Voilà un livre encensé par la critique littéraire et pourtant peu présent dans la blogosphère.
Dell a quinze ans, une sœur jumelle nommée Berner, des parents et une existence paisible à Great Falls, aux Etats-Unis. Ce jeune amateur du jeu d’échecs va pourtant voir sa vie basculer à partir du moment où son père prend une décision aussi risquée que stupide, celle de braquer une banque. Vivant d’expédients et d’escroqueries, le père s’est, en effet, vu menacer s’il ne payait pas une certaine (grosse) somme. C’est tout naturellement et sans peur aucune qu’il associe sa femme (assez veule et influençable) à ce projet qu’il est certain de mener à bien.
C’était plutôt prévisible : le plan échoue et les parents de Dell se font très vite embarquer par la police, condamnés à vivre des années et des années derrière les barreaux. Dell et Berner sont livrés à eux-mêmes : la sœur fidèle à son projet initial fuit et Dell se laisse emmener par une amie de sa sœur, au Canada. C’est le frère de cette amie, Arthur Remlinger, qui prend Dell sous sa coupe en lui fournissant l’hébergement, les vivres et un petit travail. Pourtant, Dell doit bel et bien apprendre à vivre et à grandir seul, sans affection, sans conseil et en assistant à des scènes cruelles.
Roman initiatique, Canada est un livre sur les aléas de la vie et les choix qu’elle suppose mais c’est aussi un roman sur la filiation et la fratrie (Dell ne va plus souvent revoir sa sœur). Une réflexion est aussi proposée sur la manière de grandir, de se forger sa propre personnalité, en dépit d’une enfance chaotique. Dell s’est épanoui, en tant qu’adulte dans sa vie de couple et dans sa vie professionnelle, sa sœur a toujours été une paumée. Les deux ont pourtant été bouleversés par le même événement. Le père de Dell le résume ainsi si sobrement : « Il se peut qu’il t’arrive certains désagréments, mais que ça ne t’empêche pas de vivre. »
Pourquoi n’ai-je pas aimé ? Certains passages sont longs, longs, longs, sans rien apporter de nouveau, ils m’ont semblé plats. Les personnages, même s’il faut concéder qu’ils sont originaux et loin des stéréotypes, sont opaques et distants. Ne vous fiez cependant pas à mon avis, tous ceux que j’ai lus sont extrêmement positifs (certains y voient un chef d’œuvre). Rencontre manquée !
Merci à l’amatrice de roquefort pour ce beau cadeau J. Il ne te reste plus qu’à le lire pour te faire ton propre avis !
« Mieux vaut considérer notre vie et les agissements qui y ont mis fin comme les deux faces d’une même médaille à observer dans son entier pour bien la comprendre, l’avers, normal, le revers, désastreux. Contraires si proches. Toute autre façon de voir risque de ne pas rendre justice à la part rationnelle et banale de notre existence, celle où tout avait un sens pour ceux qui la vivaient, part essentielle sans laquelle ce récit ne vaudrait pas la peine qu’on le suive. »
« à l’origine des événements les plus terribles, il n’y a parfois qu’une déviation infime de la vie quotidienne. »