Des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent.
Si le tome 1 de ces portraits de femmes hors du commun m’a convaincue, cette suite m’a totalement subjuguée !
Je ne vous présente que quelques destins, il faut absolument lire la BD pour découvrir tous les quinze !
Sonita Alizadeh naît en Afghanistan, un pays où être femme est considéré comme « un poids financier ». A 9 ans, elle évite de justesse un mariage (forcé, évidemment) et la famille se réfugie en Iran. Sonita est accueillie dans un centre pour enfants réfugiés où elle fera la bonniche mais où elle entendra pour la première fois « une musique inouïe, qui lui fait l’effet d’un énorme gifle » : le rap. Elle écrit en cachette, chante du rap pour ses copines mais sa mère veut la vendre pour que son frère puisse « se payer une femme ». Une réalisatrice iranienne filme Sonita qui chante « Mariées à vendre » et grâce au succès de la vidéo diffusée sur Youtube, Sonita se rend aux Etats-Unis où elle fait des études et lutte encore aujourd’hui pour les droits des femmes.
Thérèse Clerc est un visage connu, pourtant, elle a mené une petite vie banale de mère de famille et d’épouse rangée jusqu’à ses 40 ans, en mai 68, où elle découvre des notions comme l’émancipation, le féminisme, le plaisir sexuel. Elle plaque tout, tombe amoureuse d’une femme et, des années plus tard, fonde une « anti-maison de retraite », la Maison des Babayagas, où des femmes cohabiteraient et continueraient, malgré le grand âge, à sortir, avoir une vie culturelle et intéressante, à s’autogérer.
Comment ne pas évoquer Phulan Devi, native de l’Uttar pradesh dans une famille très pauvre et qui a vécu des cauchemars toute sa vie, maintes fois violée, battue, mariée de force, emprisonnée. Ses lueurs d’espoir : la rencontre avec Vikram, le seul homme qui la respecte et l’aime… et son désir de vengeance. Surnommée la « reine des bandits », elle torture et tue ses anciens bourreaux mais, plus généralement, défend les opprimés. Elle finit par entrer au Parlement en 1966, fait voter des lois pour la protection des femmes et des pauvres mais en juillet 2001, elle meurt de deux balles dans la tête par ses ennemis.
Citons encore Nellie Bly, première femme journaliste d’investigation ou encore Katia Krafft, Alsacienne comme moi, qui, par sa passion des volcans, a su sauver des milliers de vies. Ou encore Peggy Guggenheim que je connaissais un peu pour avoir vu son musée à Venise, animée d’une ferveur incroyable pour le surréalisme et l’art abstrait.
Des portraits tantôt ahurissants, tantôt très émouvants de femmes portées par un élan de courage inégalable, une envie de secouer les traditions sclérosés et les esprits étriqués. L’humour et les dessins rendent ces grandes femmes plus accessibles. Bravo à Pénélope Bagieu d’avoir pris le temps de rendre hommage à ces femmes précieuses. Je ressors de cette lecture toute chamboulée. Coup de cœur évident !