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9 octobre 2025 4 09 /10 /octobre /2025 09:47

Un frère - David Thomas - Éditions de l'Olivier - Grand format - Les Beaux  Titres LEVALLOIS PERRET

« Un frère » n’est pas un frère parmi tant d’autres mais celui que le narrateur et auteur a perdu, Edouard, son grand frère atteint de schizophrénie. C’est peu après ses cinquante ans qu’il a découvert son corps inerte dans son appartement parisien. L’auteur revient sur cette maladie sournoise et insidieuse, sur les traitements pris par intermittence, sur les séjours dans différentes cliniques (certaines débilitantes, d’autres humaines), sur la souffrance d’Edouard mais aussi sur celle de ses parents et de ses deux frères, sur la consommation trop fréquente de cannabis, d’alcool, de cigarettes, sur une impossible histoire d’amour, sur les insomnies d’Edouard, sur son incapacité lors des dernières années à avoir une vie sociale et professionnelle. Pour son entourage, ce sont les colères au téléphone, les attentions au quotidien pour ranger un appartement dévasté, donner un argent dépensé à tort et à travers, une vigilance inquiète de tous les instants.

Il est difficile d’émettre un avis sur ce livre tant il touche à l’intime de l’auteur. Il explique de nombreuses fois qu’il lui a été très difficile de rédiger ces pages mais qu’il en avait besoin ; il use de la prétérition : écrire pour dire qu’on n’écrit plus... et le répéter. C’est certes un très bel hommage rendu à ce frère différent mais j’avais l’impression d’assister à une réunion de famille qui n’était pas la mienne, d’écouter aux portes et d’être une intruse. Il n’était pas inintéressant d’en apprendre un peu plus sur cette « maladie opaque » qu’est la schizophrénie même si ce n’était pas l’objectif annoncé de David Thomas. J’ai trouvé l’écriture assez froide au début, elle a gagné en profondeur et en sensibilité dans la seconde partie, lorsque l’auteur mêle l’idée qu’il se fait de son frère à celui d’un poème. Plus on avance, plus les souvenirs tendent vers le joyeux et même l’admiration. J’ai aussi apprécié la notion de folie qui est décortiquée pour admettre qu’il est complètement romanesque d’associer la folie à une forme de génie ou de sagesse, qu’elle est toujours liée à la souffrance. Pour clore ce billet maladroit et brouillon, je dirais que le bilan est mitigé et partagé, je crois que vous l’aurez compris ; certains passages m’ont émue mais pas au point de fondre en larmes et je remercie l’auteur de ne pas avoir versé dans le pathos excessif car j’ai horreur de ça. C’est donc plutôt positif 😊

 « Pendant les huit mois qui ont précédé le décès de mon frère, je ne l'ai vu qu'une seule fois, à peine deux minutes. Je ne pouvais plus. Edouard avait sombré dans un tel état d'agressivité et de paranoïa qu'il m’était impossible de l'approcher. Durant cette période, il s'était enfermé dans un ressentiment à l'égard de sa famille qui semblait se nourrir tout seul. Quoi que nous disions, quoi que nous répondions, il galopait dans un discours totalement hermétique au dialogue. Il nous menaçait de procès, nous invectivait au téléphone, nous envoyait des mails insultants, nous ordonnait de le rappeler dans la minute. »

« C’est la folie, disait-on, quand son poing brisait les bois des tables. Mais ce n’était pas la folie, c’était le combat. Et plus il voyait la défaite poindre, plus il résistait, et plus, debout, il baissait la garde, défiant la tyrannie en lui exposant son visage pour l’inviter à cogner de plus belle. »

Le roman a fait partie de la première liste des romans sélectionnés pour le Prix Goncourt (pas de la deuxième...)

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commentaires

S
Pourquoi pas s'il croise ma route. J'aime bien en général les histoires de famille (en évitant toutefois de les enchainer).
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V
Pour cette rentrée littéraire, tu es servie !
D
Je ne sais pas si je lirais ce genre de livre, car je trouve qu'il touche parfois trop à l'intime et nous met en position de voyeur. Mais l'écriture peut aussi permettre à l'auteur de faire sortir les maux en mots...
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V
Oui, c'est tout à fait ça. J'ai préféré la seconde partie plus travaillée stylistiquement parlant.
P
J'hésite parce que souvent ce genre de récit touche les membres de la famille, mais les lecteurs étrangers ne sont pas très enthousiastes.
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V
C'est bien ce que je me suis dit...
L
est ce le même auteur qui a écrit des nouvelles "la patience des buffles après la pluie" qui est pour moi un des meilleurs recueil de nouvelles que j'ai lu ? Je sais ce que c'est d'avoir un frère malade mental et je lirai sans doute ce livre.
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V
Je te comprends. Oui, c'est le même auteur et tu me donnes bien envie de découvrir ce recueil maintenant !
M
Tu en parles très bien et c'est bien qu'on en parle je trouve. J'avais une collègue de travail qui vivait cette maladie avec son mari et j'ai une petite-nièce qui travaille en hôpital psy alors tu vois, cela me suffit je n'ai pas trop envie d'en savoir davantage même si ce livre témoignage est très bien écrit. C'est une maladie terrible et c'est terrible de perdre un frère, j'espère qu'écrire ce livre aura fait du bien à l'auteur, je me doute qu'il touche à l'intime et que du coup on ne peut en parler qu'avec beaucoup de bienveillance. Merci de l'avoir fait.
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V
Je t'en prie. Oui, je souhaite aussi que l'écriture de ce livre ait aidé l'auteur et peut-être ses proches.
F
Ah non mais je n'en peux plus de ces livres de la rentrée littéraire trop intimistes qui prennent un peu le lecteur pour leur psy... Moi là je m'évade avec un roman SF 2024 où les pieuvres ont développé un moyen de communication avec l'homme. 😆 Ça me bouleverse presque. Si, si.
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V
Je suis désormais dans la lecture du dernier Anne Berest et c'est exactement ce que je me suis dit, les histoires de famille de cette rentrée littéraire, j'en ai un peu ma claque ! Comme je ne suis pas très SF, je vais me rabattre sur un policier je crois ^^
S
Les livres sur les maladies mentales se multiplient et c'est plutôt une bonne chose pour cet enjeu, mais ça ne m'attire pas !
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V
C'est un monde tellement complexe...
A
J'avais lu un autre roman (le titre m'échappe) sur ce sujet d'un frère schizophrène, et la lecture ne m'avait pas convaincue.
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V
C'est un sujet délicat et je trouve qu'il est également délicat de commenter ce genre de récit archi personnel.
A
Je ne le lirai pas ; comme tu l'effleures à un moment, j'aurais trop l'impression de mettre le nez dans une histoire qui ne me regarde pas.
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V
J'ai aussi horreur de ça en général.

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