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13 mai 2019 1 13 /05 /mai /2019 08:40

Résultat de recherche d'images pour "Antoine et la fille trop bien  Franc sarbacane"

              La famille d’Antoine, un ado sérieux et sage, partage une maison de vacances avec une autre famille dont l’ado, Adèle, attire Antoine par son attitude libérée et ses jolies formes. Alors qu’Antoine se réfugie dans les livres, qu’il est capable de discourir sur Einstein et qu’il est toujours partant pour aider à débarrasser la table, Adèle se promène en maillot de bain sexy et consacre une bonne partie de son temps libre à son portable. Petit à petit, les deux ados se trouvent des points communs et finissent par s’amuser ensemble même si Antoine rêve en secret que la jeune fille tombe amoureuse de lui. L’arrivée de Guillaume, le grand frère qui a été placé en internat parce qu’il ne travaillait pas bien à l’école chamboule cet équilibre précaire. Lui escalade les murs, fume, se moque des vieux commerçants, fait des doigts d’honneur aux automobilistes, boit de l’alcool… bref, à seize ans, il brave tous les interdits, « ose des trucs, il prend des risques » et épate ainsi la jolie Adèle.

            Voilà un BD qui consacre un peu de place à ces adolescents qui se font traiter d’intellos, à ceux qui ne se révoltent pas, suivent le droit chemin et obéissent aux adultes. C’est vrai qu’ils doivent parfois souffrir, se sentir exclus, on le voit bien en classe, il en faut du caractère finalement pour ne pas jouer à l’ado rebelle. Dans ce sens, l’album est réussi puisqu’Antoine ressent une attirance physique pour Adèle sans laisser ses hormones régir son cerveau. Pas désagréable à lire, cette BD se révèle tout de même un peu creuse et plate. Arrivée à la dernière planche, j’ai cherché la suite, c’est pas bon signe ! Avec son dessin un peu naïf, cet album plaira sans doute aux plus jeunes lecteurs… plus qu’à moi !


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10 mai 2019 5 10 /05 /mai /2019 17:08

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Un de mes auteurs favoris qui écrit pour la jeunesse… allons-y !

           Léa, ado d’une quinzaine d’années, a disparu depuis des mois, laissant son narrateur de frère et ses parents dans le plus grand désarroi. La famille s’est installée il y a peu dans cette petite ville balnéaire, Saint-Lunaire, en Bretagne, mais Léa regrettait sa vie et ses habitudes parisiennes. Contre toute attente, Léa est retrouvée séquestrée dans une maison, elle est vivante mais ne raconte pas ce qui lui est arrivé. Les parents qui s’étaient séparés pendant son absence simulent une vie commune, le petit frère essaye de cohabiter avec cette sœur qui ne ressemble plus à la Léa qu’il connaissait.

         Comme souvent chez Adam, on est au bord de l’océan, un personnage boit, un autre est marginal, un autre encore se sent mal aimé… on retrouve ces ingrédients-là version ado. Même si les mots sont simples, la mayonnaise prend vite, on lit, on dévore, on veut savoir ce qui est arrivé à Léa. Les surprises s’enchaînent, Léa continue à se taire. J’ai bien aimé cette lecture même si j’ai été contente d’en finir… sans doute parce que je ne suis plus une ado (argument pourri, je le sens bien). A conseiller pour un grand ado ou un tout jeune adulte.

« Le vent a bien bastonné cette nuit. Les volets et les fenêtres, tout tremblait. Ça sifflait par la cheminée. On entendait la mer comme si on était dans son ventre. Pour un peu je ne serais pas étonné de trouver des paquets d'écume sur le sol du salon. »

Pour n'en citer qu'un seul, mon préféré : Les Lisières. 

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7 mai 2019 2 07 /05 /mai /2019 22:12

        

        Au XIXème siècle, dans une ville de province russe, Katerina est mariée à Tikhon qu’elle n’aime pas. Mais celle qui lui nuit encore plus, c’est Kabanova, sa belle-mère, vieille bonne femme acariâtre, tyrannique, surveillant sans cesse ce que fait son fils, ce que fait sa bru. Varvara, la sœur de Tikhon, est du côté de Katerina, elle l’incite à prendre sa liberté : « Toute notre maison est bâtie sur le mensonge. Moi non plus, je n’étais pas menteuse ; et puis j’ai appris, quand il a fallu. » Cela tombe bien, Katerina est secrètement amoureuse de Boris à qui elle plaît beaucoup justement. Varvara va tout faire pour les rapprocher : lors de l’absence du mari, elle laisse libre un passage au fond du jardin. Les amants se retrouvent une dizaine de nuits mais, au retour de Tikhon, Katerina ne peut supporter d’avoir commis ce péché qu’elle avoue à son mari. Ce dernier serait prêt à pardonner, conscient de vivre un enfer dans cette maison mais la belle-mère l’accable cruellement. Katerina finit par se jeter dans la Volga, son mari veut la retenir au dernier moment mais Kabanova l’en empêche. Un menaçant orage et ses coups de tonnerre prémonitoires ponctuent la pièce et les états d’âme de Katerina.

         Entre drame et tragédie, la pièce est prenante et le rythme bien mené. Si la marâtre déclenche les rouages d’une fin tragique, les traditions ridicules, la religion suffocante et les superstitions russes occupent également une grande place dans le malheur des personnages. Il faut s’asseoir et faire silence avant le départ d’un proche, une épouse doit passer « une bonne heure et demie à se lamenter, couchée sur le perron » au départ de son mari. Une lecture édifiante vraiment intéressante dans un univers sec et sans concession.

        Alexandre Ostrovski (mort en 1886, quand Tchekhov a 26 ans) fait partie des dramaturges les plus importants du XIXème siècle sans être réellement connu en France ; cette pièce a largement inspiré le compositeur tchèque pour écrire son Katja Kabanova en 1921.

 

« Ici, pour une femme, être mariée ou enterrée, c’est pareil. » (et c’est Boris qui le dit…)

 

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3 mai 2019 5 03 /05 /mai /2019 22:55

Résultat de recherche d'images pour "fabrizio dori dieu vagabond"

                 Eustis est un clochard qui vit dans un champ de tournesols… vagabond devin, il semble être capable de savoir orienter la vie des gens. En réalité (drôle d’expression qui ne convient que très moyennement ici !), il est un ancien satyre, compagnon de Dionysos et de Pan, et malheureusement condamné à être mortel. Ayant perdu ses oreilles pointues et ses petites cornes, il va essayer de satisfaire Séléné, la déesse de la pleine lune, et de lui permettre de revoir son amant Pan une dernière fois. Accompagné d’un vieux petit professeur et e Leandros, un héros antique frustré, Eustis va tenter de rejoindre l’Ouest et de convaincre Hadès de libérer Pan pour quelques heures.  Dans une sorte de road trip déjanté mythico-onirique, les personnages vont, à la manière d’Alice au Pays des merveilles, passer d’un monde à l’autre tout en côtoyant des créatures incroyables telles des nymphes, Arès, Artémis, Hécate, un Centaure (Chiron est le psychothérapeute des dieux !), Morphée, Atlas, Van Gogh.

             Je peux ranger cet album divin -c’est le cas de le dire- dans le rayon des pépites. Son énorme qualité, c’est le dessin. Des références sautent aux yeux : Alphonse Mucha, Hokusai, Klimt, Otto Dix, le pop art, … chaque planche tournée est ponctuée par un « Whaouh » admiratif. Superbe, étonnant, envoûtant. Entre fable et épopée, l’histoire mène les personnages à accomplir leur destin, à trouver leur voie personnelle. Si j’ai un peu moins accroché à l’intrigue (dont les fils s’enchevêtrent drôlement parfois), je ne peux que vous recommander ce spectacle visuel et cet art de passer d’un genre artistique à un autre. Avec grand talent Fabrizio Dori nous fait retomber amoureux de la mythologie grecque !

 

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30 avril 2019 2 30 /04 /avril /2019 18:58

Chien-Loup

           Eté 1914 : A Orcières, dans un village escarpé du Lot, le tocsin sonne le début de la guerre, les hommes s’en vont et les femmes se retrouvent à accomplir toutes les tâches aux champs. Joséphine, la femme du médecin, est la première à se savoir veuve. Un dompteur allemand (et ses huit fauves) est de passage et, pour fuir l’enrôlement et l’arrestation, il se réfugie au sommet de la montagne. Mais cette guerre qui devrait être brève, dure… et la nourriture vient à manquer.

          Eté 2017 : Franck, poussé par sa femme Lise, accepte de passer quelques semaines dans cette maison à louer, perdue dans le Lot. Producteur de cinéma, il aurait préféré rester joignable, dans un endroit civilisé et peuplé. Or, sur le Mont d’Orcières, c’est tout le contraire qui l’attend : dans cette maison isolée, haut perchée, il n’y a ni voisins, ni commerces, ni réseau, ni âme qui vive… Si, un énorme chien vient accueillir le couple. Il faut bien admettre que le paysage est à couper le souffle, il faut bien admettre que ce chien qui semble sauvage, apprivoise très vite Franck à qui il obéit au doigt et à l’œil… Franck se laisse charmer mais il doit résoudre des problèmes de contrat avec ses associés, deux jeunes requins qu’il compte bien faire venir faire un peu de randonnée insolite sous un soleil de plomb.

         Soyons clair, net et précis : j’ai adoré ce roman et l’élève au COUP DE CŒUR. La distance temporelle qui sépare mais surtout lie ces deux histoires absolument fabuleuses, la tension qui règne dans ce roman, les descriptions sublimes de cette nature sauvage quasi surnaturelle, ce personnage citadin vite converti à la rudesse montagnarde, cette image de la Première guerre vue du côté paysan, l’omniprésence des animaux, … j’ai tout aimé ! Frais, puissant, enchanteur, ce roman mêle les genres et les tonalités : suspense, contemplation, Histoire, nature writing, fable, aventure. Hybride est un chien-loup, hybride est ce roman où le manichéisme n’a pas sa place.

        De l’auteur, j’avais lu L’Amour sans le faire que j’avais aussi grandement apprécié. On trouve quelques ingrédients communs aux deux livres : la canicule, le prénom du personnage principal, l’isolement à la campagne, … Hâte d’en lire d’autres de Joncour !

« Il y a des paysages qui sont comme des visages, à peine on les découvre qu’on s’y reconnaît. »

« La forêt est un espace de combat, la paix semble y régner mais dès lors qu'on s'y arrête un instant, on sent bien que s'active tout un royaume de vigilances, on pressent des milliers d'oreilles qui écoutent, de regards qui surveillent, la tension est palpable. »

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26 avril 2019 5 26 /04 /avril /2019 10:51

Résultat de recherche d'images pour "cécile coulon le coeur du pélican"

            Anthime et sa sœur Héléna arrivent dans un nouveau collège. Fusionnels et solitaires, ils doivent cependant se trouver une place. Anthime a choisi le sport pour se démarquer, après avoir gagné les cross et les courses du secteur, il se laisse guider par Brice, un ancien athlète devenu ivrogne et se spécialise dans le huit cents mètres. Il devient très vite une vedette mais un jour, tout s’arrête : il se blesse et reste immobile. Meurtri par cet échec, décidé à tout arrêter, il met également une croix sur la fille qu’il souhaitait tant éblouir, Béatrice, et se contente de son admiratrice, Joanna. Les années défilent, Joanna et Anthime fondent une famille, le bonhomme prend du poids, se rabat sur la graisse et le sucre, devient sédentaire et veule. Lors de l’enterrement de Brice, alors qu’Anthime avoisine les quarante ans, il se fait moucher par un gars qui prétend qu’il n’est plus capable de rien. Anthime prépare en secret son retour dans le sport, et, à force de diète et de pédalage sur son vélo d’appartement, il se sculpte un nouveau corps. Il abandonne femme, enfants et maison pour s’astreindre à un objectif dément : traverser le pays en courant. Héléna l’accompagne, l’épaule, le soigne dans ce combat qu’on sait perdu d’avance.

          Très agréable à lire, ce roman oscille entre polar et tragédie. Une tension parcourt le livre, on devine que cet être pourtant lumineux et doué, a fait les mauvais choix et que la fin s’annonce cataclysmique.  J’ai beaucoup aimé la relation entre frère et sœur, ambiguë et respectueuse. Le portrait de ces adolescents secrets, fragiles et forts à la fois est également juste et réussi. Ce thème du sport est intelligemment développé – entre jouissance et torture, entre dépassement de soi et aveuglement. Mais je n’ai pas tout aimé dans le livre, la fin m’a paru incohérente, Anthime revient pour courir à travers tout le pays, bof bof, son road trip sur les chemins escarpés, à travers les hameaux abandonnés frise parfois le ridicule. Son absence d’amour pour Joanna qui se transforme en haine et son amour éternel pour Béatrice sont là aussi peu crédibles. Mais on passe un bon moment même si Cécile Coulon a écrit mieux : j’ai préféré Le roi n’a pas sommeil et beaucoup aimé Trois saisons d’orage

 

Anthime ado : 

« Un animal, jusqu’ici paisiblement endormi dans les ornières de sa chair, se réveillait, étirait ses pattes, ébrouait son pelage. Son squelette grandit aussi vite que ses muscles s’allongeaient. »

« Il voulait sentir ce vent caresser les poils clairs de ses avant-bras pour le reste de ses jours, il voulait gagner des coupes, des médailles, monter sur des podiums jusqu’à ne plus sentir l’attrait de la terre sous ses pieds, cette terre noire qu’il écorchait de ses chaussures, cette terre qu’il se mit à haïr le jour de sa victoire, parce qu’elle l’empêchait à présent de monter vers le ciel, de s’élever au-dessus de cette masse adolescente dont il ne comprenait ni les codes, ni le langage, ni les gestes. »

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23 avril 2019 2 23 /04 /avril /2019 10:43

Résultat de recherche d'images pour "Oh les filles !  Lepage et  Michel 1"

Première et deuxième parties.

             Trois filles viennent au monde : Leïla dans un pays du Maghreb (avant de venir s’installer en France), Agnès dans une famille riche aux parents froids et distants et Chloé qui vivra seule avec sa mère célibataire. Alors que leurs préoccupations respectives pourraient les éloigner : l’intégration et le désir d’être la meilleure pour Leïla, la solitude d’être avec une nounou sans parents disponibles pour Agnès, les difficultés financières pour Chloé qui rêve de devenir danseuse, les trois filles deviennent amies. Elles grandissent, sont de jolies ados dans le second tome, se confrontent à la mort, au regard des garçons, aux études qu’elles réussiront ou non. Chloé parvient à intégrer le Ballet de Paris, Agnès rejette ses parents au point de s’enfuir avec un marginal et Leïla s’efforce d’être la meilleure au lycée pour pouvoir devenir gynécologue.

            Je me faisais une joie de retrouver le trait de Lepage mais je dois bien admettre qu’il est moins doué pour dessiner les humains que les paysages. J’ai souvent confondu Agnès et Chloé. Mais ce n’est pas le plus important. Ce diptyque met en lumière des jeunes filles au parcours plutôt atypique, prises aux difficultés de leur âge (sexualité, orientation, parents) et liées par une solide amitié. Ça a été agréable à lire, ma fille de dix ans m’a piqué le premier tome qu’elle a lu deux fois (dans le second, certains passages étaient censurés pour elle). On s’attache vite à ces êtres à la fois fragiles et forts, complexes et finalement très simples (personnellement, contrairement à l’idée qu’on s’en fait, je trouve la femme bien moins ambiguë et contradictoire que l’homme…) Donc : à lire sans s’attendre au chef-d’œuvre !

Résultat de recherche d'images pour "Oh les filles !  Lepage et  Michel 2ème partie"

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19 avril 2019 5 19 /04 /avril /2019 09:09

Résultat de recherche d'images pour "scherbius et moi antoine bello gallimard"

           En panne de lecture ? Envie de légèreté intelligente (après le très remuant Lambeau) ? Antoine Bello vous conviendra parfaitement.

            Le Dr Maxime Le Verrier, jeune psychiatre en 1977, rencontre un patient bien extraordinaire, Scherbius, qu’il diagnostique comme souffrant d’un trouble de la personnalité multiple (TMP). En effet, Scherbius se crée -s’est créé- toute sa vie, différentes identités mais également différents parcours et de nombreuses personnalités. Le psychiatre place son patient sous hypnose et découvre sa vie : religieux, militaire, enseignant, diplomate, manutentionnaire, … tel un magicien, il a su revêtir les différents costumes, voyageant à travers le pays, multipliant les impostures et manipulant avec brio ses interlocuteurs. Après avoir raconté le personnage haut en couleurs dans une première édition, le psychiatre nous révèle, dans une deuxième édition qu’il s’est lui-même fait avoir par son patient.

             Le roman commence avec panache, et, malgré quelques coups de mou, il continue à nous impressionner puisqu’il ne présente pas moins de six éditions de la version originale de Maxime Le Verrier. Mise en abyme et manipulation des personnages et du lecteur par la même occasion amusent et font sourire. Je commence à connaître le style de Bello et à apprécier son imagination grandiloquente, parfois débordante, son souci du détail (il sait drôlement bien se documenter et Scherbius s’est même retrouvé dans des contrées très proches de chez moi). On peut lui reprocher quelques longueurs mais elles sont vite pardonnées parce qu’on voyage, on se cultive (ces TMP sont tout à fait passionnants !) on se distrait !

L’homme qui s’envola et Les falsificateurs restent mes romans préférés.

 

« Le banal l’assomme. N’étant heureux que dans le déséquilibre, il fabrique perpétuellement des drames dont il est le héros. Il a le don de broder une histoire à partir de n’importe quoi : un fait divers entendu à la radio, une date, un lieu. »

« Quand je suis las de moi-même, je deviens un autre, puis un autre, puis encore un autre. J’ai oublié d’où j’étais parti. »

« Son ennemi, c’est l’ennui. Il s’est interdit une bonne fois pour toutes de vivre deux fois la même journée, de se lever le matin en sachant ce qu’il fera le soir, de jeter un œil à la carte des desserts au début du repas. Son existence est une œuvre d’art, une fresque dont la véritable grandeur n’apparaîtra qu’avec le recul du temps. »

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15 avril 2019 1 15 /04 /avril /2019 16:30

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                Philippe Lançon, journaliste, fait partie, le 7 janvier 2015, des rares rescapés de l’attentat perpétré contre la rédaction de Charlie Hebdo. Touché par balle, il a aussitôt fait le mort avant d’avoir face à lui l’image de la cervelle éclatée de Bernard Maris … Vivant mais éberlué, traumatisé, changé à jamais à l’intérieur comme à l’extérieur, il raconte ici sa très lente reconstruction, une sorte de restauration de celui qu’il ne sera jamais plus. Ses multiples interventions dans les mains expertes de Chloé, sa chirurgienne attitrée, les visites, la surveillance policière, les soignants grouillant autour de lui, les relations parfois détériorées avec ses proches, ses lectures, ses pensées, ses digressions, ses souvenirs… rien ne nous semble épargné… du 7 janvier au 13 novembre 2015.

             Cette lecture a été très éprouvante et j’en sors soulagée, d’une part d’avoir terminé le livre, d’autre part de savoir que l’auteur va plus ou moins bien, mieux en tous cas, que de son malheur, il a pu donner vie à ce livre si bien écrit, si intime et si bouleversant. C’est qu’en 500 pages, on a le temps de s’attacher à lui ! Personne ne peut rester indifférent à ce récit mais j’ai été d’autant plus touchée que mon père, à la suite d’un cancer, a subi le même genre d’opération, de contraintes (quel euphémisme), de métamorphose. Si l’hospitalisation a été moins longue pour lui, les conséquences en sont peut-être plus lourdes que pour Philippe Lançon.

            Evidemment thérapeutique, ce livre raconte les moindres détails de l’intimité de son auteur. Et je me suis demandé si, un jour, il ne serait pas amené à regretter cette mise à nu totale, cette description crue de son être physique et de ses pensées les plus profondes. Je retiendrai deux choses de cette lecture, j’espère en tous cas m’en souvenir longtemps : c’est le contact avec l’art qui a profondément aidé Philippe Lançon à surmonter les douleurs, les heurts et à reprendre goût à sa vie d’avant : la lecture (Proust et Kafka en tête), la musique classique, la visite des grands musées parisiens. Sa culture a été sa béquille. Ensuite, il n’a jamais exprimé ni haine contre les terroristes, ni questions philosophiques qui n’en sont pas et que j’ai si souvent entendues (et peut-être faites miennes…) du genre « Pourquoi moi ? ». Sincère, humble, honnête, l’homme a toujours su se montrer délicat et noble. Oserais-je rajouter que dans son extrême malheur, il a bénéficié d'un statut de privilégié, bien entouré, bien soigné ?... c'est dit. 

 « J’étais un blessé de guerre dans un pays en paix et je me suis senti désemparé. »

Avec les autres patients du service : " On se croisait parfois avec les potences dans le couloir, traînant les pieds et sans parler. Au mieux, un signe ou un petit salut. On n’avait pas gardé les vaches ensemble et on ne souhaitait pas le faire, le troupeau longeait la falaise quand il ne tombait pas dedans. Chaque visage était déformé, éborgné, tordu, tuméfié, bleui, bosselé, bandé. Pour un jour ou pour toujours, c’était le couloir des gueules cassées. Les uns finiraient par se ressembler de nouveau ; les autres jamais. "

Lors d’une rencontre avec François Hollande qui lui demande des nouvelles de sa chirurgienne qui lui a – apparemment – tapé dans l’œil : « Le meilleur de la vie, me dis-je, en regardant ses fins yeux luisants, presque bridés, c’est bien ça : ne pas oublier ce qui nous a plu, même un instant, et, si possible, oublier au maximum tout le reste, à commencer par tout le pathétique de la situation. Son insouciance fait mieux que rendre hommage à mon petit chemin de croix, ce dont je me fiche : elle me soulage.» Hollande aurait dit à Lançon « Eh bien ! Vous avez de la chance ! » parce qu’il voyait régulièrement sa chirurgienne…

Merci à Michaël pour ce prêt !

 

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12 avril 2019 5 12 /04 /avril /2019 15:14

Résultat de recherche d'images pour "La route de Tibilissi de Chauvel – Kosakowski –"

              Dans des contrées montagneuses, enneigées et hostiles, Jake et son petit frère Oto voient leurs parents mourir sous leurs yeux, atteints par les flèches de leurs poursuivants, de dangereux archers dont on ne voit pas le visage. La dernière recommandation du père aux garçons « Partez vite… allez à Tibilissi » sera compliquée à suivre car la menace d’une guerre non identifiée, d’ennemis non nommés mais nombreux et diaboliques, va planer tout au long de leur périple. Oto retrouve ses deux amis aussi insolites l’un que l’autre : un robot baragouinant des mots compris seulement d’Oto et une créature à fourrure souriante. Le quatuor va rencontrer embûches, ennemis et protecteurs dans une croisade mystérieuse où certains hommes se révèlent aussi dangereux qu’une horde de loups.

           Quelle claque que cette BD ! Mêlant différents genres, différentes époques, la fin est une surprise totale, perturbante et marquante. La lumière est centrée sur ce petit garçon, Oto, touchant parce que désormais orphelin, attachant parce que courageux malgré les épreuves. J’ai du mal à parler de cet album tant il m’a plu, tant j’aimerais ne pas dévoiler la fin. Je n’en fais pas un coup de cœur même si on y est presque parce que ça reste très violent (il m’a fait penser au film The Revenant, c’est pour vous dire…) Enfin : lisez-le !

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