Après la mort de Mankell, il y a maintenant plus d’un an, j’ai eu du mal à retourner le lire. Là, retrouver mon auteur de polars préféré était devenu un besoin.
Un policier de 37 ans, Stefan Lindman, est à un tournant de sa vie : il apprend qu’il a un cancer. Au même moment, il découvre qu’un de ses anciens collègues, Herbert Molin, est retrouvé mort dans des circonstances terrifiantes. Parce qu’il faut bien qu’il s’occupe pendant son arrêt maladie, Stefan décide d’aller rejoindre la scène du meurtre, à l’autre bout de la Suède. Bon gré mal gré, les enquêteurs de la province du Härjedalen l’intègrent à l’affaire. En parallèle, comme le lecteur en sait toujours un peu plus que les protagonistes chez Mankell, on suit cet Argentin venu en Suède pour accomplir une vengeance qu’il souhaite depuis la Seconde guerre mondiale. Car Herbert Molin était un nazi qui a soutenu Hitler et a continué à alimenter ses théories.
Vont entrer en scène : la fille de la victime belle à faire perdre la tête à ses interlocuteurs, un voisin trop curieux qui ne va pas survivre longtemps, la petite amie de Stefan qui ne comprendra pas cet engouement pour une enquête si lointaine et … des nazis à la pelle !
Il est bien étrange de lire un policier de Mankell sans que Kurt Wallander soit présent. Pourtant, Stefan est une sorte de fils spirituel : mêmes ronchonnements, même vision sceptique de l’existence. Le style harmonieux de Mankell, son imagination débordante, sa passion pour la précision, pour le détail juste, m’impressionneront toujours. Bien plus qu’un roman policier, le livre réfléchit, s’interroge, respire, sent, vit ! Oui, fan je suis, fan je resterai. Il me reste encore quelques lectures à savourer.
Que va faire Stefan en attendant sa radiothérapie ? « Il avait presque fait le choix de Majorque, quand la pensée de Molin vint le hanter. Soudain, sa décision fut prise. Il n’allait pas se rendre à Majorque. Là-bas, il ne ferait qu’errer sous le soleil en ruminant les événements précédant son départ et ceux qui le guettaient après son retour. Dans le Härjedalen, sa solitude ne serait pas moindre, puisqu’il ne connaissait personne là-bas. Mais au moins son activité serait sans lien avec sa propre personne. »