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12 juin 2018 2 12 /06 /juin /2018 14:32

Résultat de recherche d'images pour "velibor colic manuel d'exil"

              Le narrateur et auteur a déserté, il a quitté la guerre de Bosnie-Herzégovine pour se réfugier en France, plus particulièrement à Rennes où il débarque en été 1992. Dans sa minuscule chambre au foyer des réfugiés, Velibor ne se sent pas à sa place, à vrai dire, il s’estime bien au-dessus  des « pauvres paysans, bergers et miséreux du tiers-monde » qui l’entourent. Parce qu’il a lu, parce qu’il écrit, il aimerait avoir une autre vie que celle faite d’errance, de solitude et de beuveries. Entre Paris, Strasbourg et Budapest, il va faire des rencontres, parfois heureuses, parfois mauvaises, il va maigrir et grossir, traîner, écrire, se souvenir de sa Kalachnikov, « des oiseaux qui tombaient du ciel, brûlés par la colère stupide des hommes. »

             Ce récit autobiographique écrit 25 ans après cette désertion et cet exil mêle différents genres : la poésie, l’humour parfois potache, la fantaisie à la Boris Vian, le récit picaresque … Ce melting-pot est à l’image de ce type qui n’a plus de repères, qui a peur mais fait le fanfaron, qui veut mourir cent fois mais écrit tous les jours et apprend le français avec une rage tenace. Une ligne conductrice : l’autodérision qui rend le texte drôle et coloré. Je me suis parfois perdue dans les choix étranges et paradoxaux ou lorsqu’il décolle légèrement de la réalité mais ce témoignage vaut tout de même la peine d’être lu, certains passages sont vraiment sublimes.

« Dieu pêche les âmes à la ligne, le Diable les pêche au filet. »

A Paris : « Dans ma chambre il fait tellement froid qu’en prenant ma douche je garde mes chaussettes. Pour me laver les dents je mets si peu de dentifrice que cela ressemble à un nettoyage à sec. Mon déodorant est Eau Parisienne, c’est-à-dire de l’eau du robinet, et mon parfum est belge. Avant de sortir, je m’asperge de quelques gouttes de bière derrière les oreilles. »

« Pour écrire après une guerre, il faut croire en la littérature. Croire que l’écriture peut remettre en branle des mécanismes qu’on a mis au rebut lors du recours aux armes. »

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9 juin 2018 6 09 /06 /juin /2018 16:24

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Des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent.

            Tout est dit dans le sous-titre de cette BD à la fois drôle, instructive et édifiante. Pénélope Bagieu nous présente des mini-biographies de femmes exceptionnelles qui sont allées à contre-courant de ce qu’on attendait d’elles.

           Clémentine Delait est la première femme à assumer sa pilosité du menton et à ouvrir un bar où on peut boire un coup mais aussi admirer la « femme à barbe ». Margaret Hamilton fait de sa laideur et de son pouvoir à terrifier les autres une force qui la classera parmi les actrices les plus douées. Delia Akeley a perfectionné ses connaissances africaines en suivant son taxidermiste de mari ; une fois délaissée par lui, elle décide d’entreprendre sa première expédition en solo et devient la première femme à avoir traversé l’Afrique d’Est en Ouest. On connaît tous la formidable Joséphine Baker qui est passée des revues nègres de Broadway à une homosexualité revendiquée et à une défense acharnée de la lutte contre les discriminations raciales. Je ne vais pas raconter toute la BD, elle est suffisamment délicieuse pour que chacune et chacun s’y plongent mais mon portrait préféré est celui de Tove Jansson, une Finnoise. Elevée dans un univers d’artistes, Tove parcourt le monde pour étudier les Beaux-Arts dans les années 20 où le milieu reste encore bien macho. Elle crée alors Les Moumines, un livre illustré pour enfants (personnellement, je ne connaissais pas !) où elle se raconte de manière très implicite. Le succès retentissant l’enfermera dans une prison dorée, et heureusement, elle refusera une collaboration avec Walt Disney. Sa rencontre amoureuse avec une autre artiste finnoise, Tuulikki, mais aussi la mort de sa mère adorée, lui feront abandonner les commandes et les obligations. « Elle recommence à écrire par plaisir, sans enjeu […] et passe le restant de ses jours à écrire, peindre, à fumer, à voyager, et à profiter de Tuulikki. »

                 J’ai adoré cet album frais, féministe (of course), tendre et survolté à la fois. On se rend compte, encore une fois, qu’aux quatre coins du monde, les femmes doivent se battre au quotidien pour sortir la tête de l’eau, s’émanciper, assumer leurs choix, être autre chose qu’un être obéissant, une mère pondeuse ou une bonne ménagère. Elles sont des championnes, en fait !

Un livre à mettre entre toutes les mains !!!

Résultat de recherche d'images pour "Culottées – tome 1 – de Pénélope Bagieu"

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4 juin 2018 1 04 /06 /juin /2018 22:40

Résultat de recherche d'images pour "couleurs de l'incendie lemaitre"

              Madeleine Péricourt enterre son père, Marcel Péricourt. Curieuses obsèques puisque l’unique fils de Madeleine, Paul, chute du balcon et tombe sur le cercueil. A-t-il sauté volontairement, l’a-t-on poussé ? Mystère… Paul va rester paralysé et Madeleine emplie d’interrogations et de culpabilité. Heureusement que la fortune est assurée grâce au bras droit de Marcel, Gustave, qui parvient à faire pérenniser l’empire financier de la famille. Oui, mais si Gustave était promis à Madeleine, qu’elle a accepté ce mariage intéressé avant de se raviser, il lui en veut… Rancune qui s’exprimera concrètement par la ruine de Madeleine qui sera contrainte de déménager. Léonce, sa domestique la plus dévouée, trahira sa maîtresse en épousant Gustave. Paul, ce garçon réservé et bègue, n’aura d’yeux et d’oreilles que pour l’impressionnante Solange, cantatrice aussi talentueuse qu’énorme. N’oublions pas Charles Péricourt, l’oncle de Madeleine qui, après avoir été moult fois sorti de la panade par Marcel, ne montre aucune reconnaissance envers Madeleine. Pourtant, il va connaître bien des soucis financiers et familiaux (comment marier deux filles imbéciles très laides ?) Madeleine n’a plus qu’une idée en tête : se venger de tout ce beau monde en réunissant une équipe digne de Mission impossible pour prendre sa revanche, des sous et une dignité qu’il sera difficile de retrouver.

              Il me tardait de lire ce roman, comme beaucoup qui avaient adoré Au revoir là-haut. Je dois avouer ma déception, elle n’est pas immense mais déception il y a tout de même. Je qualifierais cette lecture d’agréable, génératrice de sourires parfois et de réflexions de temps en temps mais, pour ma part, à l’origine d’ennui, aussi. Cela est dû à certains personnages stéréotypés, cette Madeleine, même si elle oscille subtilement entre le Bien et le Mal, est une dinde tout de même ! Robert, l’amant de Léonce, n’est pas en reste puisqu’il n’est qu’un corps (très beau, le corps, apparemment) sans cerveau. Que dire des sœurs jumelles de Charles qui rivalisent de laideur et de stupidité ? Ce remake du Comte de Monte-Cristo version féminine fait la roue à la manière d’un paon qui veut montrer toutes ces belles couleurs. C’est bien écrit, bien ficelé, irréprochable d'un point de vue esthétique, assez prévisible ; mais j’ai tantôt été ennuyée par l’univers de la banque un peu trop présent, tantôt été agacée par la théâtralisation des rebondissements. Les cent dernières pages, plus cocasses que les précédentes sont les meilleures… … sur 530, c’est peu.

Les filles de Charles : « Il avait deux files montées en graine, aux jambes maigres, aux genoux cagneux et à l’acné florissante, qui pouffaient de rire en permanence, ce qui les contraignait à masquer avec la main la denture épouvantable qui faisait le désespoir de leurs parents ; on aurait dit qu’à leur naissance, un dieu démoralisé avait balancé à chacune une poignée de dents dans la bouche, les dentistes étaient consternés ; sauf à tout éradiquer et à leur poser un râtelier dès la fin de leur croissance, elles étaient promises à vivre derrière un éventail toute leur vie. »

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1 juin 2018 5 01 /06 /juin /2018 15:01

La Mise à nu -

            Louis est un professeur d’anglais en fin de carrière.  Divorcé, il ne voit plus guère ses deux filles maintenant adultes et sa vie casanière n’est pas très palpitante. Lorsqu’un ancien élève devenu peintre, Alexandre Laudet, lui propose de poser pour lui, Louis accepte sans trop comprendre pourquoi. Doucement, le lien d’abord tenu entre les deux hommes va s’amplifier, se révéler, prendre une importance déroutante. Alexandre envisage de faire un triptyque, sachant que Louis pose d’abord tout habillé, puis qu’il ôte la chemine, vous pouvez deviner la finalité explicitée dans le titre-même. Louis profite de ces plages silencieuses et contemplatives pour se remémorer des instants de sa vie passée, son premier amour, un voyage impromptu en Ecosse, des bourrasques maritimes, des tours de rocade pour rien. Mais ces rendez-vous insolites entre un homme vieillissant et un jeune peintre à la mode homosexuel font faire enfler les rumeurs dans cette petite bourgade provinciale. Combien de temps ce pari audacieux tiendra-t-il ?

            J’ai beaucoup aimé cette lecture et, surtout, avant tout, ce face-à-face entre deux hommes qui ne sont ni amis, ni amants, ni parents. Ces instants complètement à part où Louis pose devant son ancien élève, cette intimité inaccoutumée et presque insolente est complètement fascinante. J’ai pensé à Mr Gwyn de Baricco que j’ai tant adoré où là aussi une relation insolite est artificiellement créée pour aboutir à un résultat magique. Cette proximité entre deux inconnus m’a aussi rappelé les débuts de mon atelier-théâtre-que-j’aime-tant : quelques touchers et manipulations entre inconnus, quelques regards appuyés ont rapidement su dépasser les premières gênes pour installer une forte complicité. Mais je digresse : La mise à nu comporte, en son cœur, ce que j’aime trouver dans un roman : une ambiguïté dans les relations humaines, des personnages plus complexes qu’il n’y paraît au premier regard et qui évoluent au contact de l’autre. Certains passages sont de petites étincelles qui vous emplissent les yeux de bonheur.

« On connaît si peu ses propres enfants, au fond. On connaît si peu les autres, en général. On ne fait que projeter sur eux les fantasmes qu’ils nous inspirent. »

Je n’avais jamais envisagé les choses de cette manière : « Regards appréciateurs. Applaudissements muets. La salle des profs est une scène de poche où chacun de nous tente, par moments, de devenir maître de comédie. »

« Je reprends ma liberté. »

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29 mai 2018 2 29 /05 /mai /2018 14:59

Résultat de recherche d'images pour "Julien Neel chaque chose"

            Le nom de ce dessinateur vous dit quelque chose ? Mais oui, c’est celui de Lou !

            Un narrateur -adulte-  quitte sa famille pour retrouver son père malade, couché dans un lit d’hôpital, sur le point de mourir. Le même narrateur enfant accompagne son colosse de père qui s’apprête à accepter un boulot (il est prestidigitateur) agrémenté de vacances : finalement, il endossera un énorme costume d’ours pour une campagne de publicité. Dans ce récit qu’on devine un brin autobiographique, un homme se souvient de ces vacances hors du commun où père et fils ne roulaient pas sur l’or mais connaissaient des moments simples et heureux. Le petit garçon a grandi plongé dans les aventures de super-héros, il a bu son premier café, il a eu son premier gros cadeau, il a vécu  sa première frayeur. Et on le retrouve quelques décennies plus tard, aussi penaud et démuni que lorsqu’il était enfant avec cette même volonté de croire aux miracles ou à la magie… Quand les premières fois deviennent des dernières fois, l’émotion est forcément au rendez-vous mais l’auteur nous réserve aussi quelques surprises pour la fin de l’album.

            Deux récits en parallèle, le bleu et le verdâtre pour le présent, le brun et des couleurs plus chaudes pour le passé et, de chaque côté, la même douceur, la même tendresse. Julien Neel préfère suggérer et effleurer du doigt des thèmes universels par le biais de son histoire personnelle. Rien de transcendant ni de bien novateur mais une authenticité et une simplicité qui touchent.  

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26 mai 2018 6 26 /05 /mai /2018 15:33

Le Temps est assassin par Bussi

              Clotilde, la quarantaine bien entamée, passe, avec son mari Franck et sa fille Valentine, quelques jours de vacances en Corse, dans un camping de Calvi. Ce séjour n’est pas anodin mais a pour but de revenir sur les lieux d'une tragédie de son adolescence. En effet, lorsque Clotilde avait quinze ans, elle a été victime d’un accident : son père conduisant a manqué un virage et a emporté la voiture dans le ravin : lui, la mère de Clotilde et son frère Nicolas -à peine plus âgé qu’elle- moururent sur le coup mais Clotilde, miraculeusement, en réchappa. Elle va revoir ses grands-parents et quelques protagonistes de cette sombre histoire qui, elle l’apprend très vite, n’était pas un accident mais un sabotage. Le mystère s’épaissit quand Clotilde reçoit des lettres de sa mère, elle reconnaît son écriture mais vingt-sept ans plus tard, peut-elle être vivante alors que sa fille a vu son corps déchiqueté ? Le lecteur est promené entre cet été 1989 grâce au journal intime de Clo lu par un homme qui a tout l’air d’être le meurtrier et l’été 2016 lorsque la rescapée tente de comprendre son passé.

               Je savais très bien à quoi m’attendre en lisant un roman de Michel Bussi. Une lecture aussi légère que fluide, aussi facile que prenante. Le nombre de répétitions peut un peu prendre le lecteur pour un c… mais j’avoue que ce livre, sur une chaise longue en train d’apprécier les premiers rayons de soleil du printemps, m’a vraiment plu. Enfin pas tout à fait parce que je n’ai pas aimé les révélations finales, trop farfelues, trop peu crédibles. Bon, il y a bien quelques invraisemblances et quelques incohérences tout le long du roman. Et un happy end qui fait semblant de ne pas être un happy end. Pourtant cette plongée en Corse (et ses habitants en prennent pour leur grade : les femmes vêtues de noir restent à la maison à préparer le repas pour leur mari et les hommes tous un peu voyous règlent leur compte avec leur propre justice) est bien réussie, on se promène dans le maquis,  on plonge dans les eaux turquoise, on nage avec les dauphins (ouais, ouais…) et on a même le droit de goûter aux canistrelli.

Merci Christelle pour ce livre !

Si je ne devais retenir qu’un titre de l’auteur, c’est Nymphéas noirs que je ne peux que vous conseiller !

« Clotilde posa son petit bouquet de serpolet mauve au bord de la rambarde de fer. Elle avait demandé à Franck de s’arrêter quelques lacets plus haut, pour le cueillir dans les genêts qui poussaient entre les rochers de la Petra Coda.

Assez pour trois.

Franck en fit de même, sans quitter plus d’une seconde du regard la route. La Passat était garée sur le côté, avec les warnings qui clignotaient.

Valentine se pencha la dernière, en y mettant une évidente mauvaise volonté, comme si incliner son mètre soixante-dix constituait un effort démesuré.

Ils se tenaient là tous les trois, face au trou de vingt mètres. La mer bouillonnante entre les écueils tentait inlassablement de violacer les rochers rouges, accrochant des micro-algues brunes aux fissures des pierres, telles des taches de vieillesse sur une peau ridée. »

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22 mai 2018 2 22 /05 /mai /2018 13:14

Résultat de recherche d'images pour "l'amie prodigieuse 4"

L’amie prodigieuse tome 4… et dernier tome !!

 

Elena file le parfait amour avec Nino, son ami d’enfance mais elle s’attire les foudres de son mari Pietro, de sa belle-famille mais également de Lila qui suggère que son amie ne sait pas tout sur le jeune homme. Pour Elena, il est surtout difficile de concilier ses déplacements professionnels, ses rencontres clandestines avec Nino et ses obligations de mère de deux fillettes, Dede et Elsa. La situation s’arrange néanmoins puisque Nino accepte enfin de quitter sa femme et de vivre avec Elena et ses deux filles dans un quartier huppé de Naples. Elena tombe enceinte exactement en même temps que Lila et ces deux événements vont les rapprocher à tel point qu’elles vont finir par habier le même immeuble. Je ne révèlerai pas tout mais, dans ce quartier qu’Elena a tant voulu fuir autrement, elle va y résider bien longtemps et même après la tragédie suggérée par le titre. Cette amitié est au cœur des quatre tomes et tous les êtres, tous les drames et les bonheurs semblent tourner autour de ces deux jeunes femmes avec, en arrière-plan, littérature et mafia napolitaine.

 

Les romans de cette série accaparent le lecteur, Elena Ferrante pourrait nous parler de recettes de cuisine italienne ou de la couleur du sable de la plage que ça fonctionnerait de la même manière. Elle nous fait entrer dans ces rues napolitaines –ville si chère aux héroïnes et pourtant si dangereuse !- nous fait vivre à côté de Dede et d’Elsa, nous entraîne dans ce tourbillon des années 50 à 2000. Cet opus n’est pas mon préféré (le 3ème reste pour moi le meilleur!) déjà parce qu’il évoque, surtout dans la seconde partie, un lent decrescendo lié à l’âge des personnages (ils vieillissent, et ça ne me plaît pas) mais peut-être aussi qu’Elena m’a un peu plus agacée par sa naïveté, elle se fait régulièrement tromper, on l’humilie et on lui ment et elle n’y voit que du feu ou alors se refuse à ouvrir les yeux. Oublions ces bémols et revenons aux qualités de cette saga qui brasse un panel d’émotions assez vaste sans être caricaturale, sans être manichéenne. C’est vraiment cette justesse et cette authenticité que j’ai appréciées. Elena Ferrante brise les tabous ; elle dresse avec finesse le portrait de personnages ; elle évoque avec subtilité et intelligence une amitié complexe mais aussi les relations mère-fille, les difficultés d’éduquer un enfant, l’écriture et la notoriété, les avancées technologiques (l’ordinateur que Lila va voir évoluer de près), le tremblement de 1981 ou encore la quête identitaire.

 

Et cette Lila ! Femme forte, pour qui tout est plus intense et qui, pourtant brime ses talents.  Femme faible car enfermée dans son monde mais qui endosse le rôle de modèle pour tout le quartier. Entre Elena et elle, l’amour effleure sans cesse la haine, la répulsion joue avec cette attirance et ce besoin quasi vital d’être l’une avec l’autre, d’avoir le regard de l’amie sur sa vie. Tour à tour véritable tremplin et avilissement, cette amitié si particulière deviendra culte, très certainement ! Allez, l’histoire est terminée, le livre est clos.

 

 

Les deux femmes enceintes vont ensemble à leur rendez-vous gynécologique : « Nous adorions être assises côte à côte, la blonde et la brune, l’une sereine et l’autre nerveuse, l’une gentille et l’autre perfide, opposées et complémentaires, et nous deux ensemble très différentes des autres femmes enceintes, que nous scrutions avec ironie. »

 

« Elle avait beau nous dominer tous depuis l’enfance, elle avait beau nous avoir imposé et nous imposer encore ses manières d’être – faute de quoi nous encourions son ressentiment et sa colère -, elle se percevait elle-même comme une matière dégoulinante, et chacun de ses efforts avait simplement pour but, en fin de compte, de se contenir. »

 

« Il y a des moments où ce qui nous entoure et semble devoir servir de décor à notre vie pour l'éternité – un empire, un parti politique, une foi, un monument, mais aussi simplement des gens qui font partie de notre quotidien – s'effondre d'une façon tout à fait inattendue, alors même que mille autres soucis nous pressent. »

 

« Tout rapport intense entre des êtres humains est truffé de pièges et, si on veut qu’il dure, il faut apprendre à les esquiver. »

 

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19 mai 2018 6 19 /05 /mai /2018 16:38

Résultat de recherche d'images pour "déconfiture seconde partie rabaté"

            Après avoir adoré la première partie, il me tardait de lire la suite.

            On retrouve nos soldats français là où on les avait laissés à la fin du 1er tome : prisonniers des Allemands, ils avancent dans la cambrousse, mal nourris, maltraités, dormant à même les prés. Certains échafaudent des plans d’évasion, d’autres ne supportent pas cette vie, l’un va jusqu’à se pendre. Leur malheur est entrecoupé de moments de trêve : la baignade dans un ruisseau, un taureau qui attaque un cavalier allemand (« un Teuton mis à terre par de la viande français ! ») mais la foule des Français grossit et les Allemands n’hésitent pas à utiliser leurs armes pour faire taire les rebelles. Quatre soldats parviendront à s’échapper et c’est le parcours de Videgrain que le lecteur suivra jusqu’à la dernière planche.

             Le second volet de ce diptyque tient ses promesses : j’ai encore beaucoup aimé cet univers tragique où Rabaté, pour permettre aux soldats de tenir le coup, pratique une sorte d’ « humour de survie » : des remarques acerbes, une ironie à couper au couteau, des phrases dans l’argot du début du XXème siècle. La figure de l’Allemand est finalement peu présente mais cette mini-société de Français reproduit à l’identique ce qu’il se passe à plus grande échelle : sans manichéisme, on trouve les sympas, les traîtres, les racistes (le Sénégalais en prend pour son grade !), les généreux, les pingres, les homos, les trouillards, les malins. Les dessins, en noir et blanc, souvent muets, retransmettent encore une fois parfaitement la dimension absurde, tragi-comique, picaresque de cette situation d’une armée déchue. Une belle réussite !

Ce défilé de soldats français est comparé à une chenille « La chenille est de plus en plus grande. Elle grossit encore. Il y a peu de chances qu’elle devienne papillon. »

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16 mai 2018 3 16 /05 /mai /2018 11:04

Résultat de recherche d'images pour "semeurs d'espoirs rabhi livre audio"

             Découvert en livre audio, ce texte relate la discussion entre Olivier Naire et Pierre Rabhi. Au cours de ces entretiens, divers sujets sont évoqués : l’écologie évidemment, la religion, les médias, la famille, le mariage, les voyages, la vieillesse, la mort, la culture et bien d’autres encore.

               Je suis gênée pour donner mon avis pour plusieurs raisons : j’aurais vraiment souhaité entendre la voix de Pierre Rabhi et de son interlocuteur et les lecteurs qui ont pris leur place ne m’ont pas convaincue. La voix douceâtre et un peu monotone de Pauline Huruguen a rendu les questions parfois niaises. Quant au contenu,… disons que je partage 80% des idées de Pierre Rabhi mais sa manière de caricaturer la société actuelle m’a profondément agacée. Il brasse du vide quand il dit que notre terre nourricière devrait passer avant le profit et l’argent. Il est sacrément gonflé quand il prétend qu’en littérature, il n’y a plus rien à découvrir. Il m’a agacée quand il affirme que de nombreuses personnes (cette tendance à généraliser aussi, aïe !) vont s’extasier devant un tableau de maître mais restés indifférentes à la beauté d’un paysage naturel (mais qui donc ??) ou encore que la nature fait peur aux citadins. Il est contre la procréation médicalement assistée, il n‘a rien contre le mariage homosexuel mais s’oppose à l’adoption d’enfants dans ce cadre. Il préconise une éducation à l’écologie dès le plus jeune âge mais n’est-ce pas ce qui est fait déjà ? Le titre du livre s’annonce optimiste mais les propos de l’agriculteur-penseur sont plutôt pessimistes.

              Et puis, comme toujours face à ces discours pro-écolo (auxquels j’adhère, je le répète), on se sent toujours coupables et on se retrouve là, les bras ballants, sans savoir que faire pour améliorer les choses et rendre notre planète moins polluée. Alors bien sûr qu’on a toujours besoin de ces voix qui réveillent les consciences endormies mais je préfèrerais du concret, du solide, du palpable. … rahhh, c’est difficile de dire que je n’ai pas aimé ce livre, zut alors ! Gardons en tête ces notions de modération et de sobriété si chers à Pierre Rabhi et que j’approuve totalement.

 

Qui est contre ? « Je suis pour l’abolition de l’asservissement de la personne humaine lorsque l’on crée des richesses qu’une minorité accapare et concentre à son profit »

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12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 14:57

 

Résultat de recherche d'images pour "quand sort la recluse de fred vargas"

         Depuis ma lecture des Temps glaciaires, je me suis fait la promesse de guetter toutes les sorties de cet auteur que je boudais auparavant. Je ne le regrette pas !

         Trois hommes sont morts suite à une morsure d’araignée, une araignée particulière nommée « la recluse » qui, pourtant, se montre discrète et peureuse. Notons également que pour tuer un homme, le venin d’une morsure ne suffit pas. Pour le commissaire Jean-Baptiste Adamsberg, cela ne fait aucun doute : il s’agit de trois meurtres. Pour son collègue Danglard, cette histoire ne regarde que les épidémiologistes et les médecins. Il y a donc conflit au sein de la Brigade criminelle de Paris! Adamsberg, plus borné que jamais, écoute ses petites bulles intérieures qu’il appelle « proto-pensées » et qui le mènent sur la piste d’un orphelinat. En effet, toutes les victimes de la recluse ont été à l’orphelinat de la Miséricorde, au même moment. Et on découvre un peu plus tard que c’était vraiment des sales gosses qui enfermaient des araignées dans le pantalon des autres pensionnaires, défigurant les uns, mutilant d’autres. Les victimes de ces bourreaux (surnommés les « blaps » par le commissaire) seraient-ils les assassins ? Rien n’est prouvé mais les morts se multiplient, toujours de la même bande de sadiques de la Miséricorde. Le mot « recluse » est peut-être à prendre à son sens premier : une femme retirée du monde ? La clé de l’énigme est sans aucun doute un entremêlement des deux définitions. Adamsberg remet son passé sur la table, se souvient d’une bonne femme vivant seule, en ermite, dans un pigeonnier. De fausses pistes en échecs, Adamsberg doit aussi empêcher Danglard de démissionner. Quelques garbures en guise repas, du madiran pour étancher sa soif et des voyages dans le Béarn, et hop ! l’affaire est résolue !

 

            Eh bien j’ai adoré ! Je me suis complètement laissée prendre par cette enquête où on n’a pas tellement envie que le meurtrier soit condamné vu l’itinéraire de salauds des victimes. J’ai retrouvé avec plaisir les personnages flics que sont Retancourt, la femme taureau, Froissy la spécialiste en informatique qui va voir son quotidien amélioré grâce à Adamsberg, le chat de la photocopieuse ou encore  Veyrenc, super copain d’Adamsberg. De petites leçons sur les araignées sont données en prime, ce qui ne gâche en rien la lecture. Certes, on pourrait reprocher quelques hasards trop heureux, quelques éléments peu crédibles, le cerveau d’Adamsberg exagérément doué mais il faut bien avouer que cette lecture est addictive, extrêmement plaisante et l’intrigue sacrément réussie !

 

« Bien, dit Adamsberg, nous voici au complet pour dire ce que nous savons tous : le fiasco est intégral. Nous nous sommes trompés. Je veux dire : je me suis trompé. La piste était lumineuse, mais elle était fausse. »

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