Amateurs de sorcellerie, de maléfices, de vengeance et de magie noire, ce roman graphique est fait pour vous !
Beausonge, petit hameau ardennais.
Silence est le prénom du simplet du village, né muet. Il est le fils d’un gitan, Georgio, et d’une villageoise, Violante, mais aussi le résultat d’un amour adultère. C’est le mari de Violante, Abel, qui, après la mort de sa femme en couches, garde Silence et le traite en esclave. Mais il le hait pour ce qu’il représente, il le hait pour sa stupidité.
Abel avait tué Georgio quand il s’était rendu compte qu’il avait été trompé. Mais l’épouse du gitan, Sara, erre encore dans la campagne environnant le village et elle se terre dans la grange où Silence a été conçu. Les villageois la considèrent comme une sorcière malfaisante et en effet, elle ne rêve que de vengeance.
La rencontre Silence – Sara va être explosive, la « sorcière » veut se faire un allié, elle trouvera un amant. Elle l’initiera à la magie noire mais aussi à l’amour.
Quand j’ai vu que les 140 planches étaient toutes en noir et blanc, j’ai été réticente à l’idée de lire cet album. Pourtant, il est indéniablement envoûtant. On s’attache à Silence, cet être si simple qu’il est d’une pureté inégalable, il ne connaît pas le sens des mots « haine » ou « bonheur », il aime les animaux, croit dur comme fer que son maître qui le bat et le prive de nourriture a raison.
La dimension fantastique apporte toute la magie à cette histoire. Sara est véritablement une sorcière qui jette des mauvais sorts, rend Silence intelligent quelques minutes, a le pouvoir de lui parler au-delà du royaume des morts…
Le thème de l’idiot qui a l’intelligence du cœur et qui surpasse de loin tous les autres est assez récurrent, mais Comès parvient à nous immiscer dans les pensées de ce personnage, il traduit son manque d’esprit et d’éducation par une orthographe phonétique, chose qui m’a d’abord gênée puis m’a permis de m’identifier à ce type qui finit par briller … lui seul a raison, lui seul est du bon côté, lui seul mérite justice et victoire. Que dire de plus à part que j’ai été charmée et pleinement convaincue. Voilà un album qui marque, qui effraie, qui émeut, qui laisse ses empreintes …
BD lue dans le cadre du Roaarrr Challenge puisque cet excellent ouvrage a reçu le Fauve d’Or en 1981 ou plus précisément l’Alfred du meilleur album (si quelqu’un veut bien m’expliquer ce qu’est « l’Alfred », je lui en serais éternellement reconnaissante !)
Dernière remarque : j’ai du mal à comprendre le choix des couleurs de la couverture… pourquoi ce rose voyant ?!??