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30 mai 2017 2 30 /05 /mai /2017 18:27

 

Le Guide et la Danseuse

 

           Voilà bien un roman que je n’aurais sans doute jamais lu s’il n’avait pas été glissé dans ma boîte aux lettres !

            Nous sommes en Inde, dans les années 50. Raju vient de sortir de prison, il trouve refuge dans un vieux temple, au bord d’une rivière. Un paysan nommé Velan, passe par là et se méprend : Raju a l’air d’un saint qu’on consulte et qui a réponse à tous les problèmes. De bouche à oreille, grâce à quelques sentences bien placées, Raju se fait un nom bien malgré lui. Il aime voir défiler les gens prendre conseil auprès de lui et même le prier, le vénérer comme un émissaire de Dieu. Il faut dire que les offrandes ne sont pas désagréables non plus, Raju vit ainsi bien confortablement. En parallèle, on découvre sa vie d’avant, sa jeunesse marquée par une rencontre amoureuse impossible. En effet, Rosie est une danseuse mariée à un riche archéologue qui la délaisse complètement au profit de ses recherches. Raju, commerçant devenu guide, saisit l’occasion pour faire de Rosie son amante. Il parviendra même à vivre avec elle et la hissera sur les plus grandes scènes du pays, l’incitant à pratiquer sa danse, art que son mari considérait comme de la prostitution… L’histoire d’amour finira si mal que Raju se retrouvera en prison… avant de se retrouver gourou de tout un village. Ses mensonges lui retombent dessus puisqu’un frère de Velan comprend que Raju, en période de sécheresse et de famine, va jeûner, jusque la pluie revienne…

            Au début de cette lecture, j’étais un peu sceptique, j’ai eu peur de m’ennuyer mais je me suis vite aperçue que je m’étais trompée : ce récit aussi doux qu’édifiant tient le lecteur en haleine, nous emmène dans un pays où les croyances ont la vie dure. Et tout ça emballé proprement, sur un ton subtilement drôle et sarcastique. Raju est un personnage complexe, désireux de faire le bien, il peut aussi se monter égoïste, sournois, mauvaise langue et surtout paresseux. On s’identifie à lui, il nous agace, il nous émeut, il nous fait rire… Lorsque les villageois se relaient pour ne pas le laisser seul lors de sa période de jeûne alors qu’il rêve de grignoter un morceau en cachette, c’est assez jouissif. Et puis, cette satire finalement moderne avec cet homme devenu gourou en deux temps trois mouvements et ces villageois perclus de naïveté bienheureuse, on peut faire des liens avec des histoires plus récentes. Une bien belle découverte en somme !

 

    « Sa vie ne lui appartenait plus, les disciples étaient devenus si nombreux qu’ils débordaient dans les couloirs extérieurs et refluaient jusqu’au bord de la rivière. »

« Ce n’était pas dans sa nature de s’exprimer clairement et avec sincérité. »

« Il mesura à ce moment l’énormité de sa propre création. De sa pauvre petite personne il avait fait un géant, et de cette dalle de pierre un trône. »

 

Citation sur la prison qui s’oppose tellement parfaitement à ce que j’ai pu lire dans Surtensions ! « Aucun endroit n’est plus agréable : à condition d’observer le règlement, vous vous y attirez lus de considération que de l’autre côté du mur. J’étais nourri, j’avais la compagnie des autres prisonniers et des gardiens, je me déplaçais en toute liberté à l’intérieur d’un vaste périmètre. Eh bien ! c’est un avantage non négligeable quand on y réfléchit, beaucoup de gens n’ont ont pas autant. »

 

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27 mai 2017 6 27 /05 /mai /2017 17:22
Résultat de recherche d'images pour "Indian Creek de Pete Fromm"
 

            Encore une lecture que je dois à ma Box. Encore une jolie surprise.

            L’auteur-narrateur est un étudiant américain désœuvré qui suit des études de biologie un peu à contrecœur et découvre par hasard les romans de grands aventuriers, ces baroudeurs solitaires qui affrontent les ours. C’est donc un peu rapidement et sans réfléchir qu’il accepte une mission proposée par l’organisme de réglementation de la chasse et de la pêche : surveiller, sept mois durant, l’éclosion des œufs de saumon dans une rivière de l’Idaho. Pete vivra dans une grande tente, à 60 kms de la route la plus proche et à 90 kms de la civilisation. Il regrette d’avoir accepté avant même d’être parti ! Ses copains lui font la fête, les filles sont admiratives, les adieux sont longs et voilà Pete qui se retrouve en pleine montagne, accompagné d’une jeune chienne, Boone.

            Si les débuts de notre aventurier sont empreints de maladresse et de naïveté, si les conversations, les rires et les beuveries lui manquent, si la déprime guette régulièrement à l’entrée de sa tente humide et froide, il se fait, petit à petit, une raison, et marche, explore, découvre les environs, apprend à couper du bois et conduire un camion (avant que les neiges rendent cela impossible), à chasser même. Le rude hiver le coupe complètement de toute présence humaine, et même pour téléphoner, Pete doit parcourir de nombreux miles en raquette. Pourtant, il s’en sort bien, peut se vanter d’avoir obtenu quelques victoires et surtout d’avoir survécu dans des situations extrêmement hostiles. Entre froid, lynx, grouses, chasse, motoneiges, mouflons, éclipse, solitude, rivière gelée, le dépaysement est total, le voyage glacial.

            L’auteur fait preuve d’autodérision, surtout au début du livre mais il faut bien admettre qu’il se débrouille très bien et que la solitude et les grands espaces qui lui pesaient tant les premières semaines vont lui manquer à la fin de son aventure. Cette histoire vraie est joliment racontée, on assiste à l’évolution d’un personnage humain et sensible qui se retrouve métamorphosé après sept mois de vie « à part ». J’ai beaucoup aimé ce récit initiatique même si j’ai trouvé les passages de chasse (et de sang, et de dépeçage, et d’orgie de viande… ) redondants et un peu nauséabonds (bon courage aux végétariens et aux antispécistes !) Bref, si vous aimez le genre du nature writing, l’authenticité d’une expérience insolite et les récits autobiographiques qui ne seraient pas creux, c’est parfait !

 

« Le froid persistait. Il faisait toujours dans les moins vingt ou moins trente la nuit, et le jour on ne dépassait jamais les moins dix. Chaque nuit se répétait le même dilemme : valait-il mieux garder la tête à l’air libre, au risque de geler ou bien la conserver au chaud sous les couvertures, quitte à imposer à mes narines les odeurs d’un homme qui ne se baigne qu’un fois par mois ? Je dormais avec un bonnet sur la tête. Quand arrivait le matin, ma respiration glacée avait ourlé les couvertures, et des lisérés de givre se lovaient autour de mon cou comme des serpents. »

« Quand le beau temps arriva, une multitude de petits papillons bleu ciel fit son apparition : ils voletaient autour de mes jambes lorsque je marchais. Boone, elle, ne se lassait pas de les chasser. Je me mis à préparer mes repas dehors plutôt que de rester enfermé dans la tente enfumée et surchauffée. J’attendais allongé dans l’herbe que le repas soit prêt, observant les fourmis et les mouches vertes irisées, lourdes et rondes, qui se déplaçaient sur le sol humide. De minuscules fleurs sauvages surgissaient de partout en petites taches jaunes et bleues. Je fus étonné de ne m’être pas vraiment aperçu que tout cela avait disparu durant l’hiver. »

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12 mai 2017 5 12 /05 /mai /2017 14:46

 

Résultat de recherche d'images pour "Surtensions d’Olivier Norek"

 

          Vu à La Grande Librairie et encensé par François Busnel (remarquez, c’est son job), j’avais bien envie de voir par moi-même ce que valait cet écrivain qui est aussi lieutenant à la police judiciaire de Sainte-Saint-Denis.

           Face à une petite bande de malfrats corses dirigée par Alex, une nana plus que courageuse, le capitaine Coste va, tant bien que mal, éviter la casse et sauver l’honneur de la police, plus précisément celui du SDPJ du 93…

           Suite à un braquage de bijouterie, le petit frère d’Alexandra, Nunzio, parce qu’il se promenait avec une montre de la valeur d’une voiture, se fait arrêter et emprisonner. Dans les cellules de Marveil, c’est l’enfer entre son codétenu qui le viole régulièrement et les autres qui le tabassent et le persécutent. Pou Alex, l’évidence s’impose : il faut faire sortir le petit frère. Un avocat qui a le bras long et de mauvaises intentions va suggérer aux voyous de voler le scellé compromettant (la montre), preuve irréfutable de la culpabilité de Nunzio. Et puis, de voler par la même occasion, quatre autres scellés qui vont faire les petites affaires de l’avocat. Alex fonce tête baissée, accompagnée de son amoureux Dorian, de Rhinocéros qui porte bien son nom et de Franck, l’intendant de la bande. En face, c’est l’équipe du capitaine Coste qui tente de comprendre, une bande de copains soudés et dynamiques, complètement accaparés par leur boulot. Des bavures, des dommages collatéraux, des coups bas et des bravades, il y en aura. Le point de vue passe d’un voyou à un flic, avec une telle impartialité que le lecteur est amené à être tantôt pour l’un, tantôt pour l’autre, faisant fi de tout manichéisme.

          Et le point fort, très fort, de ce roman, c’est son réalisme à toute épreuve. A la manière d’un film tourné caméra à l’épaule, l’auteur nous embarque dans une histoire au rythme trépidant et infernal. Les rebondissements imprévisibles se succèdent, l’ennui n’est pas le bievenu au cours des cinq cent pages que compte ce roman et le style va dans le même sens : se débarrassant de toutes fioritures, il va à l’essentiel. Le passage narrant le séjour en prison de Nunzio est effrayant et fascinant à la fois. La plongée dans la vie au sein même de l’équipe de Coste est édifiante et saisissante. L’intrigue est très bien ficelée et digne des plus grandes séries policières tout en apportant un éclairage intéressant sur le système judiciaire actuel. Une lecture à conseiller aux amateurs de sensations fortes et d’actions, cela va sans dire.

         Un bémol : le titre que je trouve bien trop généralisant ; et un regret : ne pas avoir lu les deux premiers tomes avant celui-ci. Il peut très bien se comprendre indépendamment des deux précédents mais on sent bien que, pour que ce soit parfait, mieux vaut les lire dans l’ordre.

« Malheureusement, il n’existe pas d’endroit plus dangereux, inégal et injuste que la prison. Et au lieu de ressortir équilibré ou cadré, les détenus en sortent plus violents, désabusés, perdus et agressifs, sans aucun projet de réinsertion. Plus venimeux en sorte. La prison comme une école du crime. »

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6 mai 2017 6 06 /05 /mai /2017 09:41

 

 

Résultat de recherche d'images pour "ferrante le nouveau nom"

 

L’amie prodigieuse tome 2.

          Après avoir apprécié le premier tome, il me tardait de lire la suite de cette saga couvrant plusieurs décennies.

         Nous avions quitté Lenù le jour du mariage de Lila lorsque cette dernière découvre, effarée, que son mari Stefano s’est acoquiné avec les Solara pour une énième affaire de chaussures… C’est le point de départ d’une période faite de déceptions, de regrets et de désamour. Elena est toujours amoureuse du mystérieux et réfléchi Nino Sarratore tandis que Lila comprend qu’elle s’est trompée en se mariant avec Stefano. Comme pour confirmer cette erreur, elle ne parvient pas à tomber enceinte et les rumeurs circulent dans le quartier napolitain de leur enfance. Pour être au meilleur de sa forme mais surtout parce qu’elle l’a désiré, Lila convainc son mari de l’envoyer en vacances à Ischia, petite île paisible, avec Elena. Là-bas, Nino sera au cœur des discussions, des rencontres, des amours mais pas comme on pourrait s’y attendre… Alors que Lila tente de supporter l’échec de son mariage dans les bras d’un amant, Lenù réussit brillamment ses études qu’elle poursuit à Pise, ville où elle rencontrera d’abord Franco, un jeune homme riche qui lui offre habits, livres et surtout estime de soi, puis Pietro, destiné à devenir, peut-être, son futur époux.

          La dépendance de Lenù vis-à-vis de Lila est frappante, elle agit en fonction de son amie, elle réagit en se demandant comment Lila aurait parlé, aurait fait, aurait pensé. Malgré les mauvais choix de Lila et sa vie ratée, elle reste un modèle pour la discrète mais très intelligente Elena. Cette domination inconsciente et silencieuse traverse tout le roman. Lila est comme une ombre qui plane constamment sur le parcours, les choix et le destin de son amie. Lila est celle qui ose et s’oppose, celle qui innove et crée la vie. Lenù ne semble que suivre un chemin tout tracé qui, grâce à un travail régulier et intelligent certes, la mènera de toute façon vers la réussite et vers une vie rangée et pépère. L’épisode de Pise (quelques années dans sa vie mais à peine une bonne dizaine de pages dans le roman) est peut-être le seul où Elena vole de ses propres ailes, s’affirme en tant qu’étudiante libre et indépendante et se détache de cette aura souvent malfaisante de Lila. Pourtant, Lenù ne se confie que très rarement à Lila, il lui arrive de la détester mais elle ne cesse de la défendre, de la suivre ne serait-ce qu’en pensée, comme une « espèce de petit chien terne mais fidèle qui lui servait d’escorte. » Cette relation m’a paru douloureuse et je crois que tout lecteur voit avec bonheur et soulagement une Elena s’ouvrir et réussir loin de Lila.

          J’ai encore une fois pris plaisir à cette lecture, malgré quelques longueurs, l’amitié malmenée et parfois tronquée de cette deux adolescentes devenues de jeunes adultes est décrite avec justesse et nuances. Les rebondissements dignes des Feux de l’amour rendent l’intrigue palpitante même si on a l’impression que c’est Lila, par ses frasques, son obstination et ses impétuosités, qui fait tout le boulot. Le style fluide et romanesque de l’auteur donne du souffle à ces histoires et ces anecdotes. Le mystère qui entoure son identité rajoute une certaine vigueur à la mise en abyme présente à la fin du roman. C’est plein de vie, c’est coloré, ça redore l’image de la femme (les hommes n’ont-ils pas une place bien moindre dans le roman ?) Après la dernière page, non, les deux derniers mots, oui, oui, j’ai envie de lire la suite !

 

« Était-il possible que les parents ne meurent jamais et que chaque enfant les couve en soi, de manière inéluctable ? Ma mère avec sa démarche boiteuse surgirait-elle donc vraiment un jour en moi, avec la fatalité d’un destin ? »

« Voilà en gros ce qui m’arriva à Pise, de la fin 1963 à la fin 1965. C’est si facile de parler de moi sans Lila ! Le temps s’apaise et les faits marquants glissent au fil des années, comme des valises sur le tapis roulant d’un aéroport : je les prends, je les mets sur la page, et c’est fini. »

« elle réagissait en m’expliquant qu’en réalité je n’avais rien gagné, que dans ce monde il n’y avait d’ailleurs rien à gagner, que sa vie était aussi débordante d’aventures surprenantes que la mienne, et que le temps ne faisait que passer, sans aucun sens : il était simplement agréable de se voir de temps en temps pour entendre la musique folle du cerveau de l’une faire écho à la musique folle du cerveau de l’auteur. »

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30 avril 2017 7 30 /04 /avril /2017 15:20

             J’ai reçu ce petit livre (à la très belle couverture !) dans ma box mensuelle. On me l’avait présenté comme un livre de SF.

            Un couple de scientifiques, Pr Kirino et Pr Wei, a créé une machine qui permet de revivre un événement passé, sous certaines conditions : « une seule et unique fois par période visitée pour une seule et unique personne ». Le « voyageur » dans le passé observe les faits sans pouvoir intervenir, un peu à la manière d’un fantôme invisible. Un zoom tout particulier est fait sur un événement contesté et méconnu (je n’en avais jamais entendu parler, pour ma part) : l’Unité 731. Cette unité militaire japonaise, active en 1932 et en 1933, effectuait des expérimentations et autres tests médicaux sur des Chinois (mais aussi des Coréens et des Russes) dans des conditions barbares et inhumaines. Une sorte d’Auschwitz chinois. Certains Japonais ont minimisé voire nié les tortures subies par les cobayes, d’autres n’ont pas compris quel était le véritable problème. La machine révolutionnaire de Kirino et Wei a donc pour objectif d’aller témoigner, vérifier et certifier la véracité des événements de l’Unité 731. Mais lorsque sont envoyés des membres de la famille des victimes, la fiabilité des témoignages devient plus que douteuse…

             J’ai été déstabilisée par ce livre atypique qui est une fiction prenant des airs de documentaire : interviews, témoignages, dépositions, retranscriptions de discours, tout est fait pour qu’on croie véritablement cette histoire de voyage dans le temps. Des réflexions judicieuses sur les responsabilités des bourreaux, le contexte particulier et « anormal », le désir de vérité ou encore la place de l’historien ont jalonné ce livre déroutant. Ce qui est sûr, c’est que je n’oublierai pas de si tôt les ventres des femmes enceintes qu’on ouvre sans anesthésie et les bras nus des marcheurs qu’on envoie se geler par -20… Un procédé original, malin et édifiant pour évoquer un événement historique.... et secouer le lecteur.  A lire.

« vous pouviez regarder l’histoire en train de se dérouler, comme une pièce de théâtre. »

« Au cours de cette période anormale, il a effectué des choix anormaux. Certains en prendraient peut-être prétexte pour affirmer qu’on ne peut pas le juger. Or, comment peut-être juger qui que ce soit, sinon dans les circonstances les plus anormales ? »

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27 avril 2017 4 27 /04 /avril /2017 10:36

 

           Je voulais une lecture légère et pas compliquée dans une période intense de représentations théâtrales, j’ai trouvé ce que je cherchais !

           Le roman débute sur trois histoires en parallèle : Tess, mariée à Will depuis des années, maman d’un petit garçon, apprend que son mari est tombé amoureux de celle qui est à la fois sa meilleure amie, sa collègue et sa cousine (et leurs mères sont jumelles). Devant Will et Felicity qui avouent honteusement leur amour, Tess fuit, avec son fils, chez sa mère. Là-bas, elle retrouvera un ex-petit ami.

             Rachel, elle, désormais grand-mère, vient d’apprendre que son fils et sa bru immigrent aux Etats-Unis en emmenant, bien sûr, son petit-fils adoré. Cette séparation à venir ne fait que raviver la douleur de la perte de sa fille, Janie.

            Et enfin, conforme au titre du roman, Cecilia mère de trois filles et heureuse épouse de John-Paul, découvre une lettre, au grenier, portant la mention « A n’ouvrir qu’après ma mort » et signée par son mari. Lorsqu’on découvre une telle lettre, que faire ? Résister à sa curiosité ? L’ouvrir coûte que coûte ?

           Ce roman réserve bien des surprises, des rebondissements et des révélations où, finalement, les trois histoires vont se trouver intimement liées. Malgré quelques longueurs et répétitions, les 500 pages se lisent en un rien de temps – c’est le genre de livre où sauter une ligne ne pose aucun problème de compréhension générale, si vous voyez ce que je veux dire… Pour moi, ce roman a rempli sa mission qui était celle de me détendre et de me vider la tête. Retiendrai-je quelque chose ? Pas sûr mais, à l’instant T de lecture, certains passages nous permettent de réfléchir sur le pardon, l’amour conjugal, l’amour pour son enfant ou encore cette idée de secret…

« Cecilia pensait savoir ce qu’était la colère – ne lui arrivait-il pas de s’emporter ? -, mais à ce moment précis, elle comprit qu’en réalité, elle n’en avait jamais fait l’expérience. C’était un sentiment insensé, formidable, absolu, d’une ardeur incomparable. Un sentiment qui lui donnait l’impression de pouvoir voler. Voler à travers la pièce comme un démon et lacérer le visage de John-Paul de ses serres. »

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20 avril 2017 4 20 /04 /avril /2017 14:18

 

Résultat de recherche d'images pour "la baleine thebaide"

         J’ai mis un peu de temps à lire ce roman que je souhaitais découvrir dès sa sortie en bonne fan qui se respecte mais, figurez-vous que j’ai eu du mal à le trouver dans mes librairies favorites !

          Richeville est un jeune homme intelligent mais timide et peu charismatique. Après avoir brillamment réussi dans une prestigieuse école de commerce, il ne souffre pas – à l’instar de ses camarades - de l’ambition vorace de réussir. Sans trop savoir quoi faire, il répond à une mystérieuse petite annonce : une mission spéciale est à la recherche de la « baleine 52 » au large de l’Alaska. Cette baleine bleue unique au monde chante à une fréquence différente de ses congénères et, par conséquent, se retrouve seule et isolée. Il s’agit de lui placer un traceur GPS sous-cutané pour suivre ses déplacements. Richeville, qui n’a rien d’autre à faire de sa vie, accepte le défi.

          Sur le bateau, le jeune homme va rencontrer ses collègues : Dimitri et Eduardo… avant de comprendre qu’il s’est fait rouler et que sa présence n’a aucun objectif ni écologique ni idéologique. Chaque personnage trimballe son vécu atypique et chamarré, chacun a voyagé et a fait des trucs plus qu’insolites.

           Pierre Raufast est un incroyable conteur qui nous embarque dans des histoires pas possibles avec une tendresse et un humour qui lui sont particuliers. Le lecteur est manipulé, secoué comme sur un baleinier en pleine tempête avant de nous amener à bon port, dans un bel endroit coloré et parfumé qui sent bon la joie de vivre et d’inventer. Pierre Raufast, c’est l’Imagination incarnée qui rend un bel hommage à tous les possibles narratifs comme autant de manières de célébrer la Vie…

 

 

« Une fois par trimestre, un repas était organisé. Les femmes avaient alors le droit de pénétrer dans cet antre masculin à deux conditions. Qu’elles ne soient pas les femmes des membres et qu’elles acceptent ce principe universel de symétrie : si elles avaient le droit de pénétrer ici parmi les hommes, alors les hommes d’ici avaient le droit de les pénétrer. »

Une invention géniale (j’en veux tout de suite !!) : un chocolat qui ne fait pas grossir les fesses ou les cuisses … mais les seins !!! « Finies, les culottes de cheval et les énormes fessiers ! Quelle perspective fascinante … La gourmandise ne serait punie que par une augmentation de la taille des seins ! »

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19 avril 2017 3 19 /04 /avril /2017 19:32

 

Résultat de recherche d'images pour "chandler le grand sommeil folio"

 

          Certains vont êtres fiers de moi, j’ai réussi à abandonner une lecture. Bon, j’aurais préféré que ce ne soit pas un Raymond Chandler…

           Le charmant détective de 33 ans, Philip Marlowe, est amené à enquêter dans une famille très huppée au sujet de la disparition d’un prétendant de l’une des jeunes filles. Dans cette famille, le père est en chaise roulante, pas loin d’agoniser et ses deux filles orphelines de mère, font tout et n’importe quoi de leur corps et des sous du père.

          Cela fait des années que je veux lire Raymond Chandler considéré comme le maître du roman noir ! Le début m’a plu, l’insolence de ce jeune détective qui ne se laisse pas conter fleurette facilement par une paire de fines jambes sexy, sa hardiesse, son ton moqueur. Je me suis lassée très vite. Cet univers où le trafic de livres pornographiques passe pour scandaleux, où l’expression favorite d’un des personnages est « Va te faire dorer », ce monde-là a pris un petit coup de vieux d’après moi… J’aurais voulu apprécier mais l’abondance des personnages, certaines incohérences m’ont trop fait soupirer pour que je poursuive ma lecture. J’ai encore des progrès à faire puisque c’est seulement à la page 160 que j’ai stoppé définitivement ma lecture.

        Un petit extrait qui prouve bien que je ne suis pas fâchée contre ce livre (rien à voir avec la colère que j’ai ressenti après avoir lu –en entier hélas ! Le Grand jeu). Peut-être même que je m’y replongerai un jour de pluie (c’est traduit par Boris Vian bon sang !)

« Elle se leva lentement et s’approcha en ondulant dans sa robe noire collante de tissu mat. Elle avait de longues cuisses, et elle marchait avec un certain petit air que j'avais rarement remarqué chez les libraires. Elle était blond cendré, les yeux gris, les cils faits, et ses cheveux en vagues arrondies découvraient des oreilles où brillaient de gros boutons de jais. Ses ongles étaient argentés. Malgré son attirail, elle devait être beaucoup mieux sur le dos. Elle s'approcha de moi en déployant un sex appeal capable d'obliger un homme d'affaires à restituer son déjeuner, et, secouant sa tête, remit en place une boucle de cheveux doux et brillants ... pas très dérangée d'ailleurs. Elle eut un sourire hésitant qu'on n'aurait pas eu de mal à rendre aimable »

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13 avril 2017 4 13 /04 /avril /2017 20:06

 

Résultat de recherche d'images pour "Kinderzimmer de Valentine Goby babel"

 

           Janvier 1944. Mila a été arrêtée et déportée au camp de concentration de Ravensbrück sous les lumières vives des projecteurs avec des aboiements et des hurlements en fond sonore. C’est un camp de femmes, un camp où on meurt de faim, de froid, de découragement, de fatigue. Mila n’a que vingt ans et elle est enceinte. Elle cache sa grossesse ce qui n’est pas très difficile puisqu’elle n’arrête plus de maigrir. Alors qu’elle voit mourir sa cousine Lisette qui l’avait accompagnée jusque là, elle accouche d’un bébé dans les conditions les plus atroces. Et découvre, par la même occasion, que son bébé n’est pas le seul du camp. Les maladies, nombreuses et variées déciment les êtres squelettiques et fantomatiques que sont devenues ces femmes mais aussi les bébés qui se transforment en petits vieillards au bout de quelques semaines. Entre la vie et la mort, c’est un pari futile avec elle-même qui maintiendra Mila en vie, mais ce sont aussi ses camarades de douleur qui l’aideront, surtout Teresa qui accepte d’emblée le rôle de sœur, de mère, d’amie, de protectrice. Elles dormiront lovées l’une contre l’autre toutes les nuits. Le temps se perd, les consciences s’épuisent, les cadavres se multiplient tout autour de Mila. Elle se bat, les femmes s’entraident, de petits actes de résistance les rendent plus fortes. Un jour, une lueur d’espoir prend force dans une ferme non loin de là. Et bientôt la fin d’un cauchemar qui, pourtant, marquera pour toujours Mila redevenue Suzanne Langlois, celle qui a encore le droit de vivre…

         Ce texte si magnifique et si bouleversant se lit d’un seul souffle car il y a urgence : urgence de savoir Mila vivante et combative, urgence de la maintenir en vie, urgence de croire encore en la vie. L’écriture, dépouillée mais belle, est au service de cette course à la survie. Certaines images me resteront longtemps en mémoire : ce bébé qui naît et qu’on nettoie, tant bien que mal, avec un reste de café, une femme qui se précipite sur les barbelés électriques, le bébé qu’on se passe de sein en sein dans l’espoir de le nourrir rien que d’une goutte… Je crois qu’il n’existe pas un témoignage « de trop » quand il s’agit de déportation. Chaque histoire vaut la peine d’être racontée. Celle-ci est peut-être encore plus poignante que les autres car elle touche à la naissance, au regain qu’on essaye d’étouffer. Valentine Goby réussit à rendre compte des atrocités des camps avec une justesse et une authenticité frappantes.

         Noukette a pensé qu’il était grandement temps pour moi de lire ce roman. Elle a bien raison, il est indispensable. Merci à toi, chère Noukette !

« Ne pas mourir avant la mort, se ternir debout dans l’intervalle mince entre le jour et la nuit, et personne ne sait quand elle viendra. Le travail d’humain est le même partout, à Paris, à Cracovie, à Tombouctou depuis la nuit des temps, et jusqu’à Ravensbrück. »

« Je t’ai dit, il n’y a pas de frontière entre le camp et le dehors. Tous les jours, tu fais ton choix : tu continues ou tu arrêtes. Tu vis, tu meurs. »

« La vie est une croyance. »

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9 avril 2017 7 09 /04 /avril /2017 19:27

 

 

livre nature writing Gallmeister

 

 

 

            Nell et Eva, respectivement âgées de dix-sept et dix-huit ans, vivent seules, recluses dans leur maison isolée dans la forêt. Leurs parents sont morts, leur pays – les Etats-Unis - est malmené par des maux si nombreux : guerres, épidémies, violences en tous genres, que l’électricité et le pétrole viennent à manquer. Les nombreuses réserves de la maison assurent pour un moment un confort minimal dans l’attente de retrouver une vie normale. Nell potasse ses encyclopédies, c’est Harvard qu’elle lorgne ; Eva danse toute la journée avec l’ambition d’en faire son métier. Mais les ennuis s’accumulent : mauvaises rencontres, disputes, météo infernale, souffrances,… La réponse, comme on peut le penser, l’espérer au début du roman, ne viendra pas de l’homme.

 

           Boulimique de lectures, j’aime souvent arriver à la fin d’un bouquin, tout simplement pour le plaisir d’en commencer un autre. Pour celui-ci, et cela va rester désormais mon critère de qualité, j’ai aimé rester à la dernière page, visualiser ces deux sœurs, m’imprégner de leur force, de leurs enseignements, savourer encore un peu l’écriture à la fois délicieuse et efficace de cette romancière. J’aurais voulu y rester encore un peu dans cette forêt ressourçante, rassurante et apaisante. Il émane de ce livre une force aussi bien dans l’intrigue, dans les personnages que dans l’écriture. C’est une histoire qui touche à notre intime, à notre moi le plus profond nettoyé de tous les parasites de la société, de la famille, de l’éducation. La dernière fois que j’ai ressenti une telle émotion de lecture qui m’a autant ouvert le ventre, c’est quand je lisais le passage où Robinson se vautrait dans sa souille dans Vendredi ou les limbes du Pacifique.

          Un roman qui agrippe et qu’on agrippe, qui serre la gorge et remue les tripes ! Quelle puissance et quelle justesse !

Bon sang, quel indéniable coup de cœur !

 

« La question que je pose sans fin à mon reflet, c’est : Qui es-tu ? Mais cela ne viendrait jamais à l’esprit d’Eva de se demander qui elle est. Elle se connaît jusque dans les moindres os de son corps, les moindres cellules, et sa beauté n’est pas un ornement ; c’est l’élément dans lequel elle vit.

Malgré son habileté avec le feu, Eva me fait toujours penser à l’eau. Elle est gracieuse et vive comme le ruisseau de l’autre côté de notre clairière. Comme lui, elle semble satisfaite de vivre une partie de sa vie sous terre, certaine – même maintenant – d’aller quelque part.

Quand elle danse, ça se voit. Elle est sûre d’elle, si débordante de vie qu’elle anime quiconque la regarde. Quand elle ne danse pas, elle est silencieuse, calme, un peu rêveuse, comme si danser c’était vivre pour elle. »

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