Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
11 décembre 2012 2 11 /12 /décembre /2012 21:40

 

J’avais goûté à la noirceur des romans de Karine Giebel avec Les morsures de l’ombre. Côté thriller psychologique, les deux jouent coude à coude…

Cloé est une très belle jeune femme à qui tout réussit, elle est extrêmement séduisante, elle est riche, elle occupe un haut poste dans une boîte de pub où elle vise même le statut de directrice, son mec est super craquant… une ombre vient contrarier ce tableau, et c’est le cas de le dire : un soir, elle aperçoit un homme grand, vêtu de noir, qui la suit, il lui fait terriblement peur mais elle est incapable de le décrire, c’est « juste une Ombre ». Oui mais cette Ombre va la hanter, la poursuivre, la harceler jusqu’à ce qu’on doute de la bonne foi de Cloé. La jeune femme, toujours sûre d’elle et arrogante, perd petit à petit de son aplomb, devient un animal traqué qui cherche à comprendre ce qu’on lui, on déplace des objets en son absence, on remplit son frigo… son entourage, ainsi que les policiers, mettent tout cela sur le compte du surmenage et de la paranoïa.

Parallèlement, un flic à la dérive. Alexandre Gomez est brutal car c’est comme ça qu’on obtient des résultats… mais peut-être aussi parce qu’il est profondément meurtri : sa femme, indéfiniment couchée dans un lit médicalisé dans leur appartement, n’a plus que quelques heures à vivre… Les chemins de Cloé et d’Alexandre vont se croiser mais ça va mal finir, c’est noir, noir, je vous avais prévenu.

J’ai encore une fois été complètement happée par le début du roman, la montée du suspense mais l’écriture, plutôt au ras des pâquerettes, les fautes, les invraisemblances, m’ont agacée. L’intrigue ne m’a pas semblé particulièrement originale, l’entêtement de l’entourage et de la police à ne pas croire ses récits sont peu crédibles et la fin est d’un glauque, brrr, ça fait froid dans le dos.

 

« Reste l’Ombre. Tout autour d’elle.  Tout près d’elle. Les ténèbres ont ouvert leurs puissantes mâchoires et craché leur prophète. Il vient la chercher pour la conduire de force en enfer, elle en est sûre. Parce que sa place est au purgatoire, elle en est sûre. Veut-il la tuer ? Ou simplement l’effrayer ? Quelles que soient ses intentions, elle ne se laissera pas faire. Se battra, comme elle l’a toujours fait. »

Partager cet article
Repost0
7 décembre 2012 5 07 /12 /décembre /2012 10:46

Voilà une rencontre qui avait mal débuté. Je devais recevoir ce livre de Priceminister mais début décembre, toujours rien. Oliver m’avait bien envoyé le roman mais il s’est perdu dans la nature… Il m’en envoie donc un autre exemplaire. Je le réceptionne et Oliver m’envoie un mail deux jours plus tard, me signalant qu’il serait temps de donner  une note au livre. Tout ça pour vous dire que j’ai commencé la lecture sur les chapeaux de roue, que j’ai abandonné le Zola que je m’apprêtais à terminer… et comme je n’aime pas être forcée à lire, j’ai râlé.  

Ce petit désagrément initial fut vite oublié parce que j’ai adoré ce roman !

D’un côté, Franck. Célibataire malheureux, il se remet difficilement de la mort brutale de son petit frère. Fâché avec ses parents depuis le jour de l’enterrement, il décide tout de même de les retrouver dans leur ferme. Oh surprise, il y a un petit garçon chez eux, un petit garçon qui porte le même prénom que son frère décédé, Alexandre. Pour Franck, le rapprochement est vite fait, il va revivre le passé, il va n’en garder que les bons souvenirs, il va s’attacher à ce petit être de cinq ans plein de vie…

De l’autre côté, Louise. Célibataire elle aussi depuis la mort de son amoureux, Alexandre –oui, le frère de Franck. Ne faisant qu’acte de présence dans une boîte en faillite, elle prend la poudre d’escampette et va voir sa belle-famille qui a adopté le petit Alexandre. Le garçon est né d’une union où l’amour n’avait pas sa place, un motard passait par là quelques mois après la mort d’Alexandre… Sa relation avec le petit est compliquée, elle ne se sent pas vraiment mère, elle ne le voit que rarement. La présence de son beau-frère, Franck, va lier les trois êtres tout naturellement…

Il est question de sangliers, de canicule, de deuil, d’héritage familial. C’est un fin espoir qui tient le lecteur en haleine, un soleil de plomb qui l’assoit à la grande table en chêne qu’on a sortie dans la cour pour profiter du bon air…

J’aurais pu attribuer 18/20 à ce magnifique livre, touchant, tendre, tout en finesse et en sous-entendu. Mais à cause du « déjà lu » (deux être brisés par la vie qui se trouvent…) et de la ressemblance avec un feuilleton télé d’été (que l’auteur m’excuse mais l’analogie m’a sauté à la figure, il y a également une sorte d’énigme qui environne la mort d’Alexandre et des gars, grosse brutes du village, sont soupçonnés… et la grosse chaleur qui parcourt tout le roman… bref, la comparaison n’est pas flatteuse mais elle n’est pas non plus complètement péjorative, non ?), ce sera 17/20. Bref, lisez-le si vous souhaitez croquer un moment de bonheur et excusez ce billet maladroit !

Merci à Priceminister !

 

http://www.priceminister.com/offer/buy/163389514/l-amour-sans-le-faire-de-serge-joncour.html

 

« Le malheur c'est comme un visage sur le visage, quand la vie vous a marquée d'une épreuve, le risque c'est de ne plus exister qu'à travers ça, d’être à jamais perçue comme la veuve, piégée à vie dans la teinte. Déjà que soi-même on n’arrive pas à se sortir de sa douleur, déjà qu’on a tant de mal à s’en déprendre, il faut en plus que les autres vous résument à ça, c’est comme d’être malade, les autres ne voient plus que ça en vous, un malade. »

 

 

Partager cet article
Repost0
5 décembre 2012 3 05 /12 /décembre /2012 10:13

 

            Ce livre, c’est l’histoire d’une vie, celle d’Onofre Bouvila, adolescent et misérable provincial venu à Barcelone pour se faire de l’argent, chose qu’il réussira à faire à la perfection.  Passé du statut de pauvre bougre à celui de « magnat rapace », il marche sur les autres pour réussir, n’hésite pas à mentir, tricher, voler et tuer ! Comme dans beaucoup d’ascensions sociales brutales et vertigineuses, le personnage se brûlera les ailes –presque au sens propre du terme !

         Mais ce livre, c’est surtout une partie de l’Histoire de Barcelone, allant de 1888, date de la première Exposition Universelle à 1929, date de la seconde Exposition Universelle. Le tableau est d’un réalisme saisissant et édifiant. L’évolution de cette ville se fait au gré de ces expositions qui accueillent le monde entier et requièrent surabondance d’ingéniosité et d’inventivité, mais aussi des événements historiques, des plans de réforme et des extensions de la ville, des décisions de l’alcade (maire de la ville).  Des personnalités cultes sont évoquées telles que Mata Hari et Raspoutine, les inventions du XXème siècle ne sont pas en reste, ainsi le cinéma et l’aviation jouent un rôle important dans l’intrigue.

          C’est à l’occasion d’un court séjour à Barcelone que l’idée de lire ce roman m’est venue. J’avoue que s’il m’a passionnée, que je me suis délectée des passages historiques jamais dénués d’humour, il m’a aussi donné du fil à retordre. Il faut être un amateur de digressions pour apprécier ce livre entièrement, Mendoza est, par là, un digne héritier de Zola et de Balzac.  Le hic, c’est que l’auteur passe souvent du coq à l’âne sans revenir vraiment à son sujet initial ou sans qu’on comprenne pourquoi la digression se justifie. Et mon gros regret, c’est de n’avoir lu de Gaudi que deux petites pages, sur 505, ça fait peu pour l’architecte génialissime qu’il a été.

 

          Un des premiers hommes qu’Onofre a soudoyés en lui ordonnant de tuer un indésirable. Cet hôtelier marié a toujours su caché sa préférence pour les hommes : « L’idée d’avoir tué un être humain de ses propres mains l’obsédait tellement qu’il perdait la tête ; il n’arrivait plus comme avant à maintenir séparées les deux facettes de sa personnalité : tantôt il parlait avec la virile urbanité de l’hôtelier qu’il avait été, tantôt il sortait de sa poche une paire de castagnettes et se mettait à chanter des malagueňas. »

 

           Encore un aperçu de la vie au début du XXème siècle : « Les bains de mer commençaient à se répandre chez les jeunes gens, francomanes, et faisaient grand scandale. Comme presque personne ne savait nager, le nombre de noyés était proportionnellement élevé chaque année. Les curés alléguaient dans leurs sermons cette triste statistique comme preuve de la colère divine. »

 

 

         P1060242.JPG P1060116.JPG 

 

Le parc Güell et le port…

 

P1060134.JPG 

La plage, un mardi fin octobre… et la plage… le lendemain !   

P1060360.JPG

Partager cet article
Repost0
2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 19:19

  

Encore une fois la théorie du best-seller qu’on découvre trop tard et qui déçoit a malheureusement fonctionné ici… (j’ai d’ailleurs vu The Artist hier soir, oui, « enfin », ceux qui me connaissent savent que j’ai un sacré nombre de trains de retard cinématographiques… donc, je n’ai pas été déçue par le film mais je suis loin de le considérer comme un chef d’œuvre ! )

Mexique - il y a quelques dizaines d’années. Tita et Pedro s’aiment mais, afin de suivre une coutume ancestrale, la terrible mégère de mère de Tita l’empêche de se marier sous prétexte qu’elle doit veiller sur sa mère. Pedro, dans l’espoir de se rapprocher de sa bien-aimée, épouse sa sœur. Mais la mère veille au grain, les amoureux ne font que se frôler, se désirer secrètement, s’épier.

L’originalité du livre, ce sont les recettes qui rythment l’année. Tita est une excellente cuisinière et elle laisse une partie de son âme dans ses compositions gastronomiques. Les convives qui y goûtent ressentent des émotions particulières allant de la crise nymphomane à l’exaltation joyeuse, en passant par la maladie qui fait rendre les tripes. Le dépaysement est assuré et la joie de vivre côtoie continuellement la tragédie.

Je ne sais pas pourquoi je ne suis pas entrée complètement dans cette ferme mexicaine. L’histoire d’amour, même, ne m’a pas convaincue. Assez banale, elle réunit les amants maudits à la fin, comme on le devine d’entrée de jeu.

Les recettes, quant à elles, m’ont émoustillée (la gastronomie fonctionne toujours sur moi, à la perfection !), elles vont chercher loin dans l’originalité (piments aux noix, bouillon de queue de bœuf, cailles aux pétales de roses, …).

            Vous avez peut-être compris, mon avis est mitigé et je crois que c’est un livre que je relirai un jour (je ne dis pas souvent ça !) pour l’apprécier mieux.

Une image qui m’a plu : « Ce regard ! Elle s'avançait vers la table, un plateau de crèmes caramel dans les mains quand elle le sentit, ardent, lui brûler la peau. Elle tourna la tête et ses yeux croisèrent ceux de Pedro. Elle comprit ce que ressentait un beignet au contact de l'huile bouillante. »

Et une histoire de phosphore… : « Nous possédons en nous-mêmes les éléments nécessaires pour produire du phosphore. Ma grand-mère avait à ce sujet une théorie très intéressante : elle disait que nous naissons tous avec une boîte d'allumettes en nous, mais que nous ne pouvons pas les allumer seuls : nous avons besoin d'oxygène, comme dans l'expérience que nous venons de faire, et d'une chandelle. L'oxygène provient, par exemple, de l'haleine de la personne aimée ; la chandelle peut être n'importe quoi : un aliment, de la musique, une caresse, une parole ou un son. C'est le déclencheur. L'allumette s'enflamme et, l'espace d'un instant, nous sommes éblouis. Il se produit en nous une agréable chaleur qui disparaît peu à peu, au fil du temps, jusqu'à ce qu'une nouvelle explosion vienne la raviver. Chacun a ses propres détonateurs qu'il doit découvrir. La combustion qu'ils entraînent procure de l'énergie à l'âme : en d'autres termes, cette combustion est la nourriture de l'âme. »

Partager cet article
Repost0
26 novembre 2012 1 26 /11 /novembre /2012 11:33

Histoire d’amour fatale…

Ruth est une très jolie jeune femme, très sexy, mariée à un rustre, indifférent à ses charmes et toujours épris de sa regrettée première épouse.

Judd est un charmant jeune homme, porté sur la boisson, marié et s’ennuyant dans sa vie de couple.

Les deux étaient faits pour s’éprendre mais Ruth a clairement attisé leur flamme. Elle a tant joué au jeu du chat et de la souris que Judd s’est révélé prêt à tout pour elle… même à tuer son mari ! Le meurtre, complètement amateur, a laissé traces et indices révélant la culpabilité des amants terribles. Comme nous sommes aux Etats-Unis à la fin des années 20, c’est la chaise électrique qu’on réserve à Ruth et à Judd.

L’histoire commence par le récit du meurtre du mari et lentement, l’auteur déroule l’écheveau de la rencontre, de l’idylle et des origines de cette idée de meurtre. Il s’agit donc surtout de raconter le pourquoi et le comment.

Du côté, « j’ai aimé », je mettrais l’ambiance de l’époque, proche de l’écriture de Fitzgerald. L’histoire est largement inspirée d’un crime qui a fait scandale aux Etats-Unis. Et la fin est saisissante, Ron Hansen nous livre un récit détaillé de ces deux condamnés à mort et le gouffre entre cette mise à mort électrique et les quelques heures la précédant et la légèreté, voire la frivolité des deux premiers tiers du roman est déstabilisant.
           Donc, dans la catégorie, « j’ai moins aimé », j’y mettrais cette très longue première partie où je me suis un peu ennuyée. On développe le thème de la fille aguicheuse et machiavélique qui met le grappin sur le gars naïf et lourdaud sans pour autant y apporter quelque chose de nouveau. Le fait divers a déjà été la trame du film Le facteur sonne toujours deux fois. Et j’ai rarement rencontré un type (Judd) qui boit autant de whisky dans un verre à dents…

J’aimerais bien pouvoir me souvenir comment mon choix s’est porté sur ce livre. Ca ne vous arrive-t-il pas souvent, d’oublier vos « sources » ?

 

Après le crime …  : « Les avocats de Judd obligèrent leur client à subir un radiographie du crâne afin de déterminer s’il existait une raison médicale au crime, puis à s’entretenir avec un jury de quatre aliénistes afin d’arrêter s’il était sain d’esprit. Entre autres tests, Judd dut fournir un échantillon sanguin à des fins d’analyse, marcher sur une ligne tracée à la craie et tourner sur lui-même jusqu’à ce qu’il s’écroulât. La psychiatrie en était encore à ses premiers pas. »

Partager cet article
Repost0
17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 18:10

 

C’est mon troisième livre de Decoin et le petit constat que je peux faire, c’est que les trois sont résolument différents. Si   Avec vue sur la mer nous faisait voyager sur les côtes sauvages normandes, si  Est-ce ainsi que les femmes meurent nous amène à réfléchir, à travers un meurtre sordide, sur la responsabilité des témoins, ce livre est spirituel. Didier Decoin nous raconte la vie de Jésus, depuis ses 30 ans jusqu’à sa mort. Comme le sous-titre l’indique, « Une histoire joyeuse du Christ », l’auteur nous propose une version gaie, drôle et très vivante de ses « aventures ». 

Jésus a commencé, à trente ans, à prêcher la bonne parole. D’abord accompagné de deux amis, douze apôtres vont le suivre puis une foule immense attirée par son discours mais aussi par ses actes, si prodigieux.  Vous saurez ainsi comment Jésus change en vin des jarres emplies d’eau, comment il guérit un paralytique qui se remet à marcher, comment il a su faire d’un collecteur d’impôts avide et escroc, un homme pauvre et généreux, comment il fait revenir à la vie une fillette de 12 ans plongée dans le coma, comment il multiplie pains et poissons pour ses 5000 auditeurs, comment il jugule une tempête sur le lac de Tibériade d’une voix calme et posée.

Sans vouloir convertir ou enrôler le lecteur, Decoin nous raconte de manière simple une belle histoire. Celui qui se laisse appeler Rabbi est un Jésus gourmand, parfois un brin espiègle, convivial, rieur, « aussi tenace et résistant que l’encre dont se sert le scribe pour copier la Torah. » Le rire est associé à chacun de ses miracles et ça nous change drôlement de l’austérité véhiculée trop souvent par le christianisme. Je n’ai pas appris grand-chose mais j’ai été émue par certains passages et j’ai pris un grand plaisir à livre cette version colorée d’une partie de la vie de Jésus. L’écriture de Didier Decoin m’a encore une fois charmée par sa délicatesse, sa fluidité.

« Le Mal se dépasse en mal comme pour provoquer Jésus, le déséquilibrer, l’effarer, le navrer, l’obliger à détourner son regard de cette humanité geignarde, nauséabonde répugnante. »

« les hommes vont rarement jusqu’au bout, presque toujours ils tombent avant. »

« Marie est la seule à avoir revu Jésus vivant. La seule de tout Jérusalem, et même la seule du monde entier, à l’avoir serré contre elle. Elle sent encore la pression chaude de son corps, là, contre sa poitrine et son ventre. De temps en temps, c’est plus fort qu’elle, l’émotion la submerge et elle pleure en riant. »

 

 

Je me permets de citer un extrait de l’article trouvé sur le site de Psychologies.com et consacré à la découverte de la foi de Didier Decoin :

« Ce type d’expérience relève de l’indicible. On ne voit rien, on n’entend rien. Mais un choc se produit. Le souvenir est resté dans ma mémoire plus précis qu’une photo. C’était un 8 septembre. Il était 11 heures du soir. J’avais une chambre avec un petit lavabo dans notre maison de campagne. Je me suis brossé les dents et, soudain, j’ai eu l’intuition que Dieu n’existait pas. C’était tout le contraire d’une conversion. Je suis allé vers ma table de nuit pour noter cette idée. Le temps d’arriver jusqu’à mon stylo, un renversement complet, indescriptible, s’est opéré en moi. Toujours sans rien voir ni rien entendre, me vint la soudaine conviction, non par réflexion, mais par évidence, aveuglante évidence, que ce Dieu dont je croyais pouvoir démontrer la non-existence une minute plus tôt existait. Plus, qu’il était vivant et créait entre Lui et moi une relation d’amour. »

Partager cet article
Repost0
8 novembre 2012 4 08 /11 /novembre /2012 10:41

Je n’ai pas pu attendre après la lecture de  L’homme qui souriait pour me replonger dans une enquête de l’inspecteur Kurt Wallander… J’avoue même avoir interrompu une autre lecture (que j’ai finalement abandonnée : le Journal d’Hélène Berr que j’ai trouvé si soporifique !).

On retrouve ici un Wallander en forme. Il semble avoir officialisé sa liaison avec Baiba, la femme de Riga (amour qui naît dans Les chiens de Riga, oui, faut suivre…), c’est l’été et il s’apprête à partir en vacances, oui mais… On l’appelle pour un cas un peu étrange : un paysan se plaint parce qu’une belle jeune femme ne semble pas vouloir quitter son champ de colza. Elle reste debout plantée en plein milieu et ça embête le type parce qu’elle écrase son colza. Wallander va voir, à contre cœur. Quand il tente de s’approcher de la jeune femme, elle s’asperge le corps d’essence… et s’enflamme comme une torche. Le mystère reste entier, les policiers ont du mal à identifier la jeune femme mais l’enquête traîne puisqu’il n’y a pas meurtre. Parallèlement à cette atrocité, on retrouve le corps d’un ancien ministre dissimulé sous une barque renversée, sur une plage. Il a été tué à coups de hache… et scalpé ! Y’a-t-il un lien entre les deux affaires ?

Les meurtres se succèdent, les enquêteurs rament sérieusement, les victimes, des hommes riches et plutôt vieux, ne semblent pas avoir de point commun. Le lecteur connaît l’assassin mais ignore, au début, son mobile. L’intrigue est encore une fois passionnante, les portraits des personnages minutieusement fouillés. On pourrait reprocher certaines répétitions, Wallander réfléchit et le lecteur assiste à ses spéculations, il revient sur ses pensées, sur ses intuitions qui le guident.

J’adore cette série, elle me coupe de tous les tracas quotidiens, je crois vraiment avoir trouvé le polar qui me convient. Il est en Suède J … tant mieux !

Une réunion, au commissariat, présidée par Wallander : « Nous sommes à la recherche du pire criminel que nous ayons jamais connu. Il a déjà commis trois meurtres violents. Nous savons que c’est le même homme. Mais nous ne savons rien de plus. En dehors du fait qu’il risque fort de frapper à nouveau. »

Partager cet article
Repost0
2 novembre 2012 5 02 /11 /novembre /2012 22:20

 

Mais quel bonheur retrouver Kurt Wallander ! J’avais adoré La Lionne blanche, et L’homme qui souriait fait partie de ces livres qu’on a du mal à lâcher… ceux auxquels on pense même au boulot, en voiture, en faisant les courses… qu’on a hâte de retrouver !

Kurt Wallander, parce qu’il a tué un homme, a passé un an à déprimer, à cogiter, à se morfondre. Il n’est pas prêt à retrouver son travail de flic, il se sent vieux, en mauvais état et plus seul que jamais. Seules les plages danoises de Skagen lui redonnent un peu le goût de vivre. Survient un jour une vieille connaissance, Sten Torstensson, un avocat, qui vient lui demander de l’aide. Son père, avocat aussi, est mort dans un accident de voiture une nuit de brouillard. Sten ne croit pas à la thèse de l’accident, son père était trop prudent sur la route. Il aimerait que Wallander enquête. La réponse du policier est claire : «  Malgré tout le désir que j’en ai, je ne peux rien faire pour toi. Je peux t’écouter en tant qu’ami. Mais, professionnellement, je n’existe plus. Je ne suis même pas flatté que tu aies fait tout ce chemin pour me parler. Je suis juste lourd, fatigué et triste. »

Pourtant, de retour chez lui, à Ystad, en Suède, et s’apprêtant à signer les derniers papiers signifiant sa démission, Wallander tombe, dans le journal, sur l’annonce de décès de … Sten Torstensson ! L’avocat a été tué d’une balle dans la tête, dans son bureau. Pour Wallander, il n’y a plus de choix : il reprend le boulot, à la surprise de ses collègues.

L’enquête va le mener dans le château d’un milliardaire très respectueux. Il va souvent s’accompagner d’une jeune policière, Ann-Britt Höglund dont on n’entendra sans doute parler dans la suite de la série… mais il fera aussi souvent bande à part, comme à son habitude. Il continuera à se fier à son instinct et mènera à bien cette passionnante enquête.

Je ne vais plus attendre des mois pour poursuivre les aventures de ce sympathique policier, il me tarde d’en lire plus !

Partager cet article
Repost0
21 octobre 2012 7 21 /10 /octobre /2012 09:37

 

J’ai peu lu l’œuvre d’Olivier Adam mais il me semble que ce livre fait somme, est un aboutissement de ses écrits passés, une démonstration de force aussi et un forage de son être, de sa carrière d’écrivain.

Paul Steiner est un écrivain à succès mais malheureux : sa femme tant aimée, Sarah, l’a quitté, ses deux enfants, Clément et Manon lui manquent énormément et il essaye de faire face à ce qu’il appelle la Maladie, une dépression qui le coupe du reste du monde. Viennent s’ajouter au tableau une mère malade, un père froid et distant comme il l’a toujours été, un frère incompréhensif et hautain.

Je n’ai pas réussi à savoir quelle était réellement la dimension autobiographique de ce livre qu’on appelle « roman », il me semble que l’écrivain se livre énormément, offre aux lecteurs les parts les plus secrètes de ses pensées. Au-delà du parcours d’un écrivain maudit (parce qu’il y a un peu de ça, celui qui ne mêle qu’avec difficulté aux autres, celui qui a besoin de s’isoler dans une Bretagne-refuge, celui qui sent toujours « à la périphérie » n’étant jamais vraiment présent, jamais vraiment absent…), donc au-delà des tribulations de l’auteur incompris, se dresse un portrait de la France actuelle. L’histoire se passe en 2011, l’accident nucléaire de Fukushima et la campagne présidentielle française sont évoqués non sans prise de position : L’auteur clame haut et fort ses positions politiques, fustigeant les propos de « la Blonde », dépeignant un tableau des banlieues précis et inquiétant.

Je suis partagée. J’ai beaucoup aimé la justesse de certains passages, l’ironie de l’écrivain qui parle de l’écrivain (comme le montre l’extrait ci-dessous), son attachement très fort à la famille qu’il s’est créée, son retour dans la ville d’Essonne de son enfance qu’il déteste. Je me suis trouvé pas mal de points communs avec ce type ! Mais certains passages m’ont fait l’effet d’une logorrhée mal maîtrisée, il s’étale sur la vie de ses anciens copains de lycée, s’apitoie sur son sort aussi… en tant que femme, je crois qu’on en peut réprimer un sourire face à ce grand gamin impulsif et trop sensible qui s’étonne d’avoir été foutu dehors par son épouse.

C’est un livre à lire, je le conseille ne serait-ce que pour son approche sociologique. J’ai souvent pensé à  Rien ne s’oppose à la nuit que j’ai lu l’an dernier à la même époque, qui lui aussi faisait partie des rentrées littéraires attendues, qui lui aussi parlait famille et écriture. Eh bien, il n’y a pas le coup de cœur ici que j’ai eu pour le roman de De Vigan.

 

Lorsque le mari de l’ancienne copine de lycée (avec qui l’auteur a couché sans en avoir vraiment envie mais il l’a fait quand même… hein…) lui dit ce qu’il pense de son œuvre :

« Il martelait que mes livres lui avaient fait du mal, beaucoup de mal. Non parce que j’en étais l’auteur mais du fait même de leur contenu. Mes livres et ceux de mes confrères n’aidaient nullement les gens, au contraire, ils enfonçaient les plus fragiles, les plus inaptes, ils les confortaient dans leurs humeurs les plus noires, leur maintenaient la tête sous l’eau, dans l’étang poisseux de la dépression, la vase verdâtre de la mélancolie. . Ils glorifiaient la tristesse et les éclopés, la défaite et la désillusion, la fuite et la désertion, comme s’il était plus noble d’être de ce côté-là que de celui de la vie et de la lumière. »

Pensée-réponse du narrateur : « Toutes ces années je ne m’étais jamais posé la question. J’écrivais pour me tenir en vie, pour ne pas chuter. J’écrivais ^parce que c’était la seule manière que j’avais trouvée d’habiter le monde. Mais je n’avais jamais pensé aux lecteurs. »

Partager cet article
Repost0
8 octobre 2012 1 08 /10 /octobre /2012 15:32

            Christine est amnésique. Chaque matin, elle se réveille en pensant être dans la peau d’une jeune étudiante. Elle a pourtant presque 50 ans et se trouve couchée à côté d’un homme poilu et bedonnant du même âge. Cet homme, Ben, qui s’avère être son mari, lui explique tous les matins son histoire : elle a eu un accident de voiture, elle ne se souvient de rien, elle est mariée comme l’attestent les photos accrochées dans la salle de bain. Tout va bien, ils s’aiment. Mais Christine, une fois son mari parti au travail, reçoit un appel d’un certain Dr Nash qui lui dit de chercher son journal. Journal qu’elle a commencé à tenir quelques jours auparavant…

Je m’attendais à autre chose. On est en face d’un vrai thriller psychologique. Le lecteur lit le journal de Christine qui mène l’enquête à sa façon. Elle va découvrir que son amnésie ne vient pas d’un accident de voiture mais d’une agression, qu’elle a un fils mort à l’armée, que sa meilleure amie l’a laissé tomber… Elle note tout puisque une fois endormie, elle oublie tout. Alors qu’elle parvient à se persuader que l’homme qui dort son lit l’aime et qu’elle « se doit » de l’aimer, elle découvre des incohérences, des non-dits…

Ce (presque) huis clos promène le lecteur dans cette maison chaque jour nouvelle pour Christine. On oscille entre pitié, compassion et doute : Christine deviendrait-elle folle ? (elle a passé des années en hôpital psychiatrique !), Ben est-il un homme de confiance ? Pourquoi lui ment-il sur certains points de son passé ?

            Ce roman n’est pas à lire « avant d’aller dormir » ! J’ai été assez perturbée par cette histoire, on s’identifie très vite au personnage principal. Il y a forcément des répétitions (tous les matins, Christine doit se replacer dans son contexte de vie) mais l’écriture est fluide, l’intrigue efficace et la chute… ben, inattendue, comme toute chute digne de son nom !

« Ce matin, aux premières heures du jour, je me suis réveillée ; il étati allongé à mes côtés. Un étranger, à nouveau. La chambre était plongée dans l’obscurité, dans le silence. Je suis restée allongée, tétanisée par la peur, sans savoir qui j’étais, ni où je le trouvais. Je ne pouvais penser qu’à courir, me sauver, mais je ne parvenais pas à bouger. Mon esprit me semblait comme évidé, creux, puis des mots sont venus affleurer à la surface. Ben. Mari. Mémoire. Accident. Mort. Fils. »

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Violette
  • : Un blog consignant mes lectures diverses, colorées et variées!
  • Contact

à vous !


Mon blog se nourrit de vos commentaires...

Rechercher

Pages