Il arrive souvent que j’aie quelques trains de retard. Ca fait des années que j’entends parler de cette pièce qui étonne, qui fait sourire, qui scandalise. Il était temps que je m’y attelle, étant, évidemment, concernée par le sujet.
J’ai lu ce petit livre d’une traite, complètement crispée sur les pages, le souffle court et les cinq sens en alerte. Dans l’introduction, l’auteur (une femme, bien sûr, vous auriez pu imaginer qu’il s’agirait d’un homme ? autant croire qu’il puisse neiger à Marseille au mois d’août… vous remarquerez d’ailleurs qu’un maigre espoir exsude de ma formidable comparaison !), l’auteur donc, nous explique que son œuvre est fondé sur les interviews de plus de deux cents femmes à propos de leur vagin. Quand on lit ça dès la première page, ça peut paraître suspect. Comme Eve Ensler le dit elle-même très justement, ce mot de « vagin » est tabou, tout comme le sexe de la femme. Celui de l’homme, on en cause plus facilement. On en est fier ou penaud, on parle de centimètres, on félicite le petit garçon pour son beau zizi, etc. Et pour la femme ? Etant maman d’un garçon puis d’une fille, je me suis moi-même surprise à dire à ma petite chérie « non, tu n’as pas de zizi, toi, tu n’as rien… » quelle horreur ! bien sûr qu’il n’y a pas « rien » ! Et voilà ce que l’auteur tente de nous exposer.
Les monologues proprement dits sont entrecoupés de « réalités sur le vagin » qui sont des données scientifiques, statistiques ou historiques. Les deux parties m’ont pareillement intéressée. J’ai été profondément bouleversée par ces pages, elles sont une ode à la femme, une force, un combat.
Pourquoi ce livre est-il si intense ? Parce qu’il est vrai, intime, à contre-courant, drôle, sérieux, léger, essentiel et même indispensable. Toutes les femmes devraient l’avoir lu mais également les hommes, qu’ils s’instruisent un peu les ignares (je les malmène un peu ces derniers temps, les pauvres, …)
Des extraits :
- « Le clitoris est pur par définition. C’est le seul organe du corps humain fait purement pour le plaisir. Le clitoris n’est qu’une simple boule de nerfs. Huit mille terminaisons nerveuses, pour être tout à fait précis. C’est la plus forte concentration de terminaisons nerveuses qu’on puisse trouver dans tout l’organisme. Plus que le bout des doigts, plus que les lèvres, plus que la langue et deux fois plus, je dis bien DEUX FOIS PLUS que le pénis. Alors, je vous le demande : qui voudrait d’un fusil à un coup quand on a en sa possession une mitraillette ? »
- « La vente des vibromasseurs est interdite par la loi dans les États suivants : Texas, Georgie, Ohio et Arkansas. Si vous vous faites prendre, vous risquez une amende de dix-mille dollars et un an de travaux forcés. En revanche, dans ces même États, la vente des armes est parfaitement légale. Et pourtant, on n’a jamais vu un massacre collectif causé par un vibromasseur. »
- « Au XIXe siècle, les petites filles qui apprenaient à développer leurs capacités orgasmiques par la masturbation étaient considérées comme des cas médicaux. Souvent, on les « traitait » ou « corrigeait » par l’excision ou la cautérisation du clitoris ou encore « en créant une ceinture de chasteté miniature », c’est-à-dire en cousant ensemble les grandes lèvres pour mettre le clitoris hors de leur portée, et même par castration, avec ablation chirurgicale des ovaires. En revanche, il n’y a pas d’exemple dans la littérature médicale d’ablation chirurgicale des testicules ou d’amputation du pénis pour empêcher la masturbation chez les petits garçons.
Aux États-Unis, la dernière clitoridectomie à but curatif de la masturbation connue a été enregistrée en 1948 - sur une petite fille de cinq ans. » L’Encyclopédie des mythes et des secrets de la femme.
Je me tais et je vous laisse lire, j’ai trouvé le texte (complet il me semble) ici
La pièce de théâtre créée en 1996 a été traduite en 46 langues et jouée dans plus de 130 pays. Toute une pléiade d’artistes, de chanteuses, de comédiennes l’ont présentée. Et le site est là : http://www.lesmonologuesduvagin.com/