La narratrice est née de parents comiques ; durant son enfance, elle a sillonné la France tantôt dans une valise pour les besoins d’un numéro, tantôt à distribuer des tracts. C’est peut-être de là que naît son excentricité qu’elle nommerait plutôt imperfection. Car elle se compare souvent à sa voisine, Julie, qu’elle trouve parfaite à tous points de vue : mère idéale, femme d’affaires hors pair, elle est toujours très bien maquillée, très bien coiffée, très bien habillée. La femme parfaite quoi. Jusqu’au jour où Julie pète une pile et se retrouve à l’hôpital. Notre narratrice imparfaite, photographe, s’attache à travailler sur un projet : celui de présenter quelques clichés de femmes parfaites. Des rencontres vont en amener d’autres et, au final, ces femmes qui semblaient toutes parfaites au départ, révèlent bien des failles.
J’ai trouvé le début de ce roman extrêmement frais et stimulant, c’est presque une invitation à aller danser et chanter. Ensuite, je me suis un peu lassée. Les portraits de femmes sont originaux et sympathiques, pourtant l’effet répétitif m’a ennuyée. La quête de la narratrice (retrouver cette Georgia avec qui elle a passé une nuit) m’a paru artificielle et superflue. La morale est claire : aucune femme n’est parfaite, aucune femme ne doit chercher à l’être. Rien de bien neuf sous le soleil et pourtant, l’évolution des mœurs se fait-elle vraiment ? J’en doute de plus en plus. Un exemple tout frais : je vais au cinéma avec mes enfants, dans la même salle se trouvent une mère et sa petite fille. En sortant je me rends compte qu’elles vont attendre le père qui est allé voir un autre film (pas destiné aux enfants sans aucun doute). La femme doit donc toujours se sacrifier et passer en 2ème, en 3ème, ... en dernier. Ça je le savais déjà, et ce livre en faisant la démonstration ne me semble donc pas indispensable… sauf pour les hommes ! Rahhh me revoilà persifleuse. Ce roman se lit bien, il est drôle, déculpabilisant, féministe (vous l’aurez compris) et distille même au compte-gouttes quelques réflexions intéressantes sur le thème de la photographie.
« Nos mères ont cru faire la révolution. Mais en fait, elles nous ont précipitées, tel le joueur de flûte, au bord du précipice ! Car non seulement nous devons désormais être performantes dans tous les domaines : travail, famille et couple. Non seulement nous devons avoir toutes les qualités, mais il faut les posséder ad vitam aeternam ! »
« Si vous n’allez pas bien, il vaut mieux se confier à une femme comme Julie qui connaît les phrases réconfortantes, celles qui soulagent. Moi non. Au contraire, quand les gens me parlent de leurs problèmes, je suis embêtée pour eux, voilà tout, mais malheureusement je ne vois pas pourquoi j’aurai plus d’imagination qu’eux pour trouver des solutions à leur propre vie. »