L’enfer, le silence
J’ai mis du temps à m’attaquer à ce quatrième tome. Je le regrette, il est sublime. Mes réticences concernant le scénario des précédents albums s’est presque évaporé à la lecture de celui-ci. Presque. Je crois qu’il y a incompatibilité entre Diaz Canales et moi-même car il reste toujours des détails de l’histoire, dans chaque BD, qui m’échappent.
La Nouvelle-Orléans, 1950. Le journaliste et désormais ami de Blacksad, Weekly, lui a trouvé un nouveau boulot : Faust Lachapelle, un producteur musical, veut retrouver un pianiste de grand talent, Sebastian. Ce père spirituel craint que le musicien n’ait succombé à la drogue, son vice préféré. L’enquête devient glauque lorsque notre séduisant détective tombe sur un cadavre, celui d’un ami de Sebastian, et lorsqu’un hippopotame alcoolique le menace parce qu’il lui aurait piqué son boulot.
Encore une fois, les personnages foisonnent, ils sont d’ailleurs d’autant plus nombreux dans ce tome qu’on assiste à la cavalcade de la Nouvelle-Orléans. Les détails sont remarquables : du bouledogue aigri qui représente la vieille femme faisant la gueule, en passant par les escaliers et les célèbres balcons de la ville, le charme néo-orléanais transpire et le lecteur prépare mentalement ses bagages.
Le dessin est de toute beauté, toute la palette de couleurs est présente avec finesse et pertinence : le bleu de la chemise de Sebastian, la cape rouge de la Mort, les couleurs pastel pour les rues et la douceur de vivre de New Orleans… L’humour n’est pas absent, il y a par exemple ce vaillant petit journaliste qui s’apprête à sympathiser avec une jolie créature mais qui doit la délaisser au mauvais moment pour poursuivre son enquête.
Cet album est surprenant à tous points de vue et je crois bien que c’est mon préféré de la série. Pour ne pas me défaire de ma réputation de pinailleuse, je dirais que le choix de la couverture est discutable, il ne reflète pas le contenu de l’album, tout ce bleu apporte une touche bien froide à cet ouvrage qui ne l’est pas du tout. Donc, ne vous arrêtez pas à la première de couverture et, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, plongez, noyez-vous dans cette admirable BD !
Tome 3 : ici.