Vango s’apprête à être ordonné prêtre dans la cathédrale de Notre-Dame. Pourtant, une course-poursuite s’engage très vite entre lui et la police qui l’accuse du meurtre de père Jean, son mentor. Alors qu’il escalade les murs de la cathédrale, plus agile qu’un singe, un inconnu essaye de lui tirer dessus. Tout ça sous les yeux ébahis d’une foule de Parisiens et sous le regard terrorisé d’Ethel, qui couve d’amour le fuyard.
Des îles Eoliennes où Vango a grandi en ignorant qui sont ses parents au salon du célèbre dirigeable Graf Zeppelin, en passant par le Brésilou les rives du Loch Ness, les bouleversements chronologiques et la multiplication des personnages font de ce roman une course effrénée et un voyage aussi bien spatial que temporel. On y rencontre une nourrice experte en gastronomie, la fille de Staline, une jeune Ecossaise riche et orpheline, un ânier protecteur, un truand travesti, un policier malchanceux… Chaque page contient une surprise, une aventure, une émotion. Timothée de Fombelle est un conteur formidable qui crée des personnages époustouflants, romanesques et surprenants jusqu’au plus petit des personnages secondaires.
Les deux bémols que je pourrais formuler – qui sont plutôt des remarques que des reproches – sont que, pour moi, les romans de Timothée de Fombelle ne sont pas des romans jeunesse (je m’étais déjà fait la réflexion pour Le Livre de Perle) et que – voilà une des raisons de mon allégation – le récit est très complexe, les personnages bien nombreux. Il faut déjà être un très bon lecteur doté d’une excellente mémoire pour s’en sortir sans égarement. Cela n’enlève en rien au charme et la magie de ce récit d’aventures captivant et enchanteur. L’auteur est un génie, c’est sûr, quelle imagination ! Quel style ! Quel habile maniement du suspens ! Un tome 2 existe, je le lirai sans aucun doute !
« Il grandit avec trois nourrices : la liberté, la solitude et Mademoiselle. A elles trois, elles firent son éducation. Il reçut d’elles tout ce qu’il croyait possible d’apprendre.
A cinq ans, il comprenait cinq langues mais ne parlait à personne. A sept ans, il grimpait les falaises sans avoir besoin des pieds. A neuf ans, il nourrissait les faucons qui plongeaient sur lui pour manger dans sa main. Il dormait torse nu sur les rochers avec un lézard sur le cœur. Il appelait les hirondelles en sifflant. Il lisait des romans français que sa nourrice achetait à Lipari. Il montait en haut du volcan pour se mouiller les cheveux dans les nuages. Il chantait des berceuses russes aux scarabées. Il regardait Mademoiselle couper les légumes avec des facettes impeccables, comme on taille les diamants. Puis il dévorait sa cuisine de fée. »
« Il y a des gens à terre qui donnent envie de naviguer très loin et surtout très longtemps. »
La Taupe est un brin de fille qui passe son temps sur les toits de Paris : « S’il y a moins de cinq mètres sous le plafond, j’étouffe. »
« Vango avançait dans la vie en effaçant ses traces. »