Marnie et Taz forment un jeune couple heureux et fauché. Ils tentent de rénover une petite maison pour laquelle ils se sont ruinés. Marnie, enceinte, est ravie de ce bouleversement à venir et le couple tente tant bien que mal de préparer la venue de cette petite fille qu’ils appelleront Midge. Mais Marnie meurt en donnant naissance à sa fille. Taz est secondé par une belle-mère qu’il ne connaît pas avant d’essayer de se débrouiller seul, de reprendre son métier de menuisier et d’engager une baby-sitter, Elmo. La jeune femme a du mal à se faire une place dans une petite maison constamment en chantier où la présence de Marnie est encore tellement forte. Entre quelques brèves apparitions du copain Rudy et une belle-mère qui sait se faire discrète, père et fille vivent seuls le plus souvent.
Le livre se compose des jours qui suivent la naissance de Midge. C’est pertinent parce que c’est le temps qui passe qui va permettre à Taz de se reconstruire, très doucement. C’était bon de partager cette vie assez solitaire entre un père maladroit et aimant et sa petite puce de fille. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, ce n’est ni larmoyant ni dramatique. Le livre porte bien son titre, c’est une vie en chantier, en reconstruction, une vie à bâtir, des bases à asseoir. La lecture a été très agréable, marquante même je pense, mais j’émets tout de même quelques bémols quant aux dialogues parfois un peu plats et à une certaine redondance liée à la forme du journal. Disons que le roman n’a pas eu pour moi l’impact d’Indian Creek mais qu’il dégage de bonnes ondes d’espérance et de tendresse non négligeables en ces temps troublés (livre lu au début de la 3ème semaine de confinement).
« Jour quarante-quatre. La porte-moustiquaire s’ouvre d’un seul coup et Rudy se glisse à l’intérieur, aussi discrètement que possible. Il chuchote le prénom de Taz avant de traverser le séjour d’un pas lourd, le couloir, comme si la maison lui appartenait. Il jette un œil dans leur ancienne chambre, puis il se dirige vers la nursery, faisant de son mieux pour marcher sur la pointe des pieds. Taz le regarde depuis le rocking-chair, Midge sur les genoux, bras ballants. Tout doucement, il secoue la tête, et voilà que Rudy se rembobine, à reculons dans le couloir. Il s’immobilise dans le séjour. »