C’est grâce à C.l !ne et au swap de Soukee que j’ai reçu, un beau matin d’été, ce roman d’un auteur jusqu’alors inconnu pour moi.
Quelle claque ! Si je devais résumer ce polar par une image, ce serait un amas de sang et de détritus d’origine inconnue disséminant une forte odeur de putréfaction…
Joe Oakes est un journaliste qui, dans sa jeunesse, a été confronté à un gourou de secte regroupant les « ministres de la cure psychogénique ». C’est parce qu’il est du genre à démonter les arnaques et les supercheries qu’il s’est vu maudire par ce même gourou, Malachi Dove, qui l’a menacé de lui « baiser sa quiétude ». De nombreuses années plus tard, alors que le pasteur Malachi Dove a disparu de la circulation (mort ou non ? personne ne sait !), Oakes est amené à faire un reportage sur une île surnommée Pig Island. Cette île est le point de ralliement du Ministère de la cure psychogénique mais elle est célèbre depuis peu pour une autre raison : une vidéo a circulé sur le web montrant une créature mi-humaine mi-animale que certains ont assimilé au diable. Oakes, à son arrivée sur l’île, est accueilli par Blake qui lui explique qu’à l’autre bout de Pig Island, vit Dove, seul. Le passe-temps favori de l’ancien gourou est d’abattre des porcs (d’où le surnom de l’île). Il est formellement interdit d’aller rencontrer Dove. Bien évidemment, la nuit, Oakes s’empresse de braver l’interdiction et va mener sa petite enquête. Il se fait agresser… et c’est le début des horreurs. Parce qu’Oakes a pénétré dans son territoire, Dove se venge en massacrant tous les habitants de l’île… et disparaît. Et oh surprise, on fait la rencontre d’Angeline, la fille de Dove, cachée depuis 18 ans parce qu’elle est née avec une excroissance qui lui fait une queue (c’était elle, la créature de la vidéo).C’est en réalité un pied difforme qui appartenant à un jumeau (oui, c’est gai, frais, réjouissant…)
Qu’est-ce que j’ai aimé ? Le rythme haletant de la première moitié du bouquin. Ce huis clos sur l’île est définitivement angoissant. Ca m’a rappelé un film, mais je ne saurais dire lequel (n’était-ce pas une secte, elle aussi, isolée sur une île ?). On est à fond dans l’histoire pour les 200 premières pages, même si on trouve ce journaliste un peu trop courageux, on s’identifie à lui avec aisance. Ensuite, j’ai aimé les changements de narrateur, car c’est Lexie, la femme d’Oakes, qui prend la relève au bout de quelques pages. Elle a suivi son mari, mais elle en a marre de ses enquêtes, elle lorgne depuis des mois sur son patron, un médecin de grande renommée. Les chapitres qui la concernent sont en fait, des lettres qu’elles envoient à son psy. C’est à travers son regard (de « dinde », il faut bien l’admettre) qu’on appréhende Angeline, cette magnifique jeune femme pourvue d’une queue. Il y a un décalage très intéressant entre le polar noir et glauque et les réflexions sur la vie couple plutôt rigolotes…
Malheureusement, le rythme s’est essoufflé à partir de la moitié du roman. Quelques incohérences m’ont gênée : cette Angeline, depuis toujours recluse sur l’île, s’adapte super facilement à la vie londonienne et plus tard, aux feux des projecteurs de la célébrité… et puis la fin, mouarf mouarf mouarf. Je ne peux pas vous la révéler mais j’ai été un peu déçue, elle ne colle pas avec le reste du livre.
A plusieurs reprises, je me suis écriée « c’est une femme qui écrit ça !? ». J’ai trouvé l’écriture masculine, souvent crue, vive, où la psychologie, quand psychologie il y a, virait à la misogynie.
Je me dirigerai vers Mo Hayder pour découvrir un de ses autres romans, mais, ce qui est sûr, c’est que ce ne sera pas pour tout de suite… Les cadavres, les porcs ensanglantés, les êtres difformes, j’en ai eu mon compte pour un petit moment…
Allez, une pichenette de film d’horreur en noir sur blanc :
« Il m’a fallu quelques effroyables secondes pour comprendre qu’il n’allait pas me sauter dessus en hurlant. Il était mort. Il avait la bouche ouverte, les tendons du ou saillants. Son regard fixe était presque opaque. Le bas de son polo était imbibé de sang. J’ai retenu mon souffle. »