
Fiona alias Flea, vingt ans, vit seul avec son père Rudy dans le Montana. Sa voisine et meilleure amie, Midge, son père Taz et sa belle-mère sont devenus sa seconde famille. Pourtant Flea ressent le besoin de retrouver sa mère qui a disparu peu après sa naissance et le peu d’informations délivrées par son père ne l’incite pas à abandonner son projet. Laissant tomber des études de comptabilité qui l’ennuyaient, elle suit Taz pour retaper des maisons, poser des plinthes, scier des planches, .... en attendant son passeport pour se rendre au Canada. Un incendie dont elle se croit responsable va précipiter le départ de Flea vers la région où vit sa mère.
Cent pages ... plus de cent pages que j’ai trouvées laborieuses. D’emblée, on a une héroïne prête à chercher sa mère mais elle est freinée par une question de transport puis par un passeport qu’elle n’a pas. Et ça dure trop longtemps. Et puis il y a ces dialogues plutôt creux qui ne servent pas à grand-chose et sonnent parfois faux. Et ces clins d’œil trop nombreux pour les lecteurs américains dont on ne pige pas grand-chose. Heureusement, au bout de cette bonne centaine de pages, le récit prend enfin du relief, Flea rencontre sa mère mais aussi une région hippie, le Valhalla, où les gens aiment se baigner nus et manger du tofu. Cette partie-là du roman m’a davantage captivée même si j’émets là aussi encore des bémols sur la relation mère-fille, pas tellement crédible, après vingt ans d’abandon maternel. Je suis évidemment déçue d’être déçue par ce roman d’apprentissage puisque j’apprécie généralement la plume de Pete Fromm... mais aucun titre jusqu’à présent n’est venu égaler en qualité son superbe Indian Creek. Allez, je finirai tout de même par une note positive pour ne pas me fâcher avec l’écrivain américain : la relation père-fille est un vrai délice de lecture, les deux complices peuvent s’appeler pendant des heures, elle peut compter sur lui sans être jugée ni remise en question, cette tendresse réciproque force le respect tant elle est pure, drôle même et émouvante (et je vous rassure, elle ne débouche pas sur un plot twist dégoûtant). Taz, le copain de la famille, a cette même image d’homme fiable et généreux, c’est devenu assez rare en littérature, et ce n’était pas désagréable. Je suis bien contente de n’avoir pas acheté ce roman mou du genou au début, un brin naïf tout le long, un poil déconcertant d’optimisme... (on n’a plus l’habitude).
« Je m’endors dans l’étang, la seule personne sur terre capable d’un tel exploit. La seule que je connaisse, en tout cas, après avoir mené une étude exhaustive basée sur cinq des huit milliards d’êtres humains entassés sur le globe. Mais je ne suis pas près de le renier, mon unique superpouvoir. Et si je n’étais vraiment qu’un tas d’os, ainsi que l’affirme mon père lorsqu’il est lancé, est-ce que je pourrais flotter comme un bouchon ? J’en doute. Et pourtant. A moins que, comme le prétend mon père, je ne sois pas vraiment endormie, mais plongée dans un état méditatif profond. »
De Pete Fromm : Indian Creek, Le lac de nulle part, La vie en chantier,




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