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5 février 2011 6 05 /02 /février /2011 21:24

           

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           Puisque j’avais adoré le premier tome  ("apprendre") de cette mini-série (pas de tome 3 en vue…), je me suis empressée d’acheter la suite.

            Pour vous remettre dans le bain, un petit rappel : Aster enfant avait découvert qu’elle possédait une particularité gênante, elle faisait partie de la petite minorité des gens mortels. Les autres hommes, nés sous fécondation in vitro vivaient éternellement. Exclue puis rebelle, elle avait fui les immortels.
On la retrouve avec les quatre derniers mortels, ils constituent une petite bande d’anarchistes, bravant les immortels qu’ils côtoient le moins possible, jouant avec le feu, jusqu’au jour où… l’un d’eux meurt brutalement et bêtement. Aster se drogue pour oublier, elle rêve, délire et sera finalement recueillie par le premier immortel, Ewig Heyoun qui sera à son chevet nuit et jour. Commence alors une relation basée sur des « je t’aime moi non plus »… L’album se clôt sur un point d’interrogation puisqu’Aster nous confie avoir « fait la plus belle connerie de [sa] vie »… et on n’en sait pas plus.

 

Première réaction : j’aurais voulu lire la suite, là maintenant tout de suite !

Deuxième réaction : on en sait trop peu, c’est pour ça que je me suis sentie frustrée et insatisfaite ! Ce deuxième tome pêche donc un peu au niveau de l’intrigue bien maigrichonne. Certains passages sont touchants, on ne peut que compatir et s’attacher à cette jeune fille mais il n’y a plus le choc de la surprise du premier tome.
Le graphisme rattrape cependant cette faiblesse. Il a bien changé depuis le premier album : les traits sont plus fuyants, les couleurs plus pastel ; la poésie prédomine des cases souvent dénuées de texte. Le dessinateur a insisté sur le beau regard d’Aster, sa détresse et sa solitude. La science-fiction cohabite avec le fantastique dans un monde féérique mais également teinté de philosophie.

Le sous-titre « comprendre » n’a pas fait écho en moi… que comprend Aster dans ce tome-là ? rien de plus que dans le premier… !?

 

            L’extrait qui suit se situe juste après la mort de l’ami d’Aster : « on en avait beaucoup parlé… mais là c’était le premier. Je crois même qu’on ne parlait que de ça. De manière frontale ou sous forme d’allusions… au premier ou au dernier degré. On pensait en avoir tellement conscience qu’on était prêts à accélérer encore le mouvement : puisqu’on est condamnés, autant crever vite. Un raisonnement que je trouvais d’une évidence irréfutable à l’époque… mais aujourd’hui, je ne comprends même plus ce qui le rendait logique, j’aurais même tendance à penser l’inverse… quand l’issue est inéluctable, autant la retarder un maximum. Ca doit être ça vieillir. »

 

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 11:34

 

 

J’avais promis de ne pas le lâcher ce Mardon ! Voilà une de ses premières BD. 

Plusieurs récits se croisent :

-          Une mère de famille accro au lifting, aux UV, aux opérations chirurgicales et autres ravalements de façade qui lui font, comme le dit si bien sa fille, plus de mal que de bien au final.

-          Sa fille, justement, Agnès, l’aînée de la famille qui ne se sent pas trop à sa place dans ce milieu bourgeois et huppé. Elle fait de petits trafics en aidant son voyou de copain.

-          Le fameux Jean-Pierre Martin, déjà rencontré dans Incognito , celui qui se plaint d’être invisible, couard et insignifiant. Il finit dans les bras de la mère de famille liftée.

-          Le père de famille, toujours pressé, toujours occupé, qui découvre, le même jour, qu’il a un cancer et que sa femme le trompe

-          La cadette de cette famille un peu particulière, Jeanne, qui, contrairement à sa mère se complaît dans des habits larges, s’empiffre à longueur de journée et… vole dans les magasins.

-          Il y a aussi Cyril, le copain de Jean-Pierre, dragueur et petit comédien sans succès, il s’amourache d’Agnès…

-          Et la petite vieille de l’immeuble de Cyril, qui vit seule et qui meurt sous les yeux de Jean-Pierre qui lui rendait visite pour la première fois.

                        J’aime beaucoup la couverture de l’album qui réunit tous ces personnages,  ils sont tous là ensemble, mais chacun dans son coin…

              Je ne résiste pas au plaisir de vous citer la deuxième planche, une conversation entre la fan du lifting et sa copine dans une salle de sport :

 

"- Je ne suis pas mécontente d'avoir changé de chirurgien. Tu devrais le rencontrer, lui ne refuse pas de me scier les côtes pour affiner ma taille.

- Tu as entendu parler de ces vitamines orthomoléculaires qui empêchent de vieillir.

- Oui, au Brésil, elles sont en vente libre. Tu sais que mon chirurgien a exercé quelque temps là-bas. Je crois que je vais lui amener Cynthia à la prochaine consultation. Je lui avais promis une liposuccion de la culotte de cheval pour ses dix-huit ans. Elle ne parvient pas à s'en débarrasser malgré la gym, la pauvre.

- J'aimerais tant avoir la même osmose avec mes filles."

 

            Des tranches de vie, encore une fois, dans un album grouillant de couleurs, de mouvement et de réalisme. C’est souvent drôle mais des réflexions plus sérieuses se cachent sous les petites histoires individuelles. L’être et le paraître, le corps de la femme (qui est vraiment récurrent chez ce cher Mardon…) Il n’y a pas de héros, simplement des gens de la vie de tous les jours. Les dessins sont réalistes et simples, les hachurages obscurcissent un peu l’ensemble mais vraiment, à part ça, rien à redire. Ce fut un plaisir à chaque page.


Mon album préféré reste néanmoins Leçon de choses

 

 

 

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29 janvier 2011 6 29 /01 /janvier /2011 13:35

 

 

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            Mon premier Indridason ! Et la première fois que je lis un livre écrit par un auteur islandais.

            Un cadavre est retrouvé dans un appartement de Reykjavik. L’homme s’appelait Holberg, il a été assassiné au moyen d’un très lourd cendrier et la police, avec en tête l’inspecteur Erlendur, découvre assez vite qu’il était un violeur. En parallèle, une femme violée par l’ignoble individu témoigne : sa fille née de l’agression, est décédée à l’âge de 4 ans d’une étrange maladie héréditaire. Cette maladie rare qui ne touche que les êtres du sexe féminin est la clé de l’énigme et mettra Erlendur sur la piste de l’assassin.

            Le suspense est bien là, Erlendur est un flic d’une cinquantaine d’années ; après l’avoir trouvé relativement conforme aux clichés de l’inspecteur qui en a vécu et qui en a vu, il m’est apparu comme un gars sensible, très humain. Erlendur a une fille, Eva Lind, qui se drogue et manque à l’appel bien souvent dans le foyer familial où la mère a pris la poudre d’escampette il y a bien longtemps de cela. Et on assiste au désœuvrement de ce père face à sa jeune femme de fille ; il ne se sait que faire, comment se comporter, est parfois maladroit et cruel envers elle. Et en même temps, père et fille ont des moments de complicité.

            Une remarque : le roman nous présente une Islande relativement sombre et glauque et Erlendur a une définition bien à lui du « meurtre typiquement islandais » : « un truc dégoûtant, gratuit et commis sans même essayer de le maquiller, de brouiller les pistes ou de dissimuler les preuves. » Ca ne donne pas vraiment envie de se balader dans les rues reykjavikiennes en pleine nuit. (Mais allons-y pour le dépaysement, quelques clichés de la ville ci-dessous … qui, d’ailleurs, me font immédiatement changer d’avis !)

            De petits regrets tout de même : le début du roman m’a paru relativement mal écrit, les phrases sont très simples, le style n’a vraiment rien de prodigieux. Au fur et à mesure que l’enquête avance, j’en ai cependant été moins gêné. Autre chose : ceux qui ont lu le livre comprendront, j’ai trouvé aberrant et tout sauf crédible, le fait qu’Einar travaille au centre de l’étude du génome… quelle énorme et grotesque coïncidence ! Et dernier point : l’absence de chute. On nous annonce le probable dénouement bien 50 pages avant la fin et on défait ce nœud de l’intrigue tout simplement pour arriver à la fin.

Donc, sans que ce soit pour autant un coup de cœur, ce polar m’a plu. Il rassemble les qualités qu’on attend du genre. C’est le premier tome d’une longue série d’enquêtes de sieur  Erlendur. J’irai lire la suite.

 

 

 

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 22:31

 

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            Un album qui retrace la vie du philosophe. Nietzsche est né en Allemagne en 1844. Très vite, il se sent différent des autres et adolescent, il clamera son admiration pour Schopenhauer (vous  savez celui qui a dit que l’amour n’existe pas et que l’espoir était à bannir parce qu’étant à l’origine de toutes nos déceptions.). Très jeune, Nietzsche devient professeur à Bâle. Il souhaite suivre l’exemple antique et crée de petites communautés de philosophes où « on y causerait beaucoup, on lirait un peu, on écrirait à peine ». Ensuite, ça part en eau de boudin dans ma tête. Il se convertit au catholicisme mais croit dur comme fer au destin. Il commence à délirer, ce que j’ai mis un petit temps à comprendre… Il est incompris (tu m’étonnes, dirais-je…), interné en asile psychiatrique et finit sa vie dans un état végétatif.

            Il me semblait que j’avais lu Ainsi parlait Zarathoustra  il y a quelques années mais comme il ne m’en reste vraiment aucun souvenir (et que cette BD ne les a pas ravivés), je doute. Moi qui me disais amatrice de philo et toute fière de mon 16 en dissert au bac, j’en ai pris pour mon grade… J’étais paumée dans la lecture de cet album mais ce qui m’a le plus dérangée c’est de n’avoir pas compris quelles étaient les idées de Nietzsche, de ne même pas savoir en faire un résumé. Je n’ai retenu que l’influence de Schopenhauer, la présence de sa sœur et sa fin de vie marquée par la folie. Je ne suis peut-être qu’une mauvaise lectrice. Je me sens d’autant plus penaude qu’on m’a offert cet album. Laurence, toi qui l’as lu, dis-moi ce que tu en as pensé !

            Il est dommage, tout de même, de ne pas avoir rendu la philosophie plus accessible par le biais de la BD. Ah si, j’ai retenu une chose encore : la sœur de Nietzsche a répandu la thèse d’un philosophe antisémite, alors que c’était tout faux. C’est donc l’image de la folie et de la propagande nazie qui a été donnée aux lecteurs.

            Un gros point positif : les illustrations ! La BD est un objet magnifique, les planches sont dignes des plus grands peintres, il y a du Cézanne dans le personnage de Nietzsche et la ressemblance entre certaines cases et des tableaux de Géricault m’a frappée. Un plaisir pour les mirettes !

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22 janvier 2011 6 22 /01 /janvier /2011 22:34

 

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           Je crois que j’aurais pu l’écrire ce bouquin (ouais, mais j’l’ai pas fait, me direz-vous…)

            Princesse Soso est prof d’anglais dans un collège rural classé ZEP, le genre de bahut où il ne fait pas bon atterrir quand on vient d’avoir son CAPES, quoi ! Et elle nous raconte une année scolaire-type à sa manière, avec un langage fleuri, djeunz, cru et souvent vulgaire, mais à l’image de ce qu’elle entend à longueur de journée de la part de ses charmantes têtes blondes, de ses choupis, comme elle aime les appeler. L’humour est bien sûr omniprésent mais il cache aussi la consternation et l’effarement de Princesse Soso et de nous tous, profs.

            Il faut dire que Princesse Soso côtoie des élèves particulièrement salés, elle est gâtée entre Manolito le crado qui n’a jamais ses affaires et qui sèche un jour sur deux, Leslie qui s’habille comme une p… et dont la ceinture porte le nom sans équivoque de « BITCH » et Cassandra qui ment comme elle respire. Ce qui m’a le plus choquée, c’est l’importance de la sexualité chez ces grands enfants. L’amour est un terme galvaudé et il n’est pas rare d’avoir 3 ou 4 petits amis différents dans une journée pour une élève de 6ème ou d’être pris en flag en train de faire une petite gâterie buccale à un copain en 4ème.

            J’ai les mêmes en moins pire quand même ! Ce qui ressort de ce bouquin c’est le côté hyper mouvant et folklorique d’une journée de prof. On ne s’ennuie jamais, on n’est jamais certain de pouvoir faire ce qu’on avait prévu, on n’est jamais à l’abri d’une bagarre, d’un évanouissement, d’une scarification, d’une colère d’élève (qui sort de la salle de classe en claquant la porte !), de pleurs (qu’est-ce que j’en ai, de plus en plus, des gamins qui chouinent pour tout et n’importe quoi !), bref, ça fourmille et ça fait du bruit tout le temps ! Mais ma réalité rejoint sa réalité là…

           Je me suis vraiment retrouvée dans ce récit. Apparemment, on est de la même génération et Princesse Soso compare d’ailleurs une salle de perm de 1993 (je sortais à peine du collège) et une « salle de sperm » de 2009. Un petit extrait des occupations des élèves en 93 :

-      « Terminer le  problème de maths à base de train à la con qui partirait à 8h23 et d’un robinet qui fuit (on voit bien que les profs de maths ne prennent pas le RER et ne sont pas plombiers).

-      Papoter discrètement à propos de la boum de samedi aprèm dans le garage de Ludo. Même qu’il y aura du panaché. Nan sans blague. Eh ouais.

-      Ecrire dans son agenda Chevignon des aphorismes dignes de Nietzsche : « Le slow est l’expression verticale d’un désir horizontal. »

-      Papoter discrètement à propos de la boum de samedi aprèm dans le garage de Ludo. Même que j’amène mon CD de Culture Beat. Même qu’Antoine a prévu de demander à Claire de sortir avec lui. Nan. Siiiii, j’te jure. Il veut trop danser avec elle sur I miss You de Haddaway avec elle et sur la BO de Top Gun. Ah ouais, Take my breath away. Trop romantique.

-      Pomper le devoir de maths de Véronique pour pouvoir terminer tranquillou son acrostiche pour sa best.

-      Se raconter comment on a galéré à enregistrer sur K7 audio la dédicace de Géraldine hier sur Chérie FM. Elle a dédicacé I love your smile de Shanice à Arnaud.

-      Checker le cinéma de mercredi après-midi. On va voir Arizona Dream ? (Y’a Johnny Depp !) »

 

Version 2009 :

-      « Terminer le problème de maths à la con qui consiste à colorier en rouge le triangle équilatéral, en bleu le triangle isocèle et en vert le triangle rectangle. Mais comment les profs de maths de quatrième, c’est trop le IIIè Reich, quoi.

-      Papoter discrètement à propos de la « teuf » de samedi soir chez Sabrina. Même que j’amène de la manzana. Cool, ça ira bien avec la vodka. Faut dire à Madison de pas oublier les Red Bull.

-      Envoyer un SMS à Jason pour lui demander la taille de sa bite.

-      Ecrire dans son agenda Quicksilver des aphorismes dignes de Jean-Jacques Larusso : « J’aiime pas les chaudasse qui fond leurs chaudière et par deriière paniike leur mère quand elle doive emballer leur keum.

-      Ecrire au stylo rose pailleté parfume ananas/framboise un mot trop love à sa bestah’, sa Number’Twwo ou à son Essentiell’ : « t’as réussi la ou tous ont échouer. T mon oxigenne et JTM PQTOM TMTC Beibbei.

-      Checker quel film on télécharge ce week-end. Nan, pas Les Ch’tis, on les a vus douze mille fois. Ou alors on se mate Pirates des Caraïbes (avec Johnny Depp !)

-      Entendre Maryne traiter Charlyne de « pute à matelots » en suçant son majeur avant de lui envoyer son compas à la gueule. »

 

            Eh oui… c’est affligeant ! A propos de la « bestah » (traduire : la meilleure amie), un phénomène plus qu’étrange a vu le jour récemment. Princesse Soso en parle aussi. On donne des noms bien affectueux à sa meilleure copine, comme « ma femme », « ma pute » (les deux sont hyper courants). De toute manière, « pute » n’a que peu de valeur. L’année dernière un de mes gugusses de troisième avait traité sa camarade de classe de cette jolie appellation. Je le reprends à l’ordre et la gamine insultée (pourtant grande gueule par ailleurs) a juste … souri. Presque fière. Je lui ai dit qu’elle ne devait pas accepter ça, et elle de me répondre « mais non, c’est pas grave, c’est juste pour rire ». !!!

Donc, même si apparemment, le sexe, chez mes élèves pour le moins, reste légèrement tabou, il y a des choses à ne pas dire : j’ai malheureusement utilisé l’expression « en préliminaire », toute la classe de 4ème était rouge à force de rire, de pouffer ou de se retenir de rire…

 

            Bon, désolée, si mon expérience perso interfère sur celle de Princesse Soso mais quel prof ne sera pas d’accord avec ces définitions de notre profession et de notre quotidien :

 

« Quand on est prof, on fait l’Olympia tous les jours. On monte sur scène, on séduit son public, on rappelle qu’il faut éteindre son portable pendant le spectacle et on prend à parti les gros malins qui discutent pendant le stand-up. »

 

« maintenant, quand tu es prof, en plus d’avoir obtenu un concours, tu dois avoir un mastère en informatique ( pour maîtriser comme une bête les Powerpoint, Excel, Photoshop, Adobe Premiere Pro 2 et autres PDF qui déchirent), tu dois avoir un diplôme d’éducateur/psychologue pour gérer les crises des gamins en souffrance (genre Jade qui aime bien se faire saigner son bras à l’aide de son compas ou des lames de son taille-crayon), tu dois aussi être prof-clown, c’est-à-dire ne pas traumatiser les choupinous avec des vilaines dictées ou des vilains devoirs qui les empêcherait de s’épanouir. Il est également fortement conseillé d’avoir un brevet de secouriste, un brevet de moniteur d’école, quelques notions de médecine (« Madaaaaame, y a Alison qui s’est coincé sa gomme dans le nez et ça sort plus et elle est toute rouge ») et un mastère en histoire de l’art [et du cochon]. » (Oui, dernière lubie du rectorat que Princesse Soso surnomme si finement Ray Ktora).

 

            Un livre indispensable aux profs et (surtout) à ceux qui ne le sont pas. Rire de son métier pour ne pas en pleurer…

 

Un regret : l’absence d’un chapitre, non de deux, à propos des collègues (qui mériteraient un bouquin à eux tout seuls !)

Un merci à Soso : pour avoir rappelé à mon doux souvenir le nom de Werner Schreyer (et de tant d’autres !)

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 14:41

 

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L’adorable dragon m’a d’abord fait de l’œil chez Anne Ferrier et quand je l’ai revu chez Za, je n’ai plus hésité une seconde !

Punaise, quel album génial ! C’est du Baudelaire pour les enfants, en gros !

            Charles est un petit dragon différent de ses congénères. Quand il entre à l’école, on se moque de lui car il ne sait pas voler, il a de grandes ailes, un corps maigrichon, de grands pieds et au lieu de cracher du feu, l’hurluberlu crache des mots, quelle idée ! Ses parents sont pourtant persuadés qu’il est le plus beau du monde. Charles, lui, se réfugie dans la poésie qu’il préfère triste.

Un jour, il se voit contraint de déployer ses ailes immenses et alors… alors, elles sont tellement gigantesques, ses ailes de géant, qu’elles font la nuit sur le monde des dragons. La maîtresse déclenche le plus beau des feux d’artifice. Et le petit Charles  « s’en va. Son cœur palpite de joie. Il est désormais assez grand pour visiter le vaste monde. Il sait voler, il sait cracher du feu. Alors, poursuivant son chemin, il disparaît à l’horizon plein de promesses. »

C’est juste sublimissime de rendre un hommage à Baudelaire à travers un album pour enfants. Merci aux auteurs, merci !

 

A la maison, la magie n’a pas tardé à opérer. Ma dragonnette de deux ans s’est tue pendant toute la lecture (ce qui relève de l’exploit pour cette petite bavarde !) avant de s’exclamer « Beau, beau, beau! » et mon dragonnet de cinq ans en redemande encore et encore.


Il est magique cet album, magique ! 
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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 14:09

 

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            Une suite de L’île au trésor. Je devais être en quatrième –pas sûr…- quand j’ai découvert le roman et ce fut une de mes plus grandes déceptions littéraires. Non seulement le livre d’aventures m’avait profondément ennuyée (un comble !) mais en plus, je n’avais pas tout saisi, les personnages ne formaient plus qu’un méli-mélo dans ma tête.

            La BD nous propose donc de continuer les aventures de Jim Hawkins et les autres héros de L’île au trésor… et moi, je me suis presque autant amusée qu’à la lecture du roman.
Rendez-vous raté.

Objectivement, je crois que l’album ne nous offre vraiment rien de bien passionnant : l’intrigue est plate comme un trottoir de rue, le graphisme… ben rien à dire, rien de spécial non plus.
 

          Petite bonne nouvelle, l’album fait partie d’une série de 7 albums présentés ainsi sur la quatrième de couverture : « 7 missions à haut risque, 7 équipes de 7 hommes décidés à réussir, 7 histoires complètes à découvrir dans une collection d’exception ». L’idée est sympa : Sept psychopathes, sept voleurs, sept guerrières, etc. J’en lirai peut-être un encore.

Une petite citation pour ne pas finir ce billet en eau de boudin :

« Chacun recherche son trésor, Jim… quel est le vôtre ? L’aventure peut-être ? Vous avez raison, bonne ou mauvaise, l’aventure, c’est la vie ! »

 

 

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17 janvier 2011 1 17 /01 /janvier /2011 09:56

 

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Un des livres les plus éprouvants que j’ai pu lire de toute ma vie.

 

            L’auteur-narrateur raconte ses enfants, ses deux fils handicapés mentaux. Il décrit sa vie avec eux, il décrit leur vie. Simplement, crûment, sans détour. La réalité dans toute sa vérité.

J’aurais pu citer tout le livre tant il est fort et émouvant. D’espoir, il n’y en a guère. L’humour est noir et caustique, la culpabilisation omniprésente, l’avenir complètement bouché.

« Grâce à vous, j’ai eu des avantages sur les parents d’enfants normaux. Je n’ai pas eu de soucis avec vos études, ni votre orientation professionnelle. Nous n’avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de ce que vous feriez plus tard, on a sur rapidement que ce serait : rien. »

            Mathieu vient au monde déjà bien affaibli ; les parents apprennent d’abord qu’il a un gros retard physique puis que le garçon est également handicapé mental. « On aurait bien voulu le défendre contre le sort qui s’était acharné sur lui. Le plus terrible, c’est qu’on ne pouvait rien. On ne pouvait même pas le consoler, lui dire qu’on l’aimait comme il était, on nous avait dit qu’il était sourd.
Quand je pense que je suis l’auteur de ses jours, des jours terribles qu’il a passés sur Terre, que c’est moi qui l’ai fait venir, j’ai envie de lui demander pardon
 ».

            Un second bébé pointe le bout de son nez et… Thomas est blond, souriant, vif, mais très vite, parents et médecins se rendent compte de sa fragilité. Second coup du sort, Thomas est également handicapé.

Le père semble maintenir la tête de l’eau grâce à l’humour : «  Avec moi, la nature a eu la main lourde.

Même TF1, pour rendre le héros bouleversant et faire pleurer dans les chaumières, n’oserait pas mettre ce genre de situation dans un téléfilm, par peur d’en faire trop, de ne pas être pris au sérieux et, finalement, de faire rire. »

C’est l’impossibilité de vivre une existence ordinaire qui cadence le livre, les rêves tombent à l’eau et les espoirs sont inimaginables. Les garçons ne connaîtront jamais la musique, n’apprécieront jamais un beau paysage.

« On ne pourra jamais rien admirer ensemble » est la phrase qui m’a peut-être le plus remuée.

            Mathieu meurt à 15 ans quelques jours après avoir été opéré pour redresser sa colonne vertébrale.
Car ces enfants vieillissent plus vite que les autres. Ils passent d’un état de bébé à celui de vieillard. Courbés et bossus à trente ans, l’emploi du temps de leur journée consiste à suçoter leur ours en peluche, à gribouiller sur des feuilles en papier (ou ailleurs) et à répéter inlassablement les mêmes phrases. « Où on va, papa ? » fait d’ailleurs partie de ces questions qui n’attendent même pas de réponse.

L’auteur parle très peu d’amour, il se moque de ses fils, se montre souvent cruel, cruel avec eux, avec lui-même, avec la vie. Mais certaines remarques ne sont pas dénuées de tendresse et de poésie. Thomas et Mathieu parlent le lutin et ont « de la paille dans la tête ». Il les compare souvent aux animaux aussi, avec leur cervelle de moineaux. C’est dur, rude mais vrai.

Du début à la fin du livre, je ne cessais de me dire quelle chance j’ai, quelle chance… on l’oublie parfois.

« Que ceux qui n’ont jamais eu peur d’avoir un enfant anormal lèvent la main. 

Personne n’a levé la main.

Tout le monde y pense, comme on pense à un tremblement de terre, comme on pense à la fin du monde, quelque chose qui n’arrive qu’une fois.
J’ai eu deux fins du monde
  »

 

Le jour de la fête des Pères : « ce jour-là, pourtant, j’aurais donné cher pour un pot de yaourt que Mathieu aurait transformé en vide-poches. Il l’aurait habillé avec de la feutrine mauve et il aurait collé dessus des étoiles qu’il aurait découpée lui-même dans du papier doré. Ce jour-là, j’aurais donné cher pour avoir un compliment mal écrit par Thomas, où il aurait réussi à tracer, avec beaucoup de difficulté : « Je tème bocou ». (…) Ils n’ont rien fait. Pas par mauvaise volonté, pas parce qu’ils n’ont pas voulu, je pense qu’ils auraient bien voulu, ils n’ont pas pu. A cause de leurs mains qui tremblent, de leurs yeux qui ne voient pas bien clair et de la paille qu’il y a dans leur tête. »

Ca nous remet en place et nous protège aussi des conneries du style, dire devant le berceau de son bébé « On ne voudrait pas qu’il grandisse, on voudrait qu’il reste toujours comme ça. »

L’acmé du roman, c’est cette lettre fictive écrite par Thomas et adressée à son père. Elle commence ainsi :

« On ne te félicite pas pour ce que tu as fait : regarde-nous. C’était si difficile de faire des enfants comme tout le monde ? Quand on sait le nombre d’enfants normaux qui naissent tous les jours et qu’on voit la tête de certains parents, on se dit que ça ne doit pas être bien sorcier. On ne te demandait pas de faire des petits génies, seulement des normaux. Une fois encore, tu n’as pas voulu faire comme les autres, tu as gagné, et nous on a perdu. »

Je ne sais que rajouter, quelle conclusion tirer de cette inoubliable lecture. Le mot « injustice » m’est venu à l’esprit plus d’une fois. J’ai pensé aux parents qui se doivent de continuer à vivre malgré tout, même si la folie les hante, même si la mort les côtoie de près. C’est peut-être la touche positive du roman. Un hymne à la vie : il faut poursuivre, avancer, se battre, lutter, vivre ou survivre … malgré tout.

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 21:51

 

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Grâce à l’opération Masse Critique de Babelio, j’ai reçu cette épaisse BD. Sympa comme cadeau post-Noël !

Un avertissement, d’emblée : âmes sensibles s’abstenir. Si sur la première planche on distingue mal l’homme couché dans son lit qui se tourne et se retourne sans trouver le sommeil, en tournant la page, c’est on ne peut plus clair : il s’agit d’un grand brûlé, un homme dont le visage et la tête sont entièrement déformés, ratatinés et fripés. On comprend très vite qu’il lui est arrivé un accident qui l’a isolé du reste du monde. Il vit reclus dans son appart, boit, regarde la télé, décroche le téléphone pour le raccrocher aussitôt. On comprend aussi petit à petit qu’il a un fils et une femme, que c’est lui qui a décidé de les abandonner, par honte et par dégoût de lui-même… Il fait peur au livreur de pizza, il effraie la prostituée qu’il a fait venir… bref, sa vie est un enfer, et la vivre avec lui est éprouvant.

La fin s’adoucit quelque peu car il accepte enfin la venue de son frère qui lui tient simplement compagnie en regardant un film.

Les couleurs rejoignent la noirceur du thème puisque tout est sombre, on peut même dire que la BD ne présente que les couleurs du feu : du rouge, du noir, du brun. Le trait est vif

Je ne suis pas d’accord avec le titre, il m’a profondément dérangée. L’homme n’est pas un monstre mais une victime. Le but des deux auteurs était peut-être là : prouver que, si physiquement, le type est plus que rebutant, il n’en reste pas moins un homme ; que si nous souffrons en le voyant, sa souffrance à lui est bien pire…

Bon, 140 pages, c’était beaucoup tout de même… cependant, je dois avouer qu’en commençant à lire cet album, je n’ai pu m’arrêter avant la dernière page. C’est haletant parce que c’est affreux. L’effet cathartique joue plein pot, le huis clos nous oppresse mais pourtant, on en veut encore et encore… C’est étrange et déstabilisant.

 

Merci aux éditions manolosanctis !

 

 

 

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13 janvier 2011 4 13 /01 /janvier /2011 11:07

 

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A tous les contemplatifs, les lents et les timides, ce livre est fait pour vous !

 

            Arnold Spitzweg est un employé de la Poste qui vit seul, qui n’a que peu d’activités mais qui trouve son bonheur, ses petits bonheurs plutôt, dans tous les instants de la vie quotidienne. J’aime cette dénomination « Monsieur Spitzweg » qui, répétée inlassablement par Delerm, donne au personnage un air professoral, propre sur lui et extrêmement respectable. Ca plaît ou ça agace d’ailleurs.

            Pour ceux qui connaissent un peu Delerm, ce livre est une petite nuance aux précédents que j’ai pu lire. Il s’agit plus de répertorier les petites manies du quotidien, nos défauts ou nos travers. Et ce n’est pas déplaisant. Certaines anecdotes prêtent à sourire : l’importance de son premier portable, par exemple. Monsieur Spitzweg « rentre chez lui à pied. Arrivé sur la place de la Concorde, ou bien à la Madeleine, il sort son appareil d‘un air gourmand, et tout à coup se sent en possession du monde. »

Pas mal d’humour, donc, dans ce petit livre qui se moque un peu de nos faiblesses. Comme Spitzweg, on se souvient parfois mieux des interminables files d’attente plutôt que des différentes expos qu’on a pu voir. Monsieur Spitzweg se fait d’ailleurs un devoir de ne pas les manquer : « un petit air entendu et satisfait promené au long des cimaises lui suffit. D’ailleurs, il ne s’agit pas tant de voir que d’avoir vu. Monsieur Spitzweg sort du musée avec la satisfaction du devoir accompli. Un petit coup de soleil est revenu après la pluie. Comme on est bien dehors ! Monsieur Spitzweg arpente le bitume l’esprit libre. »

Cet homme précautionneux et parfois maniéré peut se targuer de ne jamais juger les autres, il accorde à tout le monde « un regard, une seconde, un battement de paupières, comme un acquiescement. Le fleuve coule, et la rumeur semble emporter tous les poissons dans le même courant. Mais deux espèces nagent côte à côte, et l’on ne choisit pas sa race. Il y a les regardants, les regardés et les seconds ont besoin des premiers. Monsieur Spitzweg, avec son pardessus d’hiver, son imper de demi-saison, monsieur Spitzweg est regardant, bien sûr. Il s’en félicite souvent – et parfois s’y résigne. »

             Vous l’aurez peut-être déjà compris, j’ai apprécié ce livre, plus que Quelque chose en lui de Bartleby où on retrouve le même bonhomme. Bien sûr, le doute plane, ce Spitzweg est-il le plus grand des nigauds ou le plus grand des sages ? Je crois qu’on n’a pas envie de répondre à cette question en refermant le roman.

Delerm nous balance quelques évidences à la tête mais n’a-t-on pas besoin, parfois, de les réentendre, ces évidences, pour prouver qu’on existe ?

Ses romans, même si j’y décèle des imperfections, me remettent dans le droit chemin, me soulagent et me consolent des rudesses de la vie.

 

N.B. n°1 : j'aurais aimé comprendre la présence de la phrase de Johnny Hallyday citée en exergue "Y'a-t-il quelqu'un ici qui veuille m'aimer?"  scratch

N.B. n°2 : le choix d'illustrer la couverture avec ce tableau de Magritte est, je trouve, particulièrement pertinent. Voici Golconde dans son intégralité :

 

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