Le narrateur s’appelle John LaLiberté, il assiste, en direct, à l’attentat newyorkais du 11 septembre, à l’effondrement des tours jumelles. Ironworker de métier depuis plusieurs générations, il ne peut que se proposer d’aller aider, et des mois durant, va sectionner des poutres métalliques, brûler de l’acier, déblayer et nettoyer pour y voir plus clair et espérer, presque toujours en vain, trouver des êtres vivants. Le père de John, Jack LaLiberté, a, quant à lui, contribué à construire une partie du World Trade Center. On le suit les quelques mois qui ont précédé sa mort, lorsque John ado l’avait accompagné sur le chantier. Tous deux sont des Mohawks, ces Indiens presque tous « Skywalkers » qui jouissent de la réputation de ne pas avoir le vertige. Un autre bond dans le passé nous emmène en 1886, à l’émergence des Mohawks ironworkers, rendant hommage à ce peuple coriace et fidèle. L’objectif est de construire un pont enjambant le St Laurent… si des défauts et des incohérences existent, on continue, sans relâche, jusqu’au drame…
Ce bouquin nous fait aimer la ferraille, les boulons, les clés à mâchoire, les ponts, les immeubles et New York ! Et surtout, il nous donne une vision autre de la catastrophe du 11 septembre, une réflexion plus approfondie sur les origines des deux tours, sur l’énergie déployée par des anonymes pour les faire grandir, et enfin sur les débuts des ironworkers. J’avoue avoir été sceptique au début de ma lecture, j’avais un peu peur des aspects techniques qui n’ont finalement rien d’indigeste. Le livre est parfaitement documenté et la fiction se mêle habilement à la réalité. On apprend beaucoup et on se souvient aussi.
Certaines images resteront longtemps gravées dans mon esprit :
- à la construction des tours, il fallait faire face à la grève des conducteurs de remorques : des hélicos ont essayé de transporter jusqu’à sept tonnes d’acier… ce fut un échec !
- A partir du 60ème étage, on n’entend plus les rumeurs de la rue.
- Nouvellement nées, les tours ont vue s’écraser des oiseaux, complètement déboussolés par cette présence incongrue.
- Toutes ces cendres du 11 septembre, « grises, fines comme du talc » que les médias avaient certes évoquées, mais que j’avais oubliées…
- La toxicité de l'air autour du lieu de l'attentat.... qui a encore engendré des morts dans les années qui ont suivi.
Et cette lecture, je la dois à Noukette qui me l’a si gentiment déposée dans mon joli colis-cadeau, merci encore !
« Manhattan, c'est l'île des montagnes construites par l'homme. Nous, les Mohawks, ça fait longtemps que nous sommes des bâtisseurs de montagnes d’acier et, là, ce sont les plus grandes jamais rêvées. Les plus hautes d’Amérique, les plus hautes du monde. On va les voir partout. Elles ne sont pas près d’être dépassées. »