Puisque j’avais aimé Dans le désert de Julien Blanc-Gras, je n’avais aucune raison de passer à côté de cet album qui est l’adaptation de son roman à succès du même titre.
Dans son préambule, l’auteur nous explique que ce qui l’a toujours intéressé depuis le plus jeune âge, ce sont les atlas, les cartes routières, la géographie, les planisphères, en bref : « J’avais trouvé un sens à ma vie : j’allais voyager ». Sans prétention, il se déclare « touriste » plutôt que reporter, anthropologue ou journaliste. Il nous emmène en Colombie où il se sent plus en sécurité qu’on ne l’aurait cru (sauf dans un bus qui sillonne la Cordillère des Andes). En Inde, fanatisme religieux, mendicité, couleurs et densité de la population l’impressionnent. En Tunisie, il teste pour la première fois le club de vacances mais au son de « darladiladada », il fuit à toutes jambes. Dans le désert marocain, il est dérangé par la sonnerie d’un portable. Au Brésil, il s’essaye au « Favelas tour » qui propose de « voir des pauvres en vrai » ! Une pause parisienne permet à Julien de comprendre qu’il a besoin de repartir au plus vite. Au Mozambique, il découvre des territoires encore jamais explorés par l’homme.
C’est gentillet, drôle, sympathique. J’aime bien, comme pour Dans le désert, l’humilité et la naïveté de Julien, les beautés qu’il admire, les peurs qu’il avoue, les déviances qu’il dénonce (ce scientifique qui préfère ses mollusques aux autochtones malgaches, mais quelle horreur !) Des évidences qu’il est parfois bon d’exprimer pour ce type qui a la bougeotte et qui éprouve une vive curiosité pour l’autre, les autres, l’ailleurs. Le dessin, vif et coloré abonde dans le même sens, celui de la soif de la découverte… pour celui qui serait peut-être un « anti-touriste » par excellence ?!
« Je ne sais pas si Dieu existe mais, à vrai dire, je n’en rien à foutre. L’important, c’est de le chercher. »
« J’essaye de me figurer le nombre de personnes qui, sur cette terre, vivent et meurent sans jamais avoir l’occasion de s’éloigner de leur lieu de naissance. »
« Je ne me demande pas où j’irai demain. Pour l’instant, je sais où je suis. Je suis adossé contre la croûte terrestre, écrasé par le bonheur d’être vivant, ici et maintenant. Immobile, je me fonds dans le paysage. »