Quel plaisir de retrouver Kurt Wallander après l’avoir quitté, quelques six mois plus tôt !
Mon commissaire préféré, Wallander, vieillit mal. Son histoire d’amour avec Baiba se termine, et même si le bonhomme y est un peu pour quelque chose, il souffre de se retrouver encore une fois seul. Sa fatigue perpétuelle, ses soifs incontrôlées et ses besoins fréquents d’uriner le conduisent à consulter un médecin : il est diabétique. Se promettant de faire du sport et de perdre du poids, Wallander doit aussi affronter une douloureuse nouvelle : son collègue et ami, Svedberg, est retrouvé sauvagement assassiné dans son appartement. Pourquoi ? Qui ?
Parallèlement et de façon épisodique, une autre affaire est évoquée : trois jeunes gens ont disparu depuis la nuit de la Saint-Jean… enfin, « disparus » n’est peut-être pas le bon terme puisque, régulièrement, des cartes postales sont parvenues à leurs parents, expliquant que les jeunes faisaient un petit tour en Europe et qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Pourtant, une des mères n’est pas dupe, elle prétend que ce n’est pas sa fille qui a écrit la carte… et elle a bien raison !
Comme très souvent dans les enquêtes de Mankell, le lecteur en sait un peu plus que Wallander mais pas assez pour rompre un suspens ici haletant. Comme d’habitude aussi, le rythme est très lent, il pourra en exaspérer certains, moi il me subjugue complètement. J’adore quand Wallander nous raconte la petite histoire du pizzaïolo chez qui il a l’habitude de se ravitailler, quand on s’embarque avec lui sur une fausse piste, quand il croise le tueur sans savoir que c’est lui, quand on sent qu’il a le béguin pour la une femme qu’il n’a vue qu’une seule fois.
Je suis complètement gaga de cette série policière, j’ai dévoré le livre à toute allure. C’était mon 6è polar de l’auteur, et dans l’ordre s’il vous plaît. Le prochain, La muraille invisible est déjà tout en haut de ma PAL.
Encore une réflexion sur le déclin de la Suède, ce qui me fait toujours sourire, comme si ce pays nordique était le seul en proie à la violence et aux dégénérés ! Wallander s’explique à un autre flic, plus jeune que lui : « Il y a quelques années, j’aurais été d’accord avec toi. Il n’y a pas de violence gratuite, toute violence a une explication, etc. Mais ce n’est plus le cas. On n’a rien vu venir, mais il y a eu un changement dans ce pays. La violence est devenue naturelle. On a franchi un cap invisible. Des générations entières de jeunes sont en train de perdre pied. Personne ne leur enseigne plus ce qui est bien ou mal. Il n’y a plus de bien ou de mal. Chacun revendique son propre droit. Quel sens y a-t-il alors à être policier ? »
N.B : quand on voit la tête de l’écrivain, on se dit qu’il n’est pas allé chercher bien loin pour décrire son « héros » !