
Après ma lecture de L'incroyable histoire de la littérature française de la même autrice, je savais que je continuerai à la lire. Catherine Mory passe ici en revue dix grands noms de la littérature américaine du XIXe siècle.
James Fenimore Cooper, l’auteur du Dernier des mohicans, « invente » au XIXe siècle le roman américain dans une sorte de défi : composer « une meilleure histoire que ce torchon » (=le roman que lit son épouse). Nathaniel Hawthorne évolue, lui, en opposition à un ancêtre belliqueux qui a massacré forêts, indiens, quakers et sorcières. Epris de solitude, il connaît le succès avec La Lettre écarlate qui réhabilité les femmes « traitées de sorcières ». Pour Edgar Allan Poe, la mort rôde autour de lui dès sa naissance (il perd ses parents puis ses parents adoptifs, son frère, etc.) Ce fieffé menteur, ennemi de la digression, est l’auteur du premier récit policier, Meurtres de la rue Morgue avec le détective Dupin. Alcoolique, il a sombré dans la folie à la fin de sa vie. Henry David Thoreau est mon préféré : transcendantaliste et philosophe, c’est un amoureux de la nature qui n’a pas non plus vécu en ermite comme on pourrait le penser mais qui était un fervent anti-esclavagiste. Walt Whitman, plutôt prétentieux, s’est distingué par sa poésie tantôt sensorielle et sensuelle, parfois crue, tantôt patriotique et épique tout en se découvrant une véritable passion pour Lincoln à qui il dédie ce célèbre « Ô mon capitaine ». Herman Melville est issu d’une famille très riche mais, parce que son père fait faillite, il travaille sur un bateau à douze ans et à vingt-et-un ans, il embarque à bord d’un baleinier mais fuit à cause des conditions de vie et déserte avec un ami sur l’île des Marquises où il vivra, quelques semaines, avec une tribu de cannibales. Emily Dickinson intrigue de son vivant et bien des décennies plus tard. Agoraphobe, toujours vêtue de blanc, elle passera plus de quinze ans recluse dans sa chambre, passant son temps à écrire des poèmes ou des lettres. La mort et la nature ont côtoyé l’image d’un Dieu bienveillant dans la plupart de ses écrits. Mark Twain est mon deuxième préféré, les aventures de Tom Sawyer que tout le monde connaît, eh bien c’est sa vie d’enfant et d’ado. Il a bien évolué dans sa vie puisqu’il est passé d’esclavagiste à abolitionniste, en tous cas, il a toujours choisi l’humour dans sa carrière d’écrivain et d’orateur, ce qui ne l’a pas empêché de faire plusieurs métiers (pilote de bateau à vapeur, typographe, reporter, ...). Le nom “Mark Twain” vient d’un terme utilisé pour mesurer la profondeur de l’eau (“mark twain” = 2 brasses = profondeur sûre). Henry James est né très riche mais d’un père instable qui l’a ballotté sans cesse entre l’Europe et l’Amérique, ce qui lui a donné matière à comparer Ancien et Nouveau Monde dans ses écrits. Amoureux des auteurs français, il a su rivaliser de réalisme avec des écrivains comme Maupassant ou Zola, préférant la narration à la première personne. Jack London est lui aussi un véritable aventurier. Dès l’âge de dix ans, il multiplie les petits boulots, les vagabondages et même les séjours en prison, à dix-neuf ans, il se métamorphose en brillant étudiant et à vingt-et-un ans, il plaque tout pour participer à la ruée vers l’or. Ecrivant beaucoup, il sombre dans l’alcoolisme puis devient reporter à Londres avant de connaître une certaine renommée pour ses romans. Après de nombreux déboires et beaucoup de voyages, il meurt à quarante ans, ...une mort qui ressemble à un suicide.
Si j’ai adoré L’incroyable histoire de la littérature française parce que j’y retrouvais des auteurs adorés et bien connus, voire familiers pour moi, j’ai apprécié cette BD parce que j’y ai, au contraire, beaucoup appris. Si je devais émettre un petit bémol pour l’évacuer aussi vite, c’est que l’ouvrage regorge peut-être moins de ces petites anecdotes croustillantes que le premier opus que j’ai lu, comme si la distance géographique rendait les Américains moins proches, moins intimes, mais ce n’est peut-être qu’une impression. La démarche est toujours la même : présenter rapidement la naissance et la famille de l’écrivain, ses débuts en écriture, ses amis et rivaux, résumer une ou plusieurs de ses œuvres, évoquer sa mort et les influences que l’homme a pu susciter. Eh oui, « l’homme » parce que de femmes, il n’y en a qu’une ! J’ai eu très envie de combler mes lacunes, en commençant par découvrir Thoreau ou Henry James, très envie de poursuivre avec Poe et London. Les dessins m'ont davantage plu que ceux du livre sur la littérature française. Cette fois-ci, je n’ai pas lu le gros ouvrage d’une traite (c’est vraiment long et roboratif) mais j’ai pioché de temps en temps un écrivain comme une gourmandise dans une boîte de confiseries et c’était parfait ainsi !

