- D’après le roman de Sawaro Ariyoshi -
Au Japon, au début du XXe siècle. Hana est une jeune Nippone désormais en âge d’être mariée. Sa grand-mère adorée, Toyono, l’accompagne en ses derniers instants de célibataire avant qu’Hana rejoigne son mari et sa belle-famille et ne puisse plus voir son aïeule. En jeune fille accomplie, Hana maîtrise parfaitement l'art de la cérémonie du thé, la pratique du koto et la calligraphie. Descendant de la lignée prestigieuse de la famille Kimoto, Hana est destinée à unir sa vie au maire du village, Matani Keisaku. La cérémonie du mariage mais également toute sa vie d’épouse se déroulent dans le plus strict respect des conventions et des traditions. Hana n’a que peu droit à la parole, elle se doit d’enfanter et de tenir compagnie à son mari ; la présence de domestiques lui permet de ne réaliser aucune tâche domestique. Après un premier fils, Hana devient la mère de Fumio, une petite fille au caractère bien trempé qui sera plus tard souvent en opposition à sa mère, aux convenances et aux traditions ancestrales. Pourtant, des années plus tard, sa propre fille, Hanako, se rapprochera de sa grand-mère, soucieuse de retrouver ces mêmes traditions et fière d’être japonaise.
Le récit se déroule sur trois générations et traverse des périodes de prospérité mais aussi des moments difficiles, notamment dus à la guerre russo-japonaise puis à la Seconde guerre mondiale. C’est une belle démonstration de la lutte entre conservatisme et modernisme et les trois portraits de femmes sont intéressants dans leur évolution. Evidemment, les dessins de Cyril Bonin subliment le texte, son trait délicat sied parfaitement aux finesses du pays du soleil levant. Le rose, dominant, renvoie à la douceur, à la féminité mais, je crois, aussi, à une sorte de suavité un peu sclérosée, un univers sirupeux et figé dont Fumio voulait justement se détacher. Sans en faire un coup de cœur, j’ai beaucoup aimé cette BD qui m’a fait découvrir un Japon intimiste et familial, desservi par le sublime graphisme de Cyril Bonin. A noter que l’autrice du roman du même nom (publié en 1959) est une Japonaise féministe qui a beaucoup voyagé et écrit sur la condition des femmes.