Pour choisir un livre dans la sélection établie par les matchs de la rentrée littéraire de Priceminister, je me souviens avoir lu quelques résumés. Je n’ai retenu de Arrête, arrête que le thème de l’univers carcéral. Il y a pourtant bien plus dans ce court roman !
Vincent a presque fini de purger sa peine : 16 ans auparavant, il a été condamné pour meurtre. A la surprise générale, quelques mois avant sa libération, il coupe son bracelet électronique et s’évade. Les policiers viennent tout naturellement interroger son petit frère, médecin. Celui-ci ne sait rien et ça l’inquiète, Vincent s’est toujours plus ou moins confié à lui.
Vincent est allé faire ses adieux à sa fille, Aure, lui a emprunté son Honda Civic avant de disparaître dans la nature. On le suit sans trop savoir quel est son objectif. Il se rend dans un club échangiste parisien et y rencontre une jeune femme, Anne-Gisèle, qui lui plaît d’emblée. Ce n’était pas dans ses plans. Son attitude mystérieuse, plutôt que de repousser la jeune femme, l’intrigue. Elle aussi a un passé douloureux. Ces deux êtres vont se retrouver, se reconnaître et s’aimer dans un contexte pesant.
Ce roman qui, par sa brièveté, pourrait aussi être une longue nouvelle, est un coup de poing qui prend la forme d’ une petite pépite. Mêlant le genre policier et la poésie, l’auteur parvient à nous happer dans cette évasion qui est aussi une course contre la montre… et contre la mort ! Vincent a passé son séjour en prison à faire du sport et à mémoriser des alexandrins qui vont donner le rythme à ce récit à l’allure effrénée. Cet amour final et éphémère est comme la boue de Baudelaire transformée en or…
J’ai beaucoup aimé ce petit roman, très efficace, prenant, riche, qui se termine en toute beauté par une parabole des tigres et du fraisier sauvage. Une réflexion sur la vie et sur la mort. A lire sans hésiter !
Mon choix a donc été très judicieux et j’attribue la note de 17/20 à ce roman sans oublier de remercier Priceminister!
« Il souleva Anne-Gisèle, la prit dans ses bras et l’étendit au bord du lit, où il passa une bonne minute penché sur elle, à la dévisager : la peau d’un blanc de calamar, le grain de beauté de la tempe, les yeux grands ouverts aux paupières tombantes, les lèvres ambiguës ; il y lisait de la candeur, de la lascivité, de la désinvolture, de la passivité, de la malice aussi lorsqu’un sourire retroussait son nez et creusait les joues de fossettes profondes, invisibles autrement. »
« Il respirait fort, il haletait. Comme l’algue fugitive, se remémora-t-il, Sur quelque sable de la rive, la vague aura roulé mes os. »