Dans la banlieue de San Francisco, au pied des montagnes, deux sœurs vivent leur adolescence à leur manière : Patty la plus jeune est une recluse passionnée par les chiens et le basket. Elle voue un amour inconditionnel et très fidèle à sa sœur aînée, Rachel, 13 ans. Rachel, même si elle adore les jeux de rôle avec sa sœur, les longues escapades en forêt, tend à se laisser influencer par le groupe de jeunes riches charismatiques de son collège. Affublées d’un père inspecteur de police toujours absent, d’une mère démissionnaire depuis son divorce, les deux filles voient leur vie monotone chambouler par une série de meurtres qui se déroulent toujours en forêt. La victime est toujours une femme plutôt jeune, retrouvée nue après avoir été violée. Le meurtrier ne lui laisse que ses chaussures aux pieds mais emporte avec lui les lacets. Le père chargé de l’enquête va perdre son aura au fur et à mesure des meurtres qui s’enchaînent en toute impunité.
L’histoire se lit bien, facilement, il est intéressant de suivre ces deux adolescentes atypiques parce qu’elles sont deux sœurs très fusionnelles et inséparables et aussi parce qu’elles ne sont ni capricieuses ni gâtées et livrées à elles-mêmes. Je pense bien que c’est voulu mais la première partie où on nous décrit comment elles vivent puis comment elles apprennent la mort d’une jeune fille puis d’une deuxième, d’une troisième, etc. est tout de même très longue. Je n’ai pas non plus aimé la fin trop romanesque à mon goût. J’ai largement préféré De si bons amis que j’ai trouvé plus piquant, plus enlevé. Il me subsistera cependant des images assez fortes : les filles regardant la télé par la baie vitrée des voisins, leur admiration sans borne pour leur père, le pelotage en règle du plus beau gars du collège et Rachel n’y prenant aucun plaisir. Joyce Maynard reste, me semble-t-il une bonne autrice pour se vider l’esprit sans que l’expérience soit entièrement futile.
« Il m’arriva alors quelque chose d’étrange : une soudaine flambée d’amour pour celle à qui je ne pensais pas souvent - ma propre mère, qu’on pouvait taxer de négligence, mais qui ne me disait jamais comment m’habiller, ne m’emmenait jamais chez le pédicure avec elle, ni essayait de me faire embaucher chez les pom-pom girls. […] J’ai compris ce jour-là qu’ne nous laissant libres de nos choix, ma sœur et moi, elle nous avait fait un grand cadeau. Patty et moi n’appartenions à personne qu’à nous-mêmes. »
Il se trouve qu’un voisin aime, de temps en temps se déguiser en femme : « C’est les gens qui veulent enlever leurs vêtements aux filles qui devraient t’inquiéter, dit Patty. Pas ceux qui veulent en mettre. »