Il était temps que je découvre enfin cette série !
Lila et Elena -dite Lenù- sont amies depuis la plus jeune enfance. Elles se sont découvertes en silence, dans le jeu et le défi de la jeunesse des années 50. Puis, elles se sont mises à parler, à se raconter leurs vies, leurs rêves d’avenir. Elles ont grandi entourées, chacune, d’une famille oppressante mais pas très aimante, dans un quartier pauvre de Naples. Alors que Lenù paraît timide, réservée et sage, Lila s’avère être une « gamine terrible et fulgurante », impétueuse et imprévisible, colérique et « méchante ». Douée pour tout, dotée d’une mémoire phénoménale, Lila est la première et la seule de la classe qui sache lire à 6 ans. Lenù décide de la prendre pour modèle et de l’imiter. Pourtant, Lila va choisir de rester dans la cordonnerie familiale, d’aider son père et son frère puis de seconder sa mère dans les tâches familiales. Elena, elle, continue son petit bout de chemin à l’école. Très scolaire, elle finira par se révéler brillante et au-dessus des autres, ce qui l’amènera à poursuivre ses études contre l’avis de ses parents. Lila se range, se fiance et se marie…
Ce livre, c’est d’abord un récit d’enfance et ses topoï : premiers amours, premières règles, les seins qui poussent et les premières vacances loin des parents. Mais c’est encore plus la photographie d’un microcosme napolitain en pleine mutation : la télé fait son apparition, on goudronne les routes, on crée des quartiers en abattant des arbres, les jeunes découvrent le rock, les boutiques s’agrandissent.
Il m’a fallu quelques dizaines de pages pour me fondre dans l’ambiance de Naples des années 50. J’ai eu peur de m’ennuyer des histoires de gosses. Et puis finalement, je me suis engouffrée dans cet univers désuet et authentique avec un plaisir redoublé par l’idée de savoir qu’une suite existe. La relation entre les deux jeunes filles est si particulière, faite d’admiration et de jalousie, d’esprit de compétition et de confidences, et tellement juste qu’elle ne peut que nous rappeler nos propres souvenirs d’amitié de jeunesse. D’emblée, on comprend qui domine, qui jette sur son monde un regard acéré et impérieux ; mais Elena ne se laissera pas démonter et, inspirée par cette soif d’apprendre puis par ce besoin de lui prouver ses talents, dépassera intellectuellement celle qui fut son modèle. Entre la belle jeune fille qui fait taire sa fougue en se mariant si jeune (à 16 ans !) et l’adolescente timide mais studieuse, complexée mais séduisante qui s’active dans ses études, un combat tacite débute et un suspens grandit pour le lecteur. Vivement la suite !
« Je décidai que je devais copier cette petite fille et ne jamais la perdre de vue, même si cela l’gaait et si elle me repoussait. »
« elle sentait des entités inconnues qui brisaient le profil du monde et en dévoilaient l’effrayante nature. »