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23 septembre 2018 7 23 /09 /septembre /2018 08:10

 

Résultat de recherche d'images pour "Qui a tué mon père d’Edouard Louis"

           Dans ce très court roman, l’auteur évoque son père, les carences affectives qu’il a subies pendant son enfance et son adolescence, la misère et la pauvreté culturelle de son milieu, la dureté de son père. A travers des souvenirs datés, il revient sur ses frustrations, ses manques, l’absence de reconnaissance paternelle. Ainsi, quand il avait improvisé un spectacle avec quelques autres enfants à même pas dix ans, il a vu son père tourner la tête pour ne pas le voir. Un père qui avait honte des attitudes féminines de son fils, qui a provoqué la violence dans un univers déjà violent. Un père qui, finalement, se retrouve seul et infirme après une vie pénible d’ouvrier.

           On peut nettement diviser cette harangue en deux parties : la première, pas vraiment étonnante ou novatrice  pour celui qui a lu Pour en finir avec Eddy Bellegueule, une sorte d’attaque en règle contre un père peu présent, incapable de faire preuve d’affection ou de soutien. La seconde partie fustige les politiciens au pouvoir, ceux qui ont, successivement, supprimé les aides sociales et, par conséquent, l’estime de soi du père d’Edouard Louis (Sarkozy, Chirac, Hirsch, Macron, etc.) Ces deux parties m’ont paru trop contradictoires pour être crédibles : la défense après l’attaque, la soi-disant reconversion du père, l’apitoiement du fils, je n’y ai pas adhéré. Je veux bien croire en la souffrance du fils, à qui on n’a jamais donné suffisamment d’amour mais ce virage politique des dernières pages m’a laissée pantoise. En outre, il faut bien admettre que ce discours de 85 pages, lu en même pas une heure, manque finalement de consistance. J’espère au moins qu’il aura eu ses vertus thérapeutiques pour l’auteur.

« Je voudrais essayer de formuler quelque chose : quand j'y pense aujourd'hui, j'ai le sentiment que ton existence a été, malgré toi, et justement contre toi, une existence négative. Tu n'as pas eu d'argent, tu n'as pas pu étudier, tu n'as pas pu voyager, tu n'as pas pu réaliser tes rêves. Il n'y a dans le langage presque que des négations pour exprimer ta vie. »

Absolument d'accord avec cette remarque et pourtant ce sont eux qui ne vont pas voter :

Une année, la prime de rentrée augmente de presque cent euros : « Chez ceux qui ont tout, je n’ai jamais vu de famille aller voir la mer pour fêter une décision politique, parce que pour eux la politique ne change presque rien. Je m’en suis rendu compte, quand je suis allé vivre à Paris, loin de toi : les dominants peuvent se plaindre d’un gouvernement de gauche, ils peuvent se plaindre d’un gouvernement de droite, mais un gouvernement ne leur cause jamais de problèmes de digestion, un gouvernement ne leur broie jamais le dos, un gouvernement ne les pousse jamais vers la mer. La politique ne change pas leur vie, ou si peu. Ça aussi c’est étrange, c’est eux qui font la politique alors que la politique n’a presque aucun effet sur leur vie. Pour les dominants, le plus souvent, la politique est une question esthétique : une manière de se penser, une manière de voir le monde, de construire sa personne. Pour nous, c’était vivre ou mourir. »

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commentaires

E
J'ai tellement détesté le premier que je ne risque pas de lire celui-ci, et ce n'est pas toi qui va me faire changer d'avis ;)
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A
Je pense à ma mère qui était ouvrière elle aussi, mais dont la magnifique humanité n'a jamais été dévoré par sa condition, même si elle a imposé de cruelles limites à son existence. Peut-être le milieu n'explique-t-il pas tout.
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L
Hmm "En finir avec..." m'a beaucoup touchée, contre toute attente (il ne me tentait pas au départ puis on me l'a prêté avec insistance). Mais je ne suis pas sûre d'avoir envie de continuer dans cette veine. J'aimerais lire l'auteur dans autre chose...
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T
C'est un auteur qui ne me tente vraiment pas!!
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V
je sais que je ne le lirai plus!
A
J'avais trouvé que son premier roman, déjà, manquait de consistance.
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V
celui est pire, garde-toi de le lire alors !
J
Vaut mieux pas que je mette le nez dedans, je suis à peu près certain que je détesterais ce bouquin.
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V
:)
C
Après avoir franchement peu apprécié Eddy Bellegueule je ne lirai certainement pas celui-ci... Le fils qui critique son milieu et ses propres parents ça va deux minutes, il serait temps d'écrire autre chose pour être crédible.<br /> Je passe mon tour sans regret.
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V
je m'en serais bien passée aussi, tu as raison!
S
Les écrits et les parole de cet auteur me laissent assez mal à l'aise. Je ne sais donc pas si je vais continuer à le lire.
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V
je comprends très bien, il est en souffrance et l'exprime comme il peut, me semble-t-il ...
N
ce récit me fait penser - dans les grandes lignes - au roman que je lis actuellement de sébastien ministru, qui parle aussi des relations difficiles entre père et fils
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V
je ne connais pas le livre dont tu parles.
M
Je ne me suis pas encore décidée à lire un de ces livres. Je ne sais pas pourquoi cela ne me tente pas...Quand je le vois à la télé, je suis tentée car je sens que ce qu'il a à dire est important et doit être entendu et d'un autre côté mes amis du cercle de lecture auquel je participe qui ont lu le premier, l'ont trouvé très difficile...et ne sont pas arrivées au bout. Or je connais nos points communs dans nos ressentis. Alors je verrai...si la rencontre doit se faire, elle se fera car je pense qu'il n'y a pas de hasard dans nos lectures...Merci en tous les cas pour ton ressenti.
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V
Je pense que c'est un homme qui a beaucoup souffert et qui souffre encore, j'espère que la notoriété et le succès lui apportent du positif et l'aident à avancer.
V
J'ai encore Eddy Bellegueule en travers de la gorge.
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V
il ne m'avait pas déplu mais pour moi ce n'était pas révolutionnaire non plus! Y'a qu'à se balader dans les bleds paumés...
E
je n'arrive pas à lire cet auteur pour l'instant... J'ai du mal avec ses prestations télévisées, du coup je redoute la violence, et surtout la souffrance que je sens intuitivement chez lui :-)
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V
et il l'exprime encore d'une drôle de manière sa souffrance, je ne suis pas sûre qu'il soit au clair avec lui-même...
K
J'ai abandonné le premier que je n'ai pas aimé du tout, surtout l'écriture. Je ne compte pas le relire et ta critique ne m'incite d'ailleurs pas à le faire.
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V
je comprends, surtout que, pour moi, il est nettement un cran en-dessous du 1er.
A
Toujours pas lu cet auteur mais peut-être qu'il ne m'intrigue pas assez.:-)
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V
ce n'est pas moi qui te donne envie de t'y intéresser, je comprends bien !
V
c'est particulier et il donne une vision particulière d'une catégorie de personnes… que personnellement, j'ai déjà côtoyée.
M
Un livre que je ne lirai pas tant son « Bellegueule » m’a irritée. Et lui a la chance de pouvoir s’exprimer parce qu’il a appris les mots, son père n’a jamais eu cette chance-là et ne peux n’y parler, ni expliquer.
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V
C'est discutable, je ne suis pas tout à fait d'accord et j'avais plus apprécié son Bellegueule que celui-ci...