Sliv Dartunghuver est un jeune Islandais brillant et célibataire embauché dans un cabinet d’études environnementales. Bien payé, il commence à accomplir son travail avec efficacité et talent. Il décèle de petites erreurs dans le rapport final lors d’une mission et en informe son responsable, Gunnar Eriksson, qui promet de les rectifier. Dans une des dernières moutures, les erreurs apparaissent encore puis encore, jusqu’à ce que Sliv explose en se demandant si on ne se moque pas de lui. Gunnar lui révèle alors qu’il a passé le test avec brio : il est désormais recruté dans le CFR, le Consortium de Falsification du Réel. Quid est ? Les agents du CFR « échafaudent des scénarios parfaitement plausibles, auxquels ils donnent ensuite corps en altérant des sources existantes, voire en en créant de nouvelles. Autrement dit, ils modifient la réalité. » Evidemment, l’histoire inventée doit avoir un objectif et doit être validée par le Plan. Le premier scénario de Sliv, par exemple, raconte qu’une tribu africaine fictive a découvert un gisement de diamants, ce qui permettra d’éloigner les diamantaires du Kalahari et de protéger indirectement les Bochimans. Il s’agit non seulement de créer une histoire mais également de falsifier, de tricher, d’inventer les sources, les références et les personnes qui pourraient justifier et authentifier le scénario. Sliv prend vite goût au jeu, il s’éclate quelque temps en Argentine avant de commettre une bourde qui lui fait craindre d’avoir condamné un homme. Entre interrogations (mais qui dirige le CFR ?) et craintes (on tuerait au CFR ?), Sliv erre de pays en pays jusqu’à ce que son talent l’envoie à l’Académie, là où on donne aux vingt meilleurs le meilleur des enseignements.
L’histoire est tout simplement passionnante ! On s’attache rapidement à Sliv, on se plaît à croire qu’on a son talent (hum…), on voyage aux quatre coins du monde, on s’agace de cette Lena Thorsen collaboratrice et concurrente si parfaite, on croit – à certains moments- qu’on détient un pouvoir non négligeable pour le reste de l’humanité mais, attention, de temps en temps, on se demande quand même pourquoi on invente toutes ces histoires et qui est à la tête du CFR… Mis à part un ou deux passages un peu complexes, j’ai trouvé cette lecture jubilatoire. Les 500 pages se tournent comme un rien et on aimerait lire la suite, Les Eclaireurs, le plus rapidement possible. Lecture originale (pour ma part), qui flirte avec le genre de la science-fiction et apporte d’intéressantes réflexions sur la réalité, la vérité et la fiction.