Premier tome d’une trilogie.
En Islande, l’inspectrice Hulda n’a plus que quelques mois à travailler avant de partir à la retraite, perspective qui ne l’enchante pas du tout. Veuve, assez pauvre, cette femme n’a que son travail dans sa vie même si l’amitié naissante d’un certain Pétur pourrait donner lieu à une belle histoire. La mauvaise nouvelle vient du chef d’Hulda qui lui annonce que, finalement, elle est remerciée déjà maintenant, qu’elle peut plier bagage, l’affaire en cours sera transmise à un collègue plus jeune (donc plus compétent…). Devant le désarroi d’Hulda, le chef l’autorise à sortir une affaire non résolue et à s’en occuper les deux dernières semaines qu’il daigne lui octroyer. Hulda va donc enquêter sur la mort d’Elena, une demandeuse d’asile russe retrouvée morte dans une crique, un an auparavant. L’inspecteur Alexander semble avoir été bien négligent pour conclure aussi vite à un suicide. En effet, tout porte à croire qu’il s’agirait d’un meurtre. Hulda, lors de son enquête, va commettre des impairs, va fâcher chef et collègues et va avoir du mal à clore cette affaire sans provoquer quelques remous.
Si le roman démarre comme un polar assez classique, deux particularités émergent, l’une plus rapidement que l’autre : l’histoire tourne beaucoup autour de l’inspectrice Hulda, de son âge, de sa date de « péremption » dans le monde du travail, plus tard dans le livre de son passé douloureux. C’est vraiment intéressant et ces données expliquent certaines de ses réactions, voire de ses erreurs professionnelles. Ensuite : la fin ! Quel choc que ce dénouement imprévisible ! Le cadre hostile de cette nature islandaise n’est pas pour déplaire non plus, on frôle le nature writing sans y être tout à fait. Ma maman m’a prêté la suite, je pense la lire, on se retrouve apparemment quinze ans plus tôt. Et puis découvrir l’Islande sous cet angle n’est pas désagréable.
La crique où Elena a trouvé la mort : « Sans être particulièrement grande, elle était d'une beauté quelque peu austère, et la mer paraissait sereine malgré les assauts répétés des rafales de vent ; Hulda éprouva une sensation momentanée de bien-être, la vision et l'odeur de la mer la transportant une fraction de seconde dans la vieille maison d’Alftanes, au sein de sa famille, quelques jours avant le désastre. Puis la sensation se dissipa et ses pensées revinrent vers Elena qui, plus d'un an auparavant, avait dû se tenir au même endroit, face au même panorama, et peut-être ressentir à la même paix. »