Michka a douze ans. Comme sa cousine Louna qu’elle n’a jamais vue. Pourquoi ? Louna est autiste et ses parents la cachent à la famille jusqu’à un certain anniversaire où les deux filles se « ratent » : Louna s’enfuit en courant, tourne comme une toupie et ne crée que peur et rejet chez Michka. « C’est vrai, finalement, j’aurais préféré ne l’avoir jamais vue. Pierre et Anna avaient entièrement raison de vouloir la cacher. » Pourtant, Michka ne cesse de penser à sa « folle dangereuse » de cousine.
Deux ans ont passé et lors de vacances chez la grand-mère, Michka et Louna sont amenées à se revoir. Michka comprend qu’elle doit gagner la confiance de sa cousine, qu’elle doit se laisser approcher un peu comme Dian Fossey dans Gorilles dans la brume. La comparaison est douce et poétique :
« Mon entrée fait lever les yeux de grand-mère. J’y puise de la confiance. Il faut que je reste calme. A pas de velours, je me dirige vers le banc. Je revois le documentaire de la dame aux gorilles… La dame ne devait pas les effrayer. Alors elle ne faisait rien d’autre que de s’asseoir en imitant leurs gestes. Chaque jour les singes se sont approchés plus près. Et un jour, victoire, un singe l’a embrassée ! Le tout, c’est de ne pas avoir peur. »
Michka surmonte ses peurs, se rend compte que Louna peut rire, que Louna a des amis au refuge où elle passe le plus clair de son temps, que si elle est une « bête étrange » pour certains, elle se montre aussi parfois une « petite fée ».
Ce court roman raconte une histoire d’amitié, tout en douceur, en tendresse, en respect de la différence de l’autre. L’écriture est une petite merveille et nous décrit avec un charme enchanteur le mode de vie de cette « petite étoile d’une autre galaxie » : non, elle ne parle pas, elle n’aime pas l’inconnu, elle est nulle dans les gestes les plus simples comme s’habiller ou manger mais elle a un grand cœur, elle est habile et possède une ouïe exceptionnellement fine.
Deux pépites encore pour ce livre jeunesse inévitablement coup de cœur :
- Définition de l’autisme par les parents de Michka : « Les autistes vivent dans leur monde et ne communiquent pas. Ils sont enfermés dans leur tête. Leurs cerveaux sont des forteresses sans porte ni fenêtre. Donc leur intelligence est en cage et si bien enfermée qu’on n’en a pas idée et on les croit idiots. Mais c’est complètement faux. En fait, ils sont un peu des Martiens avec une intelligence immense à laquelle on n’a pas accès. »
- Au retour de la boulangerie : « Louna galope devant. Entre ciel et champ, on la dirait funambule. Au retour par contre elle suit en rongeant la baguette. De temps en temps, elle pirouette et dessine des arabesques. Si elle se comporte parfois avec l’instinct d’une petite bête, d’autres fois elle est si légère qu’elle semble magicienne. »