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25 décembre 2023 1 25 /12 /décembre /2023 07:47

Je vous souhaite de belles fêtes de Noël, joyeuses, festives et gourmandes ou simples et souriantes, au choix !

Je vous laisse avec une photo de Max Rive, quelque peu vertigineuse ...

Les magnifiques paysages de Max Rive | Webdesigner Trends

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23 décembre 2023 6 23 /12 /décembre /2023 10:52

Alice pour le moment

Du théâtre ! Du théâtre !

         Alice, chilienne de naissance, est une jeune adolescente solitaire dont les autres se moquent facilement. Elle et ses parents changent souvent de lieu d’habitation au gré des différents boulots de son père : « boxeur, déménageur, palefrenier, figurant dans des films, homme-Sandwich et Père Noël dans les rues d'une grande ville, artisan menuisier, artisan boulanger, artisan charcutier, affûteur de couteaux, rempailleur de chaises, magnétiseur, charlatan », ... C’est la vieille Mercedes qui tire une remorque emplie du bric-à-brac familial. Le père vole des noisettes et la mère fredonne une chanson chilienne de sa jeunesse.

         Que j’aime l’écriture de ce dramaturge ! Non seulement ses mots, d’une belle simplicité, sonnent juste mais l’univers qu’il crée, légèrement à côté de celui du commun des mortels, est toujours empli de tendresse. Alice pour le moment, c’est aussi ce début de l’adolescence où le corps change, où la tête se cherche sans se trouver, c’est aussi le premier baiser avec un garçon qu’on ne reverra plus jamais, c’est ce nomadisme à la fois contraint et choisi, c’est « rouler tout droit jusqu’à la dernière goutte d’essence », c’est cet accent chantant et l’irrémédiable exil. Alice a des points communs avec Lys Martagon par son originalité, son affirmation de la différence, sa liberté. Une pièce avec 7 à 14 comédiens, à lire, à jouer, à regarder à tout âge.

« Je marchais

Je marchais dans le sens inverse au sens du matin.

Je marchais sur le chemin.

Celui que je prenais deux fois par jour.

Cinq fois par semaine depuis quatre mois.

Quatre mois que nous habitions ici.

On s’habitue très vite, trop vite peut-être, à suivre tous les jours le même chemin. »

 

« J'ai appris à marcher sur un trottoir qui n'était pas mon trottoir.

Avec une épée de Damoclès au-dessus de ma tête.

 J'ai appris à penser, à écrire, à lire, à compter.

 Dans un pays qui n'était pas mon pays. Mes papiers

Comme mes amis

Comme mes maisons

Comme mes amours

N'étaient que provisoires.

Je m'appelle Alice. Alice pour le moment.

Parce qu'il fallait bien décider d'un prénom à notre arrivée ici. »

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19 décembre 2023 2 19 /12 /décembre /2023 12:11

Leçons - Ian McEwan - Librairie Mollat Bordeaux

Il me tardait de retourner vers cet auteur dont j’ai tellement aimé Sur la plage de Chesil, L’intérêt de l’enfant ou L’Opération Sweet Tooth (et moins d’autres titres que je vais taire).

Alissa, la femme de Roland Baines a disparu. Alors que leur garçon n’a que trois mois, elle a décidé de quitter mari et enfant sans donner d’explications. Roland, poète-pseudo journaliste-pianiste, se débrouille comme il peut mais cet événement va surtout lui donner l’occasion de se remémorer son passé : son enfance en Lybie, sa venue à Londres sans ses parents, sa liaison à 14 ans avec sa professeure de piano, les moments-clés de l’Histoire allant de la crise des missiles de Cuba au confinement des années 2020 en passant par la catastrophe de Tchernobyl et la Chute du Mur de Berlin, entre autres : les événements historiques ont évidemment une résonnance dans la sphère privée des personnages.  Des histoires d’amour, des réunions de famille, des concerts de piano, la vie de Roland va s’écouler et nous le quitterons lorsqu’il aura plus de 70 ans.

Ian McEwan est un auteur qui sait se renouveler et surprendre. On sent ici une part de dimension autobiographique (et pour utiliser de beaux poncifs : l’œuvre de la maturité, mais c’est vrai, et il a déjà 75 ans le bougre). Je n’ai pas tout aimé (d’après moi, il y a une centaine de pages en trop, plutôt au début) mais l’intrigue est prenante et l’idée qu’Alissa ne puisse se réaliser dans sa carrière d’écrivain que si elle rompt avec sa famille questionne et mérite qu’on s’y attarde... C’est une femme qui va effectivement être élevée au rang de véritable génie littéraire toujours à distance de sa famille. L’auteur excelle dans la réalisation du portrait de toute une vie, celui d’un homme, avec ses failles et ses qualités, ses erreurs et son passé qu’il ne peut modifier. Ces vies racontées du début à leur fin ont toujours un côté vertigineux et effrayant par leur complexité et leur brièveté. Avec ce retour sur les dernières décennies de l’Histoire de l’Angleterre voire de l’Europe, on ne peut que songer à Jonathan Coe. Les deux écrivains excellent à proposer une vision très juste de notre société par le prisme d’un personnage fictif attachant et complexe. Ici, ce sont aussi les thématiques de l’art, du pardon, de l’éducation, la nature, le deuil, la mise en abyme que j’ai appréciés aussi ... et certains passages sont de pure beauté. A lire si 649 pages ne vous font pas peur...

« Comprends-tu de près ou de loin à quel point dans l'histoire, il a toujours été difficile pour les femmes de créer, d'être artistes, chercheuses, d'écrire ou de peindre ? »

A la mort du père de Roland : « Une pensée terriblement inconvenante. Une libération. Le ciel s'était agrandi au-dessus de lui. Tu n'es plus le fils de ton père. Tu es le seul père désormais. Nul homme devant toi sur le chemin menant à ta propre tombe. Cesse de faire semblant - l'euphorie est aussi approprié que le chagrin. »

On en est sans doute tous là ... : « il songea qu'il n'avait rien appris dans l'existence, et n'apprendrait jamais rien. »

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16 décembre 2023 6 16 /12 /décembre /2023 15:38

Livre Loire | Futuropolis

Louis, un monsieur aux cheveux blancs, va retrouver Agathe, une maîtresse qui l’a quitté il y a des années. Il parcourt une contrée traversée par la Loire, flâne et se baigne dans le fleuve avant d’arriver dans la belle maison d’Agathe. Surpris, il y découvre d’autres invités qui sont tous les ex de la dame... sauf qu’Agathe est absente, et pour cause : elle est décédée et a confié les clés de sa maison à des amis qui ont pour mission de réunir ses anciens amants. Chacun encaisse plus ou moins bien la nouvelle, Agathe a toujours été fantasque et surprenante. On boit pas mal, on se balade, on cuisine ensemble, on se recueille au pied de l’arbre où les cendres de la défunte ont été éparpillées, on évoque les bons moments du passé mais pas les soucis du quotidien. Des liens se tissent parmi ceux qui étaient jadis rivaux. Et la Loire est là, spectatrice de la vie des hommes...

Cet album est une merveille ! Les dessins tout d’abord :  j’ai retrouvé tout le Davodeau que j’aime, des aquarelles aux teintes douces, des paysages qui font rêver, une belle maîtrise des couleurs, un brillant hommage est rendu à ce fleuve. L’histoire elle-même est touchante sans être mièvre, elle évoque la vie et la mort sans heurts mais avec une grande délicatesse. Le personnage central de cet album, la Loire, est magnifié par le dessinateur qui excelle dans les cases sans dialogue. Je suis tombée amoureuse de l’album dès les premières planches avec ce bonhomme qui se baigne nu sur un coup de tête et, ne parvenant plus à sortir du fleuve, se laisse emporter par le courant avec douceur et plaisir. Le reste n’est que pur bonheur et une ode à la nature en toute simplicité. Superbe !

 --   Coup de cœur   --

« Est-ce qu’un fleuve, en nous parlant de lui, peut nous parler de nous ? De nos façons de le considérer ? de nos façons de vivre ? Tu vois, ce que nous a laissé Agathe, c'est peut-être ça. Un des plus beaux moments de nos existences. Et des questions nouvelles. »

 

Loire, bd chez Futuropolis de Davodeau

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13 décembre 2023 3 13 /12 /décembre /2023 14:45

13 à table ! 2024 - 10ème édition | Collectif | Pocket

Cela fait bien longtemps que je n’avais pas acheté ce recueil de nouvelles (je le rappelle : un livre acheté, 5 repas distribués par le Restaurant du Coeur). Si Riad Sattouf est l’auteur de la belle première de couverture, ce sont 15 auteurs qui ont chacun, écrit une petite histoire sur le thème « J’ai dix ans. » (puisque l’opération 13 à table ! a dix ans cette année.)

Philippe Besson s’intéresse à la fin de son enfance à lui, le moment où le temps de l’innocence était révolu par une tragédie familiale et la découverte de son homosexualité. Michel Bussi évoque l’indifférence générale face à un naufrage d’un bateau de migrants (une des passagères est une fillette de dix ans). Maxime Chattam fait un lien entre l’assassinat de JFK, quand le narrateur avait dix ans, et une attaque terroriste dans un centre commercial survenue des années plus tard. La nouvelle de Lorraine Fouchet fait basculer une marchande de fromages dans la science-fiction. Pour Leïla Slimani, le confinement de 2020 prend des allures de huis clos étrangement oppressant.

Je me demande toujours comment ça se passe pour ce genre de collectif où un thème est imposé avec un délai à respecter. Est-ce que chaque auteur « pond » son texte comme un pâtissier honore sa commande de Paris-Brest (c’est mon dessert préféré), c’est plié en quelques heures ? Est-ce que le thème le barbe ? Le fait-il avec plaisir ? Evidemment, les écrivains sont, pour la plupart, restés dans le style et leur genre. Si j’ai lu tous ces textes avec plaisir, « 69, année fatidique » de François d’Epenoux est sorti du lot pour moi, tant pour l’originalité de l’histoire (entre réalité et SF : à 69 ans, chacun peut choisir de mourir en échange d’une belle somme d’argent à offrir à ses proches, les démarches à accomplir placent le narrateur à une belle femme dont il va peut-être tomber amoureux... ) que pour la délicatesse de sa plume que je ne connaissais absolument pas. Mon petit chouchou Jaenada s’est également démarqué en racontant une histoire de confession et de saynète catholique où, à dix ans, il a dû jouer l’olivier, mais je dois admettre que j’ai trouvé toutes les nouvelles de qualité, j’ai même été surprise d’apprécier certains textes d’auteurs que je ne lirai (plus) jamais tels que Martin-Lugand, Raphaëlle Giordano ou encore Romain Puértolas. Une jolie compilation !

Avez-vous lu les précédentes versions ?

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9 décembre 2023 6 09 /12 /décembre /2023 20:10

Prix Femina 2017 "La Serpe", de Philippe Jaenada : "La littérature permet  de creuser sous les apparences"

Après l’excellent La petite femelle et l’amusant Plage de Manaccora, 16h30 , j'avais hâte de poursuivre ma découverte de cet auteur complètement à part.

On nous emmène dans la vie d’Henri Girard qui est d’abord présenté comme un garçon puis un adolescent capricieux, dépensier, colérique et rebelle et c’est pourtant le même type qui, des années plus tard (bien après la tragédie), va écrire La Salaire de la peur, le roman qui a inspiré le célèbre film de Clouzot, mais va également faire preuve d’humanité et d’altruisme dans sa vie quotidienne. Que s’est-il donc passé entre la première et la dernière partie de sa vie ? Un meurtre, ou plutôt un triple meurtre le 24 octobre 1941. Dans le château d’Escoire, demeure familiale près de Périgueux, le père d’Henri, sa tante et la bonne sont retrouvés sauvagement assassinés à coups de serpe. Henri, qui dormait à l’extrémité du château n’a rien vu ni entendu. Evidemment, il va être suspecté d’autant plus qu’il n’affiche pas un grand chagrin. Philippe Jaenada va le prouver, l’enquête a été bâclée, la scène du crime malmenée, certains policiers ont mal fait leur boulot et, finalement, après dix-huit mois de prison, Henri sortira acquitté et libre et disparaîtra deux ans en Amérique du Sud . Jaenada lève la lumière sur les incohérences de l’affaire et la personnalité complexe d’Henri Girard en se rendant sur place, à Périgueux puis au château et en épluchant méticuleusement les archives de cette histoire.

Dès les cinquante premières pages (il y en a tout de même 634), je me suis dit que j’aimais moins ce roman que La petite femelle. La suite l’a confirmé. Si certains passages sont absolument passionnants, si cette enquête menée quelque soixante-dix ans après les faits mérite les applaudissements (de tous y compris des plus grands enquêteurs !) tant elle est minutieuse et réfléchie, j’ai trouvé qu’il y avait quand même de sacrées longueurs et qu’une insistance trop grande était faite sur des détails qui auraient pu être évoqués plus brièvement. On passe des pages et des pages sur une fenêtre et un volet impossibles à ouvrir ou un foulard retrouvé dans l’herbe. Le roman met parfaitement bien en évidence la tyrannie des vraisemblances et des apparences trompeuses, et les différentes manières de considérer une situation, un individu. Lorsque tout portait à croire que le Henri jeune n’était qu’un rebelle insolent et irrespectueux, Jaenada prouve qu’il existait encore le père et le fils un amour rare et une complicité inégalable. Evidemment, j’ai encore une fois adoré l’humour et la bonhommie de celui qui vide les bouteilles de whisky de son bistrot préféré qui n’en rate pas une pour nous faire sourire ou placer discrètement (ou pas) une petite phrase sur sa vie perso.

Un petit aperçu du style Jaenada pour les rares qui ne le connaîtraient pas encore :  « Valentine Arnaud est issue d'un milieu sinon modeste, du moins normal (vulgaire). Sa mère est commerçante, son père, professeur de lycée. Elle l'est d'ailleurs elle-même de français - au lycée aussi, la honte. Et ce n'est pas le pire. Elle est athée, la garce, farouchement athée. Pour couronner le tout (d'épines sur le front respectable et sensible de ses beaux-parents), elle est de gauche, et pas à moitié, pas pour se donner un genre : elle méprise l'argent, la finance, le carriérisme, les patrons et les honneurs (au secours), elle a bien connu Lénine en 1910 à Paris - Cécile Gratet-Duplessis porte les deux mains à son coeur. George est fou d’elle, rien ne l’arrêtera. Elle a huit ans de plus que lui. (Où est la caméra cachée ? demandent Charles et Cécile - dans les situations cauchemardesques, on envoie les anachronismes au diable.) »

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6 décembre 2023 3 06 /12 /décembre /2023 11:42

Merel - Lodewick Clara - Leslibraires.fr

Merel est une journaliste d’une quarantaine d’années qui vit seule dans une maison à l’écart d’un village où elle a grandi. Elle y élève des canards, y retrouve parfois son amant et passe beaucoup de temps dans le club de foot et au bistrot où elle retrouve ses copines et surtout ses copains. Tout commence à dégénérer quand des rumeurs prétendent que Merel a des vues sur Geert, un homme marié dont la femme, jalouse et malheureuse, ne va faire qu’amplifier les ragots en traitant Merel de fille facile. De plus en plus recluse, Merel se voit embêter par les jeunes du village puis carrément harceler. Les intimidations se transforment en actes de malveillance et l’exclusion sera quasi généralisée de la part des villageois.

J’ai mis quelque temps à me faire aux dessins, les traits des personnages sont plutôt grossiers, mais finalement, je me suis laissée portée par cette histoire de harcèlement ordinaire. La vie d’un village est assez bien croquée : quand tout le monde se connaît, quand on pensait pouvoir faire confiance là où l’effet de groupe finit par dominer. Malgré quelques longueurs, j’ai aimé rester un bon bout de temps avec cette femme courageuse qui ne s’est pas laissé aller au désespoir quand elle aurait pu ficher le camp ou tomber en dépression. C’est un petit garçon, un peu coupable mais surtout altruiste, qui est au cœur de sa renaissance. Le retournement de situation final est assez soudain et heureux mais on a le droit d’être optimiste, parfois... C’est Clara Lodewick, une toute jeune autrice belge, qui signe cette chronique de la bêtise ordinaire ; la dessinatrice a sans aucun doute un bel avenir devant elle.

Merel - (Clara Lodewick) - Drame [BDNET.COM]

 

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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 11:08

L'Empathie - L'Empathie - Antoine Renand - Poche - Achat Livre ou ebook |  fnac

Alpha est un criminel qui sait entrer en douce dans les appartements pour surprendre ses victimes. Il les viole, les torture ou les tue, selon l’occasion et ses envies. Anthony et Marion, les flics, fonctionnent efficacement en duo malgré leur passé respectif ô combien douloureux. Alpha est de plus en plus efficace, il sait même s’approcher du domicile des flics eux-mêmes. Tout dégénère quand il parvient à entrer dans l’appartement d’Anthony pour dévoiler son secret très intime et le diffuser sur les réseaux sociaux. Les dommages collatéraux seront tragiques mais Alpha s’en sortira... pour mieux recommencer ?

 J’étais vraiment en manque de polars et je me suis plongée dans ce roman avec délice, l’histoire est addictive et le suspense maîtrisé mais la surenchère de violences a tout de même un haut potentiel vomitif car le pire n’est pas épargné au lecteur : viols, supplices corporels, pédophilie. Et on se surprend à être accroc à une histoire aussi glauque, c’est là que ça finit par me déranger sérieusement. Le roman a bien des qualités pourtant : il maintient une pression dans le suspens tout au long des presque 500 pages, découpe l’histoire en chapitres et ne révèle que très progressivement le passé et le passif des protagonistes... qui eux sont bien dessinés. Mais encore une fois, il y a des scènes que j’aurais préféré ne pas avoir lues et des invraisemblances qui ont fait que j’étais heureuse de finir le roman. Une suite existe, je ne la lirai pas.

« Les mains dans le dos en faisant un nœud de capelage. Puis il attacha également les pieds et les poignets de l'Oméga. Avant de le gifler pour le faire revenir à lui et lui enjoindre de regarder ce qui allait se passer. Il ramassa le string de la femme, laissé par terre, et le lui enfonça dans la bouche en la prévenant qu’il lui fracturerait le nez si elle le recrachait. Il enroula l'un de ses bas depuis sa bouche jusque derrière sa nuque et garda les deux extrémités dans son poing serré pour la tenir comme un cow-boy tiendrait sa monture. »

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30 novembre 2023 4 30 /11 /novembre /2023 17:09

La danseuse - Patrick Modiano - Librairie Dialogues

Le narrateur dont on ne sait presque rien se souvient, à l’occasion d’une rencontre - celle de Serge Verzini - d’une amie danseuse qu’il a connue au temps de ses jeunes années. Il a du mal à faire ressurgir des souvenirs nets et précis et doit se contenter d’à-peu-près, de réminiscences incomplètes et éphémères. Cette danseuse - très assidue et consciencieuse dans sa pratique et ses cours quotidiens - avait alors un petit garçon nommé Pierre dont elle confiait la garde à Hovine, parfois au narrateur. Et c’est précisément ce Serge Verzini qui avait provoqué la rencontre entre le narrateur et la danseuse, et les deux se côtoyaient alors tous les jours dans une ville en effervescence, propice à la fête, à la légèreté et aux rencontres.

Modiano ou une belle lacune littéraire pour ma part ! J’ai dû lire Un pedigree il y a une vingtaine d’années qui m’a ennuyée et ne m’a vraiment pas marquée ... le serai-je davantage avec La danseuse dont le titre avait tout pour me plaire ? Le narrateur creuse le passé à tâtons, se remémorant par bribes cette jeunesse très parisienne, le monde des arts et cette danseuse accompagnée d’une flopée d’hommes et de femmes dont le narrateur s’efforce à se souvenir les noms, s’en rappelle parfois mais pas complètement. Si j’ai bien compris, le narrateur est un double de l’auteur qui, lui aussi, peine à trouver sa place dans le Paris actuel encombré de touristes. J’ai eu un mal fou à m’accrocher à cette histoire qui n’en est pas vraiment une, à ne pas me répéter que, quand même, on s’ennuie sec. Une lueur apparaît subrepticement quand on devine le parallèle entre l’art de la danse et celui de l’écriture que l’auteur/narrateur tente de pratiquer : discipline, ordre et endurance sont indispensables. Peut-être faut-il être fin connaisseur de Modiano ou alors vrai Parisien pour apprécier ce livre ? En tous cas, certaines images comme ces touristes qui seraient tous habillés de la même manière ou cette rengaine du « c’était mieux avant » m’ont perdue. Dommage. Je ne sais pas si ça vaut le coup que je revienne vers cet écrivain, d’autant plus que, quand je lis des résumés d’autres romans, les errances parisiennes associées à des souvenirs très flous semblent être son domaine de prédilection. Je terminerai par dire que j’ai écouté parler Modiano ... à l’oral comme à l’écrit, il y a la même hésitation, cet entre-deux, cette incertitude, ce brouillard. Bon, généralement, il termine quand même ses phrases dans le roman...

L’incipit : « Brune ? Non. Plutôt châtain foncé avec des yeux noirs. Elle est la seule dont on pourrait retrouver des photos. Les autres, sauf le petit Pierre, leurs visages se sont estompés avec le temps. D'ailleurs, c'était un temps où l'on prenait beaucoup moins de photos qu'aujourd'hui. »

De sa conversation avec Verzini qui découvre un manuscrit chez lui : « C'est un peu comme vous, je suppose que vous travaillez à cette table sur toutes ces feuilles, parce que vous aussi vous avez besoin d'une discipline. » J'étais étonné de sa clairvoyance. À croire qu'il m'avait percé à jour. Je lui dis : « Je prends exemple sur la danseuse. » Il avait achevé de ranger les feuilles et posait avec délicatesse leurs piles au milieu de la petite table. »

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27 novembre 2023 1 27 /11 /novembre /2023 17:09

Béa Wolf (version française) - Boulet - Les libraires d'en haut

Il était une fois, il y a fort longtemps, des enfants conquérants, indociles et indomptables qui vivaient leur existence dans une liberté totale, sans rythme ni obligations. Tout n’était que bonbons, sorbets, jouets, cartes et soda. Ils s’étaient reclus, pour le plus grand plaisir, dans une cabane perchée en haut d’un arbre. Un jour cependant, le terrible Grindle, un adulte capable, d’une seule pichenette, d’adultiser et d’adolescentiser les enfants, brisa ce bel équilibre joyeux. C’est Béa Wolf, une intrépide combattante, haute comme trois pommes qui va mener la rébellion contre Grindle et protéger ainsi la « cabane de cœur-d’arbre » et tous les enfants.

Quelle réussite que cet album !! Empli de délicatesse, intelligent, drôle, subtil, il reprend le mythe de Beowulf (je ne sais pas trop en quoi parce que je ne connais que de nom) pour en faire une épopée d’enfants et nous dépayser complètement. La révolution en pyjama est douce mais déterminée, certains passages sont très drôles (ma fille a beaucoup aimé cette histoire de légumes volés : « On subtilisa des salsifis dans les souliers, des poireaux dans les poches, des choux de Bruxelles dans les bottes, du concombre dans les culottes, on cala du chou kalé dans les joues et chaparda du chou-fleur dans les t-shirts. ») Evidemment que le combat sera rude mais les enfants vaincront Grindle jusqu’à l’arrivée d’un autre adulte, qui, en chemisier et chignon, ne parlera que de « brocantes et bricolos » ...  On navigue entre jeu et gravité, entre innocence et tragédie et les dessins en noir et blanc rendent honneur à la beauté des textes, fantasques et précis.

Une BD à mettre entre toutes les mains.

Tout commence lorsque Grindle entend les bruits de la fête des enfants : « Il se réfugia dans son SUV, roussi, renfrogné, rageur et réduit au silence. Les bambocheurs, quant à eux, en envoyèrent leurs boooooing aux quatre coins des banlieues jusqu'à ce que la lune entre en scène et que les étoiles mouchètent l'océan sans rive. Lentement, les champs se turent. À court de sucre, tous s'étaient endormis. Une fois le dernier d'entre eux partis arpenter le pays des rêves et tous étendus, ronflants, sur le plancher parsemé de pop-corn, les incisives incrustées de sucre, la bouche bordée d'un anneau de vermicelles multicolores, les joues encore pleines de gâteau et nappées de chocolat... arriva Grindle »

« Alors la princesse guerrière et le saboteur de salle se lancèrent dans une sarabande. Lui, filant comme une anguille, se languissait de son foyer, havre de paix et de poireaux. Elle, tenace, valsait sans cesse, consciente de tenir entre ses mains le sort de la grande salle ! »

J'avais découvert Boulet avec Par bonheur, le lait et La page blanche.

Béa Wolf, bd chez Albin Michel de Weinersmith, Boulet

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