La BD s'inspire d'une nouvelle de Jack London. J'ai eu la chance de lire la BD avec la nouvelle à côté.
La BD est simple, minimaliste mais atteint une certaine pureté. La forme rejoint le fond.
Le grand froid du nord du Canada.
Un homme, seul. Pas tout à fait puisque son chien l’accompagne.
S’il est là c’est parce qu’il y a de l’or, en tous cas, une mine d’or où se trouvent ses compagnons qu’il doit rejoindre.
Le froid, le froid et encore le froid. Les températures avoisinent les -50°.
Le crachat gèle avant d’atteindre la neige. Aucune erreur n’est permise. Faire du feu relève de l’exploit. La nourriture doit être plaquée à même le torse pour ne pas qu’elle gèle.
L’homme fait une erreur, il n’a plus de feu et ses pieds sont mouillés. Le froid cède la place à la douleur puis à l’insensibilité. Il ne sent plus ses pieds, il ne sent plus ses mains. Le sommeil le gagne… il s’endort… pour toujours.
Le chien reste un court instant avec l’homme, puis s’en va.
Mis à part les illustrations que je vais évoquer plus bas, la BD a ceci d’original qu’elle est écrite à la deuxième personne. Un petit extrait : « … Le froid a trop d’emprise sur toi… et tu manques d’endurance… tu ne sens pas tes pieds qui frappent le sol…tes pieds ne dégèlent pas en courant, le froid envahit ton corps. Tu t’es comporté comme un idiot à courir ainsi comme un poulet décapité … tu vas geler … ».
On grelote avec ce pauvre homme, on tremble avec lui, on ressent les mêmes picotements.
Les dessins sont grandioses. Les dessins se passeraient même de texte. L’ampleur du blanc, l’hostilité de la nature face aux petits gestes de l’homme. Le chien prend une place importante, c’est lui qui survit, lui est blanc aussi, lui ne sent pas le froid. Il ressemble à un loup. Les couleurs chaudes du feu viennent apporter une lueur d’espoir dans ce vide. Ce sont surtout les yeux de l’homme qu’on voit : son effroi, sa détermination, ses angoisses, sa résignation.
A la fin, la neige le recouvre, il devient blanc lui aussi. La nature a repris le dessus.
Que rajouter ?