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29 décembre 2018 6 29 /12 /décembre /2018 15:57

Résultat de recherche d'images pour "Littoral – Le sang des promesses babel"

             Il me tardait de découvrir enfin cet auteur à la fois dramaturge, romancier, metteur en scène et comédien. Littoral est la première pièce de théâtre d’une tétralogie intitulée Le Sang des promesses.

             Wilfrid est en train de faire sauvagement l’amour avec une femme insignifiante pour lui quand le téléphone sonne « Dringallovenezvotrepèreestmort ». Cette annonce du décès de son père le met dans un état de fébrilité auquel il ne s’attendait pas lui-même puisqu’il ne le connaît, ce père qui l’a abandonné. N’ayant plus sa mère non plus, morte à l’accouchement, il est désormais orphelin et n’a plus qu’une idée en tête : enterrer son père dans son pays natal. De nombreux obstacles s’opposent à ce projet : sa famille ne veut rien savoir de celui qu’elle considère comme l’assassin de la mère (elle était trop fragile pour porter un enfant), la guerre qui l’empêche d’ensevelir son père où  bon lui semble, des rencontres heureuses et malheureuses : des orphelins, un meurtrier, des victimes de la guerre. Et il y a le chevalier Guiromélan, cet être fictif qui suit et protège Wilfrid dans sa quête obstinée.

               Texte ô combien riche et fertile, cette pièce de théâtre mêle burlesque, tragique, loufoque, cru, absurde, poétique, philosophico-métaphysique, lyrique, moderne (non, je vous assure que je n’en rajoute pas, au contraire, j’en oublie certainement). Dans sa quête d’une sépulture, Wilfrid, se cherche lui-même, se perd parfois, se laisse guider souvent. Réalisateur et caméraman sont là aussi et confondent encore un peu plus le temps de la fiction et le temps du réel. Un père vivant et un père mort se croisent également tout en créant une harmonie, une unité où les barrières en tous genres sont tombées, et c’est bien confortable. Une belle pièce qu’il faudrait relire dans l’immédiat pour mieux la comprendre, et surtout, la voir sur scène !

 

« Amé – Pendant la guerre, je posais des bombes.

Simone – La bombe que je veux aller poser est encore plus terrible que la plus terrible des bombes qui a explosé dans ce pays.

Amé – On en posera dans les autobus, dans les restaurants…

Simone – Non ! Cette bombe ne peut exploser que dans un seul lieu. Dans la tête des gens.

 Amé – Qu’est-ce que tu veux dire ?

 Simone – On va aller leur raconter des histoires. Tout ce qu’ils veulent nous faire oublier, on va l’inventer, le raconter ! Ils seront obligés de nous arracher le visage.

 Amé – Quel genre d’histoires ?

Simone – La tienne, la mienne. Le silence de chacun. »

 

« Massi  Amé, quand tu tombes dans un gouffre, il vaut mieux tomber sur le dos. Car tant qu’à chuter, chutons dans la clarté du jour, c’est déjà ça de gagné. Mais si tu tombes sur le ventre, tes yeux seront rivés  à l’obscurité du gouffre et c’est déjà ça de perdu. »

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26 décembre 2018 3 26 /12 /décembre /2018 08:19

Résultat de recherche d'images pour "Les garçons de l’été de Rebecca Lighieri folio"

                A Biarritz vit une famille unie et heureuse : la mère, Mi, toujours impeccable et soucieuse du bien-être de ses enfants, elle est une parfaite maîtresse de maison ; le père Jérôme, pharmacien ; la cadette, Ysé, dessinatrice en herbe et, surtout, les deux grands frères, la vingtaine à peine entamée : Thadée et Zachée. Solaires, beaux, grands, charismatiques, ils attirent les regards. Thadée surtout joue de son pouvoir de séduction. Tout bascule le jour où, à la Réunion pour un séjour axé sur le surf, la passion des deux frères, Thadée se fait dévorer la jambe par un requin. La mère terrifiée, se rend sur l’île et constate que l’accident n’émeut pas réellement la petite communauté de surfeurs. Pourquoi ? Parce Thadée est détesté, c’est un type non seulement hautain et désagréable mais également, on le découvrira plus tard, un gars tordu qui passe son temps à rabaisser son entourage et qui s’adonne à des activités déviantes. Un voile est progressivement levé sur les différents personnages.

               Si j’ai aimé une bonne première partie du roman dans lequel on se glisse très facilement, le dernier quart ne m’a pas paru crédible du tout, la fin tend vers le surnaturel sans y entrer vraiment et ne m’a pas convaincue. Le style, percutant par endroits, reste globalement assez plat et les répétitions peuvent agacer. Il faut aussi s’intéresser un minimum au monde du surf omniprésent. Alors oui, on peut l’emmener partout ce bouquin, oui, c’est toujours sympa de voir que la famille idéale n’est en fait composée que d’ordures mais ce thème de la jeunesse qui déraille commence un peu à me taper sur le système… Pour conclure, petite déception par rapport au succès que connaît ce roman.

 

Parole de Zachée : « Contrairement à mon frère, je ne suis pas un compétiteur : vaincre mes peurs et dépasser mes blocages m'intéresse beaucoup plus que de surpasser les copains.
J'ai toujours fait allégeance à mon frère, je lui ai toujours laissé la préséance. J'ai toujours su qu'il avait besoin de prendre toute la place et toute la lumière, qu'il lui était vital d'être reconnu comme le meilleur partout. Avec des parents différents, cette place d'éternel second m'aurait peut-être été pénible, mais les nôtres ont toujours veillé à ce que je ne sois pas éclipsé par mon brillant aîné, de sorte que j'ai même apprécié d'être le cadet, celui qui n'a pas à servir d'exemple et dont on attend peut-être un peu moins. »

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24 décembre 2018 1 24 /12 /décembre /2018 16:29

Résultat de recherche d'images pour "Les beaux étés – 5. La fugue de Zidrou et Jordi Lafebre"

           Notre famille Faldérault avait tout simplement et naturellement sa place au pied du sapin de Noël, dans cet esprit de joie, de cohésion et de partage.

            En 1979, l’incroyable devient possible : Mademoiselle Estérel est sommée de partir vers le Sud en hiver, à quelques heures de Noël ! Maman n’en peut plus de vendre des chaussures à longueur de journée, papa a décidé de voler de ses propres ailes malgré l’infarctus de son patron, c’est décidé, on ne s’arrêtera pas avant d’avoir trouvé le soleil ! C’est sans compter cet ado de Louis qui veut absolument aller au concert de Pink Floyd à Londres !

           Même si j’ai trouvé ce tome légèrement en-dessous des autres (c’est surtout qu’il me manquait une cinquantaine de pages !), j’apprécie toujours autant la joie de vivre de ces gens simples et confiants en la vie.

Je vous souhaite à toutes et à tous un très JOYEUX NOËL ! Je vous laisse avec quelques sapins de mon papa.

 

 

 

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23 décembre 2018 7 23 /12 /décembre /2018 12:11


Moderato cantabile par Duras

           Anne Desbaresdes, une riche bourgeoise, assiste à la leçon de piano de son fils, son unique enfant qu’elle chérit et craint à la fois, celui qui désobéit et qu’elle voudrait voir grandir plus vite. Alors que le professeur de piano rabroue une énième fois cet « enfant difficile » parce qu’il a encore oublié le sens de « moderato cantabile », dehors, c’est le drame. Une femme vient d’être tuée par l’homme qu’elle aime. Anne Desbaresdes observe victime et coupable et cet événement la chamboule. Elle revient le lendemain sur les lieux, un petit café fréquenté par des ouvriers, et interroge l’homme qui s’y trouve. Chauvin lui répond par bribes, la femme aurait souhaité mourir, les deux se rapprochent, liant une relation confuse et sensuelle, interdite mais quotidienne. Absolument détachée des occupations qui devraient être les siennes (l’organisation de réceptions, l’éducation de son enfant), Anne trouve un plaisir presque bestial dans la consommation de vin rouge, une curiosité morbide à en savoir toujours plus sur ce couple atypique.  

           Absolument pas spécialiste de l’auteur (j’ai dévoré et adoré L’Amant, livre comme film), je ne m’attendais pas à entrer dans un univers aussi décalé, aussi proche de l’absurde, aussi minimaliste. Duras a su parfaitement concilier deux opposés, la clarté (l’histoire se déroule dans une ville côtière, au printemps, un beau temps inhabituel perdure) et un sentiment d’étouffement. En disant moins que le minimum - on ne sait rien du père de l’enfant, du passé des personnages, de leurs motivations profondes - elle suggère des possibilités, des questionnements : abandonner cette cage dorée pour Anne, se livrer à cet homme inconnu, s’inspirer de cet acte fou ? Dans cette atmosphère pesante, de petits éclats de beauté et de lumière : un enfant qui joue, une sonatine qu’on fredonne, un magnolia glissé entre les seins, les yeux bleus de Chauvin… A la fois étrange et impalpable, ce très court roman a fait réagir, à sa sortie, comme le prouvent les nombreuses critiques – la fois positives et négatives – qui viennent clore le livre.

« La sonatine résonna encore, portée comme une plume par ce barbare, qu'il le voulût ou non, et elle s'abattit de nouveau sur sa mère, la condamna de nouveau à la damnation de son amour. Les portes de l'enfer se refermèrent. »

Une réception où le repas est composé de saumon puis de canard à l’orange : « Des femmes, à  la cuisine, achèvent de parfaire la suite, la sueur au front, l'honneur à vif, elles écorchent un canard mort dans son linceul d'orange. Cependant que rose, mielleux, mais déjà déformé par le temps très court qui vient de se passer, le saumon des eaux libres de l'océan continue sa marche inéluctable vers sa totale disparition et que la crainte d'un manquement quelconque au cérémonial qui accompagne celle-ci se dissipe peu à peu. »

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21 décembre 2018 5 21 /12 /décembre /2018 08:35


Résultat de recherche d'images pour "il était une ville reverdy"

         Un ingénieur français, Eugène, est muté à Détroit, ville sur le déclin. Motivé et enthousiaste, il se laisse vite envahir par cette impression stagnante de morosité, d’échec et de vide. Effectivement, les gens quittent cet endroit, les buildings et les usines sont à l’abandon, rien ne va plus. Heureusement pour Eugène, une jolie serveuse, Candice, saura lui remonter le moral. Quelques rues plus loin, Charlie s’amuse, avec quelques copains, à brûler une maison, occupation favorite des gamins de quartier qui disparaissent par dizaines. La grand-mère de Charlie, Georgia, en fera le douloureux constat : s’apercevoir un beau matin que son petit-fils a disparu ! L’inspecteur Brown est chargé de l’affaire mais dans la police, les moyens sont réduits à néant et tout traîne.
         J’ai aimé me promener dans cette ville qui dégringole et que désertent ses habitants. Ces endroits reclus où les enfants font leur loi.  Il y règne une atmosphère à la fois douceâtre et apocalyptique où les dernières âmes semblent être des marginaux. Eugène nage un moment à contre-courant comme un ultime combattant dans une guerre perdue d’avance. Il en ressort une mélancolie poétique assez intéressante. A côté de ça, le gros point faible du roman c’est que l’auteur n’est pas parvenu à m’accrocher à son histoire. Ça vous est sans doute arrivé déjà, on relit une phrase comme si on ne la comprenait pas, on arrive au bout d’un paragraphe, on le relit comme si on avait déjà oublié le début. C’est un auteur que je lis pour la première fois et le style ne m’a pas parlé, la brièveté des chapitres y est pour quelque chose, on passe trop rapidement d’un personnage à l’autre. La fin est réussie car une lueur jaillit dans cette ville faite d’incertitudes, de fuites vers un ailleurs meilleur, une ville fantôme où « Que le dernier qui parte éteigne la lumière. »

 

Les enfants arrivent dans une école déserte, à l’abandon : « Le long des murs, les faisceaux de leurs lampes surprenaient des affiches punaisées listant des numéros d’urgence, promouvant des associations de lutte contre la violence, des placards illustrés sur l’hygiène et la grippe, une feuille jaune annonçant la date de la prochaine réunion des parents d’élèves, il y a deux ans, une feuille verte indiquant le menu de la semaine. Sur le panneau de liège à moitié dévoré par l’humidité, des listes de noms, des horaires, des tableaux d’activités, basket, danse hip-hop, dessin, lecture, gymnastique. »

« L’avenir, même quand il n’y en a plus, il faut bien qu’il arrive. »

« Dieu, bien sûr, mais Dieu on dirait que lui aussi, il a quitté la ville. Georgia en est persuadée. Dieu est parti quand on s’est mis à installer des fontaines à soda dans des centres commerciaux géants,  que tout le monde a eu la télévision en couleur, que les salles de bal se sont transformés en supermarchés de la drogue, qu’on a troué la ville avec pas moins de six autoroutes et qu’on a rasé les quartiers pour construire des casinos en plein centre. Dieu nous aime, c’est sa seule faiblesse, mais une bêtise aussi crasse, quand même, cela a dû le dégoûter »

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18 décembre 2018 2 18 /12 /décembre /2018 22:27

 

Résultat de recherche d'images pour "Le gratte-ciel de Katharina Greve actes sud"

           -102 étages de vie-

              Nous entrons dans un immeuble de 102 étages et, de la cave au grenier, pénétrons dans la vie des gens, leurs manies, leurs défauts, leurs papiers peints, leurs mensonges, leurs hypocrisies, leur petit salon, leur cuisine dépourvue d’évier (!), leurs relations complexes et parfois ambiguës. Entre copines, en famille, entre amant et maîtresse, debout, couché ou assis, on abat ce quatrième mur pour notre plus grand plaisir. Certains dialogues sont savoureux, égratignant la vie à deux, le quotidien, la cohabitation voulue ou contrainte.

                Si j’ai beaucoup aimé le concept, encore plus aimé les quelques liens qui ont été faits entre les habitants de l’immeuble (le type de tel étage est avec sa maîtresse d’un autre étage dont le mari se livre à des jeux érotiques à la cave !),  je suis restée sur ma faim parce que j’en attendais un peu plus. Cela m’a rappelé un atelier d’écriture que j’animais il y a quelques années où les élèves avaient à créer un immeuble, son aspect, son environnement, ses appartements, ses occupants. Sans vantardise aucune, je trouve qu’ils avaient su faire preuve d’une belle imagination et que Katharina aurait pu pousser l’idée encore un peu plus loin, un peu plus dans les détails car finalement, toutes les cuisines se ressemblent à quelques objets près. La BD souffre aussi un peu (pour moi) de la comparaison inévitable avec la très très formidable Vie mode d’emploi de Georges Perec. L’ensemble reste sympatoche.

             Je ne sais plus chez qui j’avais chopé cette idée de lecture, désolée ! J’aurais aimé relire le billet tentateur.

 

-          « Quoi ?!? Tu sors avec ce mollasson du 30è ? mais il est ennuyeux !

-          C’est ma manière de méditer. »

 

Un homme en position fœtale : « Je dérive dans un océan de folie, accroché à une planche de la raison naufragée ! » ; sa femme : « Mauvaise journée au bureau, aujourd’hui ? »

 

« Après quelques années, le mariage devient une ascèse. »

Résultat de recherche d'images pour "Le gratte-ciel de Katharina Greve"

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14 décembre 2018 5 14 /12 /décembre /2018 11:44

            Victor est un journaliste au chômage et un écrivain raté. Il possède une petite particularité puisqu’il a récupéré un pingouin d’un zoo qui n’en voulait plus. Micha se promène donc entre le salon et la cuisine de son petit appartement de Kiev, dévorant des poissons surgelés et dormant debout. Le patron d’un grand quotidien confie à Victor un boulot surprenant : écrire des nécrologies d’hommes pas encore décédés, qui ont tous commis des crimes et des délits plus ou moins graves dans leur vie. Ces biographies paraissent suspectes à leur auteur d’autant plus qu’il doit absolument y intégrer certaines données mais ... ça rapporte gros. Un ami policier, une fillette de quatre ans pour nouvelle colocataire, une nounou attirante, un pingouin très convoité, une datcha piégée, des limousines, voilà quelques-uns des ingrédients qui vont pimenter la vie de Victor.

           Belle surprise que cet auteur ukrainien ! Le roman mêle le burlesque et le satirique, avec un pied dans le polar et un autre dans le genre de la chronique post-soviétique. Le récit est drôlement bien ficelé et nous tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. Alors bien sûr il faut aimer les datchas, la vodka, les filatures, la mafia russe et les visites nocturnes mais j’ai tout apprécié dans ce roman qui m’a fait penser – animal insolite oblige – à éléphant de Martin Suter. S’il n’y a ici aucune dimension fantastique, il faut bien admettre qu’on nage dans l’étrange dans cet univers ukrainien où on entre dans les maisons la nuit sans toucher aux serrures, où un pingouin est très prisé pour les enterrements, où les sentiments sont des données accessoires. Cette plongée dans la mentalité post-soviétique teintée d’absurde m’a beaucoup plu !

« Les femmes renforcent le système nerveux des hommes. »

« Ce qui, auparavant, semblait monstrueux, était maintenant devenu quotidien, et les gens, pour éviter de trop s’inquiéter, l’avaient intégré comme une norme de vie, et poursuivaient leur existence. Car pour eux, comme pour Victor, l’essentiel était et demeurait de vivre, vire à tout prix. »

« Pas d’amour, mais ce n’était pas l’essentiel. Peut-être l’amour se gagnait-il aussi ? »

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12 décembre 2018 3 12 /12 /décembre /2018 08:23

L’image contient peut-être : texte             

  Ce matin, le blog est en deuil. A quelques kilomètres de chez moi, un tireur fou a tué, blessé, meurtri ma ville. Grosses pensées à tous ceux qui ont vécu une nuit cauchemardesque.

 

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10 décembre 2018 1 10 /12 /décembre /2018 11:04

Résultat de recherche d'images pour "Réparer les vivants de Maylis de Kerangal livre audio"

             Voui, voui, voui, j'arrive tardivement après la bataille, quand tout le monde a fini depuis longtemps de lire ce livre. J’ai freiné des quatre fers  à cause des thèmes que je savais effrayants : la mort d’un enfant et les hôpitaux. C’est en livre audio que je l’ai découvert.

             Simon, 19 ans, meurt dans un accident de la route. C’est son cerveau qui ne fonctionne plus, ses organes, le foie, les reins, le cœur et les poumons sont en parfait état. Ses parents, en plus du choc de la nouvelle, se voient proposer l’impensable : disloquer le corps de son fils pour y prélever ce qui peut sauver d’autres. Le tuer une seconde fois, pensent-ils. Pourtant, ils acceptent. Les greffes vont se faire très vite, c’est un marathon dédié à la vie qui suit de près la mort.

                Ce roman est dur, touchant, âpre, bouleversant. La voix de l’auteur, que je trouvais de prime abord plutôt monotone et triste, convient, en réalité, parfaitement à son texte. Difficile de conduire et d’entendre des mots qui font si mal, d’assister à une histoire brisée, celle de Simon et de sa jeunesse stoppée si brutalement. Heureusement, il y a l’écriture de l’auteur, si juste, si travaillée, si élégante ; il y a ce souffle de vie qui traverse les pages malgré tout. Le phrasé m’a vraiment épatée, Maylis de Kerangal parvient, dans n’importe quelle situation, à creuser au plus profond, à suggérer toujours davantage, à surprendre et à émerveiller. Quelle artiste ! On sent aussi que les recherches sur les greffes ont été poussées et pointues. Si la mort de ce grand enfant m’a profondément touchée, ce thème de la greffe l’emporte peut-être, il est magnifié et sublimé tout en restant très terre-à-terre, la romancière s’attachant à décrire tous les détails concrets entre donneur, médecins et receveur. C’est une épopée moderne, une seconde chance qu’il ne faut pas négliger.

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7 décembre 2018 5 07 /12 /décembre /2018 16:44


Résultat de recherche d'images pour "Les grands espaces de Catherine Meurisse"

           J’ai une grande tendresse pour Catherine Meurisse que j’ai découverte, il y a quelques années déjà avec Mes hommes de lettres que j’ai dévoré, prêté, lu et relu.

           Lorsque Catherine est encore enfant, elle déménage avec sa sœur Fanny et ses parents en pleine cambrousse, dans une ferme en ruine à retaper. La mère s’occupe des plantes, le père, formidable touche-à-tout, restaure avec patience la maison et les deux sœurs collectionnent les trésors qu’elles trouvent : fossiles, vieux clous, os. Si elles côtoient tout de même d’autres enfants à l’école du village, la petite Catherine se contente de son jardin, de ses plantes, de ses légumes et de son nain de jardin qu’elle aime promener mais aussi dessiner. Solitaire, candide, rêveuse, elle explore son environnement, s'émerveille devant un insecte ou devant les fleurs que ses parents connaissent si bien.  Et elle dessine. Son talent sera remarqué et l'emmènera inévitablement loin de son "trou de verdure".

           La grande réussite de cet album se comprend au premier coup d’œil : l’effervescence, la luxuriance de la nature apparaît déjà sur la couverture, la beauté des traits de Meurisse représentant plantes, fleurs, arbres, légumes, paysages, murs de pierres éblouit à chaque planche. Cette apologie de l’écologie est accompagnée d’une réflexion sur l’éducation. En effet, le mode de fonctionnement des parents ne repose que sur trois principes : nature, littérature et isolement. Lorsque la famille quitte le cocon, elle découvre lotissements, champs immenses de colza (à bas la monoculture !), concours de l’omelette géante, constructions futuristes affreuses et finalement elle retrouve avec bonheur son Arcadie. Cette enfance pleinement heureuse fait tellement plaisir à voir. Impossible de rester indifférent devant cet éloge d’une campagne ensoleillée et enveloppante en compagnie de Loti, Proust, Rabelais, Baudelaire, Montaigne, Zola ou Racine. Un coup de cœur !

Sagesse du père : « Les arbres nous donnent un sentiment d’éternité. Quand on grandit auprès d’eux, on ne les voit pas pousser. Ils ont l’air d’être là depuis toujours, d’être pour toujours. Si un jour, ta sœur et toi devez vous séparer de cette maison, j’ai fait une bouture de toutes les essences du jardin. Tout est en pot, ici. »

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