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21 février 2017 2 21 /02 /février /2017 15:55

 

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                Le narrateur est un Italien, père de deux garçons. L’aîné, Andrea -surnommé Andy- est autiste. Pour ses dix-huit ans, le père décide de lui offrir un voyage hors du commun, celui de traverser les Etats-Unis. Les deux hommes seront seuls, livrés à eux-mêmes, avec les risques potentiels qui sont décuplés quand un adolescent autiste voyage, lui qui a tant besoin de repères, de rituels, de gestes rassurants. Partant de Miami, père et fils vont d’abord bourlinguer à moto, un moyen de transport qu’Andrea adore, jusqu’à Los Angeles. Les chemins et les rencontres vont les mener vers le Sud, toujours plus vers le Sud : le Mexique, le Guatemala et enfin le Brésil. Globalement, le voyage dépasse les espérances du père, Andrea s’ouvre au monde, en demande toujours plus, avec une envie croissante d’aller plus loin, de rencontrer, de grandir… Avec un espoir un peu fou, le père croit toujours à une possible guérison. Pourtant, on ne voit pas tant souffrir mais plutôt découvrir avec délectation les joies des baignades, les beautés du monde, les multiples libertés et même les charmes de l’amour. Avec une pureté et une innocence singulières.

               Ce roman est un magnifique cadeau. Il offre une vision nouvelle, attachante et bouleversante de l’autisme. Andy passe un temps fou à renverser et vider des flacons, à colorier, systématiquement il enlace les gens qu’il rencontre (d’où le titre du livre), il rit quand quelqu’un se met en colère, il marche sur la pointe des pieds, il dévore gloutonnement ce qui lui tombe sous la main… le lecteur ne cesse de se demander si son monde n’est pas plus beau que le nôtre, s’il faut à tout prix le faire entrer dans notre moule et devenir, comme Andrea le dit lui-même un « Terrien ». Le papa, quant à lui, est tout aussi émouvant, un père courage, il est rare de pouvoir le dire mais c’en est un, un vrai, un beau, un grand, qui pense à son fils avant lui-même, qui lui offre le plus grand des présents, qui va de l’avant, toujours. Une belle leçon quand on voit une majorité de parents « abandonner » leur progéniture dite « normale » et facile… Une très jolie lecture, un road-trip original où le voyage humain prime.

             Fulvio Ervas est un auteur de romans noirs, il a écouté le père d’Andrea raconter son périple au cours d’un dialogue qui a duré plus d’un an.

            Ce roman a été glissé dans une box qui m’a été offerte… Deux bouquins/mois, 6 mois durant, voilà qui va encore gonfler ma PAL !

« Certes, il est barré, mais pas hors du monde. Il arrive d’un ailleurs où prévalent d’autres codes, d’autres signes, d’autres beautés qu’il transfère parfois jusqu’ici, quand il le veut et quand il le peut. »

« La plage est en pente raide, à Acapulco, et les vagues qui s’y écrasent sont énormes et puissantes. On est sur le rivage avec de l’eau jusqu’aux genoux, et soudain survient une lame, qui nous saisit et nous tient en suspens. C’est à la fois grisant et hypnotique. Andrea joue à se laisser soulever sans relâche. Ce n’est pas seulement une question de résistance physique ni de répétition compulsive. Il est heureux. Un bonheur immédiat et viscéral, la joie du pingouin glissant sur la banquise, de la baleine bondissant hors de la mer, de l’albatros planant dans le ciel, insouciant de la gravité. »

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17 février 2017 5 17 /02 /février /2017 18:51

 

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               Le narrateur s’appelle John LaLiberté, il assiste, en direct, à l’attentat newyorkais du 11 septembre, à l’effondrement des tours jumelles. Ironworker de métier depuis plusieurs générations, il ne peut que se proposer d’aller aider, et des mois durant, va sectionner des poutres métalliques, brûler de l’acier, déblayer et nettoyer pour y voir plus clair et espérer, presque toujours en vain, trouver des êtres vivants. Le père de John, Jack LaLiberté, a, quant à lui, contribué à construire une partie du World Trade Center. On le suit les quelques mois qui ont précédé sa mort, lorsque John ado l’avait accompagné sur le chantier. Tous deux sont des Mohawks, ces Indiens presque tous « Skywalkers » qui jouissent de la réputation de ne pas avoir le vertige. Un autre bond dans le passé nous emmène en 1886, à l’émergence des Mohawks ironworkers, rendant hommage à ce peuple coriace et fidèle. L’objectif est de construire un pont enjambant le St Laurent… si des défauts et des incohérences existent, on continue, sans relâche, jusqu’au drame…

              Ce bouquin nous fait aimer la ferraille, les boulons, les clés à mâchoire, les ponts, les immeubles et New York ! Et surtout, il nous donne une vision autre de la catastrophe du 11 septembre, une réflexion plus approfondie sur les origines des deux tours, sur l’énergie déployée par des anonymes pour les faire grandir, et enfin sur les débuts des ironworkers. J’avoue avoir été sceptique au début de ma lecture, j’avais un peu peur des aspects techniques qui n’ont finalement rien d’indigeste. Le livre est parfaitement documenté et la fiction se mêle habilement à la réalité. On apprend beaucoup et on se souvient aussi.

            Certaines images resteront longtemps gravées dans mon esprit :
- à la construction des tours, il fallait faire face à la grève des conducteurs de remorques : des hélicos ont essayé de transporter jusqu’à sept tonnes d’acier… ce fut un échec !

- A partir du 60ème étage, on n’entend plus les rumeurs de la rue.

- Nouvellement nées, les tours ont vue s’écraser des oiseaux, complètement déboussolés par cette présence incongrue.

- Toutes ces cendres du 11 septembre, « grises, fines comme du talc » que les médias avaient certes évoquées, mais que j’avais oubliées…

- La toxicité de l'air autour du lieu de l'attentat.... qui a encore engendré des morts dans les années qui ont suivi.

             Et cette lecture, je la dois à Noukette qui me l’a si gentiment déposée dans mon joli colis-cadeau, merci encore !

 

« Manhattan, c'est l'île des montagnes construites par l'homme. Nous, les Mohawks, ça fait longtemps que nous sommes des bâtisseurs de montagnes d’acier et, là, ce sont les plus grandes jamais rêvées. Les plus hautes d’Amérique, les plus hautes du monde. On va les voir partout. Elles ne sont pas près d’être dépassées. »

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14 février 2017 2 14 /02 /février /2017 16:22

 

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             Nous avions lu, avec un certain enthousiasme, le tome 1 « Comment dézinguer la Petite Souris », en famille. J’en avais gardé un bon souvenir.

           Astrid prouve encore une fois qu’elle est une petite fille à part. Elle en a ras-le-bol de son immense manoir, de ses parents riches trop apprêtés et sourds à ses récriminations. Car la petite veut sortir de cette maison, elle aimerait aller à l’école mais sa mère refuse qu’elle aille se mêler à la populace d’une école publique. Elles tombent d’accord sur le pensionnat de Canterville, école privée très chère, c’est d’ailleurs le prix d’inscription qui achève de convaincre le père. Oui mais cette école pour filles est réputée pour abriter des fantômes. Astrid va le découvrir plus tôt que prévu avec des personnages de tableaux qui la suivent du regard et qui vont même jusqu’à sortir la tête du cadre. Elle semble être la seule élève qui remarque ces détails insolites. Elle est aussi la meilleure élève, dans toutes les matières, sauf, en sport. Ce qui lui vaut d’être la moins populaire. Gladys et Rebecca, les jumelles qui partagent sa chambre et qui n’ont qu’une envie : fuguer, vont l’aider à redorer son blason. Astrid, en bonne héroïne, réussira à libérer les fantômes de l’école. Et à se libérer aussi, puisqu’elle finira par se retrouver à la maison, avec son professeur préférée en tant que précepteur.

Je n’irais pas jusqu’à dire que je me suis ennuyée mais j’ai trouvé l’ensemble assez plat, pas très novateur (les personnages qui sortent des tableaux…). Les jumelles sont drôles parce que rebelles et cyniques. Je crois qu’Astrid a perdu en espièglerie et en malice, c’est sans doute ce qui m’a le plus déçue. Mes enfants ont aimé même si je n’ai pas senti chez eux une ferveur délirante… Bon, au moins, on a pu lire ensemble une BD, ça faisait très longtemps que ça n’était plus arrivé ! Le tome 3 est sorti, je n’ai pas dit que je n’y jetterai pas un coup car le titre m’inspire assez : « Comment épingler l’Enfant sauvage » !

« 14/20 »

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11 février 2017 6 11 /02 /février /2017 09:59

 

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                 Addie, à soixante-quinze ans, vit seule depuis la mort de son mari. Un soir, elle décide d’aller voir un voisin, Louis -qui a à peu près le même âge- pour lui faire une proposition insolite : accepterait-il de venir dormir chez elle, dans son lit, pour discuter et lui tenir compagnie ? Passée la première surprise, Louis, veuf, se dit qu’il n’a rien à perdre et se rend chez Addie avec un sachet contenant son pyjama et sa brosse à dents. Ils discutent, lèvent un petit coin de voile de leur vie respective et s’endorment côte à côte. L’expérience a été concluante, ils remettent ça, toujours en tout bien tout honneur, jusqu’à ne plus pouvoir se passer l’un de l’autre. Et ça commence à jaser dans cette petite ville provinciale américaine. Gene, le fils d’Addie qui est obligé de lui laisser son fiston pour quelque temps, voit cette relation d’un mauvais œil, imagine que Louis n’en a qu’après l’argent de sa mère. Mais le garçonnet s’épanouit auprès des seniors qui lui consacrent temps et affection. La grande amitié entre Addie et Louis va petit à petit se mouvoir en amour. [attention spoiler]Mais la pression des autres, en particulier de Gene, va être plus forte et les deux vieux amoureux vont finir par se séparer.

                      Cette ode au bonheur juste avant la mort émerveille par sa simplicité. Le roman, très court, se lit de manière très fluide. J’ai beaucoup aimé passer du temps à côté de ces deux personnes âgées mais il m’a manqué quelque chose, peut-être parce qu’un amour après soixante-dix ans ne me surprend ni ne me choque, peut-être parce que j’ai trouvé la réaction du fils démesurée et peu crédible. Sans aller jusqu’à l’agacement qu’a éprouvé Luocine, je peux comprendre ses réticences. Je crois que le livre aurait gagné en profondeur s’il ne s’était centré que sur la relation entre les deux septuagénaires. Ça ne m’empêchera pas de lire un autre roman de l’auteur. Et je rajoute que je trouve le titre magnifique !

 

« Elle se tourna dans le lit et il regarda ses épaules nues à l’aspect si soyeux et ses cheveux si brillants sous la lumière. Soudain le noir se fit, avec seulement l’éclairage de la rue qui baignait la chambre d’une lueur pâle. Ils parlèrent de choses anodines, histoire de faire connaissance, évoquant les menus événements ordinaires de la ville, la santé de Ruth, la vieille dame qui a habitait entre leurs deux maisons, le pavage de Birch Street. Puis ils se turent. »

« Qui obtient jamais ce qu’il attend ? Cela n’arrive pas à grand monde, si tant est que cela arrive. C’est l’éternelle histoire de deux êtres qui avancent à l’aveuglette et se cognent sans arrêt l’un contre l’autre en cherchant à se conformer à de vieilles idées, de vieux rêves et à des notions erronées. »

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7 février 2017 2 07 /02 /février /2017 20:47

 

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             Vango s’apprête à être ordonné prêtre dans la cathédrale de Notre-Dame. Pourtant, une course-poursuite s’engage très vite entre lui et la police qui l’accuse du meurtre de père Jean, son mentor. Alors qu’il escalade les murs de la cathédrale, plus agile qu’un singe, un inconnu essaye de lui tirer dessus. Tout ça sous les yeux ébahis d’une foule de Parisiens et sous le regard terrorisé d’Ethel, qui couve d’amour le fuyard.

             Des îles Eoliennes où Vango a grandi en ignorant qui sont ses parents au salon du célèbre dirigeable Graf Zeppelin, en passant par le Brésilou les rives du Loch Ness, les bouleversements chronologiques et la multiplication des personnages font de ce roman une course effrénée et un voyage aussi bien spatial que temporel. On y rencontre une nourrice experte en gastronomie, la fille de Staline, une jeune Ecossaise riche et orpheline, un ânier protecteur, un truand travesti, un policier malchanceux… Chaque page contient une surprise, une aventure, une émotion. Timothée de Fombelle est un conteur formidable qui crée des personnages époustouflants, romanesques et surprenants jusqu’au plus petit des personnages secondaires.

                  Les deux bémols que je pourrais formuler – qui sont plutôt des remarques que des reproches – sont que, pour moi, les romans de Timothée de Fombelle ne sont pas des romans jeunesse (je m’étais déjà fait la réflexion pour Le Livre de Perle) et que – voilà une des raisons de mon allégation – le récit est très complexe, les personnages bien nombreux. Il faut déjà être un très bon lecteur doté d’une excellente mémoire pour s’en sortir sans égarement. Cela n’enlève en rien au charme et la magie de ce récit d’aventures captivant et enchanteur. L’auteur est un génie, c’est sûr, quelle imagination ! Quel style ! Quel habile maniement du suspens ! Un tome 2 existe, je le lirai sans aucun doute !

 

« Il grandit avec trois nourrices : la liberté, la solitude et Mademoiselle. A elles trois, elles firent son éducation. Il reçut d’elles tout ce qu’il croyait possible d’apprendre.
A cinq ans, il comprenait cinq langues mais ne parlait à personne. A sept ans, il grimpait les falaises sans avoir besoin des pieds. A neuf ans, il nourrissait les faucons qui plongeaient sur lui pour manger dans sa main. Il dormait torse nu sur les rochers avec un lézard sur le cœur. Il appelait les hirondelles en sifflant. Il lisait des romans français que sa nourrice achetait à Lipari. Il montait en haut du volcan pour se mouiller les cheveux dans les nuages. Il chantait des berceuses russes aux scarabées. Il regardait Mademoiselle couper les légumes avec des facettes impeccables, comme on taille les diamants. Puis il dévorait sa cuisine de fée.
»

 

« Il y a des gens à terre qui donnent envie de naviguer très loin et surtout très longtemps. »

La Taupe est un brin de fille qui passe son temps sur les toits de Paris : « S’il y a moins de cinq mètres sous le plafond, j’étouffe. »

« Vango avançait dans la vie en effaçant ses traces. »

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5 février 2017 7 05 /02 /février /2017 18:22

 

          Voilà, je vais la faire courte : j’aimerais me frotter à la science-fiction qui, à part quelques bouquins de littérature jeunesse, m’a laissé de mauvais souvenirs. Je cherche donc une lecture sympathique pour débutants ;) qui ne soit ni trop compliquée (exit les termes techniques à foison) ni trop dense et pas anxiogène du tout.

         A vos propositions !

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        D’avance, merci, chers internautes !

 

J’édite pour répondre, collectivement, à vos adorables commentaires : à vous lire, j’ai finalement déjà touché pas mal à la science-fiction !

Petit récap’ :

- Dune : lu et pas aimé du tout.

- La Nuit des temps : franc succès mais je l’ai lu il y a si longtemps !

- Fahrenheit : Excellent souvenir (mais également très flou)

- 1984 : tout en appréciant les nombreuses qualités du livre, j’ai détesté l’ambiance.

- Enola game : même constat terrifiant pour moi (même si la lecture a été captivante)

- La Servante écarlate : toujours pareil : trop flippant !

Conclusion : je vais enfin essayer de découvrir Des fleurs pour Algernon qui semble faire l’unanimité, Chronique du Pays des Mères d'Elisabeth Vonarburg, Replay de Ken Grimwood et Porteurs d'âmes de Pierre Bordage conseillés par A_Girl, Au nord du monde de Marcel Theroux plébiscité par Kathel et enfin je retiens les noms d’Antoine Bello et de Connie Willis, très appréciés apparemment…

Merci encore à tous et à bientôt pour les billets SF !

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4 février 2017 6 04 /02 /février /2017 19:13

 

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                Marcus est un chartreux, il vit reclus, dans le silence le plus total, dans un monastère. Depuis vingt-cinq ans. Tout n’est que « solitude, pauvreté, obéissance, chasteté, silence. » Jusqu’au jour où Marcus qui s’appelait jadis William, est convoqué pour une lecture de testament. C’est sa tante qui est morte et qui a expressément exigé que ses trois légataires soient présents : William, son neveu qu’elle aimait tant –et dont la vocation sacerdotale l’a beaucoup déçue, Tolède la fille de la tante et Gabriel, le fils. C’est à contrecœur que Marcus-William se rend en ville, désorienté par le bruit, bousculé par la foule à laquelle il s’était déshabitué. Dans le train, il fait la connaissance d’une jeune femme impertinente, jolie et … condamnée à mourir. Ce retour à la civilisation va déconcerter notre homme, réveiller le passé. Couleurs pastel, contours vaporeux (et cette fois-ci, ça ne m’a pas du tout dérangée), une couleur par page… une belle osmose entre fond et forme.

                Si une histoire d’hommes ne m’avait pas complètement convaincue, cette lecture m’a vraiment bluffée. C’est d’abord un élan de respect voire d’admiration qui nous porte vers cet homme solitaire et ermite. Bizarrement, on s’identifie très vite à lui, malmené par les autres hommes, secoué par l’évocation des souvenirs qu’il avait réussi à chasser, confronté à l’attirance d’une belle jeune femme… L’auteur ne juge pas, ne prend parti ni pour la frénésie de la vie ni pour le calme de la solitude, c’est avec une belle simplicité qu’il suggère très légèrement l’existence d’une vie après la mort et qu’il glorifie, avant tout, le son de la vie, ce « bruit étrange et beau. »

« Pendant 25 ans, j’ai cherché Dieu dans l’abstinence… peut-être vais-je finir par le trouver dans le sorbet framboise ? »

 

« 19/20 »

 

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1 février 2017 3 01 /02 /février /2017 11:08

 

 

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             Jake Skowran n’a presque plus rien. Dans une ville en état de délabrement bien avancé après la fermeture de l’unique usine, il est au chômage, il a contracté des dettes, il a perdu sa copine qui l’a quitté. Désabusé et ne voyant plus d’espoir à sa situation de traîne-savate, il accepte l’impensable : tuer. C’est Ken Gardocki, le plus grand truand de la ville, qui le lui demande, il aimerait qu’on tue sa femme infidèle. Passée la première surprise, Jake met peu de temps à être convaincu. Finalement, ça ne lui pose pas de problème. Et mis à part le fait qu’il a dû tuer le chien avant de tuer l’épouse, le crime a été facile. Jake ne va pas en rester là. Ken a encore d’autres missions pour lui. Jake va même prendre des initiatives et liquider un type qui lui met des bâtons dans les roues.

           C’est dans une Amérique miteuse et désœuvrée que nous emmène l’auteur. La crise se faire ressentir à tous les niveaux et à un tel point que commettre un crime ne paraît plus une chose si immorale… Aussi dingue que ça puisse paraître, on s’identifie très vite au meurtrier qui n’est pas méchant, dans le fond, mais qui n’a pas vraiment le choix. C’est drôle, c’est second degré, c’est noir mais pas trop. L’auteur va droit au but, son personnage est devenu tueur à gage, soit. C’est la société qui veut ça. Dans l’ambiance digne d’un roman de Donald Westlake, ce roman adapté au cinéma (il y a quelques mois) est diablement efficace et brillamment satirique. La fin est charmante et complètement immorale, le crime serait une sorte de tremplin pour pouvoir retrouver une vie bien rangée. J’ai adoré !

Merci à krol pour l'idée!

Un argument de taille pour un mec ruiné et désespéré : « Tu es l’homme de la situation. Je l’ai su dès le premier jour. » (c’est encore plus drôle quand on apprend, plus tard, que Gardocki avait demandé un autre type d’abord !)

Jake pensait qu’à l’image des bâtiments et des administrations du reste de la ville, les bureaux de police, périclitaient, eux aussi. Finalement, non, les locaux sont neufs et modernes : « Le besoin de punir la populace locale et visiblement plus important que celui de la soigner, la nourrir et l’habiller. »

« J’essaie de perdre l’habitude de tuer les gens qui me rendent la vie dure. »

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28 janvier 2017 6 28 /01 /janvier /2017 21:21

 

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               Paul a frôlé la mort. Victime d’un accident d’ascenseur, d’une chute vertigineuse de plusieurs dizaines de mètres, il est le seul à avoir survécu parmi les cinq occupants de l’habitacle. Sa fille qui était avec lui est décédée. Un tel drame -même si on en sort vivant- ça vous change un homme. Paul se remémore son passé : un premier mariage avec une femme alcoolique qu’il a néanmoins aimée et avec qui il a eu une fille, Marie. Une seconde femme autoritaire voire tyrannique qui lui a d’emblée interdit de voir sa fille sous leur toit commun et qui lui a donné des jumeaux. Avec une lucidité plus grande qu’auparavant, Paul se rend compte que ses deux fils sont faits du même bois que leur mère, obséquieux et sans cœur.

               Entre des recherches frénétiques sur les ascenseurs, leur mode de fonctionnement, leurs records, leurs failles et un nouveau boulot qui consiste à promener des chiens, Paul n’est pas l’image du convalescent qu’aurait voulu accompagner son épouse. C’est avec humour qu’il nous dépeint l’adultère de sa femme alors qu’il s’essaye, au grand dam de celle-ci, au « dog handling » en promenant un chien lors d’un concours de beauté canin.

              Quelle lecture jubilatoire ! Tantôt drôle, tantôt cynique, le personnage central n’est pas là où on l’attend, pas là où l’attend son requin de femme. Il ne veut pas de procès suite à l’accident, il cherche un métier en plein air loin de toutes responsabilités, il est sur le point de renier ses fils au profit de l’urne funéraire de sa fille qu’il pose en évidence sur son bureau. Alors qu’il cherche un sens à cet accident, il s’éloigne petit à petit de la normalité pour rejoindre ce qui, finalement, paraît être le plus sain. Une belle réussite que cette histoire un peu loufoque, parfois tendre, souvent inattendue. On pourrait lui reprocher le personnage de l’épouse, caricature de la femme détestable et une fin peut-être trop facile mais ces 218 pages ont été avalées avec une rapidité absolument délicieuse ! J’adore cet humour qui tend vers le noir, ces cocasseries dignes d’un Irving … J’en reveux !

 

Conversation téléphonique avec les jumeaux qui, horrifiés d’apprendre que leur père n’est qu’un vulgaire promeneur de chiens, lui offrent une aide financière : « J’eus alors l’impression que quelque chose d’humide et froid recouvrit lentement mes épaules, comme une nappe de brume dont chaque gouttelette eût été une particule de honte. J’imaginais les jumeaux, que dis-je, les siamois unis jusqu’à la moelle des os, signant ensemble, d’une main identique, un chèque similaire censé me rendre un peu de dignité humaine. Un chèque qui me rachèterait une conduite en m’empêchant, pour un temps au moins, de me livrer à des activités que les bessons réprouvaient. Avec cette bourse ils espéraient offrir à leur mère un vieux mâle castré, placide et complaisant, s’adonnant à des occupations de son âge, … »

La théorie de Paul : un ascenseur est conçu avant la construction d’un immeuble et par conséquent : « Il est le miracle mécanique qui a un jour permis aux villes de se redresser sur leurs pattes arrière et de se tenir debout.  Il a inventé la verticalité, les grandes orgues architecturales mais aussi toutes les maladies dégénératives qu’elles ont engendrées. »

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25 janvier 2017 3 25 /01 /janvier /2017 12:38

 

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            Je n’avais jamais rien lu de Zep depuis Titeuf qui a bercé mon enfance et mon adolescence (ok, j’exagère un peu là).

            Ils sont trois copains, Yvan, JB et Frank, à retrouver leur pote Sandro dans la banlieue chic de Londres. Vingt ans auparavant, ils formaient un groupe de rock. Suite à un nez cassé et quelques mésententes bénignes, le groupe s’est disloqué et Sandro a fait carrière seul. Il côtoie désormais les plus grands noms de la chanson. Les quatre hommes se remémorent leur jeunesse délurée. Frank, le bourrin de la bande, est le spécialiste du divorce. JB s’est rangé, il bosse dans les surgelés, il est marié et a deux filles. Yvan a du mal à s’engager, il n’arrive pas à franchir le cap de la paternité et sa compagne Béa n’est pas loin de lui claquer la porte au nez. Quant à Sandro, malgré les fastes, le succès et le luxe, il souffre de la mort de son fils, Paul. Sa femme, Annie, qui est aussi l’ex d’Yvan, est dépressive depuis l’accident fatal, survenu un an plus tôt.

            Quelques verres, quelques bourdes, quelques souvenirs mettent à jour un secret lourd à porter pour Sandro et Annie. Si l’amitié est mise à mal quelque temps, leurs relations quasi fraternelles en sortiront renforcées. Cet album porte bien son nom, c’est bien une histoire de mecs qu’on nous conte ici, et qui dit mecs, dit filles ! Quand on sait que Zep manie bien la guitare et faisait partie d’un groupe de rock dans sa belle jeunesse, on imagine sans peine la part autobiographique de cet album. Ça se lit bien, c’est plutôt léger malgré le sujet grave qui est peu traité finalement. La redondance des contours vaporeux de chacune des cases associés aux couleurs pastel –je crois que j’aurais aimé des couleurs un peu plus rock !- m’a un peu lassée mais je dis ça pour chipoter, j’ai passé un bon moment en cette jolie compagnie mâle…

 

« 16/20 »

 

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