Je suis toujours un peu sceptique en commençant un livre pour la jeunesse, allez savoir pourquoi… apprentissage de la vie, doutes de l’adolescence, remises en question, confrontation avec l’adulte… tout ça est peut-être encore trop frais pour moi ! (euh, non, là, je plaisante, ça fait malheureusement une bonne louche dégoulinant d’années que je n’y suis plus, dans l’adolescence).
Mes réticences n’ont duré qu’un temps pour ce roman. Au bout d’une dizaine de pages, un vent chaud et rassurant a jailli du livre, accompagné d’une odeur de pain d’épice et de chocolat chaud.
Kléber, 17 ans, a un frère « débile mental » (c’est lui qui le dit). Barnabé, surnommé Simple, a 22 ans mais se comporte comme un garçon de trois ans. Leur mère est décédée et leur père, recasé ailleurs, voudrait placer Simple dans un institut spécialisé. Pour Kléber, il n’en est pas question. Il veut garder Simple avec lui. Il trouve une colocation qui regroupe quelques jeunes adultes : Aria et son chéri, Emmanuel, deux étudiants en médecine ; Corentin, le frère d’Aria, gros fumeur et gros mangeur ; et Enzo, amoureux transi d’Aria et quotidiennement dérangé par les ébats amoureux de ses voisins…
Simple ne quitte jamais son lapin, Monsieur Pinpin, une peluche qu’il considère comme un être vivant et que l’auteur fait dialoguer avec Simple. Les deux originaux se font rapidement accepter par la petite société de colocataires mais incidents et bêtises de Simple vont le ramener à l’institut qu’il déteste tant.
L’histoire finit bien, sur tous les plans. Eh bien, je vais vous dire qu’après avoir enchaîné pas mal de polars, ce bouquin m’a fait un bien terrible. C’est rose, c’est idéalisé, c’est gentillet, c’est tendre mais qu’est-ce que ça fait du bien ! Le plus drôle, c’est que j’en ai terminé la lecture le 1er décembre, le premier jour de l’Avent. Et je me suis dit que Noël, si on regarde cette fête sous le bon angle, faisait un peu le même effet. On sait que c’est légèrement surfait, plein de bons sentiments, de couleurs et de sourires, mais on a besoin de cette tendresse dans le brouillard froid de la fin d’année.
J’ai passé un excellent moment, je me suis attachée aux personnages (quel lecteur ne rêve pas de rencontrer ce fantasque Simple !), j’ai été profondément touchée, j’ai souri, j’ai refermé le roman dans un élan et un désir d’entraide, de fraternité, d’amour…
Ø L’innocence et la spontanéité des enfants sont ancrées dans le personnage de Simple et ça donne des instants parfumés de magie :
« Quand ils arrivèrent devant le supermarché, Simple fit une halte devant le vigile.
- C’est pas la guerre, ici, lui dit-il.
Kléber se dépêcha de tirer son frère par la manche.
- Ne parle pas aux gens que tu ne connais pas.
- Je le connais. C’est le mirlitaire. »
Ø « Aria était assise sur le lit, tout près de lui. C’était la première fois qu’elle le regardait pour lui-même, et non comme le frère de Kléber. C’était un jeune homme frêle, avec des cheveux désordonnés et des yeux comme des lanternes magiques où passent des princes et des pirates, des licornes et des farfadets. »
