J’ai été faible, fragile et influençable quand j’ai acheté ce livre (dans un aéroport si vous voulez tout savoir, j’avais même l’impression qu’il clignotait pour m’appeler… « Eh, Violette, je suis là, achète-moi, achète-moi ! » … ça ne vous a jamais fait cet effet ???) Bref, je ne regrette pas du tout d’avoir été faible, fragile, etc.
Ce bouquin est un régal ! Je l’ai commencé en me disant « mais qu’est-ce que c’est que ça ? Un roman épistolaire par mails, pfff… » mais en fait, c’est bien plus que ça !
Commençons par dire qu’il est complètement addictif. Il y a une sorte de glu qui se fixe sur vos mains une fois le roman frôlé du bout des doigts. Pire, votre esprit est hanté le jour comme la nuit car vous n’avez plus qu’une idée en tête : connaître la suite ! Donc, c’est un de ces livres qu’on bouffe plutôt qu’on ne lit.
La trame est toute simple : Emmi, par inadvertance, a envoyé un mail à Léo pensant envoyer une demande de résiliation d’abonnement à un mauvais magazine. Erreur d’adresse puis quelques échanges simples et courtois qui se transforment, au fil des semaines et des mois en messages longs, personnels et profonds. Le mérite de l’auteur réside dans la sublimation de quelque chose de banal et de quotidien. Et une réflexion sur le couple traverse les pages, en effet, Emmi est mariée, heureuse en ménage, mais finit par tomber amoureuse de ce Léo qu’elle n’a même jamais vu ! Comment cela est-ce possible ? Et comment faire durer la flamme ? et comment ne pas être attiré par le nouveau plutôt que par l’ancien, par l’inconnu plutôt que par le connu ?
Une fine analyse des sentiments, des personnages réalistes et sympathiques, un ton léger non dénué de quelques vérités bien placées… bref, un petit régal. Je ne crie pas au chef d’œuvre mais j’ai vraiment passé un excellent moment.
De petites preuves :
« Et maintenant c’est à vous, écrivez-moi, Emmi. Ecrire, c’est comme embrasser, mais sans les lèvres. Ecrire, c’est embrasser avec l’esprit. »
« Il faut toujours que j’imagine le pire, pour me construire des défenses qui me permettront de le supporter s’il se produit. » (c’est tout moi, ça !)
« J’ai besoin de sentir que je bouge et que j’existe en dehors de mon univers » (devise que devraient reprendre en chœur toutes les mères de famille, non ?)
« On ne peut pas reproduire le bon vieux temps. Comme son nom l’indique, ce temps est vieux. Le nouveau temps ne peut jamais être comme le bon vieux temps. S’il essaie, il semble aussi défraîchi et usé que celui qu’il souhaite voir revenir. Il ne faut pas regretter le bon vieux temps, sous peine de devenir soi-même vieux et amer. »
On a souvent comparé ce roman à Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates que j’avais beaucoup moins aimé. Ici, il y a ce petit truc en plus. Les phrases ne sont pas destinées à remplir la feuille blanche. Quand j’ai refermé Le Cercle littéraire..., je me suis dit que les auteurs auraient pu économiser cent voire deux cents pages. Avec Quand souffle le vent du nord, je me suis dit « encore ! encore ! ». On attend le dénouement depuis le début, je crois. La fin ne m’a pas du tout déçue, elle m’a même comblée. C’est frais, juste et moderne. Comment ça, vous n’êtes pas encore convaincus ? Je rajouterai que le livre se lit vraiment très facilement, tout le monde peut s’y retrouver, petits et grands lecteurs.