Voilà un livre qui figure parmi les meilleures ventes des derniers mois.
Le titre est attirant et énigmatique, la couverture est jolie, bref, je me laisse tenter.
La déception n’est pas immense car à vrai dire, je ne m’attendais pas non plus à un chef-d’œuvre, mais, j’aurais aimé être happée par cette lecture ; ce n’était pas le cas.
C’est un roman épistolaire. Des habitants de l’île de Guernesey, les participants et créateurs du fameux Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates correspondent avec Juliet Ashton, un écrivain en devenir. Contexte : l’après-guerre, 1946.
Alors oui : à l’enveloppe, à l’idée, à la coque, à la forme du roman. J’ai aimé que ça se passe à Guernesey, c’est original et aussi vivifiant que l’air iodé de cette île. Pour ma part, cela faisait un sacré moment que je n’avais plus lu de roman par lettres, donc, encore une fois, j’ai apprécié le procédé. Mais pour le reste…
Juliet Ashton qui débarque à Guernesey et s’émerveille de tout et de tout le monde, moi j’ai pensé au remake de Martine va à Guernesey.
Les personnages, trop nombreux, sont à peine esquissés, je les aurais préférés moins nombreux et plus travaillés. Certaines lettres sont archi courtes et inintéressantes au possible : « Chère amie, je ne pourrai venir lundi – oh c’est dommage. J’en suis désolé, blabla ».
Certes, la petite communauté des habitants de l’île peut toucher le lecteur par son humanité contrastant avec la lourdeur de l'occupation allemande. Le personnage d’Isola m’a plu et m’a fait sourire, mais l’histoire de la fillette qu’on adopte en deux temps trois mouvements, l’histoire d’amour qu’on devine au bout de quelques pages… c’est léger, bien trop léger !
J’ai lu quelque part que le livre constituait un remarquable hymne à la lecture. Oui, on parle de livres, oui ce sont des gens qui n’ont jamais lu qui tombent en extase devant une Brontë ou un Shakespeare. Mais encore une fois, le sujet est à peine abordé, et pourtant en 394 pages, il y aurait eu de quoi faire !
Pas de vraie déception, juste un décalage entre les qu’en-dira-t-on et ma propre opinion.
Un petit extrait pour ne pas avoir l'air de faire la fine bouche :
"Cee Cee avait raison de s'extasier sur St. Peter Port. La ville semble littéralement jaillir des eaux. C'est dans nul doute l'un des plus beaux ports du monde. Les vitrines des magasins de High Street et du Pollet sont étincelantes de propreté et commencent à se remplir de marchandises. Le gris domine et les bâtiments auraient besoin d'être rénonvés, mais St. Peter Port n'a pas l'air aussi exténué que notre pauvre Londres ".
et un autre (les habitants de l'île louent sans cesse une certaine Elizabeth, et là, c'est Remy, une jeune femme qui l'a rencontrée dans un camp de concentration, qui en parle) :
"Un soir, elle est venue à moi et elle m'a appelée par mon prénom : Rémy. (...) j'ai couru avec elle à l'arrière du bloc. Il y avait une fenêtre cassée refermée par des bouts de papier. Elle les a enlevés, nous l'avons escaladée et nous avons couru jusqu'à la Lagerstrasse - la rue principale du camp. Là, j'ai compris ce qu'elle voulait dire par une merveilleuse surprise. Le ciel qui apparaissait au-dessus des murs était comme en feu avec ses nuages rouge et violet bordés d'or sombre au-dessous. Ils changeaient de forme et de teinte en traversant le ciel. Nous sommes restées là, main dans la main, jusqu'à ce que la nuit tombe".
Et enfin, des photos de Guernesey parce que pour ça les deux auteurs sont très forts : le nombre des touristes a sans doute déjà explosé depuis la parution du livre !