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18 mars 2015 3 18 /03 /mars /2015 10:16

 

 

               Récompensé au festival d’Angoulême 2015 en obtenant le Fauve d’Or, le prix du meilleur album, cette grosse BD autobiographique raconte, comme le sous-titre l’indique, l’enfance de l’auteur de 1978 à 1984.

                Riad Sattouf nous narre d’abord la rencontre entre ses parents, au début des années 60. Alors qu’Abdel-Razaak, étudiant syrien, drague tout ce qui s’appelle fille dans un resto U parisien, la mère de l’auteur « eut pitié de lui ».  Cette étudiante bretonne s’installe avec le Sunnite et, en 1978, naît Riad. Le couple décide de partir vivre en Libye, le père ayant obtenu un poste de Maître à l’Université de Tripoli. Gouverné par Kadhafi, le pays semble déserté, Riad est encore petit, il passe ses journées avec sa mère dans l’appartement insalubre ou joue dans le couloir de l’immeuble avec une petite Indienne et un petit Yéménite. Pour se nourrir, il faut avoir la patience de faire la queue devant une coopérative qui, la plupart du temps, ne donne que des œufs, des boîtes de corned-beef et du jus d’orange lyophilisé. A cause de l’abolition de la propriété privée, les maisons sont à tout le monde, en partant le matin et en la laissant vide, on peut donc trouver sa propriété occupée par des inconnus le soir. Kadhafi impose aussi l’échange des emplois, l’instituteur pouvait devenir paysan du jour au lendemain et vice versa.

             Assez brusquement, en tous cas, du point de vue de Riad encore petit garçon aux cheveux blonds, la famille quitte la Libye, passe quelque temps en France avant de s’installer en Syrie,  le pays natal du père. Là, c’est Hafez Al-Assad qui règne. Les voitures et les bus ont des trous au plancher, la famille paternelle s’amuse de voir les enfants se bagarrer, l’appel à la prière retentit dans un haut-parleur, tous les matins à quatre heures. Les femmes mangent les restes du repas pris par les hommes dans la pièce d’à côté. Dans la rue, Riad qui a désormais un petit frère, peut voir des « criminels » pendus. Il a surtout très peur des autres garçons de son âge qui ne jurent que par la violence et les insultes. Quand il est victime d’une grosse fièvre et que sa mère, par la fenêtre, voit des gamins massacrer un pauvre chiot, c’en est trop, la famille retourne en France. Même si l’air y est « piquant », la maison familiale en Bretagne peut-être occupée par des fantômes, Anas et Moktar ne peuvent plus tuer Riad… jusqu’au jour où le père annonce leur retour en Syrie. C’est les larmes aux yeux que Riad s’apprête à rentrer dans l’avion, et c’est aussi la dernière planche de l’album qui nous promet une belle suite (trois tomes sont prévus en tout).

             Ce qui m’a frappée, plus encore que les aberrations vécues en Libye ou en Syrie, c’est la relation entre le père et la mère. La mère est quasi muette dans l’album, elle met sa vie et celle de ses enfants parfois en danger, s’installe dans un pays qui est lui est hostile, écoute à longueur de journée son mari pérorer mais ne pipe pas mot. Le père, quant à lui, domine. Par ses discours, par ses décisions. Il paraît contradictoire dans ses actes et dans ses paroles, semble hanté par un certain nombre de superstitions, vit comme un Français quand il est à Paris, mange du porc et ne pratique pas l’Islam mais devient un fervent croyant une fois en Syrie. Il rêve d’avoir une Mercedes, d’être puissant et se niche sur les genoux de sa vieille mère dès qu’il la voit.

             C’est un album riche, dense et intéressant qui m’a tenue en haleine pendant un bon bout de temps. Riad Sattouf y dénonce sans ambages une société syrienne gouvernée par la violence, y peint une famille sans concession ni tendresse (ou si peu !). Ce ton abrupt était encore plus incisif dans La vie secrète des jeunes dont une planche était publiée, chaque semaine, dans Charlie Hebdo, et ce, de 2004 à 2014.

 

"18/20"

 

 

 

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15 mars 2015 7 15 /03 /mars /2015 15:26

 

 

             Jérémie Rex, à 25 ans, a une vie déjà peu banale. Poussé par une mère trop ambitieuse, il a connu la célébrité des plateaux de télé et de cinéma qui s’est éteinte le jour où il a mué. Après avoir suivi quelques jours le métier d’apprenti boulanger, le jeune homme ne fait plus rien… à part aimer sa jolie Candice. Malgré une passion réciproque et un amour fusionnel, Candice a décrété qu’elle préférait le garder comme ami. C’est dans ces conditions que Jérémie s’en va, seul, à Venise, pour un week-end en amoureux qu’il avait gagné.

               Le choc a lieu dans le musée Guggenheim de Venise, devant le tableau de Magritte intitulé L’Empire des lumières, le tableau préféré de Candice. L’observant pendant des heures et des heures, le jeune homme est certain d’apercevoir la lumière s’éteindre à une fenêtre quand vient le soir. Revenant le lendemain vérifier ce qui lui paraît fou, il entre littéralement dans le tableau, d’abord devant cette maison puis à l’intérieur, rencontrant une mystérieuse Martha qui va lui permettre de revivre les premiers instants heureux avec Candice. En réalité, son cœur a cessé de battre pendant quelques minutes et si, autour de lui, on en cherche les raisons et on s’inquiète, Jérémie souhaite revivre cet impensable voyage dans le tableau de Magritte pour retrouver l’amour perdu de Candice. Entre scientifiques et charlatans, Jérémie va comprendre qu’il a le devoir de retrouver cette Martha qui aurait joué un rôle important aux côtés de Magritte dans le passé.

               L’idée de départ, celle d’entrer dans un tableau, est certes plaisante (et je dévore tout ce qui fait un pont entre les œuvres d’art et la littérature – je garde d’ailleurs un joli souvenir de La bulle de Tiepolo de Delerm) mais l’irruption du paranormal et de la communication des cerveaux à travers les époques, si séduisante soit-elle, m’a laissée pantoise. Le roman se lit bien mais les personnages semblent naïfs, l’enquête menée par Jérémie un brin artificielle et certaines notions comme le « moi superlumineux » (oui, rien que ça !) n’ont pas réussi à entrer en contact avec mon moi sans doute pas assez lumineux ! Une déception qui ne m’empêche pas de vous (re)conseiller la formidable pièce du même auteur, Noces de sable.

 

« Je suis amoureux d’un frigo, et je me laisse crever de faim devant sa porte close. »

« Les pollutions des micro-ondes n’affectent pas que les vivants, vous savez. Depuis l’invention des portables, on ne trouve plus un fantôme en Ecosse. Tout fout le camp. »

« C’est le rôle des artistes d’ouvrir des mondes parallèles, des issues de secours pour les existences brisées, les destins qui ne mènent à rien. »

 

L’Empire des lumières de Magritte :

 

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13 mars 2015 5 13 /03 /mars /2015 17:02

 

 

          J’ai depuis fort longtemps Quai des enfers dans ma PAL mais c’est à La Grande Librairie que j’ai vu et entendu pour la première fois Ingrid Astier et que j’ai eu envie de lire ce petit livre, plutôt inclassable.

         L’auteur nous présente ses réflexions par rapport à la nuit, les références littéraires sont nombreuses mais la musique, le cinéma, la peinture sont également très présents. Si Ingrid Astier cite Nerval, Goethe, Hugo, Musset, Supervielle ou encore Fernando Pessoa, elle n’hésite pas non plus à convoquer les dires des flics du Quai des Orfèvres, ceux d’un nez-parfumeur de Rochas, de Wikipédia… ou même de son frère.

           A travers un abécédaire tout à fait personnel, Ingrid Astier clame son amour de la nuit traduit en pensées philosophiques, en courts poèmes ou en conversations. L’éloge est multiple comme la nuit qui a plusieurs visages. Malgré un apparent classement alphabétique, l’ensemble donne une impression de joyeux fouillis qui fait tout le charme du petit livre. Des idées à piocher ça et là.

         J’attendais sans doute beaucoup trop de ce fascicule. J’aime la nuit et suis toujours frustrée parce qu’à cause des contraintes familiales et professionnelles, je dois me coucher « tôt ».  J’ai d’ailleurs toujours été fascinée par le titre du roman de Raphaële Billetdoux : « Mes nuits sont plus belles que vos jours ».  Ingrid Astier nous livre sensations et émotions nocturnes toutes personnelles et je ne m’y suis pas toujours retrouvé.  J’irai même jusqu’à dire que certains passages sont un brin pédants et élitistes, d’autres trop « faciles » que j’aurais pu écrire, notamment la dernière page qui répertorie les sortes de nuits « Il y a des nuits, noires, des nuits blanches, des nuits sans, des nuits en pointillés, des nuits trop longues, des nuits d’espoir, des  nuits chargées, des nuits d’attente, des nuits d’une traite, des nuits sans lune, des nuits de pleine lune, des nuits agitées, des  nuits chaudes, des nuits fauves, des nuits exténuantes, des nuits de travail, des nuits douillettes, des nuits d’insomnie… »  J’ai pourtant hâte de lire son Quai des enfers.

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11 mars 2015 3 11 /03 /mars /2015 18:42

 

 

              Monsieur Hasard m’a doublement surprise, il m’a fait découvrir une nouvelle BD gastronomique très chouette qui a été réalisée par un type qui n’habite vraiment pas loin de chez moi… et je n’en avais pas entendu parler !

                L’auteur a interrogé son exceptionnelle grand-mère sur son passé, ses déménagements, ses habitudes alimentaires et ses talents de cuisinière puisqu’elle est mère de neuf enfants ! Elle nous a fait faire, ainsi, un tour complet du XXème siècle, avec, en vrac, son amour pour les chapeaux, des voyages en Afrique du Nord, les deux guerres, les centaines de kilos de pommes de terre à acheter, les habitudes du dîner à onze ( !!!), et des recettes simples pour les grandes tablées : les pommes de terre sautées, l’aïoli, la confiture de châtaignes, le clafoutis, le gâteau aux groseilles, …

              J’ai commencé l’album en essayant de gérer une grosse frustration, celle de lire autre chose que des recettes de cuisine que j’attendais tellement… mais au final, j’ai été happée par l’histoire de cette vieille dame, son côté pragmatique, un peu bourru et optimiste m’a convaincue et j’ai avalé les 158 pages comme si c’était le meilleur bouillon du monde ! J’ai beaucoup aimé les dessins simples de l’auteur qui s’est permis, de temps en temps d’intercaler des photos dans ses œuvres. Sa grand-mère au long nez est un exemple de longévité, de bonne humeur et de persévérance, et il l’aime sa grand-mère, Etienne Gendrin, oh oui ! Quelle authenticité, bravo l’artiste et bravo la mamie !

« 18/20 »

 

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8 mars 2015 7 08 /03 /mars /2015 16:49

 

              Cette année 2015 sera une année Mankell pour moi ou ne sera pas. Après mes retrouvailles avec le commissaire Wallander, je renoue avec le Mankell auteur de littérature non policière…

                Dans une contrée africaine non précisément définie, le narrateur, José, un boulanger de 18 ans, raconte sa rencontre avec un gamin des rues, Nelio. Il a recueilli Nelio une nuit, sur la scène d’un théâtre voisin à la boulangerie. Nelio était en sang, gravement blessé par des balles qui étaient entrées dans sa poitrine. A la demande de Nelio, José va le transporter sur le toit, le nourrir, le soigner sans pour autant l’emmener à l’hôpital.

               Chaque nuit, Nelio va narrer son histoire, son enfance, son passé douloureux. Agé d’à peine dix ans, il devient pour le narrateur, le sage qu’on écoute.

               Alors qu’il a vu sa famille se faire massacrer lors d’une guerre civile, Nelio, en fuite, a rencontré  Yabu Bata, un nain qui transporte une valise vide et cherche son chemin depuis 19 ans. Le petit garçon de dix ans a ensuite continué son chemin tout seul avant de parvenir dans la grande ville où il a rejoint des gamins tout aussi rejetés et perdus que lui. Nelio a pris pour hôtel le creux de la statue équestre de la place principale (je n’ai pu m’empêcher de penser à l’éléphant de la Bastille dans Les Misérables !), il a répandu le bonheur autour de lui, a été juste et intelligent. Il n’a pas craint la mort le moment venu.

                 C’est José qui prend le relais lorsque Nelio meurt, il devient lui aussi ce griot pauvre et solitaire.

                Si le conte n’est pas mon genre préféré, j’ai été surprise de constater à quel point Mankell devient un véritable conteur africain mêlant poésie, superstitions ancestrales et pessimisme. Quelle grandeur d’âme que ce petit Africain !

 

               Le livre a été adapté au cinéma en 1997.

 

« Celui qui marche vers un endroit précis peut difficilement faire route avec celui qui ne va nulle part. »

« Ce qui est important est toujours difficile à trouver. »

« Il ne nous est jamais donné d’envisager le lendemain sans crainte. Nous n’avons jamais le temps de préparer la joie ou d’astiquer nos souvenirs pour les faire briller. »

« … notre dernier espoir est celui de ne pas oublier qui nous sommes et de garder en mémoire l’idée que nous ne saurons jamais maîtriser les vents doux de la mer. Un jour, peut-être, comprendrons-nous pourquoi ils doivent continuer de souffler. »

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5 mars 2015 4 05 /03 /mars /2015 14:43

 

 

              Une fois qu’on a goûté aux talents de Lupano, on ne peut plus s’arrêter de le lire.

              Nous sommes à Vienne en 1900. Deux dandys insolents et richissimes font un pari : l’un pense réussir à façonner un jeune homme pauvre à sa manière, « créer de toutes pièces un ennemi de la société à partir d’un être innocent. » Alec jette son dévolu sur Victor, un grand ado qu’il emmène voir des poules de luxe. Victor, battu par son père et contraint par lui de devenir tailleur de pierres profite pleinement de ces jolies femmes et s’amourache rapidement de la belle Mathilde. Ses copains pauvres comme lui voient d’un mauvais œil cette générosité gratuite. Et en effet, du jour au lendemain, Alec lui interdit l’accès au bordel à Victor qui commençait à y prendre ses habitudes. Victor ne l’entend pas ainsi, il vole un revolver et agresse les clients d’un restaurant chic et tire sur tout ce qui bouge demandant des comptes à son « bienfaiteur ».

               Alec a-t-il donc réussi son pari, transformer en un tournemain un gentil garçon un peu veule en un dangereux bandit ? La réponse ne figure pas dans ce premier tome !

             L’intrigue signée Lupano brille par son suspense, ses personnages bien campés, son rythme trépidant. J’ai souvent pensé à L’homme qui n’aimait pas les armes à feu. Lupano semble friand des histoires de banditisme, de western, il aime aussi jouer avec les limites entre le bien et le mal. Il me tarde de connaître la suite de cette série qui compte trois tomes !

 

"18/20"

 

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2 mars 2015 1 02 /03 /mars /2015 10:03

 

 

               J’allais vous écrire que c’était ma première découverte de cet auteur, mais non, j’avais adoré La moitié gauche de la lune, un roman pour la jeunesse, car Marie-Sabine Roger écrit tout aussi bien pour les enfants que pour les ados et les adultes…

               Mortimer Decime est issu d’une famille très particulière : chaque homme de la famille meurt le jour de ses trente-six ans, à 11h. Nous débutons donc cette histoire avec un Mortimer allongé sur son canapé, dans son petit appartement parisien, sur son 31, résigné à accueillir le destin… Oui, mais le destin en a apparemment voulu autrement. Ce n’est pas la Mort qui débarque mais Paquita, une copine plus âgée que lui, qui bavarde, s’installe, boit un café et ignore totalement l’avenir proche que redoute Mortimer. L’heure tourne, et … il ne se passe rien. Mortimer ne meurt pas. Fou de joie, il finit par raconter à Paquita et son amoureux Nasser, son terrible passé familial.

                Mortimer ne semble pas destiné à mourir le jour de ses trente-six ans. Une fois passée l’exaltation des premières heures, Mortimer se demande pourquoi il y a réchappé. Il se remémore aussi sa vie menacée par cette épée de Damoclès, cette fermeture de rideaux annoncée qui change la donne. Il se demande aussi ce qu’il va désormais faire alors qu’il a démissionné, rendu les clés de son appart et n’a plus un rond…

                Voilà une lecture complètement addictive, très agréable, drôle et vivifiante. Marie-Sabine Roger use et abuse des métaphores les plus surprenantes, elle se moque de ses personnages qu’elle dépeint pourtant avec une grande tendresse.  J’ai trouvé l’idée de départ très séduisante, le roman s’apparente à un conte tragique dont il s’agit de démêler les fils. Je me suis un peu lassée vers la fin mais ça n’a pas gâché mon plaisir de lecture face aux situations les plus cocasses… et même si j’ai trente-six ans !

                A mettre entre toutes les mains.

« Paquita est irracontable. Avec ses kilos et ses plis, ses cils plâtrés de rimmel, ses jupes de pétasse et ses décolletés de plus en plus profonds pour rattraper ses seins qui se font un peu la malle, elle est juste touchante. »

« Avec le recul, j’ai réalisé que mon père était un dépressif qui avait très mal vécu la perspective de son décès prématuré. Sa mort lui avait pourri la vie, en somme. »

« Ainsi va la vie, qui nous soumet trop fréquemment au bon vouloir des imbéciles. »

A méditer : « … je perdais mon temps pour rien, tout en me lamentant de le voir s’écouler. »

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28 février 2015 6 28 /02 /février /2015 15:05

 

 

               David Marquan est un Français installé à Los Angeles depuis une petite dizaine d’années. Flic en France, il a refait sa vie aux Etats-Unis en devenant détective privé. L’histoire commence lorsque Julia Douglas, une très jolie jeune femme, vient voir le détective pour qu’il enquête sur son mari qu’elle soupçonne de la tromper. Il ne faut que peu de temps à David pour se rendre compte, qu’effectivement, Douglas a une liaison avec une autre très belle femme, Déborah McCLure, qui n’est autre que la femme du sénateur. L’affaire aurait pu s’arrêter ici mais Douglas est retrouvé mort le lendemain de la révélation, au bas d’un immeuble. Il se serait suicidé. C’est bien étrange. C’est encore plus étrange quand David découvre qu’un autre homme, Peter Hawkins, s’est jeté du même immeuble un an plus tôt.

                L’enquête de David va le mener tout droit dans les bras de Déborah mais aussi dans des chambres d’université (car Peter était étudiant), sur des plages californiennes ou encore dans la maison de la fraternité étudiante de Gamma Phi. Le détective de 35 ans, plutôt pas mal, s’adonne aussi à l’écriture. En parallèle à son enquête, on suit donc partiellement celle du détective Harry, et les deux histoires vont même sentir le même parfum, à plusieurs reprises.

              Voilà un roman de presque 700 pages qui nous permet de vivre au rythme d’un détective privé de Los Angeles. Même si on voit souvent la ville mythique dans les séries et les films, j’ai adoré la vision parfois originale donnée par David Marquan, la distance qu'il est capable de prendre en tant qu'"étranger". Son écriture fluide permet de tourner les pages très vite et de se laisser tout de suite embarquer dans la Nissan du détective. J’ai aussi aimé la variété des registres de langue, entre le langage familier et le langage soutenu, mimant bien la complexité des personnages rencontrés. Si le roman est un pavé, vous vous doutez bien qu’il comporte des digressions. Elles sont issues des réflexions de David et je les ai trouvées (presque) toujours justifiées et intéressantes même si l’auteur gagnerait sans doute à essayer de condenser ses prochains romans.

L’avis de Krol qui est un peu moins ravie que moi.

Un grand merci à David Guinard pour cet envoi.

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27 février 2015 5 27 /02 /février /2015 10:24

 

 

            J’avais laissé Marco Louis, à la fin du tome 2, avec une nouvelle terrifiante (si vous avez pour projet la lecture de la série, ne continuez pas à lire…) : le suicide de son père. Comment vit-on avec ça ? Marco va passer par différentes étapes. Il va tenter de reconstruire le passé d’un père mystérieux et silencieux sur ses envies, ses amours, ses projets. Même son journal soi-disant intime ne révèle rien de personnel. Il n’y parle même pas de ses deux fils…

            A côté de ça, la vie doit continuer. Emilie et Marco poursuivent leur petit bout de chemin de couple, parfois troublé par l’envie grandissante d’Emilie d’avoir un bébé. Marco a aussi la bonne surprise de se voir proposer la publication d’un livre reprenant les photos des ouvriers (voir tome 2). Il y a, encore une fois, des moments magnifiques, comme celui où un vieil homme parvient à attirer une chouette tout près de lui, celui où un psy (car Marco retourne voir un psy, après une pause – de courte durée) lui demande s’il est libre les vingt prochaines années…

            Je baisse légèrement ma note en assumant totalement mon ingratitude et ma mauvaise foi. L’album est excellent mais il m’a sérieusement déprimée, les rayons de soleil propres à Larcenet ne sont que trop rarement apparus ici.

 

»   18/20   »

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24 février 2015 2 24 /02 /février /2015 11:38

 

 

            Je découvre enfin cet auteur tant aimé de certains … !

           « Ils étaient des Gitans français qui n’avaient pas quitté le sol de ce pays depuis quatre cents ans. Mais ils ne possédaient pas les papiers qui d’ordinaire disent que l’on existe : un carnet de voyage signalait leur vie nomade. » C’est dans cette famille tzigane qu’Esther, une bibliothécaire, arrive sans qu’on ne lui ait rien demandé. Son projet est tout simple : lire des histoires aux enfants qui n’avaient jamais vu de livre, à qui on n’avait jamais lu de livres. Esther entre donc petit à petit dans cette grande famille gitane, elle lit des contes et des fables dans sa vieille Renault entourée d’enfants, elle apprend à connaître la vieille Angéline, la matriarche de la famille mais aussi les fils d’Angéline : Lulu, Antonio, Angelo, Simon et Moustique. Elle discute souvent avec leurs épouses, Misia, Héléna, Milena ou encore Nadia. La vie des Gitans continue, Esther n’offre aux enfants qu’une petite pause hebdomadaire de culture et de voyage statique. Les hommes volent, les enfants ramassent des bouts de ferraille, les femmes cuisinent et s’occupent de leurs enfants… « au milieu des rats et des tessons de bouteille ».

             Celle qui restera toujours la « gadjé » obtient doucettement la confiance des Gitans, à tel point qu’elle réussira à les convaincre d’inscrire l’une des fillettes, Anita, à l’école. Entre drames et histoires d’amour, Esther apparaît comme un pilier solide, fidèle et pourtant discret. Elle ne tente pas de changer les personnes qu’elle rencontre, mais elle les fait parler, elle essaye de les connaître, de les comprendre. Ses interventions revêtent vite une dimension magique, les enfants sont fascinés par les livres, n’ont aucune difficulté de compréhension et se régalent à chaque lecture.

             J’ai lu ce livre peu après l’attentat de Charlie Hebdo et cette ode à la tolérance a été encore plus tapageuse, plus marquante. Car que fait Esther ? Elle respecte les autres, des êtres qui sont différents, elle essaye d’améliorer le quotidien et d’apporter une culture, une ouverture sur le monde à ceux qui n’en ont pas. Et si différents, les Gitans ne le sont pas non plus. Derrière les visages barbouillés, derrière leur violence quasi quotidienne, se cache un puits de sensibilité, une intelligence fine et non exploitée. Un roman contre les préjugés, un roman empli d’humanité, une leçon de vie à lire !

 

« Elle pensait que les livres sont nécessaires comme le gîte et le couvert »

« L’étrangeté des mots captivait les adultes autant que les petits. »

« Jamais il ne réclamaient, jamais ils n’avaient soif ou faim comme d’autres enfants qui ont sans arrêt besoin de quelque chose. Elle lisait dans ce calme. On entendait juste le ronflement d’air chaud. »

Les paroles de la vieille Angéline, quelques heures avant de mourir : « C’est bien vrai que la vie est pleine de nuages. Et nous sommes à l’intérieur des nuages. Et parfois c’est si noir que le noir vient en nous. Mais à quoi ça peut-il bien servir de se gâcher le temps ? […] Profite. […] C’est de la douleur d’aimer, ça c’est bien sûr, mais c’est tout pire de ne pas aimer. […] On est fait pour ça. […] Ne te garde pas. Ce qu’on garde pour soi meurt, ce qu’on donne prend racine et se développe. »

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