Ne vous fiez pas, comme moi, à un coup d’œil trop rapide à une couverture et un titre qui pourraient paraître légers et creux.
En 1942, le narrateur, Charles, est un ado qui s’est vite lié d’amitié avec Lucien, un nouveau venu de Tunisie, dans son lycée Leconte-de-Lisle à Saint-Denis à La Réunion. Les deux font la paire pour être les derniers en classe (à part en français et en dessin), s’attirer les foudres du surgé et se mettre à dos les meilleurs de la classe, à savoir Raymond Barre et les frères Vergès (eh oui, rien que ça…). Mais leur objectif secret est de former un groupe de rébellion contre les pétainistes.
Ce roman graphique se veut à la fois photographie d’une île – colonie française - pendant la Deuxième guerre mondiale et chronique du quotidien de deux ados rebelles, motivés par le même besoin d’anarchie, d’évasion, de poésie, et par les mêmes passions : Tintin, le dessin, les tags, les jolies filles, Tarzan… Les deux auteurs ont effectivement vécu à La Réunion et nous proposent un joli petit tour d’horizon de l’île, de sa diversité de climats, de ses clivages sociaux et culturels. Quelques mots créoles se glissent dans les dialogues et l’ambiance bénéficie d’un arôme de massalé tout à fait délicieux. A chaque période correspond une couleur : bleu, beige, orangé, gris, vert, etc. C’est d’un bien beau voyage, instructif pour ma part, dépaysant, drôle et coloré dont j’ai profité pendant 192 planches, très agréables à lire.