
Taylor Davis est un écrivain newyorkais qui s’apprête à terminer son dernier roman narrant l’histoire d’une jeune femme, Stella, qui, dans les années 50, vient de découvrir que son mari la trompait et commence à « douter de la réalité qui l’entoure ». Et pour cause... Une fois Taylor a-t-il tapé le mot « Fin » que Stella apparaît dans le monde réel des années 2020. Une fois passée la première surprise, l’écrivain fait découvrir les nouvelles technologies à son personnage ainsi que la ville moderne. Si Stella reste un être fictif qui n’a pas besoin de se nourrir ou qui n’a pas de nombril, elle se glisse dans le nouveau siècle avec la grâce et l’élégance d’une jeune femme des années 50. Mais elle n’a pas de papiers et risque de se faire arrêter. Une solution s’offre peut-être à elle : un scientifique lui propose de se joindre à ses recherches sur la noosphère, cette enveloppe qui entoure la Terre et qui contiendrait l’ensemble des pensées et des idées du monde. Stella accepte de participer à ce programme financé par le gouvernement.
J’ai toujours aimé le travail de Cyril Bonin, le soin qu’il apporte à ses dessins, la dimension onirique qu’il parvient à transmettre dans chacun de ses cases. J’ai retrouvé ce plaisir des yeux ici. Mais alors l’intrigue... !? Le personnage qui sort du roman n’est pas vraiment une nouveauté -et pourtant j’adore qu’on mêle fiction et réalité- mais tout est cousu de fil blanc ici, rien n’est vraiment crédible à mes yeux. Stella évolue dans notre monde moderne sans que ça ne pose problème quand surgit un gros bonhomme (le scientifique) qu’on devine immédiatement être le méchant de l’histoire (sans que Taylor se méfie de quoi que ce soit). Là-dessus se greffe une histoire d’amour sortie de nulle part. Cette idée de noosphère se rapproche de celle de l’IA actuelle (la BD a été publiée en 2020) avec des réflexions prémonitoires sur la disparition des artistes. J’ai trouvé ça bourré de clichés et j’ai eu l’impression de lire une histoire dédiée à de jeunes ados... ou, pire, écrite par un enfant. Je suis dure parce que ça reste divertissant mais vraiment, ça ne vole pas très haut.
Avant que Stella ne sorte de son roman, son créateur dialogue avec elle : « Je m’appelle Taylor Davis, je suis écrivain et il faut que tu saches que tu vis dans un roman... »
Dans la nouvelle résidence où vit Stella : « Vous savez, Stella, les idées que Taylor développe dans ses romans ne lui appartiennent pas en propre, elles sont issues de la noosphère. Ce ne sont que quelques bribes auxquelles il a pu accéder. »
du même auteur : Chambre obscure, Les dames de Kimoto, Comme par hasard.

