C’est un blog qui n’existe plus qui m’a donné envie de lire ce court roman.
Au milieu du XVIIème siècle, la mort de Madame de Sainte Colombe laisse deux petites filles et un mari malheureux seuls. Monsieur de Sainte Colombe est inconsolable au point de ne plus quitter sa viole, devenue son unique occupation. Le violiste excelle dans son art et la renommée de sa musique court jusqu’au roi Soleil qui demande à l’écouter à la cour. Sainte Colombe refuse cet honneur, il s’isole de plus en plus n’acceptant qu’une seule chose : jouer de la viole avec ses deux filles devenues violistes elles aussi.
Le chagrin dure tant qu’il voit, à plusieurs reprises, sa femme apparaître devant lui, lui parler. Marin Marais, un jeune violiste, demande un jour à être son élève. Sainte Colombe se montre froid et dur, arguant que Marais est doué, que son archet est léger et bondissant, que « sa main gauche saute comme un écureuil et se faufile comme une souris sur les cordes » mais « je n’ai pas entendu de musique ». L’élève sera renié lorsqu’il aura accepté de jouer devant le roi. C’est Madeleine, la fille aînée de Sainte Colombe qui prend le relais, lui donne des cours et… devient sa maîtresse. Il l’abandonne mais revient à elle quand elle est sur son lit de mort. Unis par l’amour pour cette jeune femme amaigrie et mourante, Marais et Sainte Colombe se réconcilieront en partageant les morceaux de viole dont Sainte Colombe seul avait le secret.
Ce petit roman est grand par son écriture si subtile, sa poésie, l’émotion qu’il dégage. Cet homme emprisonné dans sa peine ne sait s’exprimer que grâce à la musique. C’est l’artiste maudit qui ne crée que dans la tristesse et le désarroi, c’est celui qui refuse de s’ouvrir au monde visible et se laisse engluer dans le monde invisible.
Un beau moment de lecture qui m’a donné envie de découvrir le film aux sept Césars.
