Marcus est un chartreux, il vit reclus, dans le silence le plus total, dans un monastère. Depuis vingt-cinq ans. Tout n’est que « solitude, pauvreté, obéissance, chasteté, silence. » Jusqu’au jour où Marcus qui s’appelait jadis William, est convoqué pour une lecture de testament. C’est sa tante qui est morte et qui a expressément exigé que ses trois légataires soient présents : William, son neveu qu’elle aimait tant –et dont la vocation sacerdotale l’a beaucoup déçue, Tolède la fille de la tante et Gabriel, le fils. C’est à contrecœur que Marcus-William se rend en ville, désorienté par le bruit, bousculé par la foule à laquelle il s’était déshabitué. Dans le train, il fait la connaissance d’une jeune femme impertinente, jolie et … condamnée à mourir. Ce retour à la civilisation va déconcerter notre homme, réveiller le passé. Couleurs pastel, contours vaporeux (et cette fois-ci, ça ne m’a pas du tout dérangée), une couleur par page… une belle osmose entre fond et forme.
Si une histoire d’hommes ne m’avait pas complètement convaincue, cette lecture m’a vraiment bluffée. C’est d’abord un élan de respect voire d’admiration qui nous porte vers cet homme solitaire et ermite. Bizarrement, on s’identifie très vite à lui, malmené par les autres hommes, secoué par l’évocation des souvenirs qu’il avait réussi à chasser, confronté à l’attirance d’une belle jeune femme… L’auteur ne juge pas, ne prend parti ni pour la frénésie de la vie ni pour le calme de la solitude, c’est avec une belle simplicité qu’il suggère très légèrement l’existence d’une vie après la mort et qu’il glorifie, avant tout, le son de la vie, ce « bruit étrange et beau. »
« Pendant 25 ans, j’ai cherché Dieu dans l’abstinence… peut-être vais-je finir par le trouver dans le sorbet framboise ? »
« 19/20 »