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3 décembre 2018 1 03 /12 /décembre /2018 16:29

Résultat de recherche d'images pour "leurs enfants après eux"

            En été 1992, à Heillange, dans l’est de la France, Anthony et son cousin tuent le temps comme ils peuvent. Anthony a 14 ans ;  la poitrine et la queue-de-cheval sexy de Steph l’attirent, il essaye de l’approcher mais se heurte à sa propre timidité, à l’arrogance de la belle, au qu’en-dira-t-on. Un soir, pour rejoindre une soirée sans parents, il pique la bécane de son père, celle qu’il n’utilise jamais. Mais, alors qu’il fume et s’enivre, Hacine, un petit caïd qui doit se faire un nom, vole l’engin. Dans ce microcosme où Paris fait rêver, où les parents perdent leur boulot ou divorcent après la fermeture des hauts-fourneaux, les grands enfants se dépatouillent comme ils peuvent en découvrant alcool, sexe et drogue. Deux ans plus tard, toujours en été, sur l’air de « You could be mine », Anthony a grandi et un peu mûri. Grâce à Vanessa, le sexe n’a plus que très peu de secrets pour lui mais il convoite encore Steph en secret. Hacine, lui, a fait une virée très productive au Maroc, et revient avec une Volvo remplie de barres de shit. Les années s’écoulent et après 94, on se retrouve en 96 puis en 98 lors de ces quelques jours enchanteurs qui ont bouleversé le pays entier, la Coupe du monde et la victoire de la France contre la Croatie. Les choses ont bougé mais finalement peu changé, comme si une malédiction pesait sur cette petite ville, qu’on se refilerait de père en fils, de mère en fille. Peu s’en sortent et réussissent.

          Il m’a bien fallu une cinquantaine de pages pour apprécier à la fois l’histoire, l’univers et les personnages. Si on se limite aux beuveries, fumettes, tentatives de drague d’ados de 14 ans, on risque de dépérir à force de soupirer. Et pourtant, l’auteur réussit, par un exploit assez extraordinaire, à rendre cet univers plutôt navrant, ces personnages un peu agaçants et platement ordinaires tout à fait attachants et passionnants ! Mon engouement grandissait à mesure que je tournais les pages et j’en aurais bien rajouté une centaine ! Nicolas Mathieu avait 14 ans en 1992 comme Anthony, un de personnages principaux… et il se trouve que j’ai le même âge. Alors les balades à  biclou (je n’avais plus entendu ce mot depuis des décennies !), les pulls Waïkiki, les baskets Torsion, Miguel Indurain, la Coup du Monde de 98, tout ça fait bien plus que me parler, c’était mon adolescence avec ce qu’elle comportait de rêves, de complexes, d’affranchissements, de doutes et d’espoirs. Entre un foisonnement à la Zola et un réalisme social façon frères Dardenne, le roman dissèque de manière très juste un monde resté clos où les ados semblent perdus entre l’enfance et l’adolescence dans une jungle âpre et sans concession où les adultes, encore plus paumés, ne sont plus des repères. Il se trouve que j’ai regardé la série Aux animaux la guerre diffusée sur France 3 à la même période que la lecture de ce roman et j’ai retrouvé les mêmes ingrédients chers à l’auteur, cette volonté de se sortir d’un bourbier par n’importe quel moyen, les malchances, les déviances, le réalisme fouillé et juste, les personnages brillamment dessinés. Attention, je suis en passe de devenir fan !

         Pour sa perspicacité, ce pessimisme révélateur d’une génération et d’une région, la tendresse insufflée aux personnages, ce roman mérite amplement le prix Goncourt. J’en fais un coup de cœur.

Merci à Tiphanie pour ce prêt –je suis jalouse de la dédicace !!!

Le choc de l’adolescence : « Il courut comme ça un moment, mais il ne savait pas où aller et n’avait pas l’intention de rentrer. Il en voulait à la terre entière. Il n’y a pas si longtemps, il lui suffisait de se taper des popcorn devant un bon film pour être content. La vie se justifiait toute seule alors, dans son recommencement même. Il se levait le matin, allait au bahut, il y avait le rythme des cours, les copains, tout s’enchaînait avec déconcertante facilité, la détresse maximale advenant quand tombait une interro surprise. Et puis maintenant, ça, ce sentiment de boue, cette prison des jours. »

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1 décembre 2018 6 01 /12 /décembre /2018 17:32

Résultat de recherche d'images pour "mémé dans les orties valognes"

 

             Certains ont leurs livres de plage, personnellement, je peux presque lire n’importe quoi en me laissant bercer par la musique des vagues… mais j’ai mes « lectures d’avion ». Puisque je suis phobique de l’avion, (sauter à l’élastique me paraît de la gnognotte à côté d’un décollage), je cherche une alternative aux mots fléchés que je pratique de manière frénétique pour faire passer les heures le plus vite possible. Les romans feel good, drôles, faciles à lire, seraient donc une ébauche de solution. Mais Mémé dans les orties n’a pas rempli sa mission…

             Ferdinand Brun, à 83 ans, vit seul dans un appartement d’une résidence où il est entouré de voisines plus ou moins âgées qu’il déteste. Il faut dire que Ferdinand est méchant, mauvais, difficile, ronchon, aigri, boudeur. Lorsqu’il perd son unique amour, son chien, c’est le drame. Une petite fille va venir lui faire causette pendant le repas de midi (comme ça, par pure gentillesse alors qu’il passe son temps à la rabrouer) et une très vieille dame va lui prouver qu’on peut encore avoir bien des activités lorsqu’on est vieux.

             Bon, c’est à peu près tout ce que j’ai retenu. Le roman est truffé de clichés, le vieux bonhomme très méchant, la mamie super cool et très jeune d’esprit, la fillette précoce… pffff et encore pfff. Les répétitions sont abondamment présentes, combien de fois nous dit-on que Ferdinand économise ses sous mais aussi ses sentiments ? Il y a une mini intrigue qui bifurque dangereusement vers le polar sans l’atteindre véritablement et qui m’a laissée pantoise, je n’ai pas souri un seul moment, le livre m’est tombé des mains, il est vite lu mais sans aucun intérêt. Vous allez me dire que j’aurais pu deviner tout ça avant lecture (comme on devine aisément la fin à la 3è page) et vous avez raison.

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29 novembre 2018 4 29 /11 /novembre /2018 15:37

Résultat de recherche d'images pour "le policier qui rit viot seiter bedetheque"

 

               Novembre 1967, à Stockholm. Alors que des étudiants suédois manifestent contre la guerre du Vietnam, un étrange accident de bus attire les policiers. En réalité, les neuf occupants –chauffeur compris- ont été tués par balle, et le meurtrier s’est enfui ne laissant que peu d’indices. Mais il se trouve qu’un policier du nom de Stenström figure parmi les victimes et qu’il n’avait aucune raison de se trouver sur cette ligne de bus. Entre vieille enquête jamais résolue et identification des corps, le commissaire Martin Beck s’y perd. La compagne de Stenström affirme qu’il était en mission mais on sent qu’elle ment.

              Cette BD est une adaptation d’un roman écrit par un couple d’écrivains suédois, Maj Sjöwall et Per Wahlöö. L’intrigue est assez bien menée pour qu’on s’y accroche facilement. On tue froidement neuf personnes mais sans doute qu’une seule n’était visée… laquelle ? Par contre, les dessins créent la confusion parmi les personnages qui se ressemblent un peu tous et leurs noms à consonance scandinave ne permettent pas d’y voir plus clair. Il n’en demeure pas moins que j’ai passé un bon moment de lecture dans une période un peu creuse en ce qui concerne les lectures BD.

Résultat de recherche d'images pour "le policier qui rit viot seiter casterman"

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25 novembre 2018 7 25 /11 /novembre /2018 15:52

            Résultat de recherche d'images pour "Les fantômes du vieux pays de Nathan Hill"

           Un scandale énooorme heurte les Américains : une femme, Faye Andresen, a osé jeter une poignée de cailloux vers le visage d’un candidat à la présidentielle (qui est – par ailleurs – réac, misogyne et raciste) qui a été légèrement blessé à l’œil. Samuel, un professeur d’université qui passe tout son temps sur Elfscape, un jeu vidéo, tente, de son côté, de se débarrasser d’une étudiante tricheuse et menteuse. Il apprend, par hasard, que Faye, désormais considérée comme une dangereuse terroriste, n’est autre que sa propre mère, celle qui l’avait abandonné lorsqu’il avait onze ans. Samuel, insensible et indifférent vis-à-vis de cette femme, profite de l’occasion pour écrire un livre, lui qui a connu une très brève carrière de romancier très vite tombée dans l’oubli. Son opportunisme va se retourner contre lui mais le lecteur en profitera aussi pour découvrir le passé raté de Samuel et la jeunesse mouvementée de sa mère. Ces fameux fantômes avec lesquels il est nécessaire de cohabiter. Il faudra attendre la fin du roman pour comprendre pourquoi celle-ci a la fâcheuse tendance à fuir.

              Pas évident de résumer un roman de plus de 700 pages aussi dense et riche que celui-ci ! Si l’intrigue est passionnante et les personnages –par leur non-conformisme- nous rappellent aisément ceux d’un John Irving, l’humour est omniprésent : satire du monde étudiant, de l’éducation, des hôpitaux, de la société de consommation, des médias, de la dépendance aux jeux vidéo, de la société américaine dans sa globalité. Le prologue m’a plu tout de suite : cette mère de famille qui, discrètement et inexorablement, vide les placards, dépouille penderies et bibliothèques, ôtant un livre par-ci, une fourchette par-là, subtilise une partie des biens pour, un beau matin, disparaître complètement. Le personnage de Samuel, anti-héros par excellence, avec ses mauvais choix aux mauvais moments et sa tendance à pleurer très facilement, devient attachant et agaçant à la fois. Les émeutes de Chicago de 1968 occupent une importante partie du roman et permettent de dévier les trajectoires de vie des uns et des autres. Malgré certaines longueurs en fin de livre, j’ai beaucoup apprécié cette lecture, ses allers-retours d’une époque à l’autre, l’alternance des personnages, et, comme la plupart, je suis restée bouche bée en apprenant qu’il s’agissant d’un premier livre. Nathan Hill, un auteur à suivre, donc.

 

Lorsque Laura, étudiante malhonnête, pleure devant Samuel pour attirer sa pitié : « Dans l’immédiat, le problème de Samuel, c’est que quand il voit quelqu’un pleurer, il ne peut s’empêcher d’avoir envie de pleurer lui aussi. Ça a toujours été ainsi, aussi loin qu’il se souvienne. Il a l’impression d’être un bébé dans une pouponnière, pleurant par solidarité avec les autres bébés. Pleurer lui semble une chose si impudique et si fragilisante qu’il se sent honteux et embarrassé quand quelqu’un le fait devant lui, cela vient réveiller en lui toutes les strates d’humiliation enfantines accumulée jusqu’à l’âge adulte et lui donne le sentiment d’être un gamin pleurnichard dans la peau d’un homme. […]Le sanglot qu’il réfrène est à présent localisé dans sa gorge, enroulé autour de sa pomme d’Adam, et il sent toutes les crises de larmes de son enfance fondre sur lui, toutes les fêtes d’anniversaire fichues en l’air, tous les dîners en famille interrompus en plein milieu, les classes entières figées devant lui qui s’enfuit en courant […] » Je vous laisse découvrir la suite parce que, finalement, pour éviter de fondre en larmes, Samuel utilise la technique de l’éclat de rire… ce qui s’avère désastreux pour l’étudiante éplorée ! (mais c’est très drôle pour le lecteur)

Une éducation… à l’ancienne : « Ce que j’essaie de vous dire, jeunes filles, c’est de vous fixer de grands objectifs. Vous installer avec un plombier ou un fermier n’est pas une fatalité. Vous n’arriverez peut-être pas à épouser quelqu’un dans le domaine médical, comme moi, mais ne vous interdisez pas d’envisager quelqu’un dans la comptabilité. Ou bien dans les affaires, la banque ou la finance. Trouvez avec quel genre d’homme vous voulez vous marier, et organisez-vous pour que cela se produise. »

« à force de choisir la facilité, chaque jour qui passe, la facilité devient une habitude, et cette habitude devient votre vie. »

« parfois une crise n’est pas vraiment une crise – c’est juste un nouveau départ. Si elle a appris une chose de toute cette histoire, c’est que lorsqu’un nouveau départ est vraiment nouveau, il ressemble à une crise. Tous les vrais changements commencent par faire peur. »

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22 novembre 2018 4 22 /11 /novembre /2018 17:45

Résultat de recherche d'images pour "ma vie de pingouin de katarina mazetti livre audio"

Découvert en livre audio.

              Des êtres que tout sépare se retrouvent pour une croisière exceptionnelle en Antarctique. Il y a Wilma la jeune femme toujours positive qui cache un lourd secret, Alba la vieille dame drôle et baroudeuse, Tomas le jeune divorcé dépressif, mais aussi le couple à la femme volage, le médecin de bord, les sœurs ennemies, et j’en passe. Tout ce beau monde va devoir cohabiter quelque temps tout en découvrant de somptueux paysages et d’impressionnants animaux de mer qu’Alba ne cessera de comparer aux humains. D’histoire d’amour en tentative de suicide, de scandale en coming out, ce microcosme va évoluer, grandir, s’émanciper.

                Ça fait un long moment que j’avais lu Le mec de la tombe d’à côté (8 ans) et je n’avais pas entendu que du bien sur les dernières sorties de cette écrivaine suédoise. C’est donc un peu sceptique que j’ai glissé le livre audio dans son lecteur et pourtant, je dois dire que c’était une bonne surprise. Peut-être que j’étais tellement en manque de livres audio que j’aurais pu tout entendre ? Non, je crois que ce roman m’a plu, déjà parce qu’il nous emmène vraiment ailleurs, cette croisière en Antarctique se savoure pleinement, ensuite parce le côté feel good ne m’a pas agacée – pour une fois, je suis très difficile pour ce genre de lecture guimauve. Certes, la fin souffre de gnangnantisme aigu largement prévisible mais la croisière s’est amusée et nous aussi un peu avec.

Cinq acteurs interprètent parfaitement bien les personnages principaux.

« Tous les humains sont des icebergs. Il faut se souvenir que neuf dixièmes de nous sont invisibles sous la surface. C'est ce qui rend l'existence si intéressante. »

« Je choisis mes souvenirs, seulement les meilleurs, je les polis et les fais briller, j'en rajoute un peu là où c'est nécessaire et je les sors quand j'en ai besoin. »

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19 novembre 2018 1 19 /11 /novembre /2018 20:35

Résultat de recherche d'images pour "Gramercy Park de Timothée de Fombelle et Christian Cailleaux"

                D’un côté de la rue, une apicultrice sur les toits d’un immeuble surveille ses ruches et le voisin d’en face. De l’autre côté de la rue, ledit voisin, malgré sa fortune, mène une vie d’une sévérité implacable. Nous sommes à New York en 1954.  Madeleine a été danseuse étoile à Paris avant de tomber amoureuse d’un soldat américain qui l’a emmenée avec lui aux Etats-Unis. M. Day, de son côté, en parfait caïd, mène son petit monde à la baguette. Les deux s’épient, se croisent, s’examinent de loin. On croirait à un jeu de séduction mais ce n’est qu’un leurre, le passé de chacun cache une vérité bien plus sordide et la police newyorkaise s’en mêle.

                Cette histoire de vengeance est séduisante par ses personnages : la belle Madeleine élevée par un grand-père apiculteur qui lui enseignait son art sur le toit de l’Opéra, Monsieur Day, digne des plus grands gangsters,  d’une froideur attrayante ; mais aussi par son contexte : le New York de l’après-guerre. Le scénario bien ficelé par Timothée de Fombelle reprend les plus belles qualités de l’écrivain : l’onirisme, le romanesque, le suspense. C’est beau, prenant, agréable à lire. Un sans fautes pour le duo d’artistes puisque la fin est absolument délicieuse.

Résultat de recherche d'images pour "Gramercy Park de Timothée de Fombelle et Christian Cailleaux"

 

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15 novembre 2018 4 15 /11 /novembre /2018 11:09

 

L'Abandon par Rock

            En 1999, Caroline a 12 ans et vit avec son Père, cachée dans la forêt. Ils rejoignent de temps en temps la civilisation citadine, à Portland, pour faire de petites courses ou se rendre à la bibliothèque mais l’homme fait l’école à sa fille, elle dévore les encyclopédies, elle est agile, court très vite et sait grimper aux arbres. Il faut cependant se terrer à la moindre approche, s’éloigner des autres hommes, s’isoler d’eux pour ne pas se faire découvrir. Pourquoi ? Le lecteur le découvrira bien plus tard.  Un jour pourtant, un joggeur repère la fille et la dénonce à la police qui, après examens médicaux, tests divers, accepte très généreusement de placer père et fille dans un endroit sûr, entouré de chevaux, où le père pourra travailler. Même si ce confort éphémère leur plaît, Caroline et son père succombent encore une fois à la tentation de fuir dans la forêt. Cette tentative rencontrera bien des embûches et des drames, le froid et la neige n’étant pas leurs meilleurs alliés.

            Ce roman assez étrange remet en question la société de consommation, le panurgisme, le moule dans lequel on veut tous nous faire entrer et les limites de la liberté. L’auteur donne à voir avec un certain talent un mode de vie différent, en marge de notre vie routinière et en lien étroit avec la nature -et aussi une relation exclusive entre un homme et sa fille. Certains passages font l’apologie de la vie sauvage de manière quasi bucolique et d’autres expriment une violence qui n’est pas loin d’un Sukkwan Island ou de La Route de McCarthy. L'absence de sentiments pose parfois problème, le ton est souvent froid et neutre, sans doute permet-il de renforcer la personnalité très forte de Caroline, son mental d'acier transmis par son Père. J’ai trouvé la fin très belle et le roman réussi dans le sens où Caroline -devenue grande- sait parfaitement faire communier les avantages de la ville, la culture avec la nature, ses bienfaits et son besoin de solitude. Pour ceux qui aiment les nature writing, n’hésitez pas !

« Si l’on avance hardiment dans la direction de ses rêves, on sera payé de succès inattendus en temps ordinaire. On franchira une borne invisible. »

« Un oiseau n’est pas censé pouvoir voler en arrière mais  j’en ai vu le faire. Si je suis assez patiente, je vois les nuages se séparer et se reformer. Un renard roux fait trois bonds en avant puis revient à son point de départ. Ses pattes touchent le sol aux mêmes endroits puis il repart en avant et je le vois passer devant moi en bondissant. Je reste immobile. Un daim à la queue blanche passe devant moi en s’ébrouant, entraînant l’air dans son sillage avant de bondir brusquement sur les mêmes traces. Une feuille tombe d’un arbre puis remonte pour se remettre à sa place. Le soleil tressaillit avant de redescendre en douceur vers la fin de journée. Je me sens dans mon élément au cœur de ces odeurs de sauge et de pin, avec toutes les égratignures sur mes bras nus. »

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12 novembre 2018 1 12 /11 /novembre /2018 16:47

Petits oiseaux par Ogawa

              Deux frères, inséparables depuis l’enfance. L’aîné est différent car il ne parle pas la langue des hommes mais le pépiement des oiseaux – appelé pawpaw - que personne ne comprend sauf le frère. Le cadet subvient aux besoins de la famille, travaille, traduit le galimatias du frère. A la mort des parents, ils sont seuls, l’un reste cloîtré à la maison, ne sortant que pour acheter une sucette hebdomadaire, l’autre ne côtoie le monde extérieur que pour le strict minimum. Quand l’aîné meurt, la vie de cadet ne va pas vraiment changer sauf qu’il va s’évertuer à s’occuper d’une grande volière présente dans le jardin d’enfants voisin, qu’il nettoiera et bichonnera si bien en hommage à son frère qu’on l’appellera « le monsieur aux petits oiseaux ». A la bibliothèque, il va lire tous les ouvrages traitant de près ou de loin des oiseaux. C’est dans ce monde de livres qu’il rencontrera la seule jeune femme qui s’intéressera à lui de manière très fugace. Mais lui-même arrive à la fin de sa vie et un oisillon blessé qu’il recueille lui procurera un de ses derniers élans de tendresse, ayant toujours son frère adoré à l’esprit.

              Ce livre est comparable à une séance de yoga : étant ouvert, serein, il va vous faire atteindre des hautes sphères de plénitude où seul vous parviendra un doux gazouillis d’oiseaux. Dans une période d’effervescence extrême pour diverses raisons, je ne suis pas parvenue à accéder à ce second palier de lecture et j’ai observé ces deux frères, un peu sceptique, vivoter une existence morne et monotone dans un environnement finalement hostile… où il ne se passe vraiment pas grand-chose. Certains passages sont effectivement délicieusement poétiques et emplis d’une sagesse à méditer mais, globalement, je suis restée complètement en dehors de cet univers ascétique quasi monacal. Je le répète, cette lecture est certainement tombée à un mauvais moment pour moi. D’autres lecteurs ont beaucoup apprécié .

« Les oiseaux ne font que répéter les mots que nous avons oubliés. »

« La cage n’enferme pas l’oiseau. Elle lui offre la part de liberté qui lui convient. »

La vie des deux frères : « Ils vivaient en protégeant leur nid à tous les deux. Un nid discrètement  dissimulé qui ne se remarquait pas au creux de la végétation. Un nid aux petites branches délicatement entrelacées qui leur ménageaient un espace convenable, dont les brins de paille qui tapissaient le fond étaient doux. »

Parole de bibliothécaire : « Les gens qui lisent des livres ne posent pas de questions superflues, ils sont paisibles… »

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9 novembre 2018 5 09 /11 /novembre /2018 20:35

 

Résultat de recherche d'images pour "Les vieux fourneaux – 5. Bons pour l’asile"

               C’est désormais un rituel bien agréable : chaque mois de novembre paraît un formidable nouvel opus des Vieux fourneaux.

                L’album démarre sur les chapeaux de roue : un mini-attentat est organisé devant l’ambassade de Suisse : le gang « Ni yeux ni maître » déploie un radeau gonflable et les vieillards déguisés en richards réclament l’asile fiscal, arguant que « nos profits valent plus que leurs vies ». Tout le monde se retrouve au commissariat. Ça tombe mal pour Pierrot parce que ses copains Mimile et Antoine ont débarqué à Paris le jour même pour assister à un match de rugby. Oui mais Antoine est pris en otage par sa petite-fille Sophie qui veut le confronter à son fils en confiant aux deux hommes la garde de la petite Juliette. Mimile, quant à lui, découvre un asile de réfugiés un peu particulier : géré par Fanfan la lente nonagénaire qui sait encore remuer ses fesses pour danser, il revêt des allures d’immeuble de haut standing. Le principe est simple : prêter de beaux costards aux réfugiés pour qu’ils soient plus facilement acceptés. Résultat : ça remue dans tous les sens ; cet univers plein de vie est surtout rempli d’espoir et d’excellentes intentions. 

                 Alors que les auteurs se renouvellent sans cesse, moi je ne sais plus quoi dire pour encenser ce 5ème tome encore plus fantasque, délirant et émouvant que ses prédécesseurs. Ces vieux fripés ont une pêche et une lucidité exceptionnelles. Le thème des réfugiés –qui m’est cher- est superbement porté par une acuité indiscutable (« on est 500 millions de guignols en Europe, et on veut nous faire croire qu’on peut pas accueillir 1 million de pauvres gens ? ça fait même pas un par village ! ») et une bonne humeur communicative (Let’s dance a la cote !) Le coup d'estoc final donné par un Mimile qu'on pouvait croire devenu bobo est absolument hilarant et la dernière planche est à chialer d'émotions diverses, toutes finement mélangées.

               Lire Les Vieux fourneaux permet de lutter contre la morosité, les clichés et l’ennui, assurément ! ça fonctionne parce que c’est à contre-courant du raisonnable, du bien-pensant et du politiquement correct. D’la balle !

« ce ne sont pas les étrangers qui font peur, ce sont les étrangers pauvres. »

« C’est spectaculaire en France : dès que tu portes une cravate, y a plus un flic qui te demander tes fafiots. »

Résultat de recherche d'images pour "Les vieux fourneaux – 5. Bons pour l’asile"

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5 novembre 2018 1 05 /11 /novembre /2018 20:11


Résultat de recherche d'images pour "Les complémentaires de Jens Christian Gröndahl gallimard"

           Après avoir aimé Les Portes de fer, rebelote satisfaite avec cet auteur danois !

           Emma et David s’approchent de la cinquantaine. Elle est une artiste peintre anglaise, lui un avocat danois et ils vivent depuis des années à Copenhague. Heureux parents d’une jolie jeune fille, Zoë, qui s’émancipe de plus en plus, ils mènent une vie bourgeoise, tranquille et bien rangée. Un  concours de circonstances, de petites failles dans un laps de temps très condensé vont mettre à mal cette sérénité. David reprend contact avec son premier amour, Emma se met à le suivre et à se demander si elle le connaît vraiment, Zoë leur présente un petit ami pakistanais avec qui elle a participé à une exposition plus que particulière.

            Tout en douceur, Gröndahl pénètre dans une famille ordinaire pour en relever les fêlures, mettre à nu les ombres et les non-dits et finalement révéler la fragilité d’un couple. D’intéressantes réflexions parsèment le roman, l’amour à long terme, les relations enfant-parents, la définition de l’art, le « pour quoi » d’une vie. En alternant les points de vue, l’auteur parvient à nous faire apprécier chacun des personnages. J’ai retrouvé des points communs avec Les Portes de fer et … attention, je vais m’autociter : « Une belle écriture associée à des réflexions philosophiques, il ne m’en fallait pas beaucoup plus pour être séduite. Ce livre qui fait réfléchir laisse aussi des portes ouvertes, ne donne pas de réponse définitive, questionne sans cesse » Ces remarques sont tout à fait valables pour ce roman-là. Belle lecture en somme !

« Il songea que s’il n’y a personne d’autre chez soi pour allumer et éteindre la lumière, si l’on est le seul à appuyer sur les interrupteurs, l’obscurité devient un partenaire, un compagnon, au lieu de n’être qu’un fait. »

Emma parle danois couramment mais quand elle discute en anglais, sa langue maternelle, avec sa mère, il y a quelque chose en plus : « il y avait la combinaison génétique de tempérament et d’humour, il y avait les mots, tous ces mots merveilleusement familiers et leurs sous-entendus. »

« Lorsque l’art la touchait, l’émotion ne se distinguait pas d’une pensée et, d’après ce qu’elle avait compris, c’était bien le sens de l’art. »

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