
Il ne faut jamais dire « jamais » n’est-ce pas... Alors que je ne voulais vraiment pas lire ce roman (un peu lassée par le style Fabcaro), un mot d’une amie a suffi pour me faire changer d’avis...
Boris a écrit le scénario d’un film intitulé Les servitudes silencieuses qui vient d’être accepté par un producteur. Ce virage très positif dans sa vie est l’occasion pour lui de se confier à un journal. Il y raconte son projet de film : une histoire d’amour et de rupture entre un homme (il voit très bien Louis Garrel dans le rôle) et une femme (si ça pouvait être Mélanie Thierry), quelque chose d’épuré, poétique et un peu intellectualisé. Le producteur lui demande de réfléchir au choix trop élitiste du noir et blanc ; certes, Boris admet que la couleur peut avoir des qualités. Comble de chance, Boris rencontre une professeure de cinéma, Aurélie, à qui il raconte avec plaisir qu’il va faire un film avec Garrel et Mélanie Thierry (oui, il met la charrue avant les bœufs). Finalement, le producteur toujours aussi enthousiaste lui permet de rencontrer un ponte de M6, très excité par le projet aussi mais qui verrait plutôt Kad Merad dans le rôle d’Ariel, le protagoniste du film. Douche froide pour notre Boris... qui rebondit quelques jours plus tard et accepte le changement d’acteur sans révéler la vérité à Aurélie, toujours plus éprise. Il va modifier son scénario et, après cette désillusion, trouve le résultat plutôt intéressant. De déceptions en revirements, le scénariste va voir son projet initial se déliter pour devenir un film complètement différent de ses projets et de ses rêves.
Que dire que dire ?... ça se lit très vite, c’est divertissant, reposant même. Les 70-80 premières pages (le livre n’en compte que 189), on attend le moment-clé, le passage drôle, on devine la suite pour ce menteur qui se dégonfle face aux diktats de son producteur, qui n’ose dire à son meilleur ami que les affiches proposées par son fils sont nullissimes, qui redore son blason et sauve les meubles comme il peut avant de couler. Et puis le passage drôle n’arrive pas vraiment, on cherche encore l’acmé qu’on devine plus ou moins dans les parties du scénario imposées à Boris qui n’aura plus grand-chose à dire du tout. Fabrice Caro s’est fait plaisir en montrant qu’il était un cinéphile averti puisque les références aux films culte sont nombreuses, il s’est aussi fait plaisir en écrivant un morceau de scénario (qu’il espérait, il le dit en interview, poétique – j’aurais tendance à dire pathétique et parodique). La dénonciation du nivellement par le bas du cinéma où la part de liberté semble archi restreinte apparaît gros comme une maison à chaque instant mais là où j’aurais dû rire, j’ai à peine souri. J’aurais donc dû me fier à mon instinct premier et éviter cette lecture (qui n’a pas été désagréable non plus, je le répète).
Le fils de son pote, Julien, ne cesse d’envoyer des propositions d’affiches de film : « Message de Jujulafrite. Toujours pas un mot. Pièce jointe Essai 6. Il a fait une tentative d'affiche dessinée. Comme celles d'Alain Resnais, réalisées par Floc’h. Mais Julien n'est pas Floc’h, il n'a même pas la moindre disposition pour le dessin. J'ai l'impression d'être face à un de ces tatouages de Johnny Hallyday sur le bras épais d'un motard sexagénaire. Louis Garrel (je suppose que c'est lui) ressemble à s'y méprendre à Bernard Ménez, jeune. Julien me fait prendre conscience du fait que, à quelques dixièmes de millimètres près, on peut être soit Louis Garrel soit Bernard Ménez. À quoi tient la vie. Mélanie Thierry est méconnaissable, si ce n'est par ses cheveux blonds et ses yeux Bleus, animés d'ailleurs d'un étrange strabisme divergent. Les servitudes silencieuses avec Bernard Ménez et Jean-Paul Sartre. »
Le discours (que j'ai beaucoup aimé) et Broadway (un peu moins).
Quelques BD : La clôture, On n'est pas là pour réussir, Z comme don Diego, moins connus que Zaï zaï zaï zaï.





![La Synagogue - (Joann Sfar) - Documentaire-Encyclopédie [CANAL-BD]](https://www.canalbd.net/img/couvpage/35/9782205203356_pg.jpg)






