Axel, le narrateur, est marié à Anna et il a deux enfants, il se plaît à le rappeler - comme la première guerre mondiale : 14-18 (ans). Entre son ado de fils qui dessine ses profs en train de copuler, sa fille en plein chagrin d’amour, l’invitation de copains qui n’en sont pas tant que ça pour passer des vacances ensemble (faire du paddle à Biarritz), Axel se dépatouille comme il peut. Dernier couac : il reçoit le courrier du dépistage du cancer colorectal réservé aux plus de 50 ans, or, il n’en a que 46… c’est la panique à bord ! Comme depuis toujours, il se fait souvent assaillir par des pensées inappropriées, il a des réactions inadaptées (éclater de rire pendant la comédie musicale où danse sa fille, rentrer chez lui en rampant pour ne pas être vu par le voisin qui risque de l’inviter à prendre l’apéro). Quand il a le béguin pour la prof du dessin porno de son fils, il est prêt à tout…
Dans le même acabit que Le Discours (non : un petit cran en-dessous), le roman de Fabrice Caro – alias Fabcaro - nous emmène dans tout ce qu’il y a de plus lâche en nous mais également dans ces moments de la vie qu’on aimerait oublier parce qu’ils sont honteux, désagréables, absurdes ou incompréhensibles. Le narrateur et anti-héros cumule un peu tous ces travers mais, ce qui le rend attachant au début du roman devient répétitif et lassant au bout de plus de cent pages. J’avoue n’avoir pas souvent souri et presque jamais ri. C’est un peu comme si on vous servait une sauce très originale mais qu’à force d’en mettre à tous vos plats, elle en devient un peu écœurante. Allez, la lecture n’était pas désagréable et ça peut passer comme une lettre à la poste en cas de panne de lecture ou de stresscovid trop envahissant. Hâte de lire autre chose tout de même !
Après Eliane, caissière d’un supermarché ordinaire, voilà une caissière d’un Biocoop… rien à voir : « La dame à la caisse est l’antimatière d’Eliane, elle est aussi souriante qu’Eliane était triste, aussi lumineuse qu’Eliane était terne, elle n’a pas de badge, pas de prénom, pourquoi un prénom, pourquoi s’enfermer, s’étriquer, au diable les carcans, appelez-moi Sourire, appelez-moi Soleil, appelez-moi Vie, appelez-moi Plexus, là où Eliane avait les cheveux teints et tirés en chignon, elle arbore une crinière grisonnante et désordonnées qui dit Le temps est de mon côté, le temps est mon allié, nous cheminons main dans la main sans nous mentir l’un à l’autre. »
« Pourquoi tout doit-il être cohérent quand la vie elle-même ne l’est pas pour deux sous et qu’on peut très bien se réveiller un matin avec un courrier destiné à un type de cinquante ans alors qu’on n’en a que quarante-six ? Pourquoi l’utile, pourquoi l’approprié ? »