« J’ai l’honneur de déclarer la naissance du Royaume de Georgettia, et devant cette assemblée, je me sacre Roi Miao, premier souverain de la royauté. » Cette première phrase de la BD donne le ton : un vieux monsieur veuf, qui vit seul avec son chien, s’invente un univers où il est le roi. Son unique sujet est son chien, la voisine qu’il épie et convoite devient une comtesse à conquérir, sa petite maison un château fort.
Ce monsieur a une famille : une fille malheureuse parce qu’affublée d’un mari plutôt fade et fainéant et deux petits-fils inintéressants car fans de foot. Poussant jusqu’au bout sa douce folie, il envoie des lettres à l’ONU demandant la reconnaissance de son royaume… jusqu’au jour où Gilles, le fameux gendre, postier, tombe sur une de ces lettres, mal affranchies, qu’il ouvre et lit. Gilles, rêvant d’écrire de beaux romans sans jamais oser passer aux actes, trouve là l’idée du siècle. Il comprend vite que l’expéditeur de ces lettres originales n’est autre que son beau-père. Son épouse, devant ses cachotteries, se méfie, soupçonne son mari de le tromper et se transforme en serpent venimeux qui l’attaque.
L’album joue sur deux univers, deux époques : la réalité du siècle contemporain avec tous les soucis qui vont avec et le monde médiéval que s’est créé le roi Miao où il combat les problèmes comme un preux chevalier lutterait contre un dragon malfaisant.
L’idée est originale et j’ai aimé le refuge que trouvait ce petit papy dans son imagination, mais la lecture ne m’a pas entièrement satisfaite. Multipliant les clichés, les auteurs surfent sur la facilité. Les dessins m’ont un peu plus séduite que le scénario, les transformations des êtres et des choses sont assez jouissives pour le lecteur, le grand-père accompagné de son placide compagnon à quatre pattes m’ont régalée.