
Dans un Moyen-âge sombre et austère comme on aime à le représenter, on recherche une truie responsable du meurtre d’un cavalier, « par son attitude agressive, elle a provoqué un accident ayant entraîné la mort dudit Cavalier. » Comme on n’est pas des barbares, la truie une fois chopée a droit à un procès qui la condamnera, on le sait déjà, à l’exécution. Si son défenseur promet de lui éviter le bûcher afin de pouvoir récupérer sa viande, le propriétaire de l’animal dépérit et pense aux porcelets, futurs orphelins. Un mendiant qui se révèle être un fameux avocat secondé par une corneille à qui il peut parler, prend l’affaire en main, réussit facilement à retourner l’opinion publique et le cours du procès : c’est le cheval qui est coupable de meurtre. En effet, maltraité par son maître, il l’a fait chuter et l’a roué de plusieurs coups de sabots. La truie est libre, l’avocat est devenu riche mais l’histoire ne s’arrête pas là car on va surprendre l’avocat en train de parler avec sa corneille et ça, c’est de la sorcellerie...
Cette lecture me permet enfin de revenir vers les BD après quelques semaines de panne (je manquais et de motivation et de belles découvertes). La lecture a été plaisante parce que le propos est amusant et cynique sur la justice, la mauvaise foi humaine et l’inconstance des hommes. La cruauté du peuple est aussi mise en évidence ainsi que son ignorance crasse et l’absurdité d’un procès pour animaux qui a tout de la mascarade... Si le trait simple des dessins ne m’a pas particulièrement touchée, j’ai beaucoup aimé cette fable aux allures grotesques qui grossit les traits de cette société médiévale caricaturée (quelques pléonasmes viennent de se glisser dans ma phrase) mais qui n’est finalement pas si éloignée de notre société actuelle. C’est drôle et la morale est belle.
Je juge à sa femme qu’il culbute (non, qu’il viole) tous les soirs : « La justice n’est pas une affaire de femmes ! Dispensez-vous de vos remarques idiotes ! »
Un villageois à la fin du procès : « C’est quand même un peu dommage qu’on n’ait pas une exécution à la fin. »
Parole de la corneille : « aussi longtemps que les hommes massacreront des animaux, ils s’entretueront (...) celui qui sème les graines de la souffrance ne peut récolter la joie et l’amour. »

