour ce cadeau !

« Souvent, j’essaie de me traiter comme un robot : fais ceci et va là-bas et n’oublie pas de faire cela. Mais je n’y parviens qu’un court instant. Je suis un mauvais robot. Je reste un être humain qui pense et qui sent et je ne pourrai pas perdre l’habitude de le faire. C’est pourquoi je suis assise ici et écrits tout ce qui s’est passé sans me soucier de savoir si les souris mangeront ou non ces pages. Ce qui importe c’est d’écrire et puisqu’il n’y a plus de conversation possible, je dois m’efforcer de continuer ce monologue sans fin. Ce sera le seul récit que je laisserai ; en effet, quand il sera achevé, il n’y aura plus dans la maison un seul bout de papier sur lequel écrire. »

Partager cet article
Repost0
11 septembre 2020 5 11 /09 /septembre /2020 10:01

Afficher l’image source

       Pierre vit dans sa voiture sur les aires d’autoroute. Ingrid, qui fut sa femme, se saoule à longueur de journée, seule dans sa maison. Pourquoi ? leur fille a disparu quelques mois auparavant. Et l’histoire se répète : Marie Mercier, 12 ans, se fait kidnapper sur l’aire des Lilas, non loin de ses parents qui se disputent. La course contre la montre démarre mais les indices sont inexistants, les témoins absents et les possibilités pour le ravisseur de réussir si nombreuses. La fliquesse enquête comme elle peut dans un monde glauque et puant entre une prostituée qui s’y connaît bien en aires d’autoroutes, des chauffeurs de camion crado et un directeur de vicelard. Pierre ne lâchera jamais l’affaire non plus, trop obsédé par l’idée de retrouver le kidnappeur de sa fille et de se venger.

       Une belle découverte faite grâce à Alex, merci ! Un polar brut de décoffrage, sans concession ni fioritures. Le style est sec, les phrases courtes, parfois averbales. Les flèches sont précises, cruelles et efficaces. Le thème de l’enlèvement de l’enfant est difficile et la tragédie est transcrite avec une justesse assez bluffante. Passée la première impression de sordide mêlé au vulgaire, il faut bien reconnaître que certains passages sont de toute beauté, dégageant une poésie âpre et abrasive. Comme j’aime, de temps en temps, ce genre de roman : cru, dérangeant, fascinant. Âmes sensibles s’abstenir (c’est d’ailleurs le genre de livre qu’il ne faut pas laisser traîner non plus !)

Je lis cet auteur suisse pour la première fois et j’y retournerai !

« Le monde commence son troisième jour sans la petite Marie Mercier. Julie arrache la page du calendrier, la froisse, la jette par la vitre, et c’est comme arracher, froisser et retirer une couche d’espoir de la retrouver. Même morte. »

« La vie n’est pas linéaire. La vie est une juxtaposition de droites qui se plient. On se claque sur soi-même et on finit par être quelqu’un d’autre, par ne plus se reconnaître, ou alors on se reconnaît à travers un buvard, quand l’eau pompe et révèle ce qu’il y a en dessous. »

Partager cet article
Repost0
8 septembre 2020 2 08 /09 /septembre /2020 11:11

Afficher l’image source

        Le narrateur, Jean, fait un burn-out, il est bibliothécaire et il se sent dépassé par la montagne de livres qu’il lui reste à lire, par les 153 chaînes de télé, par le vide de sa vie. Il repense à un chanteur de son enfance, Rémy Bé, qu’il écoutait en boucle à une époque où tout le monde écoutait des chansons anglaises. Trente ans plus tard, il est toujours autant charmé par ces chansons à texte et il se met en tête de savoir ce qu’est devenu ce chanteur disparu de la circulation. Entre Morlaix et Berck, Jean note impressions et rencontres dans un gros cahier. Le « chanteur perdu » demeure introuvable mais le road-trip, qui semble parfois absurde, s’apparente de plus en plus à une quête de soi. Finalement, Jean va retrouver Rémy Bé à Madagascar et, après une légère déception, cette rencontre va mettre un point d’orgue à une aventure peu ordinaire.

        Quelle jolie découverte ! A la fois de l’auteur (j’ai beau fouillé dans ma mémoire et dans le blog, je ne l’ai jamais lu) qui se dévoile puisqu’il raconte une histoire vraie, de cette quête passionnante d’une idole de jeunesse, de cette île malgache qui donne presque envie de se faire piquer par une scolopendre, des dessins de Tronchet… tout est bon, c’est prenant et délectable. Parfois drôle, souvent attendrissante, cette odyssée qui n’a que peu de sens au départ, prend tout son sens et incite même le lecteur à prendre la poudre d’escampette aussi. Coup de cœur ! Vivement que j’en lise plus de cet auteur (des propositions de titres sont les bienvenues) !

 

Afficher l’image source

Partager cet article
Repost0
5 septembre 2020 6 05 /09 /septembre /2020 18:00

Afficher l’image source

          C’est dans le cadre de mon boulot au collège que j’ai découvert qu’avant la pièce Rhinocéros, une nouvelle portant le même titre avait été écrite.

« Rhinocéros » commence ainsi : « Nous discutions tranquillement de choses et d’autres, à la terrasse du café, mon ami Jean et moi, lorsque nous aperçûmes, sur le trottoir d’en face, énorme, puissant, soufflant bruyamment, fonçant droit devant lui, frôlant les étalages, un rhinocéros. » La suite, vous la connaissez sans doute : après l’étonnement initial, tous les habitants de la ville finissent par se métamorphoser en rhinocéros, seul le narrateur résiste … mais jusqu’à quand ?

La 2ème nouvelle, « Oriflamme » surprend également dès son incipit : un couple « héberge » un mort depuis 10 ans. C’est un homme de passage qui a eu une liaison avec Madeleine que le narrateur a tué. Le cadavre est intact mais il grandit chaque jour un peu et, au bout de dix ans, il faudrait s’en débarrasser. Mais le mort va manquer au couple, ses yeux « tels deux phares, d’une lumière froide, blanche » éclairaient toute la pièce. La fin de la nouvelle est de toute beauté puisque la barbe du mort se déploie en parachute et emporte le narrateur avec lui.

La 3ème nouvelle, « La photo du colonel » se veut plus policière. Dans une ville parfaite où ne vivent que des gens aisés sous un parfait soleil, un mystérieux tueur en série sévit. On connaît son mode de fonctionnement mais il n’est jamais inquiété. Le narrateur le côtoie naïvement, sans se méfier.

         Il ne faut pas parler d’absurde mais d’« insolite » chez Ionesco. Merci à lui de nous sortir du commun, du réaliste et de l’ordinaire. Ces trois nouvelles sont une réussite et traduisent le pessimisme de l’auteur vis-à-vis de la condition humaine (et il n’a pas tort). Les hommes sont petits et soumis à une fatalité qui les dépasse, contre laquelle ils n’ont pas la force de vaincre. Amis de l’optimisme, bonsoir !

Partager cet article
Repost0
2 septembre 2020 3 02 /09 /septembre /2020 09:51

Afficher l’image source

       Mathilde, une Alsacienne, s’envole avec son amoureux Amine, un Marocain qui a combattu du côté des Français pendant la Seconde guerre, pour Meknès. Nous sommes en 1947. Après avoir séjourné quelque temps dans sa belle-famille, Mathilde découvre la campagne marocaine, terrain où va mûrir le projet d’Amine : faire féconder sa terre, mettre en valeur la ferme léguée par son père. Mathilde est sur tous les fronts : rapidement mère de famille, elle doit gérer ses deux enfants Aïcha et Selim, elle doit être aussi bonne fermière que maîtresse de maison, elle tente de soigner les voisins et s’entête à conserver ses traditions françaises.

       J’ai beaucoup aimé cette histoire qui fait un pont entre deux cultures : l’Alsace qui – par ses coutumes et ses traditions - est vraiment bien décrite (je suis Alsacienne) et le Maroc qui, dans les années 50 appartient aussi à ces deux cultures entre les colons qui ont envahi le pays et les indigènes qui revendiquent leur indépendance. Comme on peut s’y attendre, c’est un roman fort et dénué de jugement. Sans manichéisme aucun, Leïla Slimani pose ses personnages et les laisse agir, Amine est doux et travailleur, ferme avec sa femme et ses enfants mais compréhensif … jusqu’à un certain point. Mathilde accepte avec une belle résignation le choix qu’elle a fait et parvient à se couler dans le moule de la parfaite Marocaine. Ces deux-là s’aiment fort sans se le dire ni se le montrer vraiment. Aïcha semble être la petite rebelle qui, on peut l’espérer, sera l’héroïne de la suite de la trilogie. Il en résulte, de ces dix années à Meknès, une violence permanente due aux nombreux antagonismes qu’il est si difficile de réconcilier : France/ Maroc, femmes/hommes, émancipation/traditions…   L’autrice s’est inspirée de la vie de ses grands-parents maternels. L’écriture est belle et voluptueuse, la magie du voyage opère sans effort. J’ai hâte de lire le 2ème tome !

       Leïla Slimani avait déjà évoqué le thème de la femme au Maroc dans Parole d'honneur.

Mathilde rentre une seule fois en France, à la mort de son père. Une fois là-bas, elle hésite à revenir au Maghreb mais elle reviendra : « Maintenant qu’elle était décidée, à présent qu’aucun retour en arrière n’était possible, elle se sentait forte. Forte de ne pas être libre. Et lui revint en mémoire ce vers d’Andromaque appris à l’école, elle la pathétique menteuse, l’actrice du théâtre imaginaire : « Je me livre en aveugle au destin qui m’entraîne. »

Les soldats marocains envoyés en France pour se battre : « Il fallait se battre, vaincre et puis rentrer. Aucun bruit ne devait être fait. Aucune question ne devait être posée. »

Aïcha découvre la mer pour la première fois : « … le bruit étourdissant de la mer. C’est cela d’abord qui lui plut. C’est cela qu’elle trouva beau. Ce bruit, comme celui d’un souffle dans un journal que l’on roule en forme de longue-vue et que l’on colle contre l’oreille d’un autre. Ce bruit, comme la respiration de quelqu’un qui dort, heureux et plein de rêves. Ce ressac, cette fureur tendre à laquelle se mêlaient, un peu assourdis, les rires des enfants qui jouaient, les recommandations des femmes – « Ne t’approche pas trop, tu pourrais te noyer ! » -, la complainte des vendeurs de pépites et de beignets qui se brûlaient les pieds dans le sable. »

Partager cet article
Repost0